Elle a un nom et un prénom à jouer de la musique baroque quelque part dans un palais vénitien mais elle fait de la guitare sous le ciel nantais, Arianna Monteverdi vient de sortir un nouvel album intitulé Multiple, comme le champ des possibles. Interview…
Elle est d’origine parisienne, a grandi à La Rochelle, vécu en Écosse et en Rhône-Alpes, avant de poser ses valises et ses flight cases à Nantes, Arianna Monteverdi a toujours aimé bouger, elle a toujours aimé la musique aussi, le piano très tôt, dès 6 ans, la guitare plus tard. Arianna vient de sortir son troisième disque, un EP cinq titres qui délaisse le folk pour le rock.
Nous l’avons rencontrée dans un lieu ouvert à tous les vents de la culture, le LU à Nantes. Il est onze heures, l’endroit vient d’ouvrir. Quelques étudiants en visite sur le site, quelques consommateurs au bar, c’est le grand calme, un café et c’est parti…
Ils auraient pu se sentir frustrés, jeter baguettes et médiators dans la Loire, rendre l’âme à qui elle appartient mais non, la pandémie n’a pas empêché notre trio de scène nantais de poursuivre son chemin et de jeter les bases d’un son puissant et sans frontière. Sur album. Interview…
F3 – Eric Guillaud
Tous ceux qui le connaissent un tant soit peu savent que Mad Foxes est avant tout un groupe de live qui a fait ses armes et développé une identité sur les scènes d’ici et d’ailleurs. Alors, bien sûr, se retrouver dans l’impossibilité de jouer devant un public pendant des mois n’était pas franchement prévu à son agenda.
Mais les longs mois de silence forcé n’ont pas empêché Lucas, Elie et Antoine de travailler, répéter et nous offrir au final un album au son énorme baptisé Ashamed, 11 titres qui devraient nous sortir définitivement de la torpeur pandémique et nous faire rêver un peu plus du retour des concerts.
Pour en parler, direction les Nefs de l’île de Nantes, à deux pas de la fameuse salle de concerts Stereolux, où j’ai rendez-vous avec Lucas, le chanteur et guitariste du groupe. Il pleut et il fait froid ce jour-là, très froid, Et comme si ça ne suffisait pas, il y aura pendant tout notre entretien comme un bruit de marteaux-piqueurs permanent en fond sonore. Une partie des Nefs est en travaux. Pas franchement l’idéal pour discuter musique, mélodies, son… mais on s’en contentera en attendant la réouverture de nos lieux de vie habituels.
Difficile de trouver un bon côté à cette crise sanitaire qui interdit concerts et festivals depuis des mois. Et pourtant, c’est bien à elle que l’on doit Sang Froid, un projet de cold wave né sur les cendres de la tournée du groupe metal Regarde les Hommes Tomber…
L’été 2020 s’annonçait chargé, à commencer par un passage au Hellfest histoire de présenter le nouvel album du groupe. Et puis patatras… le coronavirus, les règles de distanciation, les annulations de festivals, les fermetures de salles de concerts… Regarde les Hommes Tomber, comme tous les groupes d’ici et d’ailleurs, raccroche provisoirement ses instruments.
Des millions de vues sur YouToube, des concerts à guichets fermés et un premier album signé chez une majeur : en deux ans, le duo nantais Videoclub s’est imposé dans le paysage musical avec une électropop taillée dans les années 80. Branchez les platines…
Ils ont à peine vingt ans, autant dire toute la vie devant eux. Et ils la croquent cette vie, à pleines dents. Eux, c’est Adèle et Matthieu du groupe Videoclub. Il y a deux ans, ils lançaient leur projet musical et postaient leur premier clip sur Youtube, Amour plastique. Bingo : le clip enregistre des millions de vues, 59 à ce jour, et très rapidement naît l’envie d’un album. Il vient de sortir. En pleine période de covid, il y a comme de l’euphorie dans l’air.
Euphories, c’est justement le nom de cet album. Treize titres nourris aux années 80, une époque que le duo n’a bien évidemment pas connu mais dont ils apprécient fortement la culture. Pas de nostalgie pour autant, plutôt une base musicale et visuelle pour s’adresser aux jeunes de leur génération. Et ça matche !
Au saut du lit ou presque mais pas en pyjama, nous avons retrouvé Adèle en visio pour une interview que voici…
À chacun son chemin ! Celui emprunté par le combo angevin You Know the Way nous ramène à l’époque de la cold wave avec une touche pop revendiquée. Synthés sous tension, mélodies entêtantes, textes introspectifs, son premier album s’appelle Live in Dark Romance. Parce que la vie n’est pas toujours lumineuse…
Sortir un album, qui plus-est un premier album, en pleine pandémie, revient un peu à partir à la pêche en pleine tempête. Avec le risque de ne rien attraper dans les filets. Mais pour les quatre musiciens qui forment le combo You Know the Way depuis 2018, le moment est largement venu de partager leur univers… et de combattre avec leurs armes cette période anxiogène.
Leurs armes justement, Sébastien Magnette est à la basse et au chant, Lionel Pécot à la guitare, aux synthés et samples, Nicolas Rougier à la batterie et Fantin Louis à la guitare rythmique, voilà pour les présentations. L’album s’appelle Live in Dark Romance, 12 titres emmenés par le puissant single Get out qui leur a permis de travailler avec le grand producteur anglais, John Fryer. Sébastien Magnette nous raconte cette collaboration et bien plus encore, ici et maintenant, interview…
You Know the Way, pourquoi ce nom ? De quel chemin parlez-vous ?
Sébastien Magnette. En faisant sa propre introspection, chacun sait où il doit aller, quel est son chemin de vie. Sera-t-il différent s’il prend à droite ou à gauche ? D’où le nom YouKnow The Way…
Votre album est sorti fin novembre. Heureux ?
Sébastien Magnette. Oui, très fiers d’autant plus en ces moments « perturbés ». Malheureusement, la scène n’est pas pour tout de suite. Chaque jour voit ses nouvelles contraintes. Mais on reste confiant et surtout on ne voulait pas attendre plus longtemps pour sortir notre album même si ce n’est pas la meilleure période.
Cet album s’appelle Live in Dark Romance. Pourquoi ce nom ?
Sébastien Magnette. Live In Dark Romance, c’est ce que j’ai vécu ces dernières années. Cet album parle de ça, de choses personnelles. J’ai besoin quand je m’adresse au public que ça vienne des tripes, de connaître mon sujet, de raconter des histoires que j’ai vécues. Encore une fois, tout est question d’expérience propre. Du jour au lendemain, chacun de nous peut voir sa vie changer complètement de direction et au final basculer dans une certaine « dark romance ».
Pas facile je suppose de vivre cette sortie d’album sans pouvoir le défendre sur scène ?
Sébastien Magnette. Non, en effet ce n’est pas facile et c’est d’autant plus de travail pour se faire entendre. Nous avons hâte de pouvoir rejouer car nous pourrons enfin défendre l’album et surtout nous faire entendre sur une scène et partager notre ferveur avec le public, ce qui est essentiel pour un groupe.
À écouter l’album, on aurait pu classer le groupe dans la cold wave mais vous dites jouer de la « pop wave pas clean ». C’est à dire ?
Sébastien Magnette. C’est vrai qu’on a des influences cold wave mais notre musique est assez dansante, elle à un côté pop en même temps alors pop wave nous semble être un bon compromis. Quant au « pas clean », c’est du côté des textes que ça se passe.
Justement, parlons textes. Que racontent It’s killing time et The Black Bridge qui ont tout de singles parfaits. Que racontent vos textes d’une manière générale ?
Sébastien Magnette. It’s Killing Time aborde le sujet du « je ne me sens pas bien où que j’aille et j’aimerais bien trouver un endroit tranquille où je pourrai me poser ». Quant à The Black Bridge, c’est l’histoire de ces filles assez court-vêtues que j’ai souvent observées en attendant un train. Elles viennent apporter un peu de réconfort à des hommes en manque de sentiments dans des rues dont elles ignorent le nom. Souvent, cela se passe sous le pont noir. Sinon, nos textes parlent beaucoup de la complexité des rapports entre les hommes et les femmes.
Quelles sont vos influences majeures ?
Sébastien Magnette. Chacun à ses influences dans YouKnow The Way. Lio va plus écouter du punk, Nico est plus rock stoner et Fantin, psyché. Quant à moi, je suis plutôt cold wave, new wave, post punk.
Quels sont les albums qui tournent en boucle sur votre platine en ce moment ?
Sébastien Magnette. En ce moment, c’est Long life de Structures, Pictures of a century de LANE ou The Big Pictures de Last Train que je remercie chaleureusement d’avoir sorti mon fils des griffes de Maître Gims. Depuis qu’il a découvert Last Train il a quitté le côté obscur de la force et s’est même mis à fond à la guitare. Merci les gars, vous m’avez sauvé la vie, lol !
Quel regard portez-vous sur la scène locale ?
Sébastien Magnette. J’avoue ne pas avoir trop de recul. Mais de ce que je peux entendre, c’est bien trop souvent les mêmes groupes avec toujours les mêmes musiciens qui sont mis en avant par les scènes de musique actuelles d’Angers. Donc rien de nouveau qui sort des enceintes. Du coup, le public passe à côté de groupes talentueux et c’est bien dommage…
Vous avez travaillé avec le célèbre producteur John Fryer (Depeche Mode, N.I.N, Lacuna Coil The Cure) sur le titre Get Out. Comment l’avez-vous rencontré et que retenez-vous de cette expérience ?
Sébastien Magnette. C’est grâce à sa femme Anna que nous l’avons rencontré. Elle avait laissé un commentaire sur une photo de mon chat sur Instagram, un sphinx. De fil en aiguille, nous en sommes venus à discuter musique. Elle m’a appris que son mari était producteur et m’a donné son contact. J’ai envoyé le titre Get Out à John et il m’a répondu « How I can mixe for us ». John est quelqu’un de très abordable, il a compris tout de suite ce que l’on attendait et ce fut une chouette expérience pour nous de travailler avec une pointure comme lui.
Un mot sur la pochette de l’album…
Sébastien Magnette. Cette photo vient d’une amie photographe qui a habité longtemps à Dubaï, c’est la passerelle de l’hôtel Shangri-La. L’artwork a été fait par Nathan Balcon, un jeune web designer.
2020, année à bannir. 2021, année à bénir ? Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Sébastien Magnette. Je crois que cela va surtout dépendre des décisions prises en haut lieu et dont nous sommes tous tributaires. Il faut espérer que les dates déjà prévues puissent se faire, que les bars et autres salles puissent rouvrir et permettre à chacun de pouvoir s’exprimer. On en a besoin et c’est pour cela qu’on fait de la musique, rencontrer des gens, boire un coup et échanger après le concert. Je ne parle même pas des festivals locaux, avec des groupes émergents, des petits budgets, qui fonctionnent uniquement sur du bénévolat… On reste très sceptique quant à l’année 2021 malheureusement. Malgré tout cela, malgré le contexte quelque peu morose, on reste motivé par le monde du spectacle et de la culture qui est un pilier de notre société et qu’il faut soutenir à tout prix.
Besoin d’un peu de légèreté pour cette nouvelle année ? Vœu exaucé, voici Dorrr, un projet né sur la route entre deux concerts du groupe de rock angevin The Blind Suns. Au menu ? De la pop effervescente. Synthés pour tou.te.s…
Ce visage vous est familier ? Logique ! Avec Scarlett puis The Blind Suns, Dorota a embrasé toutes les scènes angevines et au-delà. Bien au-delà même. Ainsi, lorsque nous l’avons interviewée en mars dernier, juste avant le confinement, Dorota et Romain, son compagnon de scène, revenaient précipitamment des États-Unis, plus précisément du Texas où ils devaient se produire.
Après des années en groupe, Dorota lance en 2021 son projet solo, Dorrr comme le diminutif de Dorota, un projet solo mais bien entouré puisque Romain Lejeune, même s’il est ici plus en retrait, fait partie de l’aventure. Moins rock, plus pop, plus aérien, plus lumineux, avec une bonne couche de synthés et des mélodies entraînantes, dansantes, comme celle-ci, The Future is now, oui c’est maintenant…
Il avait fait sensation il y a un peu plus de trois ans avec un album dédié à l’univers du réalisateur Bertrand Blier, le duo nantais Cabadzi est de retour avec deux clips et bientôt un album baptisé Bürrhus en référence au grand psychologue et penseur américain Burrhus Frederic Skinner…
Vous ne connaissez pas Burrhus Frederic Skinner ? Je vous rassure, vous n’êtes pas seul(e) dans ce cas. L’avantage avec le duo nantais Cabadzi, c’est qu’on apprend des choses en même temps qu’on se divertit…
Que dit Wikipédia sur l’homme ? Qu’il s’agit d’un psychologue et penseur américain, un penseur influent du behaviorisme, fortement influencé par les travaux d’Ivan Pavlov et ceux du premier comportementaliste John Watson.
Bon ok ! Mais que vient faire cet homme dans ce cinquième album des Cabadzi qu’on nous annonce pour février 2021 et dont les deux clips fraîchement diffusés,Cabane et Mélanco, nous donnent un avant goût ? C’est ce que nous avons demandé à Olivier Garnier et Victorien Bitaudeau, membres éminents du duo Cabadzi…
Comment en êtes-vous venus à vous intéresser à ce psychologue et à ses recherches ?
C’est en cherchant à comprendre pourquoi les réseaux sociaux sont si addictifs que l’on est très vite tombé sur les expériences du comportementaliste B.F Skinner. C’est un peu le point de départ et de référence de toutes les analyses à ce propos.
Nombreux sont ceux qui connaissent Bertrand Blier, auquel était dédié votre précédent album, mais Burrhus Frederic Skinner, peu, très peu, le connaissent. vous en êtes conscients ? Ce n’est peut-être pas très vendeur…
Ce projet est très différent de l’album X Blier, il s’est d’ailleurs fait à l’inverse. Nous ne sommes pas partis de B.F Skinner pour écrire ce disque comme on l’avait fait avec Blier. C’est juste qu’au début de la création, on avait 3/4 morceaux et tous évoquaient de près ou de loin les conséquences psychologiques d’un monde où la représentation de soi-même sur les réseaux est la norme. S’apercevant de ça, on a creusé et on s’est intéressé sérieusement au sujet.
Concrètement, en quoi l’album est-il influencé par cet homme ?
C’est beaucoup plus un clin d’oeil qu’une influence. Et il suffit de se balader dans la rue pour voir comment nous sommes tous obnubilés par notre smartphone comme le sont les pigeons par les graines dans l’expérience de B.F. Skinner. L’image est la même. Apprendre en plus que toutes les applis d’aujourd’hui se réfèrent aux travaux de ce chercheur lors de leur conception ajoute pas mal d’ironie à la chose.
Cette addiction aux réseaux sociaux, vous en souffrez vous-même ?
Dire qu’on en souffre serait exagéré, mais on le sait tous, ces applis nous font sans cesse osciller entre bonheur et tristesse. Elles nous fatiguent tout autant qu’elles nous aident. Elles prennent clairement trop de place et il est difficile de s’en défaire. C’est sûrement ce sentiment sinusoïdal qui est désagréable.
Vous n’avez jamais fait dans le feel good mais on a le sentiment que vos chansons sont de plus en plus noires ? La société actuelle vous fait peur?
Bizarrement, on n’a jamais la volonté de faire noir. On se laisse guider par ce qui vient, la seule chose qui nous anime, c’est de créer un truc vraiment personnel, composer une musique, écrire un texte que nous seuls pouvons faire. C’est simplement la façon dont on envisage la musique : on ne la voit beaucoup plus comme une émotion introspective qu’un divertissement.
Comment voyez-vous ce monde d’après qu’on nous promet différent et meilleur ?
On se méfie beaucoup du « c’était mieux avant » donc on aurait tendance à dire que l’on est optimistes. Ça dépend vraiment de ce qu’on regarde. On peut voir Bolsonaro, Zemmour ou Trump, on peut aussi voir Greta, Black Lives Matter ou #MeToo. C’est d’ailleurs sûrement ça le monde de demain : une polarisation des idéaux… et le danger qui va avec.
Comment vivez-vous cette période étrange pour ne pas dire anxiogène de pandémie ?
Comme tout le monde, anxiogène c’est le bon mot. Historique également, mais une anti-Histoire : celle où il ne se passe rien. C’est ça le plus étrange : en faire le moins possible pour s’en sortir au plus vite. L’exact contraire de ce qu’on nous apprend depuis tout petit.
Ces deux premiers clips sont signés Marian Landriève avec qui vous avez déjà travaillé, un spécialiste des effets spéciaux. La réalisation est très soignée mais elle n’a pas dû être de tout repos. Pouvez-vous nous raconter un peu comment tout ça s’est déroulé ?
On a une vraie passion pour l’image et depuis notre rencontre avec Marian, on a l’impression que tout est plus facile, on se comprend bien. Le procédé est toujours le même : des journées entières à écrire le plus précisément possible des images et ensuite, tout faire pour les réaliser, même si ça paraît impossible sur le papier. Pour Cabane par exemple, on a passé une semaine à fabriquer une vraie cabane ainsi que tout un procédé pour la faire « voler » dans les airs, tout ça pour 15 secondes de plan :). Ça nous amuse beaucoup en fait, c’est une récréation.
À chaque fois que je vous écoute, que je découvre un nouveau titre, je me pose toujours la même question. Comment pourrait-on définir votre style musical ? Où vous caser en somme ?
On aimerait bien le savoir aussi, on n’y réfléchit jamais franchement. Le seul truc qu’on sait, c’est qu’on est passionné par le rap, le hip hop, depuis des années, donc c’est ce qu’on a l’impression de faire. En tout cas, ce genre autorise tout alors c’est sûrement ça qui nous va le mieux.
Confiné, déconfiné, reconfiné, mais au travail, l’artiste nantais Degree est de retour avec un nouveau single, un nouveau clip et de nouvelles sonorités. Rencontre…
extrait du clip Part of it
Nous l’avions croisé en 2018 (interview à retrouver ici) le projet n’avait alors que trois ans d’âge et lui-même 19 ans mais le Nantais affichait déjà une belle maturité musicale qui lui assurait, prédisait-on sans trop de risque, un bel avenir. L’avenir est là, Grégoire Dugast, alias Degree, revient avec un nouveau single qui marque une étape décisive dans sa jeune carrière avant la sortie d’un prochain album.
Repéré en 2016 par la radio KRCW de Los Angeles, sélection 2018 des Inouïs du Printemps de Bourges, du Fnac Live et des Inrocks Lab, Degree sort dans la foulée un premier EP co-réalisé avec 20syl, son oncle. Nous sommes en février 2020, la pandémie interrompt toute velléité de concerts mais Degree reprend sa plume et sa guitare pour composer à nouveau.
Part of it est le nom de son nouveau single, un nom anglais pour un titre chanté en partie en français et évoquant l’amour, la famille, les non-dits, les silences. Interview…
Nous t’avons rencontré en 2018, tu revenais de Bourges et te trouvais confronté à des choix décisifs qui allaient selon tes propos t’engager sur plusieurs années. As-tu réussi à faire ces choix, et les bons choix ?
Degree. Ces choix étaient ceux de l’entourage comme du son. Qui choisir pour avancer ? Quel son me définit et vers où aller ? Qu’ai-je à dire ? Au final, je ne peux pas savoir si les choix que j’ai fait sont les bons choix ou du moins je le verrai sur la durée mais je suis allé vers ce qui me correspondait le plus. Après un an d’expérimentation musicale, je suis fier de la musique que j’ai réalisé en équipe et j’ai conscience des thématiques qui me touchent et inspire mes compositions.
En deux ans, il peut se passer pas mal de choses pour un artiste. Concerts, rencontres, album… et pandémie. Comment as-tu vécu tout ça?
Degree. Deux ans c’est énorme et ça passe si vite en même temps. Pendant cette période, j’ai tout d’abord beaucoup remis en question ma musique, pourquoi j’en faisais et comment je m’exprimais. En parallèle, j’ai sorti mon premier EP Draw to an end qui marque mes débuts, l’aboutissement de mes premières compostions comme la fin d’une première exploration. Ces tracks m’ont permises de mettre en place un set que j’ai pu jouer en live, c’était que des premières pour moi, différents publiques, différentes scènes et conditions. J’ai appris à apprivoiser la scène jusqu’au moment de défendre mes tracks après la sortie de l’EP en mars 2020, c’est à ce moment que les choses ont changé pour le live.
C’est frustrant de se sentir bloqué dans le développement d’un projet, cependant ce sentiment a évolué grâce à mon équipe. Cela faisait un an que je travaillais avec 2 producteurs, Simon Quénéa et Pierre Cheguillaume (membres du groupe INUIT). Pour nous, au final, ce sentiment s’est transformé en une plus grande motivation dans la réalisation de nouvelles tracks. À la sortie de la première quarantaine on a alors directement embrayé sur mon premier album alors qu’on possédait une cinquantaine de maquettes.
Avec ce nouveau single, Part of It, on a le sentiment que tu as pris un virage à 180° et que, peut-être, tu t’es trouvé ? Que s’est -il passé ?
Degree. Ce premier morceau vient trancher avec ce que j’ai pu proposer dans mon EP, c’est vrai. Mon travail se retrouvait souvent dans les mêmes sonorités et avancer en groupe m’a permis de développer l’univers de mes morceaux de manières plus distinctes. Part of it puise dans la pop, dans la culture anglaise. Ce track ne doit pas être considéré comme le seul son que je fais, comme « ma nouvelle sonorité » mais comme un pas plus assuré vers une musique sincère qui s’affranchit des étiquettes.
Tu chantes en français pour la première fois je crois. C’est aussi un gros changement…
Degree. Dans mon premier EP j’ai expérimenté le français à travers Feu et un peu dans Forgetting. Pour autant, je me cachais dans des métaphores et des idées assez vagues. Je n’étais pas encore sur de moi.
Lors de la composition de Part of it, j’ai tout d’abord écrit en anglais par habitude et pour éviter de me bloquer dans l’expression de ce que je ressentais. Cela me permettait de garder une distance avec le texte. Au fur et à mesure de ma prise de conscience sur l’importance d’en faire un titre français à refrain anglais j’ai eu la chance de rencontrer une artiste/auteure très talentueuse, Zaho de Sagazan. Ensemble on a pu aboutir à un texte qui exprimait simplement ce qui me pesait et que j’avais besoin de délivrer. Travailler avec elle m’a donné une vraie confiance en moi par rapport à mon écriture et un échange, une assurance, sur ce qui était dit et comment il était exprimé.
Ce titre parle de la famille et d’amour ou plutôt du manque d’amour. Tu peux préciser ?
Degree. Ce titre parle d’amour dans une famille, la volonté d’être uni, la peur de blesser, de déstabiliser et le sentiment d’appartenance. C’est un titre qui résonne avec des expériences vécues. J’ai pu critiquer plus jeune les non-dits familiaux, ces silences qui pèsent, les sujets sur lesquels on évite de poser des questions. Cependant, lorsque je me suis retrouvé à cacher mon petit ami à ma famille par peur d’incompréhension et de rejet, je faisais moi-même alors partie des silences, non-dits et sujets à éviter.
Part of it commence par la prise de confiance que j’ai eu ces derniers temps vis à vis de certains membres de ma famille. J’y peins par la suite la présentation de mon copain et les doutes qui accompagnent celle-ci. Le refrain, lui, exprime mon sentiment d’appartenance à un groupe que je critique mais dont je fais également partie.
Pourquoi ce nom, Part of it ?
Degree.Part of It signifie « (faire) partie de ça ». Ce titre fait tout d’abord référence au sentiment d’appartenance à la famille et aux défauts que je critique dans cette chanson. Part of It est utilisé aussi pour désigner mon copain que j’invite à faire partie de ma famille « now you’re part of it too »/« maintenant tu en fais partie aussi ».
Nouveau single, nouveau son… et des collaborations avec Inüit pour la compo, Stan Neff pour le mixe et Louis Lekien pour le clip. Une belle équipe qui te suivra sur l’album à venir ?
Degree. Exactement, le son sera réalisé par la même équipe. Travailler ensemble devenait comme logique, instinctif. Zaho de Sagazan m’a accompagné dans l’écriture de plusieurs textes et elle-même travaillant avec des membres d’INUIT nous commençons à former un cocon nantais aux allures de famille. Stan Neff a été une révélation sur le projet, on a fait un premier test mixage et ça nous a paru comme une évidence. C’est un honneur d’avoir pu travailler avec Louis Lekien pour le clip et il est possible que notre collaboration ne s’arrête pas à Part of it …
Aussi, la cover de Part of it est réalisée par Rachel Demetz, artiste barcelonaise. Ensemble, nous travaillons sur le développement image de l’album afin d’approfondir mes propos à travers une recherche graphique.
Part of it est le premier single de ce futur album. Faut-il s’attendre à quelque chose de globalement indie pop ?
Degree. J’ai toujours eu des difficultés à identifier mon projet avec des étiquettes. Mon album sera plus assumé, sincère et contrasté que ce que j’ai pu faire auparavant. Il peut être considéré comme pop par ses sujets et la structure de mes morceaux. L’impulsivité de la réal, le son plus garage, underground anglais, peut lui se lier à un univers plus rock. L’album touche ainsi autant à de l’électro, de la folk que du rock. Si cela est considéré comme de l’indie pop alors cette étiquette me correspond bien.
Merci Grégoire, merci Degree. Propos recueillis par Eric Guillaud le 13 novembre 2020. Plus d’infos sur Degree ici
En ces temps de ralentissement global pour cause de pandémie, il est bon de constater que les artistes ne manquent pas malgré tout d’inspiration, de mots, de musique et d’images pour nous parler des choses de la vie. Ainsi en va-t-il pour le groupe nantais DBStraße et son nouveau clip à découvrir ici et maintenant. Attention, frissons!
Nous les avions rencontrés en juin dernier, une interview à retrouver ici-même, à peine sortis du confinement, Doris Abéla, Benjamin Durand, Suzanne Fischer, Julien Vinçonneau et la vidéaste Annabelle Durand, les DBStraße au grand complet, rejoignaient Stereolux, l’espace de création et de diffusion dédié aux musiques actuelles bien connu des Nantais, pour une résidence autour de leur nouveau spectacle Amours fauves du nom de leur deuxième EP.
Nous les retrouvons aujourd’hui à l’occasion de la sortie de ce nouveau single clipé par Annabelle Durand, comme un hommage au cinéma à l’ombre de Romy Schneider et Michel Piccoli. Explications…
Les Amours impossibles est un clin d’oeil, plus encore une référence directe à La Chanson d’Hélène de Philippe Sarde. Ça ne va peut-être pas causer aux plus jeunes d’entre nous mais les plus anciens comme moi ont les poils qui se hérissent à son écoute. Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec cette chanson ?
Annabelle.Il faut bien garder à l’esprit que ce morceau fait partie d’une histoire plus globale. Le projet de DBStrasse c’est un concert-concept autour d’une histoire d’amour, avec ses bonheurs et ses frasques… Les Amours Impossibles, c’est un chapitre parmi d’autres, une scène du film…
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Benjamin. J’ai chanté cette chanson, il y a trois quatre ans avec un projet swing reprenant quelques airs français parmi les plus connus. J’ai ensuite vu le film (Les Choses de la vie, ndlr) et j’ai vraiment aimé cette idée fixe et obsessionnelle de l’accident de voiture. Une histoire d’amour qu’on découvre à mesure que sa fin approche Dans notre spectacle « Amours Fauves », c’est le moment des regrets : les amants se sont faits trop de mal pour pouvoir s’aimer encore, et pourtant… « Les amours impossibles » évoque ce sentiment mitigé. J’ai emprunté le début à La Chanson d’Hélène, « Ce soir nous sommes septembre… » et j’ai fait varier le thème jusqu’au mois de décembre.
Le cinéma fait partie de votre ADN, on l’entend avec cette chanson, on le voit aussi avec ce clip très cinématographique réalisé par Annabelle Durand. Comment se sont déroulés son écriture et son tournage ? Au final, répond-il à vos attentes ?
Annabelle. L’écriture s’est faite assez vite, comme à chaque fois. Les chansons de DBStrasse sont très évocatrices et les images arrivent rapidement. Le tournage a été dense et froid en février dans les ateliers Magellan. J’aime faire des temps de tournage longs pour que tout le monde soit bien immergé dans l’ambiance. C’est toujours très intense, et une expérience collective forte sur le plan humain aussi.
Philippe Arbert nous a été d’une aide précieuse pour les lumières. C’était important pour chaque tableau. Le clip a sa propre histoire, sa propre narration illustrée avec le danseur, Sofian Jouini. Il n’est pas question de ce personnage dans la chanson, c’est pourtant le fil conducteur du clip. Car c’est aussi ça ce projet, plusieurs niveaux de lectures entre les textes, la musique et la vidéo.
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Benjamin & Doris. Annabelle s’est chargée du script: un mécanicien (Sofian Jouini), repense, revit, cette histoire d’amour impossible… Est-ce la sienne, celle de Michel et Romy dans le film ? Celle de DBStrasse ? Tout se mélange dans la tête du personnage central. Le tournage s’est déroulé en une seule longue journée : installation, répétition in situ le jour, tournage la nuit dans ce décor froid et industriel. Nous avions une super équipe : Jauris Maignan à la post-prod, Abigaël Briand au cadre et Philippe Arbert à la lumière plateau. Et oui, nous sommes très heureux.ses du résultat !
Au casting, il y a vous, Doris et Benjamin, même si vous faites une courte apparition, il y a surtout Sofian Jouini, danseur chorégraphe. Pouvez-vous nous le présenter ?
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Annabelle. Un danseur sensible, enthousiaste et inspiré.
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Benjamin & Doris. Nous avons rencontré Sofian sur son spectacle solo « Natures ». On a énormément aimé sa démarche faite d’incarnations, de métamorphoses, une présence animale sur scène qui questionne notre environnement, notre rapport à la société. On a commencé par faire quelques répétitions avec lui, danser ensemble et travailler un autre axe de notre spectacle. Très vite est venue l’idée de faire un clip. Sofian a pris part à l’écriture en proposant sa vision des corps en mouvement, son approche chorégraphique.
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Vous étiez en juin dernier en résidence à Stereolux pour préparer votre nouveau spectacle. Vous auriez dû le jouer cet automne. Ce ne sera finalement pas le cas. Peut-être en 2021. Comment vivez-vous cette période ?
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Annabelle. Le premier confinement a été annoncé juste après la sortie du premier EP, ça coupe l’élan c’est certain. Beaucoup de frustration, surtout après une semaine à Stereolux en juin, où l’envie brûle de voir une salle comble….
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Benjamin & Doris. Effectivement, comme beaucoup d’artistes, l’élan a été un peu coupé mais pas l’envie. On travaille actuellement sur des contenus vidéos, une nouvelle identité instagram et plus généralement on tente de raconter l’histoire des Amours Fauves autrement. Les concerts reviendront en 2021 !
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
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Annabelle. La ré-ouverture des salles, c’est essentiel.
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Benjamin & Doris. Un dîner avec Michel et Romy ; ou alors que Godard veuille bien réaliser notre prochain clip 🙂
Merci Annabelle, Benjamin et Doris, merci DBStraße. Propos recueillis par Eric Guillaud le 10 novembre 2020. Plus d’infos sur le groupe ici
Dominique A rend hommage au chanteur rennais Philippe Pascal (Marquis de Sade, Marc Seberg), décédé il y a un peu plus d’un an. Un livre relate des échanges jusqu’à la veille de sa mort avec celui qui fut pour lui une référence. Il sort aussi un album avec une reprise de Philippe Pascal.
Dominique A vous le dirait lui-même, il n’était pas un proche de Philippe Pascal. Oui, il l’admirait, quand la voix du chanteur résonnait à Rennes et au-delà des murs de la ville rock du début des années 80. Oui, il l’a croisé au cours de sa propre carrière, mais ce qui suffirait à certains pour s’attribuer les plus intimes affinités, ne suscite que respect et pudeur chez Dominique A.