À chacun son chemin ! Celui emprunté par le combo angevin You Know the Way nous ramène à l’époque de la cold wave avec une touche pop revendiquée. Synthés sous tension, mélodies entêtantes, textes introspectifs, son premier album s’appelle Live in Dark Romance. Parce que la vie n’est pas toujours lumineuse…
Sortir un album, qui plus-est un premier album, en pleine pandémie, revient un peu à partir à la pêche en pleine tempête. Avec le risque de ne rien attraper dans les filets. Mais pour les quatre musiciens qui forment le combo You Know the Way depuis 2018, le moment est largement venu de partager leur univers… et de combattre avec leurs armes cette période anxiogène.
Leurs armes justement, Sébastien Magnette est à la basse et au chant, Lionel Pécot à la guitare, aux synthés et samples, Nicolas Rougier à la batterie et Fantin Louis à la guitare rythmique, voilà pour les présentations. L’album s’appelle Live in Dark Romance, 12 titres emmenés par le puissant single Get out qui leur a permis de travailler avec le grand producteur anglais, John Fryer. Sébastien Magnette nous raconte cette collaboration et bien plus encore, ici et maintenant, interview…
Sébastien Magnette. En faisant sa propre introspection, chacun sait où il doit aller, quel est son chemin de vie. Sera-t-il différent s’il prend à droite ou à gauche ? D’où le nom You Know The Way…
Votre album est sorti fin novembre. Heureux ?
Sébastien Magnette. Oui, très fiers d’autant plus en ces moments « perturbés ». Malheureusement, la scène n’est pas pour tout de suite. Chaque jour voit ses nouvelles contraintes. Mais on reste confiant et surtout on ne voulait pas attendre plus longtemps pour sortir notre album même si ce n’est pas la meilleure période.
Cet album s’appelle Live in Dark Romance. Pourquoi ce nom ?
Sébastien Magnette. Live In Dark Romance, c’est ce que j’ai vécu ces dernières années. Cet album parle de ça, de choses personnelles. J’ai besoin quand je m’adresse au public que ça vienne des tripes, de connaître mon sujet, de raconter des histoires que j’ai vécues. Encore une fois, tout est question d’expérience propre. Du jour au lendemain, chacun de nous peut voir sa vie changer complètement de direction et au final basculer dans une certaine « dark romance ».
Pas facile je suppose de vivre cette sortie d’album sans pouvoir le défendre sur scène ?
Sébastien Magnette. Non, en effet ce n’est pas facile et c’est d’autant plus de travail pour se faire entendre. Nous avons hâte de pouvoir rejouer car nous pourrons enfin défendre l’album et surtout nous faire entendre sur une scène et partager notre ferveur avec le public, ce qui est essentiel pour un groupe.
À écouter l’album, on aurait pu classer le groupe dans la cold wave mais vous dites jouer de la « pop wave pas clean ». C’est à dire ?
Sébastien Magnette. C’est vrai qu’on a des influences cold wave mais notre musique est assez dansante, elle à un côté pop en même temps alors pop wave nous semble être un bon compromis. Quant au « pas clean », c’est du côté des textes que ça se passe.
Justement, parlons textes. Que racontent It’s killing time et The Black Bridge qui ont tout de singles parfaits. Que racontent vos textes d’une manière générale ?
Sébastien Magnette. It’s Killing Time aborde le sujet du « je ne me sens pas bien où que j’aille et j’aimerais bien trouver un endroit tranquille où je pourrai me poser ». Quant à The Black Bridge, c’est l’histoire de ces filles assez court-vêtues que j’ai souvent observées en attendant un train. Elles viennent apporter un peu de réconfort à des hommes en manque de sentiments dans des rues dont elles ignorent le nom. Souvent, cela se passe sous le pont noir. Sinon, nos textes parlent beaucoup de la complexité des rapports entre les hommes et les femmes.
Quelles sont vos influences majeures ?
Sébastien Magnette. Chacun à ses influences dans You Know The Way. Lio va plus écouter du punk, Nico est plus rock stoner et Fantin, psyché. Quant à moi, je suis plutôt cold wave, new wave, post punk.
Quels sont les albums qui tournent en boucle sur votre platine en ce moment ?
Sébastien Magnette. En ce moment, c’est Long life de Structures, Pictures of a century de LANE ou The Big Pictures de Last Train que je remercie chaleureusement d’avoir sorti mon fils des griffes de Maître Gims. Depuis qu’il a découvert Last Train il a quitté le côté obscur de la force et s’est même mis à fond à la guitare. Merci les gars, vous m’avez sauvé la vie, lol !
Quel regard portez-vous sur la scène locale ?
Sébastien Magnette. J’avoue ne pas avoir trop de recul. Mais de ce que je peux entendre, c’est bien trop souvent les mêmes groupes avec toujours les mêmes musiciens qui sont mis en avant par les scènes de musique actuelles d’Angers. Donc rien de nouveau qui sort des enceintes. Du coup, le public passe à côté de groupes talentueux et c’est bien dommage…
Vous avez travaillé avec le célèbre producteur John Fryer (Depeche Mode, N.I.N, Lacuna Coil The Cure) sur le titre Get Out. Comment l’avez-vous rencontré et que retenez-vous de cette expérience ?
Sébastien Magnette. C’est grâce à sa femme Anna que nous l’avons rencontré. Elle avait laissé un commentaire sur une photo de mon chat sur Instagram, un sphinx. De fil en aiguille, nous en sommes venus à discuter musique. Elle m’a appris que son mari était producteur et m’a donné son contact. J’ai envoyé le titre Get Out à John et il m’a répondu « How I can mixe for us ». John est quelqu’un de très abordable, il a compris tout de suite ce que l’on attendait et ce fut une chouette expérience pour nous de travailler avec une pointure comme lui.
Un mot sur la pochette de l’album…
Sébastien Magnette. Cette photo vient d’une amie photographe qui a habité longtemps à Dubaï, c’est la passerelle de l’hôtel Shangri-La. L’artwork a été fait par Nathan Balcon, un jeune web designer.
2020, année à bannir. 2021, année à bénir ? Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Sébastien Magnette. Je crois que cela va surtout dépendre des décisions prises en haut lieu et dont nous sommes tous tributaires. Il faut espérer que les dates déjà prévues puissent se faire, que les bars et autres salles puissent rouvrir et permettre à chacun de pouvoir s’exprimer. On en a besoin et c’est pour cela qu’on fait de la musique, rencontrer des gens, boire un coup et échanger après le concert. Je ne parle même pas des festivals locaux, avec des groupes émergents, des petits budgets, qui fonctionnent uniquement sur du bénévolat… On reste très sceptique quant à l’année 2021 malheureusement. Malgré tout cela, malgré le contexte quelque peu morose, on reste motivé par le monde du spectacle et de la culture qui est un pilier de notre société et qu’il faut soutenir à tout prix.
Propos recueillis le 23 janvier par Eric Guillaud