21 Sep

Jimi Hendrix : un livre pour célébrer son génie à l’occasion des 50 ans de sa mort

Beaucoup le considèrent comme le plus grand guitariste de rock du XXe siècle, le plus influent. Une chose est certaine, en quatre petites années de carrière seulement et autant d’albums, son jeu exceptionnel a révolutionné le genre au point qu’aujourd’hui encore, 50 ans après sa mort, l’homme est toujours célébré…

Jimi Hendrix, c’est d’abord une physionomie que tout le monde connait et reconnait, une physionomie et un look, hippie.

Un musicien noir qui joue du rock psychédélique, de quoi déboussoler l’Amérique des années 60. D’ailleurs, ce n’est pas dans son pays natal qu’il va devenir la star Jimi Hendrix mais en Angleterre où son manager, Chas Chandler, l’emmène en 1966. Alors que tous les groupes anglais partent à la conquête des État-Unis, lui débarque en Angleterre. Mais le choix est judicieux. En moins d’une semaine, il monte son groupe Jimi Hendrix Expérience et donne son premier concert.

Suivent quatre années de pure folie, de fièvre créative, de concerts explosifs, de guitares détruites, de brèves liaisons amoureuses et de drogues. Mais rien n’arrête Hendrix qui devient un héros révolutionnaire aux yeux de la jeunesse américaine. Jusqu’à ce jour de septembre 1970 où il est retrouvé mort dans l’appartement de sa compagne Monika Dannemann. Le certificat de décès stipule qu’il s’est étouffé dans son vomi après une intoxication aux barbituriques.

Comme Janis Joplin qui mourra au même âge que lui quelques mois plus tard, Jimi Hendrix est une comète qui connut une gloire aussi brève qu’intense.

Sur la base de nombreux documents parfois inédits, de reproductions de textes, d’une iconographie exceptionnelle, et de trois interviews du producteur et ingénieur du son Eddie Kramer, de l’artiste, musicien et petit frère Léon Hendrix, du bassiste Billy Cox, le journaliste et critique italien Ernesto Assante retrace cette formidable aventure rock. Assurément un beau bouquin !

Eric Guillaud

Hendrix, le livre hommage, de Ernesto Assante. Glénat. 35€

17 Jan

Shame : le futur punk

Attention attention, toute écoute prolongée de l’album Songs of Praise du groupe anglais Shame pourrait vous provoquer quelques agacements musculaires, voire une folle envie d’en découdre avec votre arthrose. Ecartez les meubles et les enfants, un deux trois pogo…

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C’est le phénomène punk de l’année. Tout le monde en parle même le très sérieux Télérama qui évoque un album « empli d’une flamboyante énergie punk » , c’est dire ! Shame, c’est qui c’est quoi ? C’est une jeune, très jeune, bande de Londoniens, issue du quartier de Brixton pour les connaisseurs, cinq gamins de 20 ans pas plus qui ont ingurgité tout ce qui s’est fait de bien en matière de rock’n’roll pour en recracher un bel album sous les couleurs de l’excellent label américain Dead Oceans, dix titres aussi énervés qu’essentiels et une pochette décalée, tellement paisible.

Dix titres et rien à jeter avec l’eau du bain ! Songs of praise se bonifie même au fil des écoutes. Rien à jeter donc et quelques morceaux comme Concrete, One Rizla, Tasteless, Donk ou Angie qui devraient permettre à Shame de rejoindre rapidement le panthéon du rock sans passer par la case « on est un groupe de jeunes qui débute et qui galère ».

Preuve en est le calendrier, pas celui offert avec le vinyle et sur lequel ont été annotés les événements marquants de l’année 2018, à savoir la date de sortie de l’album le 3 janvier et les anniversaires des cinq membres du groupe, mais le calendrier de la tournée qui débute le 16 février et va les emmener illico presto de l’autre côté de l’Atlantique pour plus d’un mois de concerts, une vingtaine en tout. Ils y croiseront des groupes qui pourraient bien être aussi le futur du rock tels que Protomartyr ou Snail Mail. Après les États-Unis, retour au bercail, enfin presque, au Royaume-Uni tout d’abord, puis en Norvège, en Autriche… et en France à Bordeaux le 17 mai, Lille le 20 mai.

Mais que raconte ce premier album qui cumule les bons points, l’énergie de la jeunesse et une certaine maturité dans les arrangements ? L’amour, la mort, les rencontres, les lieux qui les ont inspiré, Brixton bien sûr, la société, la vie quoi, leur vie, enfin le tout début de leur vie.

Côté influences musicales, certains reconnaîtront dans leur style un peu d’Oasis, un peu de Clash pour les concerts fougueux, un peu de Parquet Courts (Friction), un peu de Fall, de Stooges… et beaucoup d’eux-mêmes, de ce qu’ils ont appris en trois petites années, oui, seulement, mais trois petites années intenses, faites de répétitions dans une cave de Brixton, de concerts mémorables et de travail en studio. Pour eux, le futur c’est maintenant!

Eric Guillaud

Songs of praise (Dead Oceans)

07 Sep

Mac DeMarco : un brin de folie ensoleillée

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Que faire d’un long dimanche de pluie, veille de rentrée scolaire? Déprimer sous sa couette ? Relire pour la dixième fois les douze dernières livraisons de Rock’n’Folk? Ou écouter le dernier opus de Mac DeMarco en boucle? Sans hésitation aucune, j’ai opté pour la dernière solution. Et finalement, ça m’a permis d’entrevoir quelques rayons de soleil…

Des rayons de soleil directement venus de Californie où notre trublion canadien a – après Brooklyn – élu domicile. Composé à la fois à New York et à Los Angeles, son nouvel album This Old Dog sorti en mai dernier offre un subtile mélange de sobriété et de folie douce, un album à la cool comme est régulièrement qualifié son géniteur.

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La pochette de l’album – j’ai opté pour le vinyle – en est l’illustration parfaite avec ce capharnaüm graphique comme on pourrait en gribouiller pendant un cours de maths soporifique ou une réunion de travail interminable et inutile, un capharnaüm signé Mac DeMarco où l’on peut en vrac distinguer les titres de l’album, des symboles du Yin et du Yang, un vieux chien, une niche, une guitare, quelques références à son déménagement, à ses amis, à son ampli, des symboles maçonniques… Pour le reste, la pochette de l’album est plutôt sobre, pas de paroles, pas de cahier photos, rien d’autre que l’essentiel.

Et l’essentiel, justement, c’est sur la galette que vous le trouverez car This Old Dog est un album généreux pour nombre de raisons dont celle-ci…

One Another mais aussi My Old Man, Still Beating, For The First time, One More Love Song, On The Level ou encore Moonlight On The River… Mac DeMarco nous balance treize titres qui  pourraient passer de prime abord pour des chansonnettes à reprendre en coeur en sirotant un lait fraise sous le soleil exactement. De prime abord seulement car à bien écouter et réécouter cet album, Mac DeMarco signe treize petites pépites aux mélodies lumineuses, aux arrangements subtiles et au chant gentiment nonchalant. Le chouchou des hipsters est un petit génie qui fait tout lui-même dans sa cuisine et enregistre au Jizz Jazz Studios, ne cherchez pas sur internet c’est aussi chez lui. Il faut dire que Mac DeMarco, qui se méfie de l’industrie du disque, cultive dans son jardin et donc sa cuisine une musique simple et surtout proche des gens.

Mac DeMarco, chanteur normal ? Oui, la normalité, la simplicité, la proximité sont pour lui la base même de sa musique. Et peut-être de sa vie. Preuve en est en tout cas le détachement, certains diront la nonchalance ou la déconnade permanente et potache, qu’il affiche dans ses clips et sur scène. Son dernier passage à La Route du Rock le 20 août dernier à Saint-Malo n’a pas dérogé à la règle qu’il s’est fixée…

Il est passé par ici, il repassera par là, Après La Route du Rock en août, Mac DeMarco sera de retour en Europe pour une tournée qui passera par Stereolux à Nantes le 13 novembre. Qu’on se le dise !

Eric Guillaud

This Old Dog (Captured Treacks)

25 Août

Queens of the Stone Age : le diable fait sa rentrée !

© éric guillaud

© éric guillaud

Dire que nous ne sommes que fin août, que beaucoup d’entre nous se la coulent douce quelque part au soleil. Beaucoup, oui, mais pas tous, les amoureux du rock, du vrai, celui qui sonne gras, eux, sont déjà rentrés au bercail prêts à harceler leur disquaire préféré pour obtenir l’objet tant convoité de la rentrée : le nouvel album de Queens of the Stone Age.

Et ils ont raison. Sacrément raison. D’abord parce que ça fait tout de même un long moment, quatre ans, qu’on avait plus rien d’eux à se mettre sous la dent et dans le coin de l’oreille, depuis …Like Clockwork sorti en 2013, ensuite parce que la nouvelle galette s’annonce plutôt diabolique. Et le diable, dans le rock’n’roll, on aime ça !

Alors bien sûr, on pouvait s’inquiéter, comme l’ont souligné Libé ou Rock’n’Folk, de l’arrivée de Mark Ronson à la production. Mais qui est Mark Ronson ? Le diable en personne ? Peut-être. Mark Ronson est avant tout un artiste, chanteur, guitariste ET producteur ayant notamment produit des albums ou titres de Robbie Williams, Amy Winehouse, Adele, Christina Aguilera, Lady gaga ou encore Duran Duran. Oui, de la pop, oh mon dieu, ça peut faire peur à certains !

On sait que le groupe est à un tournant de son histoire, qu’il ambitionne aujourd’hui de se produire dans les plus grandes salles de la planète rock (AccorHotels Arena – Bercy à Paris le 7 novembre) mais de là à vendre son âme au diable, encore lui, il y a un pas et pas mal de riffs qu’il n’a pas voulu franchir. Queens of the Stone Age est et reste un groupe de rock, il gagne simplement ici en visibilité et conserve son instinct, sa rage, sa puissance, intactes.

Alors cet album ? Un bijou ? Oui, un collier de perles, neuf perles exactement qui nous bombardent de riffs ravageurs, de guitares saturées, de ruptures de rythmes incessantes, de quelques nappes de synthé étourdissantes, oui oui, le tout emmené par la voix du géant roux Josh Homme, des intonations à la Bowie en bonus, un régal. Montez le son, je vous l’autorise, les voisins ne pourront qu’en redemander !

Villains est disponible en numérique, digital et bien évidement vinyle, un double album, trois faces, une quatrième pour le diable, un travail graphique toujours très soigné et signé Boneface.

Eric Guillaud

Villains (Matador Records)