C’est l’une des plus belles voix de la Côte ouest, une voix mais aussi un sens inné de l’écriture, de la mélodie, de l’émotion. Avec son nouveau clip Gamble My Love Away, Gaume nous embarque dans l’univers feutré d’un cinéma pour une douceur folk qui convoque autant l’intime que l’universel…
Certains d’entre-vous ont peut-être découvert son visage dans l’émission The Voice en 2014 et son prénom avec son projet initial Roman Electric Band, trois albums studio, des centaines de concerts au compteur. Mais l’auteur-compositeur et guitariste, grand fan d’Elliott Smith, s’est depuis fait un nom, Gaume, avec lequel il parcourt désormais la planète rock-folk. Gamble My Love Away est son quatrième clip, le deuxième avec Ronan Lagadec à la réalisation.
De retour d’une tournée en solo en première partie de Matmatah, Gaume a posé sa guitare quelques jours à Nantes, juste le temps de nous dire quelques mots sur ce titre et ce clip.
« Ce morceau n’est autre qu’une petite ballade acoustique que j’ai composée il y’a quelques mois. Au début, je ne pensais jamais le sortir mais plutôt le garder dans mes tiroirs à chansons, voir en recycler les idées dans d’autres titres pour plus tard…
Mais au mois de septembre, nous étions en train de maquetter des titres avec le groupe et j’avais une journée de libre en plus au studio… c’est là que je me suis décidé assez spontanément à l’enregistrer.
S’en est suivi une tournée en solo en première partie de Matmatah à travers la France en novembre et l’envie est venue de sortir ce titre de façon un peu exclusive, sans album, sans Ep, juste un titre acoustique de manière spontanée à l’image de cette chanson qui reflète un peu l’esprit solo folk de cette tournée.
Et puis j’avais ces images… ces belles images que mon grand-père a filmée en super 8 tout au long des années et des réunions familiales depuis ma naissance ! À la mort de ma grand-mère, il a offert à moi et mon frère une dizaine de DVD remplis des images qui nous concernaient, une véritable mine d’or de souvenirs !
Je m’étais toujours dit, qu’il faudrait un jour en faire un clip, que ça serait un hommage à ma grand-mère, et que ça serait vraiment cool d’appeler un jour mon grand-père pour lui dire qu’il est le réalisateur de mon prochain clip !
Alors on a fait un montage d’images bien choisies et on y a ajouté une petite fiction, tournée dans le cinéma Saint-Joseph de Pornic, avec le réalisateur Ronan Lagadec à la baguette magique qui s’est chargé du montage final.
Je suis très content du résultat. Ce clip reflète à la fois quelque chose de très personnel mais qui peut aussi toucher chacun de nous dans son rapport à sa propre enfance ».
On aurait pu les croire perdus à jamais pour le rock, disparus de tous les écrans radars pour l’éternité, fiers de ne pas avoir fait grand chose et pressés de laisser travailler la légende. Mais non, Les Olivensteins ont repris du service et sortent leur premier album 40 ans après leur apparition aussi céleste qu’éphémère…
Jamais groupe aussi éphémère n’aura peut-être autant marqué l’histoire du rock en France. Les Olivensteins débarquent sur la scène rouennaise à la fin des années 70, en 1978 précisément. Les Dogs occupent déjà le terrain depuis quelques années, viennent de sortir deux EP et s’apprêtent à publier leur premier album, Different. Pourquoi je vous parle des Dogs ? Parce que les deux groupes sortent du même moule, du label Mélodies Massacre, label mais aussi mythique magasin de musique de la capitale normande, et que l’un et l’autre vont à leur manière laisser une empreinte indélébile sur le rock des années 80.
Avec une différence de taille tout de même, tandis que les premiers chantent en anglais, les seconds balancent des textes en français qui égratignent la bonne morale de ces années-là. Fier de ne rien faire, Euthanasie, Je hais les fils de riches… Tout y passe, la société n’a plus qu’à bien se tenir…
Entre 1978 et 1980, Les Olivensteins donnent quelques concerts qui partiront parfois en vrille et participeront à faire d’eux une légende. Reformés en 2013, il reprennent la route, font quelques dizaines de concerts un peu partout, dont un particulièrement remarqué à Nantes avec les Buzzcocks, et décident de casser leur image de groupe mythique en sortant un album, oui Les Olivensteins ont enfin leur album disponible en vinyle, comme à l’époque, mais aussi en digital et en cd.
Tout ça méritait bien une interview de Gilles Tandy, chanteur leader du groupe. Un coup de fil, quelques échanges de mail, la voici la voilà, mordante à souhait…
Mais… pourquoi donc ce retour ? Vous aviez oublié de dire au revoir vous aussi ou d’éteindre la lumière, ou peut-être de dire tout le bien que vous pensez des fils de riches ?
Gilles Tandy. Il y a quasiment cinq ans, jour pour jour, j’avais donné rendez-vous au troquet en bas de chez moi à un type qui voulait m’interviewer pour Teknikart sur mes turpitudes d’antan. Evidemment, l’article n’est jamais paru. Ce jour-là, j’en avais profité pour railler ces vieilles carnes sur le retour qui reformaient leur groupe. Le résultat étant presque toujours atroce.
Le lendemain, Romain Denis (frère de Vincent et batteur de la formation originale du groupe) nous demandait à Vincent et à moi de répondre à une sollicitation d’un de ses potes pour un one-shot prévu l’été suivant lors d’un festival à Tournan en Brie (77). Eh bien, après une courte mais mûre réflexion dont la teneur n’était pas vraiment liée à des considérations musicales, on s’est retrouvé à répéter dans un local le samedi suivant. Rien n’était prémédité et j’éprouve toujours le même scepticisme à l’égard des reformations.
Sortir un premier album 40 ans après la création du groupe, ça fait quoi ?
Gilles Tandy. Comme pour n’importe quel groupe, parvenir à sortir un album procure un immense plaisir, le reste, on s’en fout totalement. Le passé des Olivensteins n’a jamais fait partie de nos préoccupations, le but n’était ni de célébrer un jubilé ni de fêter des retrouvailles en famille.
Vous aviez disparu des écrans radars, vous faisiez quoi au juste les uns les autres ?
Gilles Tandy. Après les Olivensteins, on a continué à faire de la musique jusqu’en 96, Vincent avec les Coolies et avec Eric Tandy, moi avec les Gloires Locales puis en solo accompagné par les Dogs pour l’album « La colère Monte », Vincent et moi ensemble avec les Rythmeurs puis avec Gilles Tandy et les Rustics. Ensuite j’ai totalement arrêté, tandis que Vincent avait repris avec son groupe Bring That Noise.
De nouveaux visages ont rejoint l’aventure. Vous pouvez nous les présenter ?
GIlles Tandy. On a redémarré avec la formation originale puis Didier Perini qui jouait avec Vincent Denis dans Bring That Noise nous a rejoint à la basse début 2014, ensuite Clément Lagrega a remplacé Romain Denis quand celui-ci a arrêté ; après le départ d’Alain Royer le 2eme guitariste – qui ne jouait pas sur le 45 tours mais qui faisait partie du combo de départ…vous suivez ?- on a évolué à quatre (vx guitare basse batterie) jusqu’à l’été dernier. Outre Didier, Vincent et moi, la nouvelle formation comprend aujourd’hui Jérôme Bordage à la batterie et France Vitet, qui nous accompagnait déjà sur plusieurs morceaux du disque, aux claviers.
Musicalement, si je vous dis que cet album s’inscrit finalement dans la continuité de votre mythique 45 tours, j’ai tout bon ?
GIlles Tandy. Je pense que tu es dans le vrai, d’ailleurs, certains titres (Catalogues, Né pour Dormir et les Fils de riche) datent de la première époque, sans avoir cherché à reprendre l’histoire là où elle s’était arrêtée. C’est dans cette direction qu’on allait avant la séparation et c’est ce qu’on a continué à faire Vincent et moi avec les Rythmeurs et avec les Rustics.
c’est devenu un repère de vieux cons. Il y a même des colloques autour du punk, certes ça permet à quelques-uns de ressortir du bois avant de plonger dans la sénilité
L’esprit punk est toujours là ?
Gilles Tandy. Ça, on n’en a absolument rien à secouer, le terme punk a été utilisé à toutes les sauces ces derniers temps pour les besoins du quarantenaire d’un truc qui abhorrait les célébrations. Aujourd’hui, c’est devenu un repère de vieux cons. Il y a même des colloques autour du punk, certes ça permet à quelques-uns de ressortir du bois avant de plonger dans la sénilité, mais entendre des universitaires déblatérer sur l’influence qu’a eu ce mouvement dans la société, il y a de quoi pisser de rire. Laissons le punk là où il s’est arrêté, ça évitera à certains de raconter tout un tas de conneries.
Est-ce que ça a été difficile de faire cet album ?
Gilles Tandy. Lorsqu’on a repris, nous avons vite compris que les standards avaient changé. Fini le temps où après avoir enregistré une maquette, tu attendais en vain l’avis éclairé du guignol d’une maison de disque. Il était clair qu’il allait falloir se prendre en main.
On a profité des subsides générés par la compile Born Bad et par les droits de passage de « fier » et de d’ »euthanasie » dans le film « Je suis mort mais j’ai des amis » réalisé par Guillaume et Stéphane Malandrin, ainsi que du maigre pécule qui nous restait des concerts pour faire une maquette dans un petit studio parisien, puis, une fois réuni le matériel disponible, enregistrer ces dix morceaux en cinq jours de prise ; ensuite nous avons suivi le processus qui mène à la finalisation d’un album (mixage, mastering, pochette) ; jusqu’alors nous n’avions jamais pris en charge l’intégralité de la production, ça s’est avéré un peu plus long que prévu. La plupart des groupes tend à présent vers cette forme d’artisanat. En ce qui concerne le label –toute la partie fabrication, logistique, commerciale et administrative – le choix s’est vite imposé.
On retrouve la signature d’Eric Tandy (frères de Gilles, ndrlr) sur vos paroles mais pas que. Vous en signez vous aussi, en français bien sûr. C’est essentiel pour vous ?
Gilles Tandy. Je crois que ce vieux débat est clos depuis des années, pour nous c’est une question de confort.
il me semble que Bernard Tapie qui avait une approche du business autrement plus aiguisée que la nôtre n’a sorti que deux 45 tours. Rien n’est évident dans ce milieu.
Retour en 1978. Un 45 tours, quelques concerts, quelques bagarres…. et puis bye bye. C’était un peu dur non ?
Gilles Tandy. À deux reprises, on a eu de gros problèmes avec des videurs qui étaient le bras armé d’organisateurs malveillants, ce qui était très courant à l’époque, mais Il n’y a jamais eu de bagarre pendant les concerts des Olivensteins, tous ceux qui nous suivaient peuvent en témoigner. Pour le reste, il me semble que Bernard Tapie qui avait une approche du business autrement plus aiguisée que la nôtre n’a sorti que deux 45 tours. Rien n’est évident dans ce milieu.
Le groupe est devenu une légende dès les années 80, un groupe dont tout le monde parlait mais que finalement peu de gens avait vu ou même entendu. C’est confortable d’être une légende ?
Gilles Tandy. Nous avons toujours trouvé ça grotesque, nous préférons concourir dans la catégorie « découverte ».
Quel(s) souvenir(s) gardez- vous de ces débuts sur les scènes rouennaises et parisiennes ?
Gilles Tandy. Tout ce qu’on a vécu durant cette période est déjà relaté dans le livret de la compile Born Bad sortie en 2011; je ne vois pas ce que je peux rajouter de plus. Ça a été une post-adolescence plutôt heureuse, j’ai d’ailleurs connu des moments très marquants avec tous les groupes dans lesquels j’ai joué.
D’autres ont certainement vécu une effervescence similaire en d’autres lieux et à d’autres époques.
Aujourd’hui, des mères de famille fredonnent avec nous « Patrick Henry est innocent » lorsqu’on le joue mais on ne sent pas chez elles une envie soudaine d’étrangler leur môme….
On dit que vous vous êtes splité à cause de votre nom emprunté à un médecin éminent qui luttait contre la drogue et qui n’aurait pas du tout apprécié la plaisanterie. Mais je crois savoir qu’il y avait aussi toute la polémique autour du titre très provocateur « Pétain Darlan c’était le bon temps » qui n’avait pas été compris par tous de la même manière…
Gilles Tandy. Aujourd’hui, certains se focalisent sur ce titre qu’on a finalement assez peu joué parce que jugé rapidement assez mauvais. Au départ, Eric l’avait écrit en réaction aux crétins qui arboraient des croix gammées en gueulant « Anarchy » et peut être en pensant à David Bowie débarquant dans sa Mercedes décapotable à Victoria Station au printemps 76 ; de mon côté, je me faisais une joie de pouvoir rafraîchir la mémoire des anciens ; les anglais pratiquent souvent cette forme de second degré et de dérision dans leurs chansons, mais c’est plus compliqué à faire passer en français.
Je n’ai pas souvenir de problème particulier causé par ce morceau ; les gens dans la salle gueulaient le refrain à tue-tête avec nous sans donner pour autant l’impression d’adhérer aux thèses de la révolution nationale – Aujourd’hui, des mères de famille fredonnent avec nous « Patrick Henry est innocent » lorsqu’on le joue mais on ne sent pas chez elles une envie soudaine d’étrangler leur môme…. je me trompe peut être ?
A de très rares exceptions, tout le monde se marrait et chacun trouvait son compte dans ce foutage de gueule général mais c’est vrai que le contexte n’était pas le même. Il n’y a pas eu de polémique à l’époque, ce n’est que bien plus tard lorsque le climat s’est alourdi qu’il a fallu remettre les choses en place, auparavant, nous n’avions jamais eu besoin de nous lancer dans une explication de texte.
En matière de provocation, on pouvait pratiquement tout se permettre, jeter de la bidoche sur le public, chanter à la gloire d’un tueur d’enfant ou de ces deux salopards, prôner l’euthanasie pour les vieux, narguer les mecs qui partaient bosser etc… ça ne portait pas à conséquence vu que notre champ d’action se limitait à Rouen et sa périphérie et plus tard sur une partie de la Normandie
Par contre, il est exact que l’apparition des skins et des punks à chien lors nos derniers concerts annonçait un basculement des mœurs ; ces nouveaux compagnons de route plutôt encombrants couplés avec les embrouilles causées par le toubib ne nous laissaient pas des perspectives très enthousiasmantes. On a préféré arrêter les frais.
Vous le regrettez ? Jouez-vous toujours ce titre sur scène ?
Gilles Tandy. On n’était pas devins, on ne pouvait pas imaginer en 1979 que les héritiers putatifs de ces duettistes feraient deux finales et un podium à la présidentielle et que leurs idées pourries seraient si présentes au cours des décennies suivantes. Bien entendu, on ne la joue plus, on écarte la rime facile…
Et le bon médecin, il est mort ? Aucun risque aujourd’hui ?
Gilles Tandy. On n’en sait strictement rien. Nous nous sommes bien gardés de lui poser la question.
Quand même, Rouen à cette époque, Mélodie Massacre, L’Exo 7, Les Dogs, Les Olivensteins, c’était le bon temps ?
Gilles Tandy. Heureusement qu’il y avait tout ça sinon qu’est-ce qu’on se serait fait chier à Rouen !
si l’écoute des chansons des Olivensteins permet à certains de repousser l’arrivée d’Alzheimer, c’est tant mieux
Ça vous arrive d’être nostalgique ?
Gilles Tandy. Le rock devient une affaire de vieux, c’est indéniable et si l’écoute des chansons des Olivensteins permet à certains de repousser l’arrivée d’Alzheimer, c’est tant mieux, mais tous ces mecs qui s’épanchent sur leur jeunesse perdue, ça me gonfle prodigieusement. Je n’ai pas encore l’incontinence d’un ancien combattant, ni l’éloquence d’un conteur.
Que reste-t-il de toute cette époque ?
Gilles Tandy. Quelques paquets de disques achetés au cours ces années, bien lourds à trimbaler lors de mes déménagements successifs.
Je vous ai vu sur scène à Nantes à l’occasion de l’événement « Fils de punk » organisé pour les 40 ans du mouvement punk. J’ai été très agréablement surpris par votre concert, très carré, très pro. C’était un concert important pour vous ?
Gilles Tandy. On a une forte connexion avec cette ville. Nous y avons joué dès 1983 avec les Rythmeurs et ensuite à plusieurs reprises avec les Rustics dont deux membres-Philippe et Jean Michel Daniau (Leo Seeger) étaient nantais. Ce concert nous tenait spécialement à cœur ; aujourd’hui, ça reste pour moi un moment particulier car c’est malheureusement la dernière fois que j’ai pu croiser mon ami Vincent Twistos (guitariste des Elmer Food Beat disparu cet été).
Le public est aujourd’hui plus avisé, les nouvelles générations ont amené une technique et un savoir-faire qu’on n’avait pas à l’époque, on ne peut plus se contenter de faire n’importe quoi. Sur scène, on s’efforce d’être généreux et à l’usure, on a fini par se mettre en place musicalement, on y gagne en sérénité.
Quel regard portez-vous sur le rock aujourd’hui ?
Gilles Tandy. Je n’ai pas un avis bien tranché là-dessus et la position du vieux sage qui ramène sa fraise ne me sied pas vraiment.
Je viens d’écouter « Brutalism » l’album de Idles c’est pas mal ; le chanteur a fondu les cendres de sa maman dans un tirage limité ; voilà une pièce qui pourrait trôner dans les conventions du disque au côté du 45 t des Olivensteins.
Quels sont vos projets ?
Gilles Tandy. Continuer à en profiter. On aimerait pouvoir jouer un maximum et de préférence, dans des endroits où on n’a pas encore mis les pieds, et qui sait ne pas traîner trente-neuf ans pour enregistrer un nouvel album…
Propos recueillis par Eric Guillaud le 17 décembre 2017
Il y a un mois sortait Let’s Rise, le premier album du duo folk nantais After the Bees. À quelques jours de la release party à Stereolux à Nantes, le 7 décembre, nous avons voulu savoir comment Cécile et Alexandra avaient vécu toute cette période. Rencontres, influences, travail sur la scénographie… elles nous disent tout ici et maintenant.
Votre premier album, Let’s Rise!, est sorti il y a maintenant un mois. Comment vous sentez-vous ?
Cécile. Nous sommes très contentes, parce qu’il a un bel accueil, et aussi parce qu’on va fêter cette sortie d’album dans de belles salles : La Luciole à Alençon le 2 décembre et Stereolux à Nantes le 7 décembre. La « release party » à Nantes nous fait d’autant plus plaisir que nos amis Mathias Delplanque, Nathalie Bernardini, Stéphane Babiaud et Céline Challet participent à cette soirée, pour la plupart en jouant des arrangements spéciaux sur nos morceaux!
J’imagine que la période a été particulièrement féconde en émotions et en rencontres de tous types. S’il fallait en retenir une, quelle serait-elle ? Et pourquoi ?
Cécile. After the Bees est un projet qui favorise les rencontres improbables, les lieux atypiques, les situations extraordinaires. Depuis que nous tournons ensemble, c’est un peu notre quotidien. Pour ne citer qu’un moment : le soir de la sortie de l’album, certaines personnes nous ont chanté des titres, parce qu’ils les avaient écoutés et aimés. Ça fait tout drôle, d’un coup le morceau appartient à tout le monde… C’est super émouvant.
Ce n’est jamais parfait un album. Il y a toujours quelques chose qui chagrine. On se dit qu’on aurait dû faire ceci ou cela autrement… C’est votre cas ? Avec le recul, il y a des choses que vous souhaiteriez changer ?
Cécile. Nous avons suivi chaque étape avec minutie. Nous voulions avoir du plaisir à l’écouter et à le faire écouter. La pochette aussi, réalisée par Coralie Marie sur une illustration d’Elise Roy, est vraiment belle, ça nous fait plaisir de présenter un bel objet! Bien sûr, dans un projet comme une réalisation d’album il y a des embûches. C’est une aventure qui a débuté il y a presque deux ans, alors sur une longue période, il y a des hauts et des bas, c’est bien normal! Nous apprenons de tout cela, nous ferons différemment pour le prochain, certainement…
On se nourrit toujours des anciens. Quelles ont pu être vos influences pour ce disque ?
Cécile. On se nourrit des anciens, et des nouveaux aussi. Souvent on cite Neil Young, référence aux cheveux blancs dont l’incroyable modernité musicale nous bouscule toujours. Nous avons toutes les deux écouté PJ Harvey en boucle dans notre chambre d’ado, aussi. Mais les sons qui nous attirent aujourd’hui sont des voix et des ambiances sonores comme ALT J, Half Moon Run, Moddi, My Brightest Diamond, Asgeir, Low Roar, Sigur Rós…
Quel album tourne en boucle chez vous en ce moment ?
Cécile. Là tout de suite, c’est un titre qui tourne : « Ego Song » de Chien Fantôme…
Quel est le dernier concert qui vous a bouleversé ?
Cécile. PJ Harvey à la Route du Rock, c’était fantastique!
Pensez-vous que le duo que vous formez Alexandra et Cécile est la bonne combinaison pour After the Bees ?
Cécile. Nous avons encore beaucoup d’envies de compositions ensemble, ce n’est que le début, on espère! On commence à expérimenter des sons avec notre collaborateur Christophe Sartori. Pour l’instant, on ne sait pas où ça va nous mener… On n’est pas à l’abri de voir la famille s’agrandir!
Un concert d’After the Bees c’est aussi une scénographie, une immersion dans des images. Pouvez-vous en dire un mot de ce spectacle qui accompagne l’album?
Cécile. On a envie que l’univers s’étende. On a envie de partager cette sensation qui nous parcourt quand on compose, souvent dans des endroits reculés, près de la nature. La scénographie vient d’un tableau du plasticien italien Claudio Palmieri : « Fluorescenza ». Nous voulions intégrer le tableau, en faire notre scénographie. Nous voulions capturer des images des lieux de résidences de composition et les utiliser comme lumière projetée sur nous pour fabriquer une lumière organique, mouvante. Christophe Sartori nous a accompagnées dans cette création, d’abord sur la scénographie et puis sur le mapping vidéo. On a demandé à Xavier Cailleau (les films du Dissident) de tourner les images. Et puis on a eu l’aide d’Anne-Cécile Gauthier, pour la cohérence visuelle, et c’est aujourd’hui l’éclairagiste et vidéaste Emmanuel Larue qui pilote tout cela.
Vous serez sur la scène de Stereolux le 7 décembre pour votre release party. Que représente cette soirée pour vous ?
Cécile. Nous sommes nantaises. C’est donc une grande fête que cette date du 7 décembre. On a hâte de présenter le nouvel album à ceux qui ne l’ont pas encore écouté, on a hâte de montrer ce qu’on est aujourd’hui sur scène. On a hâte de partager, ça va être chouette!
On me dit qu’il y aura des invités et des surprises. On peut en savoir un peu plus?
Cécile. Mathias Delplanque ouvrira la soirée. C’est un bidouilleur de sons dont l’univers est étonnant. C’est beau. Nous avons depuis longtemps cherché à travailler ensemble sans trouver le temps. C’est chose faite! Il interviendra sur l’un de nos morceaux!
Nathalie Bernardini, chanteuse et guitariste, intervient sur les albums d’Orange Blossom depuis longtemps. Elle a également joué en duo avec Alexandra au tout début du projet After The Bees. Nous avions envie d’essayer de faire sonner trois voix de femmes ensemble sur quelques morceaux. Et ça fonctionne plutôt bien…
Stéphane Babiaud est un ami musicien de longue date. Nous avons foulé les bancs du conservatoire ensemble, étant ados! Nous avions très envie de collaborer, de mélanger des univers. Et là aussi ça nous plaît bien…
Céline Challet alias Rose Boy est la complice musicale d’Alexandra depuis toujours. Elles ont joué ensemble dans Darling. Artiste multiple, elle compose aujourd’hui pour la scène dans le Groupe Fluo, entre autres… C’était donc évident qu’elle devait venir jouer avec nous. Elle terminera la soirée par un DJ set préparé pour l’occasion…
Berlin, une ville qui a toujours fait rêver les musiciens pour son ouverture aux cultures alternatives. C’est là que DBStraße est né, un duo électro-pop intimiste installé aujourd’hui à Nantes. Rencontre avec Doris Abéla et Benjamin Durand à l’occasion de la sortie de leur premier clip, « Mascarade »…
Avec un nom comme ça, difficile de prétendre jouer de la musique brésilienne ou du rock celtique. Et ça tombe bien, DBStraße n’en a pas franchement l’intention. Son truc à lui, c’est plutôt l’électo-pop tendance minimaliste avec des textes intimistes chantés en français. Doris Abéla et Benjamin Durand ont lancé ce projet à Berlin quand ils s’y sont retrouvés en 2013 et 2014. Et comme les voyages forment la jeunesse et ouvrent l’horizon, ils en sont revenus avec de quoi enregistrer un premier EP, Initial,en écoute ici.
Mascarade est le premier clip du duo, extrait de l’EP Initial. Nous avons demandé à Doris Abéla et Benjamin Durand de nous en dire un peu plus sur sa réalisation, nous en avons également profité pour évoquer avec eux leur musique, leurs influences, Berlin, l’avenir du groupe…
Bonjour Doris et Benjamin, pouvez tout d’abord nous dire un mot de ce clip qu’on découvre aujourd’hui en exclu sur le blog Supersonikk de France 3 Pays de la Loire ?
Lors de notre installation à Berlin, Annabelle Durand (réalisatrice du clip, ndlr) a beaucoup filmé la ville, à travers balades, pérégrinations. Ces images, diffusées en live, sont la matière première du clip et représentent la déambulation d’un personnage. Mascarade décrit un moment d’incertitudes et de possible rupture. La fille doute de ses sentiments, s’interroge. Le garçon la supplie de rester. « Au diable les Parques », maîtresses de notre destin ! Les masques représentent ici les différentes facettes des protagonistes, le fait de jouer un rôle, de se voiler la face. Et puis à l’origine, une mascarade est une fête masquée. Pour le refrain, c’est la symbolique du fil de la vie, qui est utilisée. « Les Parques », ces divinités issues de la mythologie, contrôlent nos destinées: elles nouent, coupent, brûlent le fil. En sera-t-il ainsi une fois de plus ?
Comment est né DBStraße ?
DBStraße est né de notre installation à Berlin en 2013-2014. Le désir de faire un projet chanson au sein de l’univers berlinois. L’EP « Initial » sorti en 2016 a été composé et enregistré à Berlin et s’inspire fortement de cette ville, musicalement bien sûr mais également parce qu’elle sert de cadre à l’histoire racontée au fil des titres de l’EP.
Ce que nous avons pu constater à Berlin, c’est une culture club insatiable, vive, inspirante !
Berlin est encore aujourd’hui un passage obligé pour un groupe d’électro ?
Je ne sais pas s’il existe véritablement un « passage obligé » pour un groupe d’électro… Ce que nous avons pu constater à Berlin, c’est une culture club insatiable, vive, inspirante ! Des lieux variés, déliés de toute contrainte (temporelle notamment)! Des niches musicales aussi, comme le magasin de vinyles Hard Wax. Mais tout ça n’est plus aujourd’hui uniquement l’apanage de Berlin.
Vous y avez entendu quoi, rencontré qui, qu’est-ce qui a pu être déterminant dans votre musique ?
Beaucoup de rencontres: des musiciens de toutes nationalités (un contrebassiste japonais, un violoniste du Honduras, un beatmaker allemand…), des artistes très variés, des programmateurs et des structures. Berlin c’est un peu ça pour nous: un endroit de découvertes, où on a pu oser, tester les choses.
Vous parlez d’électro pop intimiste pour votre musique. En quoi est-elle intimiste ? Que racontent vos textes ?
C’est intimiste dans son propos et aussi dans certains arrangements très épurés. L’EP dévoile une rencontre amoureuse au cœur de la capitale allemande. En vrac, il y est question de nouveau départ (Road Trip), de désir charnel (Athanate), de l’ancien aéroport (Tempelhof), de possible séparation (Mascarade), de solitude (La nuit)…
Quel est l’album qui ne vous quitte jamais en ce moment ?
Silence Yourself de Savages.
Quelles sont vos influences premières ?
Alors, les toutes premières ! Le Carnaval des animaux de Saint-Saëns et Pierre Bachelet.
Sinon en chanson: Bashung, Dominique A, Michel Cloup,…
Un autre duo nantais, électro-pop comme vous, un nom à consonance allemande comme vous, Das Kino. Vous connaissez ?
Oui bien sûr qu’on connaît. J’ai rencontré Léa au Conservatoire, en parcours jazz (Doris) et on a suivi le développement de leurs groupes. La langue allemande fait des émules !
Vous avez sorti un premier EP, Initial, en 2016. Et l’album, c’est pour quand ?
L’album n’est pas pour tout de suite. Pour l’instant, on prépare de nouveaux titres, en vue d’un futur EP qui viendra compléter le premier!
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
Un beau développement à 5 (4 musiciens et 1 vidéaste), des concerts, une tournée, de nouvelles créations, un public à l’écoute !
Propos recueillis par Eric Guillaud le 11 octobre 2017
Plus d’infos sur le groupe ici et là. DBStraße en concert : le 22 décembre à la Barakason (Rezé), le 30 janvier à La Bouche d’Air (Nantes)
il y a six mois sortait But my friend you know that I think I love you, le premier album du groupe mayennais Rotters Damn. A l’époque, j’avais proposé une interview au chanteur du groupe, Timothée Gigan Sanchez. Interview que nous avons réalisée avant qu’elle se perde dans un trou noir de l’univers numérique. Et puis, miracle, elle ressurgit aujourd’hui, un peu à la manière de ces lettres qui parviennent à leurs destinataires avec quelques dizaines d’années de retard. Bon là, il ne s’agit que de quelques semaines mais quand même l’été est passé par là, la rentrée aussi. Timothée et moi l’avons donc relue attentivement et estimé qu’elle est toujours d’actualité. La voici… enfin!
Dans une interview en 2015, vous confiez espérer « continuer, gagner encore en cohésion et tendre vers le mieux ». Mission accomplie ?
Timothée. On l’espère oui. Depuis ce temps-là, on a beaucoup bossé. En 2017, le 6PAR4 (Smac de Laval) a choisi de nous accompagner, avec son dispositif « Ça part en live ». Ça nous a permis de beaucoup avancer, niveau son et scène, et nous permet de travailler dans la salle, avec des intervenants. Notre set live est bien rodé. Reste à jouer, le plus possible, pour montrer tout ça.
Votre premier album est sorti, le 14 avril dernier, c’est pour vous un aboutissement ou le véritable début de l’aventure ?
Timothée. Les deux. L’aboutissement de deux années de travail, de répétitions, de résidences, de compositions, de remises en question, de découvertes… Notre premier vraie expérience studio, avec tout ce que ça implique (budgétisation, stress, plaisir, questionnements, stress, re stress, re plaisir de fou, vie de groupe 7jours/7, etc.). L’aboutissement, aussi, donc, de deux mois de studio (10 jours de prise, 10 jours de mix, et l’attente entre tout ça et après, avec le mastering). Notre premier clip scénarisé, grâce à Jules Marquis et Morgane Moal, de Sourdoreille.
C’est aussi le début d’une aventure car cet album, il faut le défendre, auprès des professionnels, des médias, du public, sur scène. Il faut le jouer pour pouvoir le jouer.
Comment vivez-vous toute cette période de promo et de tournée ?
Timothée. Compliqué. On a eu de supers retours, de la part des médias (Rock & Folk, Sourdoreille, Tohu-Bohu, La Grosse Radio, etc.), du public, on a eu pas mal de touches avec de belles salles, des festivals, des cafés-concerts. Notre album, il est presque totalement épuisé en version CD (on en a fait 500 exemplaires, pour le moment) car on a eu beaucoup de commandes, d’achats… Mais au final, ça a peu mordu côté prog. Aujourd’hui, c’est dur de se dire qu’on a l’objet et les sons qu’il faut mais pas la structure pour nous accompagner, pour faire l’intermédiaire groupe-pros et nous permettre de jouer…
L’album s’appelle « But my friend you know that I think I love you ». Pourquoi ce titre à rallonge ?
Timothée. Long débat, ce titre, au début. Puis, au final, il est devenu évident. La chanson dont il est tirée, ça a été la toute dernière à être composée, deux semaines avant le studio. On voulait de l’espoir dans cet album, de l’amitié, entre nous et dévoilée. Ce nom, il nous correspond totalement : parfois, c’est dur, on est durs entre nous, on se dit des choses – ou pas – mais au final, une chose est sûre, c’est qu’on s’aime. Et c’est comme ça chez tous les gens. Puis, un long titre, au moins, on le voit passer.
Par qui, par quoi, sont généralement inspirés vos textes ?
Timothée. Nos textes, c’est nous à 100%.
Nicolas en a écrit quatre (Horses, Dig, Peaks & Valleys et But my friend). Nico, lui, il est dans le sentiment métaphorisé, dans le vécu qui a besoin d’être évacué par les mots, en anglais. Il parle de lui, de nous, de vous.
J’ai écrit les quatre autres (Night & Day, Calexicoco, We won’t fall et Down the line). Ces quatre-là, elles sont nées d’une volonté de dire qu’on y croit, qu’on continuera à faire de la musique, notre musique, malgré tous les obstacles qu’on va rencontrer. Elles parlent donc de nous, de ce qu’on voit de bien ou pas, autour de nous, des combats à mener, de ce qui nous lie. Seule parenthèse pour Calexicoco. Cette chanson, c’est la seule histoire fictive – ou pas – d’amour western. Il en fallait une. On fait de la folk, quoi.
On sent dans certains titres, notamment Night & Day, de très belles influences musicales folk et rock que vous devez certainement partager avec des gens comme La Maison Tellier ou Cantat. C’est un peu votre famille ?
Timothée. Pas forcément. Dans l’interview de 2015, je te disais nos influences totalement plurielles. Personnellement, j’ai pas mal écouté La Maison Tellier, il y a deux ans. Cantat, notamment par le texte en français de Down the line, on m’a parfois comparé à lui alors que je l’ai finalement peu écouté. Pareil pour 16 Horsepower.
Sur cet album, ça a plus été Other Lives, Bon Iver, Ben Howard ou Half Moon Run qui nous ont réuni. Je parle pour le groupe, car quand j’écoutais du Raphaël, Doré ou Balthazar, les gars pouvaient écouter du BRNS, Dylan ou du Listener.
La famille, c’est la musique qui nous parle et qu’on mélange. C’est un mix de toutes nos références et chacun verra dans chacune de nos chansons l’influence qu’il veut.
Vous vivez en Mayenne, vous avez enregistré l’album à Laval, pensez-vous que l’environnement, votre environnement, imprègne votre musique ?
Timothée. Forcément, oui. C’est la maison, l’origine. On est juste bien entourés, c’est ce qu’on peut dire.
En Mayenne, il y a tout : l’air, le dynamisme musical, les infrastructures – The Apiary Studio n’a rien à envier aux studios parisiens -, les amis, la famille, le 6PAR4… Le seul truc, c’est qu’on nous prend pour des ploucs et que, sans doute, ça nous pénalise. Peut-être que plus haut, dans les hautes sphères ligériennes, il faudrait qu’on nous écoute pour ce que nous faisons et pas pour d’où nous venons…
Vous avez sorti il y a quelques mois le CD puis plus récemment un vinyle. C’est incontournable aujourd’hui pour un groupe ou c’est simplement pour se faire plaisir, pour le côté vintage ?
Timothée. C’est un plaisir d’avoir les deux galettes, la grande et la petite, et de les proposer au public. Ce n’est pas incontournable car il y a plein de groupes qui préfèrent le seul numérique, aujourd’hui. Nous, on reste attachés au support physique.
La seule contrainte, c’est de faire de ces supports d’écoute un véritable objet. Nos CD et vinyles, on les a bossé à fond, sur les visuels, les contenus, l’esthétique et le format.
Quelle scène rêveriez-vous de fouler ?
Timothée. Il n’y en a pas vraiment. En fait, la seule chose qu’on veut, c’est de fouler la scène, où qu’elle se trouve, peu importe sa grandeur. On veut jouer, quoi. C’est pour jouer qu’on a fait cet album, pour jouer qu’on fait de la musique.
Après, évidemment, si La Cigale, le Bataclan ou L’Alhambra nous veulent, on sera méga heureux. La Route du Rock, ce serait le kif, vraiment, car on aime ce festival. Puis, dans le coin, Le Fuzz’Yon, c’est une salle extra.
Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
Timothée. Que quelqu’un mise sur nous, nous accompagne (manager, tourneur) et prenne le risque de nous faire confiance. Car on est prêts à jouer et à rencontrer les gens, encore.
Merci Timothée, merci Rotters Damn
Propose recueillis par Eric Guillaud
Plus d’infos sur le groupe ici et là. Prochaines dates de concerts : 07/10 au Coquelicot à Fougères (35) avec Ouest, 26/10 chez Simone et Simone à La Roche-sur-Yon (85) avec Février, 27/10 au Zinor à Montaigu (85) avec N#rth, 28/10 au Blue Monkeys à Angers (49) avec Février
Il y a des noms comme ça qu’on retient plus facilement que d’autres. Pogo Car Crash Control est de ceux-là. Mais avoir un nom est une chose, se faire un nom en est une autre ! Et de ce côté-là, le combo lésignien n’a pas mégoté en jetant à grands coups de guitares et de hurlements les bases d’une musique 50% punk, 50% metal, 100% brutale…
Des doigts tranchés en mode graphique côté pile, la même chose en mode photo côté face, la pochette de leur premier EP visible en bas de cette interview annonce la couleur. Pogo Car Crash Control n’est pas là pour nous jouer une berceuse mais pour nous réveiller, nous broyer, nous atomiser sous un flot continu de riffs et de paroles enragées vomies à la face du monde. La pochette est un signe, l’EP une confirmation, avec un peu plus de 17 minutes de musique, pas un silence, pas même une accalmie, que du brutal mais du brutal qui fait du bien.
Pogo Car Crash Control sera en concert vendredi 6 octobre au Ferrailleur à Nantes dans le cadre du festival Someday mais avant ça on avait d’en savoir un peu plus sur le groupe. Rencontre avec son chanteur et leader Olivier Pernot…
Vous prenez quoi au petit déj’ le matin. Uniquement des produits autorisés ?
Olivier. Rien d’illégal. Du café avec une larme de whisky, comme tout le monde non ?
Rassurez-moi, sortis de scène, vous redevenez des gens calmes et tranquilles ? C’est quoi le quotidien des Pogo en ce moment ?
Olivier. Je te rassure, on redevient calme et tranquille comme des gentils moutons… C’est pour ça que les concerts sont chouettes : ici tu peux pogotter, crier, lancer de la bière, fumer dans la salle (ça c’était avant) …Toutes ces choses et bien d’autre encore sont OK pendant un concert de rock’n’roll. Et le quotidien de Pogo… il est très agréable. C’est pour ça qu’on donne le maximum pendant les concerts. Notre job, c’est de faire en sorte que les gens s’éclatent donc il faut bien le faire. C’est en voyant Jim Jones Revue que j’ai compris en quoi c’était la classe de faire le show. Alors quand j’ai un coup de fatigue je pense à lui.
Ce nom a aussi surtout l’avantage de prendre toute la place sur une affiche
Pouvez-vous nous expliquer d’où vient ce nom génialement improbable qui frappe les esprits et n’est certainement pas étranger à votre ascension ?
Olivier. Tu veux dire comme Cannibal Corpse ? Au début c’était vraiment pas bon mais leur nom était tellement bien que tout le monde voulait les programmer. Et ils sont devenus réellement bons par la suite. Pour Pogo, c’est différent. C’est mon frère qui a trouvé le nom. C’est lui aussi qui réalise les clips du groupe et c’est sa main qui est découpée sur le verso de l’EP ! Ce nom a aussi surtout l’avantage de prendre toute la place sur une affiche. Donc oui, le nom est la clef de notre succès !
En parlant d’ascension, vous avez eu je crois, un été particulièrement chargé en concerts et festivals. Vous êtes avant tout un groupe de scène ?
Olivier. Je comprends bien la distinction entre un groupe « de scène » et un groupe « de studio » mais je crois qu’on essaye de faire correctement les deux. Mais oui, le but ultime du concert, c’est que ça parte en couilles.
Quel est votre formule secrète ? 50% de punk, 50% de metal ?
Olivier. C’est bien résumé ! beaucoup de gens entendent « Bleach » de Nirvana dans notre musique. C’est pas faux du tout.
Et des paroles en Français. C’est assez singulier dans ce style musical non ?
Olivier. Oui ce n’est pas très courant. Mais il y a pas mal de groupes qui chantent en français quand même en cherchant bien. J’adore Lescop (Asyl), Mustang, Usé, Guérilla poubelle…
J’en veux énormément au monde du travail, je le trouve morbide
Des paroles en français ok mais pour quoi dire ? Que raconte Crève par exemple ?
Olivier. Nos paroles sont proches de la veine « death rock ». C’est un style éphémère des années 80 ou le punk était morbide et proche du métal avec un soupçon de « no wave ». Plus tard le style s’est éclaté en Crossover ou metal industriel. La chanson Crève par exemple parle de la vacuité du sens que notre société donne à la vie. A nos vies plus particulièrement. Dans le refrain « ta gueule et crève » il s’agit simplement de notre soumission à l’autorité. « Fatigué de servir, tu multiplies les crises » fait écho au Burn Out. Globalement l’EP est marqué par mon expérience professionnelle qui nourrit en moi une haine infinie. J’en veux énormément au monde du travail, je le trouve morbide. Sur l’album j’espère être passé à autre chose, surtout que je n’écris pas seul. Louis et Simon écrivent des paroles très importantes dans la musique de Pogo. Scoop : sur l’album Simon chante un rap.
Une journaliste de France Culture dans une émission consacrée au punk a parlé de premier degré dans vos paroles, contrairement aux Olivensteins. Vous êtes d’accord ?
Olivier. Je suis d’accord à 100% sur le 1er dégré ! Nous ne sommes pas une blague. Ce n’est pas « pour de faux ». Cela dit, il y a un peu d’humour dans notre musique. A travers les clips de Romain, on comprend mieux cet humour propre au groupe. D’ailleurs, les enfants adorent…Pour les Olivensteins, c’est quand même à des kilomètres de ce qu’on fait.
Quelles peuvent être vos influences directes ? Certainement pas les Olivensteins ?
Olivier. Certainement pas, hélas ! Je ne veux pas vexer les vieux punks mais avant ce passage sur France culture, je ne connaissais même pas les Olivensteins ! Pour répondre à ta question, je cite direct Nirvana, The Melvins, The Eighties Matchbox B-Line Disaster, Retox, Slayer, Birthday party, Dead Kennedys, The Exploited…
De quels groupes français vous sentez-vous proches ?
Olivier. Johnny Mafia, les meilleurs en ce moment.
Après un premier EP plutôt explosif, vous avez annoncé la sortie d’un album. Quelle tonalité aura celui-ci ? Encore plus enragé ? Ou apaisé ?
Olivier. Il sera plus long et plus dur avec quelques surprises dedans ! La sortie est à prévoir pour Mars 2018. On part le mixer la semaine prochaine. Le style a évolué, mais ça reste très cohérent avec l’EP. En tout cas il y a évolution, dans le son, les compos, les textes.
À tous ceux qui hésiteraient à aller vous voir sur scène, vous avez envie de leur dire quoi ?
Olivier. Offrez vous un moment de détente… venez aux Ferrailleur le 6 octobre !
Merci Olivier, merci les Pogo Car Crash Control
Propos recueillis par Eric Guillaud le 22 septembre 2017
Plus d’infos sur le groupe ici, sur le concert au Ferrailleur là
Ils sont nantais, se sont rencontrés à l’école de design de Nantes, Jules à la basse et Pierre aux machines- synthés forment les Republic of Dahu, un groupe né en 2013 produisant une musique aussi étrange que le nom du projet, une sorte de « space-punk analogique ». Assez rares sur scène, Jules et Pierrre étaient en concert à La Scène Michelet jeudi 21 septembre dans le cadre du festival Scopitone.
Denis Leroy et Antoine Ropert les ont rencontrés histoire d’évoquer avec eux l’origine de leur nom, le style de leur musique… C’est « 3 questions à… Republic of Dahu »
On partage avec VedeTT la bonne idée de la double consonne à la fin de notre nom, une astuce qui permet de donner à deux mots ordinaires de la langue française un petit côté hipster et surtout d’apparaître en tête de gondole lors d’une recherche sur Google. Essayez, vous verrez ! Mais avant ça, on partage bien évidemment l’amour de la – bonne – musique.
VedeTT est le projet de Nerlov, un Angevin aperçu sur scène avec d’autres formations, notamment Sheraf et San Carol. Quelques années d’existence, un changement de line-up quasi-perpétuel et un album, Tuer les Gens, qui n’a rien de meurtrier. Bien au contraire, les onze morceaux qui le composent ont un effet bénéfique immédiat. Une pop planante, mélancolique et raffinée qui ouvrira la 5e édition du festival de rock psyché Levitation France à Angers. Concert vendredi 15 septembre à 18h30, interview tout de suite et maintenant…
Nerlov. VedeTT est un projet créé il y a quelques années et qui a pas mal changé de line up, à tel point que c’est devenu un projet solo, mais là, on sort de studio et les mecs avec qui je bosse actuellement, et depuis la sortie de l’album, Simon, Stw et François, ont participé à la composition, aux arrangements et à la production du prochain EP qu’on a enregistré fin août au studio Love Island avec Stephane Lefevre.
C’est de la musique globalement rock… Ça passe par pas mal de choses différentes et ça évolue à chaque fois. Le premier (et unique) album « Tuer les gens » est un peu new wave, un peu 80’s, un peu mélancolique…
Jouer au festival Levitation France, ça représente quoi pour vous ?
Nerlov. C’est un festival qu’on suit depuis le début, d’abord en tant que bénévole, puis on y a joué l’année dernière avec un autre de mes groupes « SHERAF » où je suis à la batterie. Ça représente l’ouverture vers des univers que je n’avais pas approfondis avant la première édition. Voir les « Dead Skeletons » restera un de mes meilleurs concerts.
Qu’en attendez-vous concrètement ?
Nerlov. Concrètement, rien à part faire un bon concert et voir sur scène plusieurs groupes qu’on aime.
Vous avez été invités l’an passé au festival Levitation version US cette fois à Austin. Quel souvenir en gardez-vous ?
Nerlov. C’était hyper cool, le lieu ou se passait le festival, « Hôtel Hegas » est un endroit incroyable… Ça serait trop long à décrire, il faut y aller… comme beaucoup de clubs à Austin. Je me souviens qu’on était très heureux de partager l’affiche avec plein de groupes qu’on adore et plein d’autres qu’on a découvert. On a fait un bon concert, juste après nos potes angevins « The Blind Suns » qui étaient là-bas en même temps que nous. Les gens ont été réceptifs, on apportait autre chose, la programmation était très psyché – garage. Nous on à un côté un peu plus pop dans les structures de nos morceaux… !
Qu’est ce que ça vous a apporté ?
Nerlov. Plein de souvenirs, plein de super rencontres et l’envie d’y retourner et d’approfondir ce territoire.
On ne peut pas dire que vous soyez vraiment dans le rock psyché ou dans le psyché tout court. Comment vous êtes-vous retrouvés là ?
Nerlov. On est clairement pas psyché, mais on était pas les seuls, on a vu plein de groupes très différents.
C’est la connexion avec Angers et les divers acteurs autour de cette connexion qui ont fait qu’on y est déjà allé, et avec d’autres groupes, en novembre, notamment San Carol, le troisième (et dernier) groupe dans lequel je joue (dans lequel on joue tous d’ailleurs).
On a rencontré plein de gens d’Austin, et donc, au fur et à mesure, ils ont pris connaissance de nos projets, ils ont aimé, et ils nous ont programmé. Ils ont tendance à s’ouvrir aux différents styles de rock heureusement. En plus, sur un festival de deux jours, si tu programmes que des groupes purement psyché… déjà, tu ne fais pas une deuxième édition :), et en plus, ben c’est chiant.
Clairement, tout ça ne se serait pas fait sans les gens là-bas sur place (Samantha Carey, Shaun Shawerson, Susan Parras, et d’autres), sans les gens ici à Angers (Germain Kpakou, l’association Austin Angers Créative, le Chabada, etc…) et sans notre manager, Laure.
Vous évoquez sur votre compte Facebook les influences de groupes comme The Cure, Étienne Daho ou plus étrangement Q Lazzarus que tout le monde a du oublier. C’est vraiment ça la base de VedeTT ?
Nerlov. C’est bien plus large que ça… J’ai écouté et j’écoute beaucoup de choses très différentes, et franchement, Etienne Daho, je connais pas bien… Il parait qu’il faut que j’écoute les premiers albums pour comprendre la référence.
Pour faire simple, le groupe que j’ai le plus écouté et dont je m’inspire en grande partie pour ce projet, c’est Radiohead, mais ça y ressemble pas vraiment… Tant mieux. La base de VedeTT, c’est : « Le bad, la tension et le côté planant »… Ce qui m’inspire, c’est plutôt tout ce qui nous entoure que juste quelques groupes… Ça peut faire branleur/écorché/Raphaël de dire ça, mais c’est vraiment le cas 🙂 !
Mais oui, « Fade away » le premier morceau de l’album « Tuer les gens », est clairement un hommage au morceau « Goodbye horses » de Q Lazzarus.
Quel album a tourné en boucle cet été sur votre platine ?
Nerlov. Au hasard, le dernier Radiohead « A moon shaped pool » :)… Mais il y en a eu évidemment plein d’autres !
Quel(s) groupe(s) irez-vous écouter lors du festival Levitation ?
Nerlov. Au moins tous un peu j’espère ! J’aimerais ne pas louper trop du concert de Cosmaunots, ils jouent juste après nous, c’est pas l’idéal…
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
Nerlov. Du temps et des thunes… Ça permettrait de faire plein de morceaux et d’aller en studio un maximum !! Et plein de concerts évidemment, on dort super bien après…
Merci Nerlov, merci VedeTT
VedeTT ouvrira le festival vendredi 15 septembre à 18h30.
Introspectif et mélancolique à la Leonard Cohen, le folk du Nantais Nathan Leproust, aka Teenage Bed, aurait tendance dès la première écoute à se placer en position géostationnaire quelque part dans notre tête. Sensation identique mais oculaire pour ses clips, deux à ce jour, qui utilisent les images d’un passé révolu. Circles and Square est sur les réseaux sociaux depuis quelques heures. Que raconte-t-il ? D’où viennent les images ? Nous avons demandé à l’intéressé de nous en dire un peu plus…
Nathan Leproust. « Les images viennent de films libres de droit que je trouve sur internet. Je compte en faire d’autres comme ceux-là à l’avenir. En ce qui concerne Circles and Squares, la vidéo de base est un film de prévention qui date de 1974 et qui traite de l’alcoolisme juvénile et des problèmes de dépression qui en découlent. Après l’idée n’est pas de traiter directement de ça dans mon clip. Ce genre de documents vidéos m’amuse parce qu’ils traitent de thèmes toujours actuels mais d’une manière assez conservatrice et caricaturale. Enfin, c’est d’une autre époque quoi.
Je prends du temps à trouver ces petits films. C’est comme des petits trésors perdus. Et il y a une tonne de pépites que j’ai envie d’exploiter et d’autres tout aussi intéressantes mais qui ne sont pas vraiment adaptées à ma musique. J’ai choisi ce film-là pour ce que les images m’évoquaient et ce que je pensais pouvoir en retirer. Tout simplement. Un peu à l’intuition. Ça m’intéresse surtout quand les images ont beaucoup d’identité de base et un potentiel aussi dramatique que futile (voire même comique parfois).
Pour ce que le clip raconte exactement je ne tiens pas à être trop précis. Disons que j’ai mon interprétation perso mais j’aime l’idée que chacun en retire ce qu’il veut. Tout ce que je peux dire c’est que je fais confiance aux images et à mon instinct dans leur agencement. Une cohérence se créée souvent d’elle même selon mon humeur du moment ou simplement ma manière de ressentir la chose.
Au final je ne garde qu’une petite partie du tout. Certaines scènes ou certains personnages. Je pense que le clip de Circles and Squares évoque une déception amoureuse et toutes les implications que ça peut avoir sur l’ego. Cette tension entre l’envie d’aller bien et de se projeter activement vers autre chose et en même temps cette nostalgie et une solitude incontournable. Qu’on soit entouré ou pas. Mais je suppose qu’on peut y lire d’autres trucs ».
Teenage Bed sera en concert le 28 septembre sur la scène Michelet à Nantes
Le premier EP I Believe I’m Seeing things est disponible ici Plus d’infos sur Teenage Bed là
Ils courent ils courent les Tagada Jones. De ville en ville, de festival en festival, de concert en concert, ici ou ailleurs, en France, aux States ou en Angleterre, toujours aussi enragés et engagés…
Après le mémorable concert donné au Hellfest en juin, les Rennais reprennent le camion et débarquent cette fois à Frossay le 25 août dans le cadre du festival Couvre Feu. Ont-ils pu profiter de l’été pour faire des châteaux de sable à la plage ? Sont-ils heureux de venir à Frossay ? Sont-ils prêts pour la rentrée ? Autant de questions essentielles qui nous hantent depuis des semaines et que nous avons pu enfin poser au leader du groupe, Niko himself…
La dernière fois – et la première d’ailleurs – que nous nous sommes croisés, c’était au Hellfest, un concert absolument dantesque devant une Warzone surchauffée. Tu t’en es remis ?
Niko. Oui, ce concert à vraiment été incroyable, un super souvenir. Depuis nous avons beaucoup joué et chacune des dates que l’on a fait nous a laissé de superbes souvenirs mais bien évidemment on n’a pas oublié ce HF et les 15-20.000 personnes en délire qui chantaient nos morceaux à tue-tête… Un souvenir gravé à tout jamais.
J’ai l’impression que toi et ton groupe avez depuis enchaîné les dates pour une tournée d’enfer qui court jusqu’en février 2018 je crois ? C’est de la folie…
Niko. Comme pour chaque sortie d’album, on joue énormément. Il y a déjà plus de 100 dates programmées depuis la sortie de « La peste et le choléra » en mars dernier, et ça continue… On tournera jusqu’au début 2019 et on atteindra sans doute les 200 concerts sur cette tournée. On adore la scène, c’est notre leitmotiv !
Pas de vacances ? Pas de châteaux de sable sur la plage cette année ? Boulot boulot boulot…
Niko. Mais est-ce qu’on peut considérer réellement que faire des concerts c’est du boulot? Bon disons boulot peut-être mais certainement pas boulot, boulot, boulot. On vie de notre passion et je sais que ça n’est pas forcement donné à tout le monde. Alors tant pis, les châteaux de sable attendront.
Tu me disais dans une interview il y a quelques mois que Tagada Jones, c’était « toujours à fond ». Comment fait-on pour tenir le coup et donner le meilleur de soi à chaque concert dans ces conditions ?
Niko. Alors chacun sa recette, mais pour ma part c’est tout de même une bonne hygiène de vie et du sport. Une bonne alimentation est déjà une sacrée source d’énergie….et puis on essaye de ne pas trop boire 😉
Qu’est-ce qui te fait te lever le matin et bondir sur scène le soir ? La rage ?
Niko. Sans doute, ça n’est pas pour rien que nous avons appelé notre boite de tournée Rage Tour. Lorsque tu te lèves pour aller à l’usine tu n’as forcément pas la même motivation que lorsque tu te lèves pour aller sur scène. Bref, les jours où l’on est un peu crevé, le public nous redonne largement assez d’énergie pour aller jusqu’au concert suivant… Et ça dure depuis 23 ans.
La rage… et l’amour de la musique je suppose. Quel album a tourné sur ta platine à en user la pointe diamant cet été ?
Niko. Alors cet été, c’est l’album de Frank Carter qui a tourné le plus. En plus, on a eu la chance de jouer deux fois avec lui cet été : au Hellfest et au mythique festival punk anglais Rebellion.
Le dernier album en date de Tagada, La Peste et Le Choléra, parle de la guerre en Syrie, des migrants, de la haine et des attentats, notamment ceux du 13 novembre à Paris. Comment as-tu vécu ceux de Barcelone ? Crois-tu qu’on puisse, qu’on doit, s’habituer à l’horreur ?
Niko. Nous avons l’habitude de nous nourrir de l’actualité pour faire nos morceaux, mais franchement on aimerait bien s’en passer !!! J’ai bien peur que pour les années à venir on paye un lourd tribut.
Il ne faut pas oublier que la quasi-totalité des auteurs d’attentats sont nos concitoyens. Nous avions fait en 2006 un morceau nommé « le feu aux poudres » sur l’abandon des jeunes dans les quartiers les plus difficiles. Aujourd’hui, les plus faibles d’entre eux se laissent attirer dans les filets des terroristes. Il aurait fallu traiter le sujet en amont, aujourd’hui le mal est fait et ça risque de durer encore longtemps, trop longtemps.
On a le sentiment que cet album, le neuvième, est une étape importante, qu’il a propulsé le groupe dans une autre dimension…
Niko. Je crois que c’est sans doute l’intégralité de la carrière de Tagada qui propulse le groupe. Nous avons un parcours atypique puisque nous avons toujours tout fait en DIY (Do It Yourself, ndlr). Il n’y a donc jamais eu de gros moyens ou de grosses promos, juste le travail de petites fourmis du rock, indépendantes et alternatives. Aujourd’hui pas mal de jeunes s’intéressent à ce parcours différent, loin des succès, de la mode et des hits radios.
Direction le festival Couvre Feu vendredi 25 août, une étape comme les autres ?
Niko. Oui et non, ce sera la troisième fois que nous nous produirons sur le festival, alors on a toujours une émotion supplémentaire quand on joue pour des gens qui nous soutiennent depuis le début. Et puis la Loire-Atlantique c’est une région où Tagada à toujours eu de très bons retours, on s’attend donc à une belle ambiance.
Comment s’annonce la rentrée pour les Tagada Jones ? Vous avez bien toutes vos petites fournitures ?
Niko. On prépare de petits changements dans le set, car comme on joue énormément et que pas mal de gens viennent nous voir plusieurs fois dans l’année on ne veut pas les lasser. Donc, au programme de la rentrée : remplacer quelques anciens crayons par des crayons neufs !!!