Avec un nom pareil, on ne peut décemment pas s’attendre à quelque chose de lisse, les fondations musicales du duo Catfish sont de fait à chercher du côté des eaux troubles du Mississippi, entre blues et rock, un son rugueux, une guitare sous effet et une voix féline à vous envoûter une colonie de crocodiles. Interview…
Amandine Guinchard et Damien Félix ont longtemps formé un duo avant de se déplacer – depuis peu – en trio. Mais leur volonté est restée identique : jouer une musique un peu sauvage, un peu domptée, un rock aux racines blues évidentes, soumise à quelques explorations sonores.
Après une tournée des festivals cet été (L’Air du temps, Cognac Blues passions, 39 août…), les Catfish débarquent au Ferrailleur à Nantes avant de prendre la route pour l’île d’Ouessant, bien décidés à vous jouer les titres de leur dernier ep, Morning moon, cinq titres gorgés d’énergie, de fuzz et de claviers Farfisa. Et ça, ça donne sacrément la pêche…
Catfish aujourd’hui, c’est qui, c’est quoi ?
Damien Félix. Ça fait quelques années que nous tournons maintenant, nous avons fait beaucoup de choses à deux, des concerts, des voyages, des albums, vécus pas mal d’aventures. Cette année, nous avons intégré en live un troisième musicien, Mathis, aux claviers, et ça s’est fait vraiment facilement. Tout d’abord ça nous a permis de jouer les morceaux du dernier ep Morning room, qui étaient arrangés avec beaucoup de son de claviers (hammond, farfisa, ce genre de chose). Mais aussi ça étoffe notre son sur scène et les shows sont encore plus intenses, le son est puissant. Nous ne regrettons absolument pas ce choix (crucial pour un duo rodé et habitué à ça) et il faut dire que notre recrue en a sous la pédale !
En vous écoutant, on pense forcément aux Kills, aux Black Keys ou aux White Stripes, des duos comme vous avez pu l’être longtemps. Quelles pourraient être vos références communes ?
Damien. Effectivement The kills est une de nos références majeures. Les morceaux, le son, le jeu de guitare, l’attitude, tout nous plaît dans ce groupe. Les Blacks Keys et les Whites Stripes, ce sont des groupes qu’on aime mais qui sont peut être moins influents pour notre musique. Dans le camion, ce qui revient souvent et qui plaît à tout le monde c’est Alabama Shakes, Rover, Nick Cave, Balthazar…
Vous venez du blues. Selon vous, qu’en avez-vous gardé aujourd’hui ?
Damien. Ce qu’on a pioché dans le blues au départ (dans le delta blues pour être précis) c’est le dépouillement et l’émotion brute, le direct au coeur ou au foie, ça dépend. Cet aspect là, on l’a clairement gardé, même si on s’est éloigné de certains codes du blues pour aller dans un univers plus rock, voire punk sur scène.
Vous venez aussi du Jura où vous retournez régulièrement vous ressourcer. C’est nécessaire pour vous de retrouver le calme entre deux concerts, entre deux tempêtes ?
Damien. Complètement, nous y avons un cadre de vie de fou et qui nous correspond. C’est beau, vert, calme, avec des grands paysages mais ça peut être rude, accidenté, froid et méchant 🙂
Cet endroit c’est un bon équilibre entre la vie de tournée et le retour sur soi, et ça doit forcément influencer notre écriture.
Vous serez sur la scène du Ferrailleur à Nantes le 5 septembre. Il y a quelques jours, vous étiez sur la scène du festival 39 août à domicile devant des milliers de festivaliers. Vous êtes plutôt petite ou grande salle?
Damien. Les deux, forcément! Nous avons vécu des sensations de malade devant des milliers de spectateurs en France ou à l’étranger, mais une bonne petite salle pleine à craquer et chauffée à blanc c’est tellement bon. La proximité, c’est génial, il peut se passer pleins d’échanges avec le public.
Merci Amandine, merci Damien
Propos recueillis le 4 septembre 2019 par Eric Guillaud