23 Nov

Guilty Species : l’hypnotique quatrième album de Jessica93 dans les bacs

Inutile de vous fatiguer à taper 3615 sur le clavier de votre ordinateur pour le dénicher, Jessica93 n’a pas grand chose à voir avec les fameux services du feu Minitel rose même si son dernier album Guilty Species a forcément un petit quelque chose de « sex, drugs & rock’n’roll »…

© Philippe Levy

© Philippe Levy

« Sex, drugs & rock’n’roll ». Voilà bien un cliché qui le fait toujours marrer et en même temps l’inspire. Car si son nouvel album parle de l’humain, cette espèce coupable, guilty Species en anglais, c’est finalement pour mieux parler de ce qui nous amuse dans la vie. Mais ce qui étonne à la première écoute de l’album, c’est sa proximité avec Pornography des Cure, une proximité qui s’affirme par les rythmes hypnotiques, les guitares incandescentes, la voix sous effet de Geoffroy Laporte aka Jessica93, plus largement par l’esprit et l’énergie qui s’en dégagent.

Punk is not dead

Geoffroy Laporte déteste qu’on le compare, qu’on lui cherche des influences, mais c’est un fait, impossible d’écouter Guilty Species sans penser à cet album de Robert Smith et de sa bande, un retour brutal de quelques 35 années en arrière –  aïe ça pique! – mais un retour à la meilleure époque du rock finalement, quand les groupes punk en avaient rien à faire de leurs aînés – et de la bienséance – et cherchaient à explorer de nouvelles voies plutôt que de copier ce qui s’était déjà fait mille fois.

Et c’est vrai qu’il est un peu dans cet esprit-là Geoffroy Laporte, avec des influences certes, mais surtout avec cette envie folle d’avancer là où il a décidé d’avancer, incapable de s’insérer dans le monde bien comme il faut, de se résoudre à une vie ordinaire avec femme, enfants, maison, voiture, chats et chien, mais capable de passer deux ans de sa vie à travailler sur un album seul dans son coin, sans se prendre la tête avec le temps et l’argent, de faire la musique qui lui plait vraiment, parfois sur des instruments à deux balles, et peu importe des ressemblances éventuelles, puis à de l’enregistrer seul ou presque dans un studio qu’il connait bien pour y avoir déjà enregistré ses albums précédents, en analogique s’il vous plait, rien que pour le plaisir d’obtenir « un grain mortel », comme il dit, un son de caractère qui va forcément faire son petit effet sur nos platines vinyles.

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Faites chauffer les courroies !

Une écoute, deux, trois, quatre… On ne s’en lasse pas de ce nouvel opus du Parisien. Guilty Species a en effet du caractère, un fichu caractère même, huit morceaux qui respirent le rock’n’roll, le sexe, l’urgence de la vie, et parmi eux quelques morceaux dignes de tourner en boucle dans nos têtes un sacré bon moment comme R.I.P. in Peace ou Anti Cafard 2000.

Côté artwork, le vinyle est assez sobre, une photo floue de la bouche d’une amie aujourd’hui disparue, Julia Judet, à qui l’album est d’ailleurs dédié, pas de nom sur la pochette, quelques photos visiblement assez anciennes à l’intérieur et les paroles, oui, toutes les paroles pour vos soirées karaoké.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur Jessica93, je vous conseille vivement sa longue, très longue, interview accordée au site metalorgie.com. C’est disponible ici.

Eric Guillaud

Guilty Species (Teenage Menopause / Music Fear Satan)