Il ne pèse pas lourd, ne pleure jamais, risque pourtant de faire du bruit, Eugenia est le nouveau bébé du groupe nantais Nursery. Il est attendu pour le 31 janvier et devrait combler de bonheur les amoureux du rock. En attendant le faire-part, on vous offre déjà l’interview des parents…
Paul, Jean et Julien – Nursery © France 3 – Eric Guillaud
Un disque, finalement, c’est comme un enfant, il faut le porter pendant des mois, souffrir un peu pour lui donner vie, le nourrir et l’accompagner pendant des années. Celui-ci s’appelle Eugenia. C’est le deuxième de Nursery, groupe nantais formé en 2014 autour de Paul Gressien (batterie et chant), Julien Dumeige (guitare et chœurs) et Jean Duteil (basse et chœurs).
Eugenia, c’est onze titres qui secouent pas mal, de la musique toxic-pop comme notre trio aime la définir sur son compte Facebook, comprenez du rock parfois brutal et sombre, avec des guitares acérées, une basse qui tabasse, une batterie sous tension et des mélodies biberonées à la pop histoire de lier le tout. Pour en parler, rendez-vous était pris avec Paul, Julien et Jean dans un de leurs repaires favoris quelque-part dans le centre-ville de Nantes. Interview...
Nursery, c’est qui, c’est quoi ?
Paul. Nursery, c’est quand on est tous les trois ensemble et qu’on fait du bruit avec les instruments. On essaie de faire des chansons à notre sauce, ce n’est pas très très contrôlable, on essaie de rester sur un fil quelque part entre la pop et le plus bizarre qui secoue un peu.
Pourquoi ce nom ?
Paul. On voulait quelque chose à la fois d’enfantin et clinique. Nursery, c’est la chambre d’enfant et en même temps l’infirmerie…
Pourtant, vous ne faites clairement pas de la musique pour les crèches ?
Julien. On a malgré tout régulièrement un public d’enfants qui danse devant la scène.
Paul. Oui, et on fait ça un peu comme des gosses aussi.
Vous dites être un trio de toxic-pop. Ça fait peur, c’est quoi au juste la toxic-pop ?
Jean. C’est parti d’une blague. Comme il faut toujours mettre un style sur les affiches, on a essayé de trouver autre chose que le banal pop rock. Et comme on avait la volonté de faire quelque chose d’un peu dark et beau à la fois, toxic et pop collaient bien.
Une musique tendue et des mélodies très travaillées. C’est votre marque de fabrique ?
Paul. Oui, au chant, je tiens à une mélodie qui soit « chantable ». Côté musique, c’est effectivement un peu tendu parce qu’en concert on aime ça…
Eugenia est votre deuxième album. Il sort le 31 janvier. Fébriles ? Inquiets ? Tout simplement heureux ?
Jean. Soulagé. On a fait un premier album il y a maintenant trois ans, on a pas mal tourné avec, ça nous a donc demandé du temps pour composer et sortir celui-ci. Un peu soulagé, donc, et hâte de voir les retours.
Paul. Et c’est la première fois que France 3 nous interviewe, alors déjà on a réussi ça… (rires)
Porn Life en est le 1er extrait de l’album, que raconte-t-il ?
Paul. C’est l’histoire d’un type qui doit faire le sale boulot, qui doit se salir les mains. Ce n’est pas très précis, c’est même un peu flou…
Question incontournable, les influences ? Wire, Pixies mais encore ? Sonic Youth peut-être ?
Paul. Pixies, oui, on s’est accordé là-dessus, Wire beaucoup au début et ça reste toujours notre repaire. Sonic Youth, personnellement, je n’ai jamais écouté.
Julien. Oui, je vois le lien que tu peux faire mais non nous ne sommes pas très Sonic Youth. J’aime bien certains morceaux mais je n’ai jamais creusé plus que ça.
Paul. Les Beatles
Jean. On a tous des influences diverses mais, oui, on se retrouve sur les Beatles, Wire, Pixies… Après, chacun amène son grain de sel.
Un mot sur la pochette de votre album. Comment avez-vous choisi cette photo ?
Paul. C’est une photo de Julien. On a voulu la faire nous-mêmes cette pochette, cette photo s’est imposée.
Julien. C’est une photo que j’ai prise il y a quelques années du côté du Mont-Saint-Michel. On s’est dit que ça collait plutôt bien avec l’esprit de l’album.
Avec une froideur clinique…
Julien. Oui, les poubelles donnent ce côté froid mais il y a aussi un coucher de soleil romantique…
L’album sort chez Kythibong, pourquoi ce choix ?
Paul. ça s’est fait naturellement. On a rencontré les gens du label au moment de la sortie du premier album qu’on avait fait seuls… Et on est très heureux.
Quel regard portez-vous sur la scène locale ?
Paul. Humainement, on aime un peu tout le monde, Musicalement, ça dépend de chacun de nous. Mais globalement, toute la scène locale est plutôt chouette, on a partagé l’affiche avec pas mal de groupes?
Jean. Ils ne sont pas de la région mais on aime beaucoup La Honte de Rennes, Les Potagers nature de Bordeaux, Chocolat Billy, Api Uiz…
Quel album tourne en boucle sur vos platines actuellement ?
Julien. Je n’ai pas été obsédé par un album dernièrement. C’est d’ailleurs assez angoissant de ne pas avoir une obsession pour la musique. J’écoute souvent Daniel Johnston qui est mort il n’y a pas très longtemps.
Jean. Moi, je n’écoute pas trop d’albums en entier. Je fonctionne par titres. En ce moment, je navigue entre le noise des années 90 genre Bästard ou Deity Guns et le hip hop un peu underground de Ghostmane, du rap très noir…
Paul. J’écoute beaucoup Koonda Holaa, un Tchèque qui écume l’Europe avec une bonne musique de voyage intelligente et sensible. J’écoute aussi beaucoup Taxi Girl. Je n’ai malheureusement pas l’album donc je l’écoute sur YouTube. Si quelqu’un en possède un exemplaire, je veux bien lui acheter…
On vous souhaite quoi pour 2020 ?
Jean. Une bonne santé, des concerts, des rencontres, que le disque plaise, que tout se passe bien…
Paul. Et de nouvelles chansons…
Merci Paul, Jean et Julien, merci Nursery
Propos recueillis le 14 janvier 2020. Plus d’infos sur Nursery ici. Le groupe sera en concert le 30 janvier à Angoulême, le 31 janvier au Pannonica pour sa release party, le 1er février au Zinor, le 13 février au Fury Bar à Rouen, le 14 février à La Malterie à Lille, le 15 février aux Instants chavirés à Montreuil, le 7 mars à Stereolux à Nantes en première partie de Vox Low, le 28 mars à Warsaw en Pologne, le 12 avril au Palma festival à Caen, le 25 avril au Jardin moderne à Rennes…