05 Nov

Découverte. Soja Triani, le nouveau son de l’électro-pop

Le premier vient de la scène métal, le second, de l’ambient, Amaury Sauvé et Tom Beaudouin ont aujourd’hui décidé d’unir leur talent et leur passion au service du projet d’électro-pop nanto-lavallois Soja Triani, véritable laboratoire sonore qui sort son premier album Nouvelles vendredi 8 novembre. Interview…

Soja Triani © Florian Renault

Non, ils ne sont pas italiens, mais ligériens. Non, ils ne travaillent pas pour l’industrie agro-alimentaire, ils sont musiciens. Alors, pourquoi un nom pareil me direz-vous ? C’est bien évidemment la première question que nous avons posée à Amaury Sauvé et Tom Beaudouin, deux musiciens confirmés, respectivement issus de la scène metal (As We Draw) et de la scène ambient (Fragments), aujourd’hui réunis pour le meilleur de l’electro-pop sous les couleurs du « laboratoire sonore » Soja Triani.

Un nom étrange pour une musique singulière, surprenante, raffinée, aux arrangements subtils, aux paroles en français. Les influences sont à chercher du côté de la pop expérimentale, de la pop française, de l’indie rock mais aussi de la comédie musicale tendance Michel Legrand. Repéré par La Souterraine (labo d’observation de l’underground musical français), accompagné par la salle de musique actuelle 6par4, Soja Triani sort un premier album vendredi 8 novembre. Il s’appelle Nouvelles. Mais avant ça, Amaury et Tom répondent à nos questions. C’est ici et maintenant !

Soja Triani. Mais d’où vient ce nom étrange ?

Tom. À la base, c’est parti d’une blague, d’un mauvais jeu de mot entre un guitar hero des années 80 (Joe Sotriani, ndlr) et le soja. Puis finalement, on s’est pris au jeu. On aime la sonorité presque italienne de ce nom. Soja Triani pourrait être un personnage, une ville imaginaire, à chacun de se l’imaginer comme il veut.

Vous venez d’univers très différents l’un et l’autre, Amaury du côté obscur du metal, Tom du côté plus lumineux de la pop et de l’ambient. Vous étiez vraiment faits pour vous rencontrer ?

Tom. On s’est rencontré pendant l’enregistrement chez Amaury du premier album de Fragments (projet ambient dans lequel je joue). Tout de suite, on a super accroché. On se retrouvait autour des synthés, d’artistes comme Son Lux ou Rival Consoles. Et puis, j’ai rencontré la scène lavalloise, As We Draw, le groupe incroyable d’Amaury et de son frère Quentin.

Amaury. Il fallait absolument se réserver une session studio pour avoir l’occasion d’expérimenter tous les deux.

Vous vous présentez comme un laboratoire sonore. Comment s’opère l’alchimie entre vous, comment s’élabore votre univers ?

Tom. Je ramène toujours une base plus ou moins élaborée, avec souvent une partie du texte écrit. Ensuite, on compose les morceaux à quatre mains, généralement Amaury les basses et batteries, moi les guitares, voix, synthés…Mais il n’y a pas de règle. On essaye en tout cas de tout articuler autour du texte. On aime beaucoup jouer avec les textures sonores et le sound design pour coller au mieux à l’univers d’une chanson. Comme on se retrouve le plus souvent dans un studio d’enregistrement professionnel, on a directement les outils sous la main pour expérimenter et creuser les sonorités.

Vous avez sorti un premier single le 4 octobre dernier, baptisé Le Futur. Que raconte-t-il ?

Tom. Le Futur raconte un futur proche où tout se serait pété la gueule, mais où les gens continueraient d’avoir un discours hyper-positif et confiant vis à vis du progrès technologique. Une vision assez cynique de l’humanité dans une chanson pop finalement assez lumineuse et qui peut sembler à première vue plus légère que son contenu ne l’est en réalité. En tout cas, on voulait appuyer ce genre de contraste.

Que racontent vos textes plus généralement ?

Tom. L’idée est de raconter des histoires, des petites fictions. Dans chaque morceau, on suit un personnage. Le thème du voyage revient régulièrement, on essaye d’avoir un ton un peu nostalgique.

Au jeu des influences musicales, on peut deviner ici ou là du Etienne Daho, du Dominique A, du Flavien Berger… Mais encore ?

Tom. Effectivement, personnellement, j’assume complètement ces influences françaises. Je pourrais ajouter Jean-Louis Murat, François & the Atlas Mountain, Albin de la Simone ..

Amaury. Pour ma part; je n’ai pas une grande culture musicale concernant l’univers chanson Française. Je connais évidemment les références que tu cites mais je ne les ai jamais écoutées assez attentivement pour pouvoir les considérer comme m’influençant dans ma façon de composer et/ou d’apprécier la musique. Cependant je reconnais qu’il y a des ressemblances fortes et ça me convient. Mais de façon générale on se sent tous les deux plus proche de la musique anglo-saxonne : Atom for Peace, Son Lux, Sohn, James Blake…

Dans votre façon de chanter Tom, on entend du Michel Legrand, de la comédie musicale ? C’est un univers que vous connaissez ? Que vous appréciez ?

Tom. Mes parents nous ont montré assez tôt Les Demoiselles de Rochefort, Peau d’Âne. On ressortait souvent les cassettes avec mes sœurs donc oui peut être, sûrement, que ça a influencé ma façon de chanter en français, j’aime le côté frais, spontané, des chansons de Legrand. Et bien sûr, les mélodies et harmonies chez lui sont justes fabuleuses.

Votre premier album Nouvelles sera hébergé par La Souterraine. C’est un choix, le fruit du hasard ? 

Amaury. On avait au commencement du projet, envoyé un morceau à la Souterraine, « Bunker », qui avait figuré sur une de leur compilation. On a continué à leur envoyer des morceaux régulièrement. On sort Nouvelles en autoproduction et la Souterraine hébergera les 7 titres sur leur bandcamp.

Vous faites partie du dispositif d’accompagnement cinqtrois qui aide les musiciens en Mayenne. Que vous a-t-il apporté concrètement dans votre parcours ?

Tom. Plein de choses ! Ça nous a permis de concrétiser le projet sur scène. À la base, Soja Triani était un projet de studio. On a pu bénéficier de résidences au 6par4, de formations, on a été programmé aux 3 Éléphants… On est en contact quasi-permanent avec Charlène qui s’occupe du dispositif. C’est hyper agréable de bénéficier d’un accompagnement comme celui-ci, à la carte, à l’écoute de nos besoins, de nos questions.

Un album et demain, à quoi risque de ressembler votre futur proche ?

Tom. On a quelques dates autour de la sortie à Paris, Limoges, St Nazaire. Notre première mini « tournée » ! D’autres concerts devraient arriver en janvier 2020. On retourne aussi à The Apiary, le studio d’Amaury, dès décembre. De nouveaux morceaux sont en route.

Merci Amaury, merci Tom. Propos recueillis par Eric Guillaud le 4 novembre 2019 

Plus d’infos sur Soja Triani ici. Le groupe sera en concert à Paris le 7/11, à Limoges le 8/11 et au Kiosq à Saint-Nazaire le 9/11, au Ferrailleur à Nantes le 18/01…