C’est un peu la nouvelle coqueluche du rock hexagonal, celui par qui on jure le renouveau du genre même si pour sa part il assure plutôt jouer dans la cour de la pop. Le groupe MNNQNS sera sur la scène de la Barakason à Rezé le 10 octobre. Mais avant ça, il répond à nos questions ici et maintenant. Branchez les guitares…
© Sarah Bastin
Six lettres, pas de voyelles, de quoi en perdre son alphabet latin. Mais ne les croyez pas fâchés avec les voyelles, les MNNQNS sont du genre malins. Dans une interview il y a maintenant trois ans, toujours disponible ici, le chanteur Adrian nous confiait qu’ils avaient choisi ce nom parce que « c’était un peu la seule manière de ne pas tomber dans les abysses d’internet. Avec le nom complet (Mannequins), impossible d’être trouvé sur aucun moteur de recherche, ça n’est donc pas un choix trendy douteux mais bel et bien un truc nécessaire pour la survie du groupe ».
Et de fait, le groupe n’a ni sombré dans les abysses d’internet, ni sombré dans celles du rock made in France. Trois ans après son premier passage à Nantes, MNNQNS est de retour avec une longue expérience de la scène en poche mais aussi l’apprentissage du premier album. Ça vous change un groupe ! Rencontre avec le leader du groupe Adrian plus vieux de trois ans…
Salut les MNNQNS, je vous avais interviewé en octobre 2016 à l’occasion de votre passage au Café du Cinéma à Nantes. C’était il y a trois ans pour nous… un siècle pour vous ?
Adrian. En effet ! Je me souviens de ce concert, on avait fait pas mal n’importe quoi, non ? On avait une grande passion pour s’auto-saboter à l’époque.
si on ne fait pas un nouveau morceau tous les trois jours on a des attaques de tremblements
Deux EP, un album, plusieurs clips, une tournée des festivals, des concerts à n’en plus finir, une presse nationale dithyrambique… Tout a changé autour de vous. Et vous, vous avez changé ?
Adrian. Mon foie a changé de couleur, c’est certain.
Depuis deux ans, vous travaillez sur votre premier album. Il est sorti, il est beau, il est chaud. Comment vivez-vous cette nouvelle étape ?
Adrian. Je devrais sûrement te dire qu’on est émus, blabla, mais la vérité c’est qu’on bosse sur le deuxième depuis quelques mois déjà et qu’on veut passer à la suite le plus vite possible. On travaille de manière industrielle, si on ne fait pas un nouveau morceau tous les trois jours on a des attaques de tremblements.
Vous parlez de votre album comme d’une « créature étrange » dans un post Facebook. Comment le voyez-vous véritablement, en cohérence avec la musique que vous faites depuis le début ?
Adrian. Oui, pour moi on a toujours été un groupe pop qui pioche dans les outils du rock et de ses sous-genres plus underground. Là, le format fait qu’on a eu le temps de s’attacher à cet album, puis de le détester, l’aimer à nouveau. Malgré tout ça, j’ai quand même la sensation que c’est la première sortie dont on est vraiment fiers.
le classic rock, celui qui met des vestes en cuir, mange des gros steaks et fait de la moto. C’est pas forcément nul, mais c’est de la musique de musée maintenant
Il s’appelle Body negative. Pourquoi ce titre ?
Adrian. Pendant un trajet en van, on est tombés sur le hashtag « Body Positive » sur les réseaux, qui est censé t’encourager à aller vers l’acceptation de soi et apprendre à aimer son propre corps. Un truc très bien sur le papier mais qui a ses failles si tu creuses, bref, on s’en foutait d’en faire la critique, on s’est surtout dit qu’au vu des sévices que tu infliges à ton corps sur la route, l’inverse correspondait super bien à notre mode de vie.
Douze morceaux qu’on peut ranger dans la catégorie rock. Vous dites pourtant fuir le « rock à papa » dans une interview aux Inrocks. Mais c’est quoi pour vous le « rock à papa » ?
Adrian. C’est le classic rock, celui qui met des vestes en cuir, mange des gros steaks et fait de la moto. C’est pas forcément nul, mais c’est de la musique de musée maintenant.
Certains disent effectivement le rock mort et enterré. Pourtant, vous-même, Last Train, Pogo Car Crash Control, The Liminanas… et tant d’autres ne sont-ils pas la preuve du contraire et qui plus-est la preuve d’une grande diversité ?
Adrian. Oui, il y a clairement un truc qui arrive. Qu’on appelle ça du rock ou quoi que ce soit d’autre, beaucoup de groupes français cool émergent en ce moment, on peut aussi citer T/O, Servo, Rendez Vous, The Psychotic Monks, Unschooling…
Des morceaux rock mais des touches très pop aussi… Quelles ont pu être les influences récentes du groupe ?
Adrian. Nine Inch Nails, Einstürzende Neubauten, Throbbing Gristle, Machine Girl…des choses plus axées sur l’experimentation ou l’électronique. Et puis Oasis aussi, on ne va pas se mentir.
Vous avez beaucoup tourné ces dernières années, c’est comment la vie des MNNQNS sur la route ? Rock’n’roll ?
Adrian. On est encore en vie pour le moment, je croise les doigts. La teuf est une passion, c’est indéniable, mais il va falloir qu’on fasse des efforts pour assurer maintenant que nous sommes des professionnels de la musique rock (merci l’Etat Français si tu lis ces lignes).
Le concert du 3 octobre à La Maroquinerie à Paris est une date très importante pour vous, elle est d’ailleurs marquée en rouge sur votre agenda. Et celui de Rezé qui se jouera dans la foulée le 10, comment le voyez-vous ?
Adrian. Ça fait longtemps qu’on n’est pas venus dans le coin donc on a tout aussi hâte !
Merci Adrian. Propos recueillis par Eric Guillaud le 25 septembre 2019