Electro, rap et chanson française, c’est le ticket gagnant de Labotanique. Ce duo de pop urbaine sort un deuxième EP le 29 mars. En attendant, voici son nouveau single, Bleu Cobalt, clipé par Adeline Moreau et tourné en grande partie au café Landru rue Lekain à Nantes…
Bleu comme le ciel ? Bleu comme les yeux des enfants ? Bleu comme l’océan? Non, le nouveau single du duo nantais Labotanique évoque le bleu de nos écrans, de ces ordinateurs, smartphones et tablettes qui nous empêchent de suspendre la course, de prendre le temps, au moins le temps de l’amour…
« Le bleu des écrans nous oppresse / qu’avons nous fait du présent / le bleu des écrans nous empresse / de mettre nos vies en suspens »
Depuis la création du duo en 2016, Ronan Moinet et Thomas Cochini n’ont de cesse de s’amuser avec les mots et les images, les images et les mots. En plantant des petits graines de poésie ici et là dans leurs chansons. En recouvrant le tout d’un brin de réflexion. Labotanique, c’est aussi des textes qui racontent des choses sur notre temps, notre quotidien, une envie de rendre peut-être le monde un peu moins moche, un peu plus doux. De la pop urbaine au service de l’utopie. Ou l’inverse !
Le clip Bleu Cobalt, réalisé par Adeline Moreau du collectif nantais Clack, est à l’image de leur univers, doux et lucide, avec une approche esthétique piochée quelque part entre la pop et la nouvelle vague. En quelques mots, voire un peu plus, Ronan et Thomas nous expliquent tout ça…
Des couleurs qui sautent aux oreilles
Ronan. Du côté du texte, j’avais envie de faire une chanson sous la forme d’un tableau, avec plein de couleurs qui sautent aux oreilles… En fait, je suis assez fasciné par les allers-retours qui existent entre le langage écrit et le langage visuel, et inversement. C’est une question que je me pose souvent : est-ce que mon cerveau fonctionne en terme d’images ou de mots ? En réalité, j’ai l’impression d’être naturellement plus attiré par les images (d’ailleurs, je crois que j’ai réellement lu ma première BD au lycée, avant je ne faisais que regarder les cases… Pareil pour les livres, avant mes études supérieures ça ne m’intéressait pas du tout) et ça m’étonne toujours d’avoir choisi l’écriture pour exprimer ma créativité…
Thomas. Sur « Bleu Cobalt », j’ai utilisé de vieux synthétiseurs pour avoir de belles textures sonores, avoir quelque chose de vivant, c’est légèrement detuné ce qui donne de la couleur au morceau. C’est d’ailleurs le cas sur l’ensemble de notre projet « 47e Parallèle » qui sortira le 29 mars prochain, dont « Bleu Cobalt » fait partie. Pour sa réalisation, nous avons travaillé avec Raphaël D’Hervez, co-fondateur du label nantais Futur. Je me suis très bien entendu avec lui car il est également passionné de synthétiseurs, ce qui annonce la couleur de cet EP à venir…
Ronan. Sur notre EP précédent, nous étions des explorateurs perdus en Amazonie, quelque part sous la canopée… Et tout le développement de ce nouveau disque « 47e Parallèle » vient de ce sentiment que l’on peut ressentir lorsque l’on rentre chez soi après de long mois à l’étranger, on est comme « Touristes de nos propres quotidiens ». Les aventuriers reviennent à Nantes après leur expérience outre-Atlantique ! J’ai passé pour ma part 6 mois au Pérou, et lorsque l’on revient, les premières minutes après que l’avion se soit posé… c’est étrange, mais on se rend vite compte que ce sentiment inhabituel est magique ! On voit tout notre quotidien d’une manière éphémère, on est curieux de tout, on est en voyage dans notre propre vie ! Mais ce sentiment ne dure pas très longtemps, 6 mois au Pérou m’ont permis de vivre ce sentiment pendant une semaine à mon retour, puis on se réhabitue aux choses. Nous avions envie de le figer dans un disque.
Une esthétique pop et nouvelle vague
Ronan. Quant à la direction à donner au clip de « Bleu Cobalt », elle s’est faite en deux temps. Le premier, sans doute le plus long : il y a quelques années j’avais emprunté à un ami un coffret dvd avec des classiques de Godard… Il est resté deux ans sur l’étagère sans que je ne l’ouvre, mais avec cette envie de le faire à chaque fois que je passais devant, je ne sais pas trop pourquoi… Ça remonte peut-être à cet album photo, celui que l’on a tous dans un coin de la maison, où nos parents ont écrit des commentaires sous les photos, et je me rappelle notamment d’une photo en bord de mer, avec la famille, où une vague vient nous caresser les pieds, et la légende est « Nouvelle Vague »… l’humour d’album photo de mon père. Bref, l’évocation de la nouvelle vague a un côté rassurant pour moi, et c’est sans doute pour ça que j’ai fini par regarder Pierrot Le Fou… Je nai pas été déçu, une telle liberté et plein de couleurs, c’est ça l’idée du clip au départ.
Thomas. Le deuxième temps a été une rencontre avec Adeline Moreau du collectif nantais CLACK, cette fois c’était plus ambiance « Coffee and Cigarettes » de Jim Jarmusch, ou peut-être « Pinard and Saucisson » (à prononcer à l’anglaise) et on s’est dit que l’on allait mélanger les esthétiques pop et nouvelle vague, ce qui donne ce clip vaguement pop, dont on est assez content, on doit le dire !
Propos recueillis par Eric Guillaud le 13 février 2019