03 Avr

PREMIER ALBUM. Le groupe nantais The Rams fait son cinéma en musique

Pour faire du rock, il n’y a pas cent cinquante mille manières de s’y prendre, il faut jouer à l’instinct avec son cœur et ses tripes. De ce côté-là, les Rams ont toujours su faire, c’est même leur credo, leur religion, foncer comme des béliers. Ils l’ont prouvé en concert, ils le démontrent aujourd’hui en album avec Rebecca (The Girl from Haddonfield) tout juste déposé dans les bacs. Rebecca ou la bande son d’un road trip intimiste. On vous dit tout

© Marie Gruel

The Rams, c’est avant tout l’histoire d’une amitié entre quatre garçons. Alex, Tommy, Sim et Mitch auraient pu se contenter de jouer au bridge mais ils ont préféré monter un groupe de rock progressif. À l’ancienne. Avec des vrais instruments, des riffs hurlants, des rythmiques tonitruantes et des plages instrumentales magnétiques.

Rebecca (The Girl from Haddonfield) est leur premier album et tout porte à croire qu’il ne sera n’est pas le dernier. Tout est finement pensé, travaillé, à commencer par la maquette de la pochette, photographie centrale signée Jean-Marie Jagu, très belle couverture de Marie Gruel. Un bel écrin et un album qui demande à monter le son, un peu, histoire de libérer tout son potentiel.

Et il en a sous le capot cet album, onze titres au compteur, une heure et 3 minutes chrono de musique, des accélérations fulgurantes, une tenue de route exceptionnelle… de quoi partir loin, quelque part entre Haddonfleld aux États-Unis et Montréal au Canada. Pourquoi ici plus qu’ailleurs ? Parce que Rebecca (The Girl from Haddonfield) est plus qu’un album, c’est la bande son d’un road trip intimiste entre ces deux villes aux côtés d’une jeune femme, Rebecca. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? Réponse à ces questions et à beaucoup d’autres ici et maintenant avec Alex, guitariste et chanteur, et Tommy, batteur…

Bonjour Alex, bonjour Tommy, première question, The Rams, c’est qui c’est quoi ?

Alex. The Rams, c’est quatre potes, fans de musique, qui ont décidé un jour de jouer ensemble très fort avec leurs bagages musicaux respectifs et de voir ce qui en ressortait.

Tommy. Sinon The Rams, c’est un groupe de rock que l’on pourrait qualifier de cinématographique. On aime bien cette étiquette car elle est représentative du son que l’on peut créer. Avec des bases résolument rock, on aime jouer avec les structures de chansons et passer d’un morceau dansant à une mélodie mélancolique pour avoir un bon mélange d’émotions.

Vos influences sont à chercher du côté des années 70/90. Des noms ?

Alex. En fait, on pioche un peu partout car on est avant tout fans de musique en général. Finalement, dans notre album, il y a beaucoup de samples et de sons à l’envers, ce qui pourrait nous situer dans une période très contemporaine musicalement. Et il y a aussi ce côté très 70’s. On adore les groupes comme Pink Floyd, Chicago Transit Authority, Paul Mc Cartney & The Wings, David Bowie, T Rex, Roxy Music, Iron Butterfly, The Moody Blues ou même Jethro Tull.

Tommy. Sans la flûte pour Jethro Tull!!!! [rire]. Concernant les années 90 – 2000, on a grandi avec des groupes comme Mogwai, Tahiti 80, Ty Segal, Placebo, Hex Ex, Bleech, Artic Monkeys, Radiohead, Kasabian et aussi Iron Maiden pour Mitch. Il est donc probable qu’inconsciemment notre son s’en approche énormément. C’est le mélange de plus de 50 ans de culture rock qui est vraiment intéressant. C’est juste énorme comme bagage musical. En tout cas, on ne se donne pas de limite ou de barrière lorsque l’on crée un morceau ou une ambiance musicale.

Des influences musicales mais aussi cinématographiques donc ?

Alex : Oui tout à fait, pour ma part je suis un grand cinéphile. La musique de film à une grande place dans notre processus de création. Je suis très admiratif de compositeurs comme John Murphy (28 days later), Brian McOmber (It comes at night), John Barry (Out of Africa, James Bond), et également Hans Zimmer (Interstellar), Atticus Ross (The book of Eli) ou bien Warren Ellis (The road). Pour la création de notre album, il est évident que ces ambiances musicales nous ont indirectement inspiré. Toute la construction de l’album s’est faite comme si l’on visionnait un film en direct. Cela a été un vrai défi, parce qu’en terme de création, nous avons décidé d’enchaîner toute les chansons à l’enregistrement pour renforcer l’aspect cinématographique.

L’Anglais Steve Wilson cartonne, les Français Ange se reforment… Le rock progressif serait-il en plein renouveau ?

Alex : Selon moi, il y a deux raisons. La première étant que la mode est cyclique. La deuxième étant qu’avec le rock progressif, il y a une vraie liberté de création. Il n’est pas nécessaire de respecter une structure de chanson rock présente depuis 50 ans. On peut faire un morceau de 15 min comme un morceau de 50 secondes. Et puis je pense qu’aujourd’hui les gens ont besoin d’entendre de nouvelles choses, d’être surpris, de se confronter à l’inattendu.

Après un EP en 2014, voici donc votre premier album, Rebecca (The Girl from Haddonfield). Comment se vit le moment ?

Alex. On le vit super bien. On est soulagé car pour le moment, nous n’avons que des retours positifs et ça fait vraiment plaisir. Nous nous sommes investis dessus pendant 1 an et nous sommes très fiers de ce qui en ressort car jusqu’au bout, nous l’avons fait en suivant un processus de création qui nous correspond et le résultat est là.

Tommy. Ce qu’il faut surtout ne pas oublier de dire, c’est que, c’est grâce au soutien des « ulluleurs » et de notre entourage que cet album a pu voir le jour. Nous sommes donc fiers de leur faire découvrir presque un an plus tard le résultat de leur contribution.

Plus qu’un album, c’est un concept album. Que raconte-t-il ? Qui est cette Rebecca ?

Alex. Cet album retrace le voyage d’un personnage quittant sa ville d’adoption (Haddonfield) pour aller au 1437 Stanley Street à Montréal au Canada. Rebecca est une jeune fille, enfant unique adoptée à sa naissance. Plusieurs années après, en 1984, Rebecca découvre l’existence de sa famille biologique et surtout de son frère jumeau, atteint de schizophrénie. Elle décide donc d’aller à la recherche de ses racines et de renouer avec cette famille qu’elle ne connait pas.

Quelques invités de marque figurent au générique de l’album. Pouvez-vous nous les présenter et nous expliquer les raisons de leur présence ?

Alex. Il y a Nathalie San qui est une amie d’enfance vivant au Canada et avec qui j’avais déjà enregistré quelques morceaux. C’est une chanteuse extraordinaire d’Electro Jazz et pour moi il fallait absolument qu’elle chante avec nous même si son univers musical n’est pas forcément le nôtre. Il faut surtout savoir que le point de départ de l’album s’est fait là-bas dans son chalet en plein milieu de la forêt québécoise. Il y a Warren de KO KO MO et Roman Gaume qui sont deux musiciens adorables et bourrés de talents qui ont trouvé l’idée du multi guests sur notre album très intéressante. L’idée était d’apporter leurs univers sonores en terme de chants et guitares, et de les lier dans un ensemble finalement homogène. La présence de ces guests contribue aussi au mélange des émotions et à l’aspect concept de l’album.

On retrouve  le titre Perfect Slave qui tourne depuis pas mal de temps sur Youtube et sur lequel joue Warren des KO KO MO. Pourquoi ne pas l’avoir choisi comme premier single ?

Tommy. Nous ne voulions pas profiter de la notoriété de Warren et de son groupe tout comme celle de Roman pour mettre en avant notre album. Pour nous, leur présence est un plus considérable mais ça reste des compositions de The RAMS et ça reste notre univers. Nous ne voulions pas que la première découverte de notre album soit faite grâce à un de nos guest comme Warren. On préférait aussi mettre plus en avant She’s So Fine qui est un titre représentatif de l’album avec des grosses rythmiques, des solos de guitares et des passages instrumentaux planants.

Vous vous dites adeptes du DIY. C’est-à-dire, concrètement ?

Tommy. Concrètement, ça part d’une situation assez simple : on souhaite faire des choses qualitatives et avec une exigence assez forte. Pour autant, nous avons un budget très limité donc nous essayons de faire un maximum de choses par nous-mêmes en piochant aussi dans les talents et qualités des personnes de notre entourage. L’avantage, c’est que cela nous permet d’avoir un contrôle total sur notre musique, sur les choix artistiques et même sur le côté communication.

Votre release party aura lieu le 27 avril au Ferrailleur à Nantes ? Vous nous préparez des surprises ?

Tommy. Pour fêter la sortie de l’album et remercier tous ceux qui y ont contribué, on veut faire un concert unique. L’avantage du Ferrailleur, c’est qu’on pourra retransmettre l’univers de l’album sur scène. Il y aura aussi quelques invités pour apporter encore plus cet aspect unique du moment. On a hâte d’y être et on espère que le public répondra présent pour cette belle soirée en perspective.

À quoi vont ressembler les jours et semaines à venir de The Rams ?

Tommy. Pour promouvoir la sortie de notre album et le faire découvrir au plus grand nombre, nous avons quelques opérations de promotions, des showcase, etc… Mais nous sommes surtout sur une petite période de répétitions pour préparer la release party et les concerts à venir. On a hâte d’aller défendre notre album sur scène et inviter les spectateurs à entrer dans l’univers des Rams.

Merci Alex et Tommy, merci The Rams
Propos recueillis le 28 mars par Eric Guillaud. Plus d’infos sur le groupe ici. The Rams sera en concerr le 6 avril à Cholet, le 27 avril au Ferrailleur à Nantes, le 25 mai au Baroque à Nantes, le 26 mai à Montigné, le 9 juin à Pornichet, le 3 août à Dinan…