C’est rock, c’est latino, c’est engagé et follement dansant, Flor del Fango est de retour après une pause d’une quinzaine d’années. Au menu des retrouvailles : de nouvelles chansons, un nouvel album et une tournée qui commence à Nantes mercredi 17 janvier…
Manu Chao, Mano Negra, Parabellum, Chihuahua ou encore Les Frères Misère…, il y a un peu de tout ça dans Flor del Fango et il en serait autrement étonnant puisque ses huit musiciens sont issus de ces groupes qui ont marqué l’histoire du rock dans les années 80 par une écriture engagée.
Fondé en 1997 pendant une manifestation de soutien aux indiens du Chiapas à Paris, Flor del Fango poursuivra sa route pendant cinq ans avant de se dissoudre. Quinze ans plus tard, ils sont de retour avec la même énergie communicative, la même volonté de s’engager auprès des minorités en lutte. Interview…
Pourquoi ce retour après plus de 15 ans d’absence. vous aviez oublié d’éteindre la lumière ?
Marucha Castillo (chant lead). Ce n’est pas qu’on à oublié d’éteindre la lumière, nous l’avons laissée à l’abri. Comme une braise qui peut redevenir un brasier avec un simple souffle… Pendant ces 15 ans, une de nos plus belles flammes est partie devenir étoile dans le ciel (Sven Pohlammer, guitariste, décédé en 2014, ndlr). Nous ne nous sommes jamais vraiment séparés, la vie nous à envoyé à droite, à gauche, vivre diverses expériences avant de nous rassembler avec toujours autant de choses à se dire, à partager et a faire partager.
Si mes informations sont bonnes, le groupe s’est formé en 1997 après une soirée de soutien aux indiens du Chiapas à Paris. Qui dit indiens du Chiapas dit sous-commandant Marcos, dit Zapatisme, dit lutte contre le néolibéralisme. c’est toujours ce qui unit les différents membres du groupe aujourd’hui ?
Marucha. Initialement, ce qui nous a uni avant tout c’est la musique et l’amitié. Mais bien sûr notre positionnement social et politique a eu une énorme influence dans la création de Flor del Fango. Aujourd’hui, nous soutenons toujours le mouvement néozapatiste, ainsi que tous ceux que le système néolibéraliste opprime, vole et laisse de côté.
Il faut rappeler que vous avez tous un beau parcours de musiciens engagés derrière vous. Parabellum, Mano Negra, Chihuahua, Les Frères Misère… des noms qui parlent aux plus anciens d’entre nous comme aux plus jeunes. c’était le bon temps ?
Marucha. C’est toujours «le bon temps», les années passent, c’est certain, mais l’énergie demeure la même. le monde ne va pas mieux, les raisons de se révolter se multiplient chaque jour. C’est toujours le moment pour agir. Et aujourd’hui, la Flor réagit ! Évidemment, toutes ces belles histoires du rock alternatif français ont eu une grande importance dans nos vies respectives et dans le paysage rock hexagonal, mais aujourd’hui c’est bien avec Flor del Fango que nous voulons écrire le nouveau chapitre de notre combat musical.
Que reste-t-il de toute cette époque ?
Marucha. Nous déjà !!! Mais aussi beaucoup de groupes, de structures indépendantes qui poursuivent et améliorent ce mouvement démarré il y a longtemps. Les graines ont poussé et forment de nouveaux groupes, de nouvelles énergies.
Pas de place pour la nostalgie ?
Marucha. «Nostalgie, c’est fini», disait Sven dans une de ses chansons. Il vaut mieux agir dans le présent avec l’expérience des choses apprises par le passé mais sans s’attarder dans la mélancolie… Il reste tant à faire !
Si vous deviez retenir un titre, un seul, qui symboliserait toute cette période. lequel serait-ce ?
Marucha. Oui… Napo disait hier «Mort au vaches» de Parabellum, je pense que c’est assez représentatif de cette période alternative.
Quel regard portez-vous sur la scène rock française actuelle ? La jugez-vous suffisamment engagée ?
Marucha. Comme nous le disions plus haut, les graines du mouvement alternatif ont permis a des structures comme Rage Tour (notre tourneur) de se créer et de s’épanouir, autour d’eux comme autour d’autres structures indépendantes. De nombreux nouveaux artistes reprennent le flambeau et il faut savoir le saluer.
Évidemment, il y a aussi toute une partie de la scène rock actuelle qui n’a pas emprunté cette voie engagée, mais le contexte mondial risque fort de susciter de nouvelles vocations.
Quel disque, quel artiste, squatte votre platine en ce moment ?
Marucha. J’écoute pas mal de vieux boléros et cumbias. En ce moment, j’écoute aussi les chansons de Sven à qui je pense très fort et certains de ses cd préférés qui sont assez variés…comme Gang, Can, Robert Wyatt et Los Chungitos y Lucio Battisti… !
Vous sortez un nouvel album en mars prochain, le deuxième de Flor del Fango. Sonne-t-il comme une évidence ? Comme une suite logique ?
Marucha. En fait ce deuxième album de la Flor est la suite logique du premier. La grosse particularité de ce disque est que nous l’avons enregistré il y a 15 ans après le départ d’Ana, la première chanteuse du groupe. Nous sommes donc fiers qu’il voit enfin le jour. C’est grâce au label Sabor discos qui nous a proposé de sortir «Hekatombeando» que l’on s’est réformé. Nous tenons donc vraiment à les en remercier. Actuellement, nous travaillons avec Rage Tour qui nous soutient de façon formidable sur l’accompagnement du groupe, mais ne nous arrêtons pas là, nous avançons aussi sur la composition de nouveaux titres avec nos deux nouveaux venus, Madjid et Matu… La Flor est en marche!
Le titre Hekatombeando est une petite bombe de musique rock latino entraînante et dansante à souhait. tout y est. est-ce que ça a été facile de relancer la machine, de retrouver l’osmose, d’écrire au final 12 titres pour l’album ?
Marucha. Comme je viens de dire, les 12 titres ont été écrits et enregistrés il y a 15 ans… mais l’osmose au moment de les jouer ensemble est intact, je dirais même plus intense ! Nous sommes en route pour écrire de nouveaux morceaux plus en phase avec nos envies du moment mais l’on éprouve toujours un grand plaisir à défendre les anciens titres qui sont toujours d’actualité.
Tous les morceaux qui composent l’album sonnent latino, tous sauf deux, Dans tes bras et surtout Je laisse venir qui sonne même très parigot avec l’accordéon. Pourquoi ? Que racontent-ils ?
Marucha. On a écrit «Je laisse venir» à Paris, plus précisément à Montmartre. On exprime l’amour et la gratitude que l’on éprouve pour cette ville et particulièrement pour ces quartiers populaires qui nous ont si bien accueillis. «Dans tes bras» est une chanson écrite par Sven qui parle de la seule et unique chose qui pour moi peut nous sauver ,«nous sortir du néant» comme il dit si bien : l’amour. C’est aussi sympa pour nous de chanter en français.
En attendant la sortie de l’album, on vous attend sur scène, notamment au Ferrailleur à Nantes le 17 janvier. La scène, c’est inscrit dans votre ADN ?
Marucha. Je ne m’y connaît pas beaucoup en ADN mais le contact avec les gens, c’est la base, les fondations de notre projet et même la raison d’exister du musicien selon moi. C’est le rapport avec le monde, cette alchimie qui crée la magie. Quand la «mayonnaise prend» ,«El Duende» sort et alors la musique peut transformer nos vies. Nous avons vraiment hâte de retrouver la scène !!!
À quoi va ressembler la vie de Flor del Fango dans les mois à venir ?
Marucha. Beaucoup d’échanges, de rigolades, mais aussi de rigueur au moment du boulot. Beaucoup de voyages, de rencontres et de partages avec toutes sortes d’artistes, de musiciens, de peintres, de poètes mais surtout avec le public qu’il nous tarde vraiment de retrouver.
Merci Marucha, merci Flor del Fango
Plus d’infos sur le groupe ici et là
Flor del Fango sera en concert à Nantes le 17 janvier, à Saint-Brieuc le 19 janvier, à Malestroit le 20 janvier, à Vaureal le 10 février, à Clermont Ferrand le 28 avril, , à Tarbes le 5 mai, à Paris le 17 mai…