Ne vous fiez surtout pas à leur patronyme, les Kaviar Special ne font pas dans les œufs d’esturgeon, encore moins dans le renseignement politique. Depuis 2013, ces quatre Rennais font du rock, rien que du rock, et ça leur réussit plutôt bien. La preuve avec ce troisième album, Vortex, un tourbillon d’énergie positive…
Vortex : type de tourbillon dans lequel la vitesse des particules du fluide en chaque point est inversement proportionnelle à la distance entre le point et le centre du tourbillon. Voilà pour la définition du jour, vous pouvez ranger vos cahiers et sortir les guitares.
Plus légèrement parlant, Vortex est aussi le nom du nouvel album de Kaviar Special, un groupe de rock sous très bonne influence, surf, garage et psyché à volonté.
Fondé en 2013 du côté de Rennes par quatre potes amoureux de la même musique, Kaviar Special enchaîne les concerts et les albums, trois avec celui-ci, de quoi se faire rapidement un nom, un drôle de nom certes, et se retrouver à l’affiche des festivals les plus prestigieux, les Trans Musicales en 2015, Rock en Seine et les Inrocks Lab en 2016.
Qui sont-ils vraiment ? D’où viennent-ils ? Où vont-ils ? Adrien, le bassiste du groupe, nous dit tout…
Salut Adrien, que faut-il avoir mangé pour jeter son dévolu sur un nom pareil?
Adrien. Et bien pas grand chose, rien d’illégal en tout cas si c’est la question. C’était au cours d’un repas normal, équilibré, la veille d’un concert, nous jouions pour la première fois et l’organisateur attendait le nom de ce groupe qui faisait la première partie.
On vous dit un peu givrés ? Vous confirmez ?
Adrien. Qui dit ça ? Non, c’est faux nous sommes des jeunes gens stables, dynamiques et agréables.
Qu’est-ce qui vous pousse à vous lever le matin ?
Adrien. Le réveil.
Vous êtes de Rennes me souffle-t-on dans l’oreillette, vous auriez donc pu – dû diraient les mauvaises langues – jouer du rock celtique ou à la limite de la new wave mais vous avez choisi le rock garage. Pourquoi ?
Adrien. On est trop à l’est de la Bretagne pour jouer du rock celtique et pas assez déprimés pour faire de la new wave. Pas assez en jogging (et encore…) pour faire du rap, trop à l’ancienne pour faire de l’electro. Il ne restait plus que le rock, on a du prendre ce qui restait pour monter le boys band de nos rêves. Un peu comme ce mec maladroit que tu choisis en dernier pour faire un foot dans la cour de l’école.
J’essaye d’être rock quand je vais acheter du pain en chaussons mais c’est compliqué.
C’est quoi pour vous le rock garage ? Juste une musique ? Une attitude ? Un style de vie ? Un moyen de se faire plein d’oseille ou de rencontrer l’amour ?
Adrien. Musicalement, je dirais que c‘est une façon plus « moderne » de parler de rock’n’roll, sans tous les clichés que cela implique. Une mélange de rock 60’s, 70’s punk et psyché, démocratisé ces 10 dernières années par les groupes Oh sees, Ty Segall, Black lips. Comme beaucoup de groupes on est juste des potes qui aimons la même musique et jouer ensemble. J’essaye d’être rock quand je vais acheter du pain en chaussons mais c’est compliqué.
Il y a encore deux ans, au moment de la sortie de l’album #2, vous cherchiez du boulot pour les uns ou terminiez des études pour les autres. Vous en êtes où aujourd’hui ?
Adrien. On a la chance de vivre de notre musique depuis 2 ans maintenant. Ça change pas mal de choses, notamment le fait de ne plus avoir à refuser de dates par souci de disponibilité de chacun. De pouvoir répéter et écrire des morceaux plus souvent. C’est très confortable d’un point du vue créatif.
Vous venez de sortir un troisième album, Vortex. Comment le situeriez-vous par rapport aux deux premiers ?
Adrien. C’est dans la continuité de ma précédente réponse. Pour la première fois on a pris un peu plus notre temps pour composer et enregistrer, c’est pourquoi il est un peu plus « abouti » que les précédents. Par rapport aux deux premiers où presque tout était plaqué en une semaine, là on est allé au bout de nos idées d’arrangements et on a pris le temps d’enregistrer et de mixer ça comme on l’entendait avec Dane notre ingé son. Il est aussi plus « psyché » que les précédents car il y a l’arrivée des claviers (Bastien) dans le groupe (avec qui on essaye de faire un maximum de dates sur la tournée). Ce qui enrichit énormément cet album.
Back to School et Bursting at the Seams ont des allures de tubes rock qui tournent dans la tête longtemps après leur écoute. Comment naît un morceau des Kaviar ?
Adrien. Ce sont deux morceaux écrits par Vincent (guitariste lead). Il n’y a pas de formule magique ni systématique mais pour ces deux-là Vincent avait maquetté une démo chez lui qu’il nous a présentée ensuite, et la sauce a pris direct. Ses démos étaient déjà bien abouties avec presque toutes les idées et la structure. Majoritairement, on fait des démos chez nous qui évoluent (plus ou moins) au moment de la présentation au groupe, mais ça nous arrive également de faire tourner des riffs en répète et de partir de cette base pour un morceau.
On devine vos influences étrangères, notamment Ty Segall, Thee Oh Sees, Black Lips, dont on parlait tout à l’heure, mais du côté des Français, vous pourriez être les enfants de qui ?
Adrien. Johnny. Paix à son âme.
Quel est l’album qui tourne en boucle sur votre platine actuellement ?
Adrien. En ce moment j’écoute « Sun restructured », un remix ultra psyché du premier album des Temples par Beyond the Wizard’s Sleeve. Ayant bien rincé l’original, je le trouve vraiment cool.
Si je vous laisse le choix entre une bonne bière et un concert sur la scène des Vieilles Charrues, vous choisissez ?
Adrien. Les deux ne sont pas incompatibles.
C’est vrai. Et votre plus beau souvenir ?
Adrien. Le Stereolux en 2015 pendant la tournée des Trans.
Votre rêve le plus fou ?
Adrien. Arriver sur scène en wingsuit au Stereolux le 18 avril prochain lors de cette soirée de dingue qui réunira Volage, Th Da Freak et Kaviar Special. Un soirée focus sur Howlin banana Records, « le label qu’il est super ».
Kaviar Special c’est pour la vie ?
Adrien. Quelqu’un s’oppose à cette union ?
Merci Adrien, merci Kaviar Special – Propos recueillis par Eric Guillaud le 20 mars 2018
Plus d’infos sur le groupe ici. Pour le voir sur scène c’est simple, Kaviar Special sera en concert à Caen le 22 mars, à Castres le 31 mars, à Biarritz le 10 avril, à Pau le 12 avril, à Toulouse le 13 avril, à Beauvais le 14 avril, à Nantes le 18 avril, à Chalon-sur-Saône le 28 avril…