Voici une interview qui fut abandonnée sur un site indépendant.
Je vous la diffuse ici, pour qu’elle soit lu malgré tout car elle était cool.
Journaliste : Bonjour Peter !
P : Bonjour !
J : – Présentation : Vous êtes Patfawl, dessinateur et auteur du best-seller «Le manuel illustré comment garder un enfant autiste quelques heures pour aider ses parents» aux éditions La boite à Pandore. Avant ce succès (Plus de 10 000 lecteurs l’ont lu et un engouement critique très positif du public et des acteurs du milieu de l’autisme et politique ) tu as fais un stage à Charlie Hebdo, tu es diplômé de l’école Jean Trubert. Tu as fais 7 livres avant celui là et tu as publié dans de nombreux médias… Et tu sors en Octobre la version pour enfant de ton best-seller pour expliquer à ta manière ce qu’est l’autisme au public jeunesse. Tu vois ton métier de dessinateur comment ?
P :- Je suis ravis par ce début de succès. Je reste toujours prudent car je suis un dessinateur réaliste et que j’ai travaillé dur pour en arriver là et je ne dors pas sur mes lauriers. Le succès peut passer et repartir. C’est le jeu du livre.
Je vois mon métier comme un soutien et une aide au lecteur. Je crée des livres pour faire sourire voir rire, parfois sans but précis et parfois pour expliquer quelque chose de précis. Je m’attaque aux tabous car pour moi il ne devrait pas y en avoir. J’adore par exemple l’humour noir, sarcastique et absurde. J’aime aussi l’humour pédagogique. Je pense qu’on a tous une grande responsabilité lorsqu’on sort un livre. On doit des comptes à ceux qui nous lisent. On est libre mais on ne doit pas manquer notre cible : faire rire et réfléchir. Il y a des choses à respecter selon moi. Mais bien dosé ! Je m’accorde une liberté de penser et de dessiner mais je ne veux pas franchir certaines lignes comme celle du racisme ou de la haine. Ca serait facile et inutile. Notre métier est très légiféré. On ne fait pas n’importe quoi. Un livre peut être lu par n’importe qui et dans le monde entier. Si déjà, je lis des anecdotes de lecteurs qui me disent que leur ex a changé d’opinion sur l’autisme grâce à mon manuel, alors j’aurais gagné une partie du combat. Un livre est un magnifique outil pour sensibiliser et casser des tabous. Mon ennemi premier ? La peur.
J : – Tu parles de responsabilité. Tu en penses quoi des dessinateurs comme Marsault par exemple ? On dit qu’il n’est pas fréquentable. Qu’il est comme Dieudo et Soral… Tu es d’accord avec ça ? Tu en penses quoi de ses livres ?
P :- Je ne suis pas d’accord avec la censure. Je déteste cela. Je ne suis pas forcément d’accord avec ces humoristes, avec leur fond de pensée. Mais je ferais toujours tout pour qu’ils puissent s’exprimer. La censure les alimente finalement.
Jamais je n’empêcherai quelqu’un d’apprécier un humoriste extrême de ce genre là ! Marsault c’est la même chose. Il a choisis un camp et une manière de s’exprimer. C’est sa liberté à lui. C’est son ton à lui. Je n’ai pas à dire si c’est bien ou non, c’est personnel. Après je ne suis pas d’accord avec cette haine humoristique mais c’est sa façon bien à lui de dénoncer la connerie. On a chacun nos propres idées. Et je les respecte. Je n’aime pas du tout les cabales que l’on fait lorsqu’un type dit des choses en dehors du cadre. Pour éviter cela, il faudrait peut être que l’état fasse son travail et prenne sa responsabilité.
Si il y a des complotistes, des personnes malheureuses qui imaginent tout et n’importe quoi, qu’ils sont septiques à propos de tout ce qui est officiel; c’est peut être qu’on a voulu cacher des choses… Que les gouvernements successifs n’ont pas fait leur boulot comme il fallait et c’est dans ce cas à eux de donner des comptes au peuple. Interdire ne fera que de faire durcir les tensions. La transparence devrait être de mise et les responsabilités aussi. Quand je vois des personnes douter de nos politiques, je les comprends totalement. Moi même, je ne leurs fait pas totalement confiance… Alors je préfère faire avancer les progrès en expliquant et en débattant comme je le fais dans mes livres et sur les réseaux sociaux.
J : -Tu acceptes les critiques sur ton manuel même négatives ? Comme tu les vis quand quelqu’un du milieu de l’autisme te critique ?
P : – Je le vis bien. Ce que je mets dans le manuel est basé sur la science et la version officielle de l’autisme. Les bons comportements à respecter lorsqu’on côtoie une personne autiste. Mais j’accepte que les psychanalystes (Que j’ai critiqué violemment dans le livre «le Psychanalyste parfait est un connard» édité chez Devarly Edition avec Maud Lacroix) me défoncent ainsi que les naturopathes qui pensent guérir l’autisme. J’ai défendu la thèse officielle et les bonnes choses à faire mais je comprends que mes détracteurs me critiquent. Car je dénonce aussi les clichés et les fausses idées qu’on peut avoir sur ce thème. On dit tellement de conneries sans avoir de contre pouvoir que ce manuel finalement est une mise au point humoristique contre les manières de faire dites «indépendantes» en matière d’autisme. Et je pense être sur la bonne voie, même mon ex-amie Olivia Cattan dénonce avec son association les «traitements non officiels et dangereux» autour de l’autisme dans une campagne de vidéos et de médias en ce moment.
C’est dire ! Après chacun est libre de penser ce qu’il veut ! Moi c’est ma réalité et celle de beaucoup de parents, associations et institutions.
Je respecte mes ennemis car ils me font aussi réfléchir et c’est eux que je dessine aussi. Il est donc normal de recevoir des coups lorsqu’on en donne. Mon métier est aussi celui du débat d’idées.
J : Pour finir, quelle est ton école graphique ? Tes influences ?
P : Je suis un dessinateur satirique. Même si je fais des manuels illustrés pour le grand public, je suis influencé par l’école «Charlie», «le canard enchainé», «Cabu», «Wolinski», «Reiser», «Claude Serre», «Lapuss’», «Fabcaro», «Lindingre»… J’aime aussi l’école franco-Belge et «Bamboo» comme «Franquin», «Cauvin», «Zep», «Erroc», «Cazenove» etc…
J’aime aussi Fluide Glaciale… Je suis vraiment dans ces mouvances là.
J : Merci pour cette interview et surtout on espère que ton manuel illustré pour enfant va bien fonctionner …
P : Je l’espère aussi ! Il est déjà en pré-commande en librairie. Car il est important pour l’inclusion des enfants autistes dans les écoles qu’ils soient compris des autres camarades… Ce manuel est un anti-harcèlement … Il permettra d’en parler et d’être informé à partir de 5 ans.
Fin