22 Mai

Ce qu’on sait sur l’affaire de l’amendement contre l’inclusion

Suite à mon article précédent sur le danger de cet amendement voté au sénat, je vous donne les dernières informations pour la suite. Restons mobilisés ! Cet amendement « Inclusionticide » (Inventons des mots, c’est à la mode !) a été validé par le Sénat. Mais nous savons que dans le cadre d’une réforme gigantesque sur « L’école de la confiance » avec notamment avec les PIAL et autres nouveautés voulu par Jean Michel Blanquer, le pire reste cet amendement voté et proposé par l’opposition républicaine et Modem, probablement rédigé derrière par un syndicat de professeurs « inclusiontophobe ».

(Image tirée de ce lien : https://www.handicapsscolarite.com/article-5-quinquies)

Si cet amendement passait, cela voudrait dire que ca serait l’école qui choisirait si oui ou non ils garderaient les enfants autistes, ce qui signifie que l’inclusion obligatoire serait détournée.

Suite à la mobilisation des parents, des associations et de cet article, nous avons eu des réponses des députés qui allaient bien évidement surveiller cela avec leurs collègues et tenter de le supprimer.

Le lobbying a encore un bel avenir devant lui…

Nous attendons donc que cet amendement soit supprimé par les députés et qu’il ne soit plus proposé nulle part.

L’inclusion est pour tout le monde. Chaque enfant a le droit à une scolarisation sereine. Restons donc vigilants et mobilisés !

Voici la pétition : https://www.change.org/p/d%C3%A9put%C3%A9s-et-s%C3%A9nateurs-pour-une-loi-%C3%A9cole-de-la-confiance-ne-discriminant-pas-les-%C3%A9l%C3%A8ves-handicap%C3%A9s?recruiter=51019501&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition&utm_term=Search%3ESAP%3EEU-FR%3EBrand%3EProper%3EExact&fbclid=IwAR2k7pUleTdPrtpCbcqPRsi4za1WPEB-xHGfw7BOPhzWdoDQBtyqZFBgdhg

Une lettre ouverte de TouPi : https://toupi.fr/ecole-de-la-confiance-lettre-ouverte-aux-parlementaires/?fbclid=IwAR3fP8Y-EvqzuOEEvq6WhhTYgxQFgxYys3hiykrehD7zrtZw-ZV4YQoJNv8

Merci de m’avoir lu. Peter Patfawl

Voir mon ancien article : https://blog.francetvinfo.fr/lesbaobabs/2019/05/18/les-senateurs-de-droite-veulent-t-ils-freiner-linclusion-des-enfants-handicapes.html

 

18 Mai

Les sénateurs de droite veulent t-ils freiner l’inclusion des enfants handicapés ?

Comme la plupart des parents savent, la loi 2012 et 2005 sont des lois qui obligent l’accessibilité et les inclusions des enfants autistes et handicapés à l’école.

L’inclusion est depuis quelques mois insufflée par le gouvernement actuel et sa secrétaire d’état Sophie Cluzel. Chaque professeur est obligé de recevoir les enfants handicapés dans leur classe, c’est inscrit sur la loi. Hors certains professeurs hurlent à la mort pour ne pas s’occuper de ces enfants et il y a quelques révolutions dans certains endroits.

Mais dans la plupart des écoles, l’inclusion fonctionne bien quand elle est respectée mais nous avons encore du travail, beaucoup de travail, 80 % des enfants autistes n’étaient pas scolarisés il y a deux ans, pour rappel ! Avec quelques bonnes volontés et de formations, selon leurs besoins, cette inclusion se passe relativement bien.

Seulement, dans le cadre de la loi Blanquer discutée au Sénat en ce moment, un étrange amendement s’est faufilé dans la loi, porté par un ensemble de sénateurs républicains ou centristes, notamment Mme Darcos (la compagne de Xavier Darcos, ancien ministre de l’éducation)  demande à l’inclusion d’être plus souple… Comment ? En donnant le pouvoir à l’école, de savoir ce qui est bien ou non pour l’élève handicapé.

Je cite : «Après l’alinéa 2

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

Le premier alinéa de l’article L.112-1 est complété par une phrase ainsi rédigée :

« La scolarisation en milieu ordinaire est un droit dans la mesure où elle favorise les apprentissages et permet de conforter l’enfant, l’adolescent ou l’adulte handicapé dans ses acquis pédagogiques. »

Objet

Cet amendement vise à rappeler que l’inclusion scolaire n’a de sens que si elle permet à la personne en situation de handicap de progresser dans ses apprentissages et de conforter ses acquis pédagogiques.»

 

Ce qui signifie que si votre enfant handicapé ne fait pas totalement comme les autres, il n’a rien à faire là et l’école peut le virer comme bon lui semble.

C’est donc cela l’inclusion et le rattrapage de nos 60 ans de retard en matière d’handicap et d’autisme ? C’est donc cela l’école de la confiance ? Vouloir entuber encore une fois les parents qui galèrent assez pour faire respecter les droits de leur enfant handicapé ? Un scandale oui !!! 

                                                              

Je demande alors aux députés de relire cet amendement géré par la commission culture au Sénat, de ne pas voter cette loi avec ce petit détail car ce serait la fin de l’inclusion et de ces quelques mois d’avancées en matière d’inclusion. Un tel amendement est dangereux pour mettre en place la loi dans les écoles et est un véritablement frein et recul même ! J’appelle tous les députés afin de retirer cela immédiatement !

Et faites attention à ce que vous votez ! 700 000 familles galèrent au quotidien, merci de penser à eux, pour une fois ! 

Merci !

Lien de la commission et de l’amendement : https://www.senat.fr/encommission/2018-2019/323/Amdt_COM-32.html?fbclid=IwAR1521Siz0b6hqkLm73v2pm5PDAtYfvmpccg1ImWjJgcbEDH-XiBNCCqpXI

13 Mai

«Il faudrait peut-être réduire le temps scolaire» …

Il était une fois, un enfant différent, autiste et épileptique qui est scolarisé la moitié du temps en collège. Depuis plus d’un an et cela se passait très bien. Cet enfant progressait et gérait très bien un emploi du temps adapté. Il était donc plutôt bien intégré. Malgré des moqueries de certains camarades toujours dans l’ignorance, un collège qui n’a toujours pas fait de sensibilisation à l’autisme et une fin d’année fatigante (comme pour beaucoup d’enfants handicapés ou non d’ailleurs ), ce petit bonhomme fatigue depuis une semaine et présente quelques troubles du comportement lié à la fatigue de son traitement, un pied mobilisé avec des douleurs et de certains élèves qui l’embêtent dans la cour, il a finit par dire un gros mot à son AVS, lui qui était si mignon depuis le début, faisait tout ce qu’il pouvait dans son travail. 

Saperlipopette ! Diantre ! Fichtre ! Mais c’est une abomination ! Cet enfant si mignon vient de franchir la ligne et donc il faudrait qu’on lui réduise son temps scolaire !!! Il n’y arrive plus !

Et oui…

Parce que tous les enfants se bagarrent, se foutent sur la gueule, disent «Vas te faire niquer ta mère» sans cesse et eux, on ne leur réduit pas le temps scolaire car sinon il n’y aurait plus personne !

Voilà ce qu’on dit lorsqu’un enfant autiste commence à fatiguer en fin d’année… Car cette petite histoire est l’histoire de milliers d’élèves handicapés. Ils n’ont absolument pas le droit à l’erreur sinon on réduit. Evidemment, ils ont une notification pour leur handicap, donc c’est facile de changer !

C’est donc cela l’inclusion ?

Plutôt que de tenter de trouver des solutions avec un partenariat « professionnels et les parents », on préfère réduire le temps scolaire qui est déjà réduit ?

Comme je l’explique dans mon manuel illustré, il existe l’éducation structurée… Lorsqu’un enfant autiste perd pied ou fatigue, il y a des outils qui marchent toujours très bien. L’emploi du temps et la frise du temps, les pictogrammes et les scénarios sociaux. Nos enfants lorsqu’ils sont un peu perdu ou on du mal à gérer certaines choses, cela développe un taux d’angoisse que même vous, vous n’avez pas. Donc première chose à faire : le structurer pour qu’il se recentre et se sente mieux. Si vous êtes professeur, je vous conseille de regarder cela et de ne pas vous stresser. Votre attitude sera déterminante avec nos enfants.   

Lui réduire son temps scolaire est une aberration, une facilité histoire de ne pas s’emmerder avec leurs soucis. Si vous ne voulez pas apprendre l’école à tous les enfants avec ou sans handicap, changez de métier !

                                                                                   

 

Apprendre qu’aux élèves sans difficultés n’est pas l’essence même de votre métier. Il faut donc s’adapter aux élèves que vous avez en face. C’est aussi cela la société inclusive. Il existe des livres, des manuels, des formations, n’hésitez pas à les faire et les étudier.

En recadrant l’élève avec les bons outils, je vous assure que la situation changera de manière positive alors que réduire le temps scolaire déjà adapté est juste humiliant et contre-productif pour l’enfant comme pour l’école.   

En espérant que ces comportements de professeurs disparaitront avec le temps. Oui, l’inclusion demande du travail mais c’est aussi cela l’école pour tous. Un handicap ne doit pas être un handicap pour apprendre.

Charlemagne et Jules ferry n’auraient pas acceptés ce que vous faites subir aux enfants différents avec de tels comportements.

                                                                

Donnez leur une chance de réussir ! Laissez leur le droit de se tromper comme les autres enfants. Il n’y a pas d’enfant modèle, il n’y a que des enfants différents, avec leur haut et leur bas. Respecter leurs faiblesses c’est aussi les considérer comme les autres. La société inclusive est entrain de se construire, c’est ensemble qu’il faut la construire. Merci de m’avoir lu.   

04 Mai

« Je ne suis pas sûr que ça suffise… »

Ca fait des semaines que je prépare le dossier de Bouchon pour la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Et ça fait des semaines que j’ai de la peine.

Ce dossier va conditionner la prise en charge à venir de mon petit autiste. Il a 4 ans, va à l’école tous les matins avec Morgane, son assistante de vie scolaire. Mais il faut que d’autres spécialistes s’occupent de lui pour le faire progresser. Et il faut demander leur intervention à la MDPH. Ce sont ses agents qui vont décider, sur la foi des comptes-rendus des praticiens que voient mon Bouchon chaque semaine, si oui ou non mes demandes sont justifiées. Ce sont eux qui vont décider de l’avenir quasi immédiat de mon fils. Je dois monter un projet pour qu’il ait accès à de nouvelles prises en charge. Remplir des dizaines de feuillets. Expliquer ce que je veux pour lui. Justifier. Sur celui intitulé « projet de vie », j’ai failli juste écrire « être heureux ». Quand j’ai dit ça en souriant à Mr, il m’a répondu sans vraiment sourire « je ne suis pas sûr que ça suffise… ». J’avais bien compris. Mais je m’étais dit que je pouvais quand même essayer…

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Alors j’ai rempli toutes leurs satanées feuilles. En détaillant tout ce dont mon Bouchon a besoin pour aller de l’avant. Et chacun des praticiens qui s’occupent de lui m’a donné ses conclusions sur mon petit autiste. A chaque fois, il a fallu en discuter avec eux. Et tout ça, ça m’a plombée.

Ca a commencé avec l’école. On en a fait ce qu’on appelle une « Equipe éducative ». Autour de la table, l’institutrice de mon Bouchon, la directrice de l’école, l’enseignant référent pour les enfants handicapés du Diocèse (puisqu’il va dans le privé), l’AVS, l’assistante sociale du Centre médico-psychologique qui le suit depuis 3 ans et moi. On a mis dans des cases les progrès de mon petit autiste mais surtout ses retards. Ca a duré une heure et demie. Et j’ai fini ratatinée sur ma chaise : j’avais l’impression qu’on avait gratté une plaie sans discontinuer. Une plaie qui commençait à être à vif. J’ai pris en pleine figure tous les points négatifs que ces professionnels de l’éducation avaient pointés. Un par un. Au final, on a décidé de faire une demande pour augmenter le temps de présence de Bouchon à l’école mais avec son AVS. En partant, la maîtresse a cru bon de me préciser « vous comprenez ? Il est capable d’être scolarisé mais pas sans un adulte à ses côtés ». Oui oui. J’avais bien compris.

Après, il a fallu courir après les certificats de son orthophoniste, de son psychologue comportementaliste, de sa pédo-psy et de sa psychomotricienne. Deux mois plus tard, le dossier est complet. Et moi, je suis à genou, une immense plaie saignante au cœur. C’est que voyez-vous, j’ai fait la bêtise de lire tous les comptes-rendus. Et en fait, je n’aurais pas dû. Chacun mettait en avant ce que Bouchon n’a pas encore acquis et qui devrait pourtant l’être à son âge. Quand moi, je le regarde avec fierté en énumérant tous les progrès qu’il a déjà fait. Je sais bien que c’est comme ça je dois regarder la situation. Mais quand je pense à l’avenir, je n’y arrive pas toujours. Je mesure la longueur du chemin qu’il nous reste à parcourir. Ses écueils. Ses ornières. Et j’ai l’impression de ne pas en voir le bout.

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Je ne sais même pas s’il y a une lumière à la fin de ce tunnel. Parfois, j’ai la sensation de faire du sur place, dans le noir. Mon seul réconfort est de sentir la main de mon Bouchon dans la mienne. Et d’entendre son rire. Ce rire d’une pureté si profonde qu’il me fait sortir la tête hors de l’eau. Alors je fais ce que jamais de ma vie je ne fais. Je regarde en arrière. Et je mesure ce que nous avons déjà parcouru. Et je liste chacune de ses avancées. Toutes ces petites choses, je les enfile une à une comme des perles et je m’en fais un collier imaginaire. Quand j’ai un coup de mou, je les égraine comme un rosaire.

Bouchon dit Au revoir de la main en regardant son interlocuteur droit dans les yeux avec un sourire. Il ne mord quasiment plus (si !! Le chien !! Mais vu son tour de taille, je ne suis pas sûre qu’il sente quoique ce soit). Il ne se sauve plus du rang à l’école. Il a intégré les consignes de la classe. Il enlève son manteau seul et de sa propre initiative lorsque nous arrivons quelque part. Il colle son front contre le mien en gémissant quand il voit qu’il m’a fait mal. Il me caresse les cheveux, prend son frère par le cou pour lui faire un câlin et pose sa bouche sur la joue de sa soeur pour faire un baiser. Il ne se balance plus. Ne fait presque plus tourner les objets. Il a encore un petit faible pour les portes (chacun le sien. Moi, c’est les chaussures) mais frappe moins. Et ce regard bleu foncé qu’il plante désormais avec assurance (et un peu trop avec effronterie à mon goût) dans le vôtre. Parfois, c’est dur pour lui. Il craque. Mais j’arrive de mieux en mieux à le calmer. Et pour moi, la plus grosse, énorme victoire de ces dernières semaines, c’est qu’enfin, mon autiste à moi accepte que je le touche quand je suis avec lui dans son lit quand il est trop énervé pour s’endormir sereinement. Il se blottit même sur ma poitrine pendant de longues minutes et me laisse lui caresser les cheveux.

Tous les comptes-rendus du monde pourront toujours me plomber le moral. Le chemin qui reste à parcourir pourra toujours être aussi long qu’un jour sans pain. Je sais désormais où je peux trouver le repos de la guerrière : dans un petit lit, sous une couette bleue marine flanquée d’un petit garçon déguisé en super-héros, la tête posée sur un ours en peluche XXL, une cascade de boucles châtain sur le sein, bercée par un petit autiste de 4 ans qui annone un chant, probablement La Follia de Vivaldi qu’il aime tant.