Un petit Youpi en pleine nuit

La nounou adore ma fille, d'ailleurs elle lui a offert un cadeau à Noël (je sais, comme toutes les nounous, et les crèches aussi il paraît, je ne demande qu'à vérifier). Evidemment, c'est un jeu en plastique qui fait beaucoup de bruit. Vous priez donc pour qu'il s'agisse du modèle d'exposition et que les piles soient déjà un peu usées afin de pouvoir bientôt dire à votre enfant, l'air désolée, que, ben ça y est, c'est cassé. Et évidemment, il s'avère que c'est justement les piles surpuissantes égarées d'une pub Duracel puisque l'appareil fonctionne toujours aussi bien en février. Et aussi fort.

Comme beaucoup de jeux musicaux, de temps en temps, quand il n'est pas éteint, il se met à faire une petite ritournelle tout seul. Genre, "m'oublie pas, ohé, viens jouer avec moi." En l'occurence, il crie "Youpi!" avec le ton d'un koriggan bloqué depuis plusieurs heures au fond d'un verre de Guiness.

C'est pour ça que je me suis retrouvée en pleine nuit à fouiller la chambre des enfants à la lumière de l'écran de mon portable pour mettre la main sur ce merveilleux jouet. Un Youpi! m'avait réveillée. J'étais comme un setter anglais en position d'arrêt - comprendre: comme une conne - à attendre que le korrigan récidive pour m'emparer de l'objet qui allait troubler le sommeil de mes enfants. Trace d'oreiller sur la joue, filet de bave, chevelure hirsute. Il y a fort à parier que s'ils s'étaient réveillés, le vrai traumatisme aurait été de voir la tête de leur mère hagarde.

Mais ils ont dormi comme des loirs. Moi, j'ai mis plus d'une heure à trouver la chose. Et une autre à me rendormir. Youpi!

PS : Je sais, ce chien est un épagneul, mais il me ressemble un peu.

Enfants pourris, parents gâteux

Si ça continue à ce rythme, mes enfants pourraient mourir d’ici quelques années dans une avalanche due à l’effondrement d’un tas de jouets dans leur chambre. Noël n’est pas qu’une débauche de gras et de sucré: trop de Corolle et de Playmobil peuvent aussi occasionner une forme d’indigestion.

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Cette année, j’ai été ferme. Un jouet suffirait. Puis, sous le sapin, on constate que, de toute façon, 1+1+1 jouet de chacun fait tout de même une camelote considérable. Et quand on observe la petite faire des bonds à côté de sa corde à sauter à 2 euros (elle n’a pas encore compris qu’il faut passer par dessus) sans déballer sa dinette et son garage, on se sent un peu désabusé. On repense douloureusement à cet ensemble soutif-culotte (paire de pompes, téléphone portable, foie gras entier+bouteille de sauterne, rayez la mention inutile) qu’il nous fallait ab-so-lu-ment, et qui coûtait approximativement la même chose que les cadeaux des enfants. Et si on passait de 1 à 0 cadeau côté parents l’année prochaine? D’autant que, quinze jours plus tard, un tiers de leur bonheur du 25 décembre a déjà rejoint les tas de jouets aux différents coins de leur chambre. Elément déterminant du drame mortel qui se jouera dans quelques années.

Puis on se rend chez une petite cousine ou des copains, et on découvre que leur seul enfant possède plus de jouets que vos deux réunis. Les étoiles s’allument dans les yeux des mouflets et ils sont tellement tristes en partant qu’ils seraient castés direct dans le rôle de Cosette ou du Petit Poucet. Rhâaa, ce qu’on est pingre. Il nous faut plus de jouets, PLUS DE JOUETS! Pris remords, on profite de la pause-déj du boulot pour arpenter les magasins pour enfants. Et tout le monde sait ce sont les remords qui coûtent le plus cher... Seule la position salvatrice d’un chocolatier entre le DPAM et la Grande Récré peut alors venir à bout de cette poussée de fièvre soudaine.

Puis, je vois ce diaporama. Et je me dis que mes enfants ont de la chance de m’avoir pour mauvaise mère.

Pourquoi les mères chinoises sont supérieures, et tant pis pour elles

Vous connaissiez Super Nanny? Vous n'entendrez bientôt plus parler que d'Amy Chua. Cette Sino-Américaine déchaîne les passions aux Etats-Unis depuis qu'elle a écrit samedi 8 janvier une tribune dans le Wall Street Journal expliquant "pourquoi les mères chinoises étaient supérieures" (quelque 3650 commentaires au moment où j'écris). Son credo éducatif: que des A (20/20) à l'école, jamais de télé ni d'ordinateur, le choix entre le violon et le piano et interdit d'aller dormir chez les copains. Et surtout, pas de complaisance envers un enfant aux talents "différents" ("mêmes les losers sont différents à leur façon"), pas d'atermoiement sur leur épanouissement personnel, ce truc d'occidental.

Donc pour que mon fils soit normalien ou avocat, que ma fille finisse médecin ou PDG, il suffit donc que je sois dure? Intraitable? Ça devrait être à la portée d'une mauvaise mère, non, de ne pas céder aux caprices de ses enfants?

A y regarder de plus près, ça se complique. Dès le premier A-, la mère chinoise va hurler, pleurer, insulter son enfant, lui faire faire des heures d'exercices afin de le pousser à donner le meilleur de lui-même. C'est à ce prix que les enfants deviennent persévérants et c'est en devenant bons dans ce qu'ils entreprennent qu'ils y prendront du plaisir, estime Amy Chua, par ailleurs professeure à Yale et auteure de plusieurs dont le dernier livre est un "hymne à la mère tigresse".

Ouais. Ce que je vois surtout, c'est que ça a l'air de prendre beaucoup de temps d'être une mère à la chinoise. Ecouter cent fois des gammes au piano, voire une fugue quelconque, alors que j'ai à peine le temps de me faire une séquence nostalgie sur des morceaux honteux de George Michael ou Jean-Jacques Goldman (play-back et chorégraphie garantis), ça m'emmerde. De toute façon, je ne vois même pas pourquoi j'y pense puisqu'il est exclu qu'un instrument bouffe le moindre mètre carré de notre trois-pièces où on s'entasse à quatre.

Et j'attends avec une telle impatience le soir où mon gamin dormira chez un copain sans que j'ai à me battre pour qu'il prenne le bain ou avale sa purée de légumes, que je me vois mal me refuser le plaisir d'être enfin tranquille.

Bref, mère chinoise, ça a l'air d'être surtout un job à plein temps. Je crois que je passe mon tour.