Pourquoi les mères chinoises sont supérieures, et tant pis pour elles

Vous connaissiez Super Nanny? Vous n'entendrez bientôt plus parler que d'Amy Chua. Cette Sino-Américaine déchaîne les passions aux Etats-Unis depuis qu'elle a écrit samedi 8 janvier une tribune dans le Wall Street Journal expliquant "pourquoi les mères chinoises étaient supérieures" (quelque 3650 commentaires au moment où j'écris). Son credo éducatif: que des A (20/20) à l'école, jamais de télé ni d'ordinateur, le choix entre le violon et le piano et interdit d'aller dormir chez les copains. Et surtout, pas de complaisance envers un enfant aux talents "différents" ("mêmes les losers sont différents à leur façon"), pas d'atermoiement sur leur épanouissement personnel, ce truc d'occidental.

Donc pour que mon fils soit normalien ou avocat, que ma fille finisse médecin ou PDG, il suffit donc que je sois dure? Intraitable? Ça devrait être à la portée d'une mauvaise mère, non, de ne pas céder aux caprices de ses enfants?

A y regarder de plus près, ça se complique. Dès le premier A-, la mère chinoise va hurler, pleurer, insulter son enfant, lui faire faire des heures d'exercices afin de le pousser à donner le meilleur de lui-même. C'est à ce prix que les enfants deviennent persévérants et c'est en devenant bons dans ce qu'ils entreprennent qu'ils y prendront du plaisir, estime Amy Chua, par ailleurs professeure à Yale et auteure de plusieurs dont le dernier livre est un "hymne à la mère tigresse".

Ouais. Ce que je vois surtout, c'est que ça a l'air de prendre beaucoup de temps d'être une mère à la chinoise. Ecouter cent fois des gammes au piano, voire une fugue quelconque, alors que j'ai à peine le temps de me faire une séquence nostalgie sur des morceaux honteux de George Michael ou Jean-Jacques Goldman (play-back et chorégraphie garantis), ça m'emmerde. De toute façon, je ne vois même pas pourquoi j'y pense puisqu'il est exclu qu'un instrument bouffe le moindre mètre carré de notre trois-pièces où on s'entasse à quatre.

Et j'attends avec une telle impatience le soir où mon gamin dormira chez un copain sans que j'ai à me battre pour qu'il prenne le bain ou avale sa purée de légumes, que je me vois mal me refuser le plaisir d'être enfin tranquille.

Bref, mère chinoise, ça a l'air d'être surtout un job à plein temps. Je crois que je passe mon tour.