© Emma Defaud

Mon fils est un petit chose, est-ce de ma faute ?

Mon fils est un petit chose. Beau regard noir, sourire ravageur, très affectueux, mais terriblement timide. Pas très à l'aise, même avec des enfants de son âge. Surtout avec les enfants de son âge. Il se laisse mener en bourrique par les chipies, est lâché par ses petits copains testostéronés (de 6 ans) et il suffit que je souligne qu'il ne s'est pas appliqué sur un exercice pour que sa vie lui semble foutue. Une autre fois, il m'a répété pendant deux jours, la mort dans l'âme : "Je suis nul, je suis nul, je suis nul." Mon cœur s'est brisé dans un grand bruit de cristal. Je cherche encore quelques morceaux. Avec lui, tout est très drôle, très fort, très grave, très triste.

J'ai peur pour mon fils. J'ai peur de ce que la vie peut lui faire. Je voudrais lui offrir des solutions, lui expliquer comment réagir avec les terreurs de sa classe, les pimbêches et les mademoiselles-je-sais-tout. Ou le serrer très fort contre moi. Pourtant je sais que je ne peux rien d'autre qu'être présente et, surtout, le laisser se débrouiller, se tromper, se relever et apprendre.

Trop de stress, trop de contrariétés

Parfois mon angoisse devient trop grande et que je regarde sa sœur, si différente, si pleine d'assurance. Je commence alors à me demander si ce n'est pas de ma faute. Peut-être ai-je été trop contrariée pendant la grossesse ? Après tout, certains disent que ça joue sur le caractère de l'enfant. Et puis, j'étais tellement perdue les premiers temps après la naissance, ça l'a peut-être marqué. On a tant angoissé à chaque première expérience et ce voyage à la Réunion, si jeune, en pleine crise du chikungunya, ça nous a rendus parano, surprotecteurs, flippés... Mon cerveau s'emballe et je passe au scanner la première année de sa vie pour retrouver la trace des événements qui ont pu le marquer.

Il me faut un moment pour retrouver la maîtrise de ma pensée et concevoir que c'est aussi le caractère de mon fils. Non, ce n'est pas à cause des brocolis que j'ai mangés pendant la grossesse. Oui, on est stressé pour son premier enfant. Oui, on lui a certainement transmis une part de notre stress et de nos incertitudes. Mais un autre enfant aurait réagi autrement. Des parents plus zen ont donné naissance à des enfants qui ont d'autres fragilités ou d'autres défauts.

Mère poule

Bref, c'est bientôt la rentrée et mon fils est "vraiment tressé", "ça fait tout bizarre dans la tête, quoi". Quand il s’entraîne à l'écriture, il me reproche de ne pas l'avoir fait bosser tout l'été, puis il s'enfuit dès que je tourne la tête, puis éclate en larmes. Je l'imagine dans quelques jours devant l'école, les yeux grossis par les verres de ses lunettes, la boule au ventre et les mains cramponnées au cartable. J'ai envie de ne plus le lâcher et de maraver la gueule au premier morveux qui se moque. Puis, j'essaie de me détendre. De me dire qu'il y arrivera tout seul et qu'il faut juste le laisser grandir. Il est comme il est, peu importe pourquoi.

Cadeau de Noël = un paquet de maladies

Rhino-pharyngite-laryngite-gastro-entérite-bronchite. J'imagine le nombre de parents qui vont résumer leurs congés en égrainant la litanie de maladies que leurs enfants ont traversées pendant les vacances. Vous savez Noël, ce moment qu'on attend un mois à l'avance en déprimant quand l'ensoleillement se résume au quart d'heure où vous étiez aux toilettes. Cette occasion de partager des moments en famille. Si c'est vraiment l'objectif, quel est le con qui a créé des festivités pile au moment du pic épidémique de la plupart des virus ? Au premier jour des vacances chez mon père, ma fille a gerbé dans son lit à 2 heures du matin. "J'ai l'impression de revivre l'année dernière", a lâché mon frère qui a suffisamment à faire avec son nouveau bébé.

J'ai eu un flash-back. Oui, l'année dernière, c'était exactement la même chose. D'ailleurs, à bien y réfléchir, à la Toussaint aussi. Et les dernières vacances d'hiver étaient atroces. En fait, à part lors de notre voyage en Sicile, ma fille a toujours été malade pendant les vacances. Cette année, il y a une seule nuit où je n'ai pas été réveillée par la toux ou la fièvre d'un de mes rejetons. Mention spéciale pour le Nouvel An (qui est toujours exceptionnellement glauque), quand je suis rentrée de balade en urgence avec ma fille dont les lèvres étaient devenues violettes et qui affichait 40 de fièvre.

Le Nouvel An. Le moment des bonnes résolutions. J'ai donc décidé de ne pas décider de reprendre le sport, de maigrir ou d'arrêter de fumer, puisque ce sont les résolutions les plus communes et les moins souvent tenues. Non, cette année, j'ai décidé d'être belle. J'aime bien. C'est égoïste. Je veux me créer du temps pour moi. Ça me fait oublier ces nuits où, la mèche grasse collée sur le front, les yeux cernés, je mouche ma fille et la supplie de boire son Doliprane.

De leur côté, si mes enfants pouvaient prendre la résolution de faire la nique aux maladies...

Mauvaise mère mais bonne cliente

Absurde mais vrai. La semaine dernière, j'ai commandé plusieurs exemplaires de mon propre livre. En plus de nous avoir jamais averties que le bouquin sortait en poche, notre éditeur ne nous en a jamais livré. Je vous parle même pas d'être payées, hein, on n'est pas dans le monde des Bisounours !

Bref, me voila réapprovisionnée pour l'offrir aux jeunes et futures mamans qui fleurissent dans mon entourage.