Couper les cheveux en quatre

Juré, craché mon fils n'aurait pas une coupe au bol faite maison, ni une petite brosse avec houppette. La coiffeuse du coin et sa franche de travers m'avait également échaudée, cette fois on allait aller à Paris et faire ça correctement, chez un coiffeur spécialisée pour les enfants, dont une copine m'avait donné l'adresse. Mèches effilées, petite nuque soignée, mon fils allait faire de l'ombre à Justin Bieber du haut de ses 4 ans et demi.

Mon Gremlin n'a pas dû trouver sa coupe assez classe parce que, dès le lendemain, il a fait un gros trou dans sa frange avec les ciseaux de l'école.  Plus certainement, il ne connaît pas encore le sens de concepts tels que l'amour-propre, le ridicule ou encore juste l'esthétique.  Quand j'ai froncé les sourcils le soir, il m'a demandé, franchement étonné: "Comment tu l'as su, maman, que je m'étais coupé les cheveux?"

 

 

Mauvaises mères indignes

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Trois jeunes femmes, collègues depuis peu se retrouvent à la machine à café. Elles s'aiment bien, plaisantent, se trouvent des points communs. Puis apparaissent les premiers indices. La grosse trace de régurgitation sur l'épaule de la première, les ombres sous les yeux qu'aucun anti-cernes ne peut dissimuler chez la deuxième, les soupirs de la troisième qui a "la flemme de rentrer" chez elle... Elles découvrent que non seulement elles sont toutes les trois mamans, mais qu'en plus, elles font ça toutes les trois très mal. Rapidement, elles se rendent compte que la situation est beaucoup plus drôle que culpabilisante. C'est ainsi qu'est né en 2008 Mauvaises Mères, mon premier livre avec Nadia Daam et Johana Sabroux, dont mon précédent blog  www.mauvaisesmeres.fr a été la continuité.

Trente jeunes femmes, mères depuis peu (ou parfois depuis très longtemps) se retrouvent sur un blog. Elles ont un point commun: elles sont mamans, mais elles font ça très mal. Elles en parlent. C'est parfois drôle, parfois culpabilisant, il y a des jours où on s'écharpe, d'autres où on se tombe (virtuellement) dans les bras. C'est ce qui se passe depuis deux ans et demi sur www.mauvaisesmeres.fr.

Les lectrices ont été plusieurs à nous dire que les commentaires valaient autant le détour que les posts, alors, quand Michel Lafon nous a proposé de les regrouper dans un même bouquin, on n'a pas pu dire non. Beaucoup des témoignages se recoupaient, se ressemblaient, nous n'en avons donc pris qu'une petite partie, qui composent un tiers de ce livre, Mères indignes, qui sort demain. Nous avons aussi voulu garder l'humour pour fil rouge. MauvaisesMères.fr a été la machine à café de toutes ses mamans, j'espère que vous retrouverez dans Mères indignes, si ce n'est vos mots, en tout cas votre état d'esprit.

Emma

PS: comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, on a appris que Mauvaises Mères sortait en poche à la même date. Notre premier éditeur a totalement omis de nous tenir au courant, c'est l'une de nos lectrices qui nous a mis la puce à l'oreille. Vous avez désormais l'embarras du choix!

Plat de résistance

Je suis la mère d’un futur délinquant, et ce ne serait pas étonnant que ma fille finisse sur le trottoir. Et tout ça, ce sera la faute de mon éducation. Ou plus précisément, de mon absence d’éducation.

C’est du moins ce que pensent une partie des clients des restaurants dans lesquels on se rend régulièrement le week-end. Hochements de tête désapprobateurs, regards méprisants, rictus crispés... rien ne m’épargne quand je passe à côté de leur table en coursant ma fille qui s’entraîne au 100 mètres dans les allées. «JE VAIS GAGNER», hurle le grand pendant ce temps, qu’on ne maintient en place qu’au prix d’une partie de jeu de l’oie. Avouons-le, avec les otites, il a perdu de l’audition et parle vraiment plus fort que la moyenne.

Le resto du week-end, ce n’est pas tout à fait parce qu’on a la flemme de cuisiner et qu’on tient à faire ingurgiter de la junk-food à nos enfants. Mais quand on habite la région parisienne, difficile de faire une activité le matin et d’être rentrés pour le déj à moins que maman-parfaite reste à la maison pour mitonner un petit plat, pendant que papa-parfait arrive à contenir ses deux monstres chez les amis auxquels ils rendent visite et puisse se téléporter au retour pour éviter les embouteillages.

On le sait, le week-end, c’est du sport. Ça fait deux ans que mes baskets moisissent dans le placard, mais quand on regagne la maison sur le coup de deux heures, j’ai le tonus d’un athlète en fin de marathon. Non seulement on tente de faire quelque chose d’intéressant (voir des potes, une expo ou faire une activité de gamins) mais en plus on se prépare à lâcher des thunes pour bouffer en quatrième vitesse dans une chaîne de resto a priori «kid-friendly», éviter le combo tâche de ketchup sur le pull + vol de frites aux voisins + éclatage du crâne sur un coin de table, tout en persuadant nos enfants que c’est quand même mieux de manger avec des couverts.

Pendant ce temps, quelques «adultes» fondent devant la vitalité de mes enfants, et beaucoup d’autres se disent que ce n’est pas étonnant qu’il y ait des émeutes en banlieue aujourd’hui. Alors quand une autre cliente me lâche un glacial «C’est dangereux les escaliers pour les enfants», je me sens extrêmement méritante de ne lui répondre que «C’est bien pour ça que je suis avec elle» au lieu de renverser la cocotte de moules sur son jaquar.

Ça, c'est quand ça se passe bien.