Recherche babysitter désespérément

Qui n'a jamais fantasmé sur sa baby-sitter ? Je ne parle pas de sa petite culotte mais de nos rapports. A chaque fois, je rêve d'une relation sans accroc, d'une confiance mutuelle et d'une histoire  qui dure des années. Ça se terminerait par : "Ils vécurent longtemps et elle garda mes enfants." Au lieu de se terminer au moment des vacances scolaires et sur baby-sitter.fr.

Dans la vraie vie, à chaque mois de septembre, c'est la crise pour trouver une (des) nouveau (x) babysitter(s). Le pire, c'est qu'on en consomme plusieurs par semaine. Je ne vais donc pas faire une liste exhaustive, mais il y en a quelques unes dont il faut que je vous parle, au moment où Super Nanny est de retour sur M6.

1La sévère

Jean et petit top à bretelles, rien ne laisser présager qu'A. allait prendre son job tellement au sérieux. C'est elle qui dit à mon fils de cesser d'aller parler aux étrangers dans la rue quand je l'écoute déblatérer dans l'indifférence. C'est elle qui oblige ma fille à lui donner la main en rentrant dans l'école alors qu'elle me file entre les doigts en cinq minutes. C'est même elle qui me signale que mon nain a été "insolent" et "désobéissant" un soir en particulier. Avec A., j'ai revu mes exigences à la hausse, histoire de ne pas passer pour une indigène pendant qu'elle leur apprenait à manger avec des couverts. Et ça leur a fait du bien. Ma fille en parle encore avec des trémolos dans la voix, et je lui envoie un petit texto de temps en temps pour savoir comment elle va. C'est con, on a déménagé.

2Le garçon

Un garçon ?! J'ai eu l'air tellement moderne de confier mes enfants à un garçon. Mais qui mieux que lui pouvait donner un cours de lutte à mes enfants sur le futon de la chambre des parents. Les soirs où B. gardait mes petits relous, ils étaient épuisés et sages quand je rentrais, au lieu de sauter partout en hurlant. Le jour où ma fille s'est fait une bosse, il lui a donné une potion magique nommée "water en sugar" et elle a guérie. "Est-ce que tu joues à la bataille ?" Mon fils ne cessera jamais de poser cette question aux nouveaux babysitteurs quand je les vois pour un recrutement. Le parfait BG du lycée a fait chavirer son cœur l'année dernière et je ne sais pas s'il sera un jour égalé.

3L'infirmière

Elle m'appelle "madame", avec l'air poli d'une jeune fille de bonne famille. Quand je rentre, les enfants sont lavés et en pyjama, la raie sur le côté s'il vous plaît. Tout roulait à peu près bien avec P. jusqu'à ce qu'elle passe à la punition. Une cuillère de lait + menthe verte + huile d'olive pour les enfants désobéissants, ils en étaient tout émoustillés en me le racontant. Chacun a voulu avoir la sienne, évidemment. En un coup de fil, c'était réglé. P. est tout de même restée dans mes petits papiers.

4La sans-papiers

C'était la première fois que je passais par une agence. Quand elle a commencé, elle m'a dit qu'on pouvait peut-être s'arranger et économiser en traitant directement. Puis la fois d'après qu'elle n'avait pas les papiers, mais ce n'est pas grave, elle me les apporte la semaine prochaine. D'une nature confiante, je lui confie les clés. La fois d'après, elle m'a annoncé qu'elle était faché avec sa famille et qu'elle vivait chez son copain. Pas de compte en banque, carte Vitale égarée, pas l'intention d'avancer. Et la première facture de l'agence est quand même arrivée. J'ai récupéré les clés et divorcé des deux.

5La dernière

"Je ne trouve pas le numéro 53 de votre rue.
- Mais où es-tu?
- Au numéro 52.
- Tu sais, il y a un côté pair et un côté impair dans les rues...
- Ah, j'avais oublié !"

Vous comprendrez que j'ai hésité à la garder. Mais, d'une nature confiante, j'ai décidé que ça pouvait arriver. La fois d'après, quand elle a récupéré les enfants, elle m'a appelée, devant la porte de l'appartement.

"Je n'arrive pas à ouvrir, comment on fait ?
- Ben, on tourne la clé.
- D'accord, mais de quel côté ?"

J'ai fermé les yeux et prié pour vite finir mon boulot. "Vous comprenez, comment va-t-elle réagir si mon fils s'éclate l'arcade sourcilière sur le coin de la table ?" ai-je demandé, en prenant mes collègues à témoin. "Elle va passer la serpillère", m'a répondu une jeune mère hilare. AH. Ah. ah.

Et vous, des histoires de baby-sitters à raconter ?

© Emma Defaud

Quatre petites contrariétés de la rentrée

D'accord, la rentrée s'est bien passée, l'école est chouette, mon fils a plein de projets et ma fille ne semble pas être traumatisée de ne plus être dans la classe de ses copines pestouilles. Mais est-ce une raison pour ne pas râler ? Certainement pas.

1Je perds du temps

Je voulais trouver le moyen de gagner cinq minutes sur le chemin de l'école, histoire d'arriver plus tôt au boulot. Évidemment, cette année, la classe de ma fille se trouve dans le bâtiment le plus éloigné, à l'étage, tout au fond du couloir. Évidemment.

2Etiquette et imprimante

Comme stipulé dès cet été par écrit, je me suis fais chier à mettre des étiquettes sur tous les feutres et les stylos de ton fils. Je souligne qu'il y a des jeux sur iPhone dans lesquelles ce genre d'épreuve m'aurait valu de décrocher un badge et de passer au niveau supérieur. Pas à l'école élémentaire. A l'école élémentaire, le jeudi soir, les parents ont eu un "devoir à la maison" : donner deux photos des vacances à leur enfant pour le vendredi matin. Ou comment se retrouver à prier ton imprimante en chemise de nuit pour que le magenta ne lâche pas, là, maintenant.

Et puis, c'est une obligation légale de prendre des photos quand t'es parent ? Et puis, si des gamins ne sont pas partis en vacances, ça va leur coller la honte ! Et puis... Putain imprime, s'il te plaît l'imprimante, il est 23 heures, j'ai passé ma soirée avec toi et je veux dormir.

3Chaussons à la con

Déjà, il faut une paire de chaussons pour entrer dans la classe. Chaque matin, c'est l'embouteillage dans le minuscule couloir pendant que les maternelles enlèvent leurs chaussures et que les parents transpirent dans leur manteau. Je passe sur les photos ridicules faites tout au long de l'année avec les enfants en jolies tenues, mais en pantoufle Mickey ou à pois roses. Non, ce qui m'agace, c'est que cette année, il faut aussi une paire de rythmiques pour la gym. Sachant que ma géante a changé quatre fois de pointure l'année dernière et a refusé deux autres paires parce que "ça tenait trop chaud" et "ça faisait mal là", je suis exaltée à l'idée de passer mon budget vin blanc du vendredi soir dans des chaussons immondes.

4Couvertures torture

Franchement en emballage cadeau, j'assure. Je peux même les faire sans scotch si on me donne un ruban et un peu de temps. Mais ces saloperies de trucs plastifiés dont on doit recouvrir les livres est une invention de pervers. Ça cloque, ça glisse, ça plisse... Au bout de dix minutes, j'ai envie de déchirer le livret de français en deux et on en parle plus. Après tout, a-t-il vraiment besoin d'apprendre à lire ? Et si je l'emballe avec du papier alu, ça passe ?

Et vous, qu'est-ce qui vous a fait râler cette année ?

SIPA

Merci M. Miyazaki

Il a un nom imprononçable et travaille à l'autre bout du monde, mais il fait partie du vôtre. Hayao Miyazaki, 72 ans, maître de l'animation japonaise, prend sa retraite. Vous avez sûrement montré l'un de ses dessins animés à vos enfants et, vous ne le savez peut-être pas, mais il vous suit depuis votre enfance.

C'est à lui qu'on doit les meilleurs épisodes de Sherlock Holmes et vous avez certainement croisé Conan, le fils du futur dans le Club Dorothée, capable, entre autres, de tuer un requin pour sauver son amie Lana.

Bref, s'il fait partie de ma vie depuis longtemps, j'ai gravé son nom dans ma mémoire le jour où j'ai vu Princesse Mononoké. J'avais trouvé l'homme idéal : il cumulait goût du merveilleux, force des convictions, romantisme total.

Alors qu'on nous rebat les oreilles depuis vingt ans avec Le Roi et l'oiseau, soi-disant chef-d'œuvre français, j'ai découvert une façon magnifique de raconter les histoires, très différente de ce que fait Disney, et d'une efficacité stupéfiante. Un monde merveilleux s'ouvre dans chaque film, d'une originalité sans cesse renouvelée. Qui peut se targuer d'inventer un hydraviateur transformé en cochon, des petits esprits de la forêt à la tête tournante ou encore un poisson magique qui choisit de devenir petite fille par amour ? Cerise sur le gâteau, les héros de Miyazaki sont souvent des filles. Pas des princesses, mais des héroïnes responsables, capables de faire bouger les lignes, de se battre pour elles-mêmes et pour les autres plutôt que de se contenter d'être belle, de chanter et d'être sauvée par un prince charmant (suivez mon regard).

Chez Miyazaki, un tsunami, la recherche d'un mystérieux animal dans la forêt ou une petite sorcière qui ne parvient plus à faire décoller son balai, c'est déjà une histoire passionnante qui mérite d'être racontée avec tous les détails nécessaires. Il nous dit que tout peut devenir une aventure et le soin qu'il apporte à la musique et la bande-son en général (bruits de la nature, choix des voix pour les enfants) la transforme en épopée. Peu importe s'il y a beaucoup d'herbe qui ondule, de maisons alsaciennes et toujours quelque chose de l'Europe des années 30.

Plusieurs fois, mon cinéaste préféré a déjà annoncé qu'il raccrochait. Mais il a toujours fini par reprendre un crayon. Je ne désespère donc pas qu'il m'offre encore quelques films inoubliables.

Depuis ma découverte de Princesse Mononoké, j'ai renoncé à séduire monsieur Miyazaki et j'ai rencontré le père de mes enfants. S'ils n'ont pas encore regardé l'angoissant Voyage de Chihiro, ils connaissent et adorent ses autres films. Alors ne laissez pas les vôtres passer à côté de cette magie. Dix ans plus tard, je continue de rejoindre les monstres sur le canapé quand ils commencent un Miyazaki. Je resterai toujours un peu amoureuse de Hayao.