Quelques arguments pour faire des enfants

© Emma Defaud

Ma voisine est le prototype d'une vingtenaire qui n'a pas d'enfant, se fait des concerts trop hype les soirs de semaine et part en week-end à Berlin. Alors quand on est tombé sur un article qui expliquait pourquoi il ne faut pas faire d'enfants, elle m'a annoncé que ce qui lui manquait comme argument, c'était des raisons d'en faire. Evidemment, elle s'est tournée vers moi, puisque je suis devenue, eh oui, une sorte de spécialiste de la maternité.

Alors, je récuse immédiatement l'argument "pour payer nos retraites" ou "perpétuer l'espèce". Personne ne peut niquer en pensant à sa pension de grabataire ou aux 10 milliards d'êtres humains qui vont peupler la planète en 2050, à moins d'être amateurs de partouzes vraiment géantes. Le côté "faire un mini-moi" et "jouer de nouveau à la poupée Barbie" me convainc pas non plus. Vu ce que mes poupées ont subi, je peux décemment pas faire la même chose à mes enfants.

Alors j'ai avancé quelques idées, à chaque fois démolies dans la minute.

-  Tu peux te gaver de dessins animés sans culpabiliser. Le problème, c'est que tu regardes toujours les mêmes.

-  Télécharger des appli de jeux sur son iPhone, comme Gina la girafe. Mais après, c'est toi qui perds un temps fou dessus.

- Avoir des sujets de conversations faciles avec la majorité des gens. En même temps, il y a plein de gens intéressants à qui tu n'as plus rien à dire.

- "Tu cèdes: pour pas t'engueuler avec ta femme", me souffle un homme de mon entourage dont je préserverai l'anonymat. Pas sûr que ça ait marché: il a divorcé.

Finalement, j'ai recueilli deux arguments qui m'ont plu.

- "Si tous les gentils arrêtent de faire des enfants, les méchants vont gagner", assure une autre copine. C'est sûr, il faut avoir la certitude d'être du côté des gentils. Plus une excuse qu'un argument tout de même.

"Parce que c'est mignon", a juste répondu une mère de deux enfants. Lueur d'espoir, je me tourne vers la vingtenaire qui va à des concerts en semaine et en week-end à Berlin. "Mais ça marche aussi avec un petit chien", note la mère de deux enfants.

Finalement, j'ai sorti mon iPhone à la recherche d'une photo craquante. Et je suis tombée sur une vidéo. Mon fils y donne des coups d'oreiller à ma fille morte de rire. "A toi", lui lance-t-il avant de se coucher sur le lit pour être à son tour la victime. Gloussements et éclats de rire. Les enfants, c'est rigolo et absurde. Peut-être deux bonnes raisons d'en faire? "La seule bonne raison", valide ma copine vingtenaire.

Les trucs girly qui ne passeront pas par ma fille (on y croit)

Ma pépette, j'ai fini par lui mettre du rose, je trouve ses ailes de papillons plutôt mignonnes et j'adore lui coller des barrettes dans les cheveux (je sais aussi que si j'approche une paire de ciseaux de sa tête blonde, je risque le divorce d'avec son père). Mais il y a des trucs de filles que je voudrais éviter à tout prix.

Elle a à peine 2 ans mais il est HORS DE QUESTION qu'elle fasse un jour de l'équitation et qu'elle affiche dans sa chambre des photos de cheval au grand galop dans la nature. Ces posters sont hideux et j'ai toujours eu envie de détacher la selle des petites filles qui se trémoussaient à l'école en disant "J'ai poney". Adolescente, la seule chose que je trouvais plus honteux, c'était d'être fan de New Kids on The Block.

Vous comprendrez en conséquence que Horseland est interdit de diffusion à la maison, rien que la musique me donne envie d'abattre une pouliche. (Je viens de perdre au moins trois copines et une vingtaine  d'internautes).

De toute façon, il me restera encore à dealer avec Totally Spies, ces scandaleuses plagiaires de Cat's Eyes, ou encore les Winx, et là, j'ai envie de pleurer dès maintenant. Imaginez des fées stupides qui "passent un moment agréable" quand elles font le ménage. Le pire, c'est que Ulysse, 4 ans et demi, m'a déjà confié qu'il les trouvait "super mignonnes", les Spies, et qu'elles étaient "vraiment fortes".

Je n'envisage pas non plus que ma fille se rende à un concert de Justin Bieber, ou son clône prépubère qui sévira quand ma fille aura 8 ans. Ou 10 ans. Et même 12 ans. Je ne sais pas comment je vais la faire passer directement d'Emily Joly à Janis Joplin, mais il faut que je trouve un moyen.

Enfin, ma louloute ne portera pas de vernis à ongles avant de faire du 85B. D'ailleurs moi, je fais à peine plus que du 85B et je ne porte toujours pas de vernis, alors...

Autant de résolutions qui s'évanouiront peut-être aussi vite que toutes les certitudes que j'avais sur l'éducation des enfants avant d'être enceinte. Mais pour l'instant, je suis complètement d'accord avec moi-même, je mets mon veto.

Et vous, quelle nunucherie vous fait bondir et devenir un censeur? Pour quelle raison envisagez-vous d'enfermer votre gamine dans une tour gardée par un dragon jusqu'à ce qu'elle soit majeure et qu'elle ait des goûts décents?

La fessée, j'arrêterai plus tard...

@ flickr / HA! Design

"Des parents qui battent ont souvent été des enfants battus." C'est le message de la campagne de prévention contre "les violences éducatives" qui débute ce jeudi. Et alors là, je m'inscris en faux: mes parents n'ont jamais porté la main sur moi et je n'en suis pas à ma première fessée pour mes propres enfants.

Dans le spot télévisée, une mère gifle sa fille de 10 ans qui a renversé son verre de lait, jus de fruit. J'aime la naïveté de cette situation. Les devoirs, la petite fille et sa coiffure sage, l'intérieur bourgeois bien rangé, le verre de lait jus. Surtout le verre de lait. J'essaie de me souvenir de la dernière fessée que j'ai mise à mon fils et il me semble plutôt que je répétais pour la 8e fois de la matinée sur le 40e sujet de m'obéir. Ses petits yeux malicieux viraient au noir et à l'obstination s'ajoutait alors l'insolence... Je ne sais pas si c'est facile à montrer dans un spot, mais ça me semble plus réaliste qu'un verre de lait renversé.

Mais ce qui prête le plus à sourire, c'est la réaction de Gilles Lazimi, médecin, coordinateur de la campagne, interrogé dans le Parisien, qui s'insurge contre les punitions envers les enfants de moins de 2 ans. "C'est terrifiant. Ça veut dire quoi une tape administrée à un petit humain de 5 kg par un adulte qui en pèse 80?" Alors, monsieur, 5 kg, c'est le poids d'un nourrisson d'1 mois. Difficile de punir une petite bête qui ne sait que téter et chier, quand même, non? Si vous voulez, je vous présente, Dalva, 2 ans, 14 kilos, spécialiste ès caprices et chapardages, tête dure et organe vocale hypertrophié. Quant au poids de l'adulte, même la mégère dessinée à droite avec ses mains en battoir ne doit pas atteindre les 80 kg.

Mais je sais, c'est très mal. D'ailleurs, j'ai mal à la main dès fois, alors j'imagine leur cuisse. Il y a même eu des périodes où j'ai totalement arrêté, de peur de donner une fessée pour soulager ma colère plus que pour faire comprendre à mon enfant. Mais certaines fois, ma tête de mule de 4 ans et demi est enferré dans sa fureur et j'ai l'impression que seule cette claque sur la cuisse le sort de son entêtement.

Alors j'imagine que je me suis fixé des limites: une claque sur la cuisse, oui, une gifle, jamais. Mais si je me trompais? Si j'y venais un jour. Du coup, j'ai quand même décidé d'éplucher le petit mode d'emploi "Sans fessée, comment faire", histoire d'y trouver de nouvelles ressources.

Et sinon, j'attends l'âge de raison. Perso, ce qui a toujours le mieux marché quand j'étais petite, c'est quand même les privations d'argent de poche.

Et vous, vous faites comment?

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