Mères et femmes enceintes, le strip-tease

C'est tellement branché. Après les calendriers professionnels (s'il vous plaît, rugbymen, facteurs, caissières et autres pêcheurs, épargnez-nous, arrêtez), les femmes enceintes et jeunes mamans se déshabillent.

Les femmes enceintes, d'abord. Vous allez me dire que Demi Moore l'a fait il y a vingt ans, et que Britney Spears ou Shakira ont embrayé il y a déjà quelque temps. Certes, mais désormais, selon le DailyMail, il y a des photographes qui organisent des séances pour vous immortaliser en tenue d'Eve avec votre bidon dans des poses plus ou moins lascives. Il ne vous reste plus qu'à partager sur internet la photo de vos mensurations 95-100-95 sur une peau de bête. De deux choses l'une. Soit c'est un peu sexuel (disclaimer : la photo sur ce lien peut entrainer un reflux gastrique). Et personnellement, depuis qu'un collègue m'a envoyé pendant ma grossesse un lien vers un site porno dédié, je suis sûre qu'il y a des choses que je ne veux pas partager avec lui. Soit, c'est parce que C'EST LA NATURE, C'EST BEAU. Et là, je demande : à quel moment exactement être enceinte à signifier renoncer à la pudeur et l'intimité ? Ça me fait le même effet que les inconnus qui se permettaient de toucher mon ventre pendant ma grossesse. LA, c'est MOI, bas les pattes !

Les mamans ensuite. Tout part d'une photo postée sur Facebook. Deux enfants d'une dizaine d'années se pressent contre le ventre nu et flétri de leur mère. Un texte accompagne cette photo triste et touchante. "Oui, je me suis physiquement étirée pendant que je grandissais émotionnellement et spirituellement en faisant grandir des êtres humains à l'intérieur de mon corps et en le nourrissant avec mon corps également.
Oui, je suis sexy.
Oui, je ne serai plus jamais la même.
Oui, je suis une Mère.
Oh oui, je suis fière.
Oui je suis vulnérable.
Oui, je suis forte comme une maison.
Oui, je suis ta sœur.
Oui, j'ai une histoire.
Oui, je suis un reflet de toi."

Jade Beal, l'auteure de cette photo a réalisé une cinquantaine de photos. Des femmes enceintes sublimées ou des mères qui portent haut les stigmates de leurs maternités : ventres affaissés, vergetures aux cuisses, seins comme scarifiés. "Le badge d'honneur d'une mère, porté avec fierté", répond l'une d'elle dans les commentaires. L'objectif est d'en faire un livre -A Beautiful Body - financé par crowdfunding, ces appels aux dons lancés sur internet.

Là, je suis partagée. Oui, la représentation des corps ne doit pas à être un 36 lisse et photoshopé. Mais franchement faut-il mettre tout ça sur le dos des "Mères", avec une majuscule s'il vous plaît ? Si la démarche de la photographe est plutôt belle, je déteste la reprise qui en ait faite dans les médias. "Regardez de quoi ressemble vraiment une mère", titrait le Huffington Post américain lundi. Mais non. Allez vous faire foutre. Grossir n'est pas une fatalité, sortir marquée d'un accouchement n'est pas systématique. D'accord, je ne fais plus de sport et j'ai de la brioche depuis que j'ai arrêté la clope. Mais je connais une bonne dizaine de mères totalement canons et devenir mère n'est pas forcément l'équivalent de revenir du Vietnam avec des cicatrices. Moi aussi quand je vois une belle fille, je me dis : "Oui, mais moi, j'ai eu deux enfants." Mais est-ce les enfants ? Ne peut-on rien dire sur l'âge ? Sur la simple différence des corps ?

J'aimerais qu'on cesse de montrer d'un côté les femmes en cloque comme la quintessence de la beauté (il n'y a que moi qui faisait de la rétention d'eau et qui avait des jambes comme des poteaux en fin de journée ?). Et d'exhiber la mère comme un animal meurtri. Oui, certaines mères prennent chères et c'est difficile de sortir de cet étape et d'accepter son nouveau corps. Mais la maternité ne peut devenir une Légion d'honneur qu'on brandit à chaque difficulté.

Je me sens d'autant plus mal à l'aise de dénoncer ses strip-teases que je me mets moi-même à nu dans chacun de ces posts. Mais je regrette que le Huffington Post se soit repu des images des corps les plus meurtris, continuant de mettre dans des cases les "Mères", là où Jane Beal a pris soin de photographier avant tout la différence.

Passion kermesse

Enfin ! Il fait un peu plus chaud, la végétation est de retour et c'est bientôt la fin de l'école. La période pourrait vous exciter parce qu'elle vous rapproche des vacances, que les fraises vont enfin devenir abordables et que quelques bonnes soirées en terrasses entre potes devraient se préparer. Moi, elle me panique.

Kermesse, spectacle et chorale devraient composer le summum de l'excitation de la semaine prochaine. Mardi, spectacle de la petite à la maternelle à 18h30, mercredi rebelotte au centre de loisirs mais une heure plus tôt, jeudi chorale du grand et vendredi grande fête de l'école primaire. L'école ne laisse aucune chance aux parents actifs.

Et comment font ceux qui ont plus de deux enfants ? Surtout, quelle sale excuse on trouve pour ne pas aller écouter chanter son fils ?

Parce qu'au début, j'étais contente. Je me suis même dit que j'allais participer à la fête de l'école en ramenant un gâteau vendredi (et hop j'enterre ma soirée de la veille) et en m'occupant d'un stand pendant quarante-cinq minutes. C'était avant de savoir que je devrais porter un chapeau à paillettes et que le code vestimentaire était "couleurs fluo" (et hop, j'enterre ma dignité).

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Il me faudrait donc une semaine de congés avant même les vacances pour assurer avec mes enfants. Ou alors je m'évade discretos du boulot vers 16h30. Quatre jours d'affilée, ça risque de se voir. Surtout quand le boulot repose sur le travail d'équipe.

La déprime, c'est qu'en plus, je présume que ce n'est pas tout à fait le genre de fête où on sirote un mojito en commandant une galette-saucisse.

Des conseils ?

Le baby-mugging : allez-vous prendre votre enfant en photo ?

Vous souvenez-vous du planking ? Une mode qui consistait à faire des photos sur lesquelles la perspective pouvait donner l'impression qu'on vole. Et bien, oubliez. Ce ne sont plus des ados attardés mais les parents en manque d'amusement qui détiennent les clés de la dernière blague en image : le baby-mugging. Cadrez votre enfant, mettez une tasse entre votre objectif et le sujet et le tour est joué. Préparez-vous à ce que votre photo face le tour du monde si vous la partagez sur Instagram.

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Evidemment, c'est un peu plus drôle que d'avoir un mug sur lequel on a reproduit une photo de l'enfant. Le jeu est donc devenu un phénomène viral, et a trouvé un public bien au-delà du cercle des parents qui cherchent une distraction entre deux biberons. La preuve, les grands enfants ont rapidement décidé qu'ils feraient eux mêmes de très bons sujets.

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Reste que mes deux lardons sont soit un peu trop grands, soit beaucoup trop petits pour cesser de bouger le temps de la mise en scène. Prendre cette satanée photo risque de se transformer rapidement en un épisode de Mission : Impossible à la maison. Je passe donc mon tour.

Et, vous, vous allez essayer ? Attention, il y du niveau.

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