Mon fils est un petit chose, est-ce de ma faute ?

Mon fils est un petit chose. Beau regard noir, sourire ravageur, très affectueux, mais terriblement timide. Pas très à l'aise, même avec des enfants de son âge. Surtout avec les enfants de son âge. Il se laisse mener en bourrique par les chipies, est lâché par ses petits copains testostéronés (de 6 ans) et il suffit que je souligne qu'il ne s'est pas appliqué sur un exercice pour que sa vie lui semble foutue. Une autre fois, il m'a répété pendant deux jours, la mort dans l'âme : "Je suis nul, je suis nul, je suis nul." Mon cœur s'est brisé dans un grand bruit de cristal. Je cherche encore quelques morceaux. Avec lui, tout est très drôle, très fort, très grave, très triste.

J'ai peur pour mon fils. J'ai peur de ce que la vie peut lui faire. Je voudrais lui offrir des solutions, lui expliquer comment réagir avec les terreurs de sa classe, les pimbêches et les mademoiselles-je-sais-tout. Ou le serrer très fort contre moi. Pourtant je sais que je ne peux rien d'autre qu'être présente et, surtout, le laisser se débrouiller, se tromper, se relever et apprendre.

Trop de stress, trop de contrariétés

Parfois mon angoisse devient trop grande et que je regarde sa sœur, si différente, si pleine d'assurance. Je commence alors à me demander si ce n'est pas de ma faute. Peut-être ai-je été trop contrariée pendant la grossesse ? Après tout, certains disent que ça joue sur le caractère de l'enfant. Et puis, j'étais tellement perdue les premiers temps après la naissance, ça l'a peut-être marqué. On a tant angoissé à chaque première expérience et ce voyage à la Réunion, si jeune, en pleine crise du chikungunya, ça nous a rendus parano, surprotecteurs, flippés... Mon cerveau s'emballe et je passe au scanner la première année de sa vie pour retrouver la trace des événements qui ont pu le marquer.

Il me faut un moment pour retrouver la maîtrise de ma pensée et concevoir que c'est aussi le caractère de mon fils. Non, ce n'est pas à cause des brocolis que j'ai mangés pendant la grossesse. Oui, on est stressé pour son premier enfant. Oui, on lui a certainement transmis une part de notre stress et de nos incertitudes. Mais un autre enfant aurait réagi autrement. Des parents plus zen ont donné naissance à des enfants qui ont d'autres fragilités ou d'autres défauts.

Mère poule

Bref, c'est bientôt la rentrée et mon fils est "vraiment tressé", "ça fait tout bizarre dans la tête, quoi". Quand il s’entraîne à l'écriture, il me reproche de ne pas l'avoir fait bosser tout l'été, puis il s'enfuit dès que je tourne la tête, puis éclate en larmes. Je l'imagine dans quelques jours devant l'école, les yeux grossis par les verres de ses lunettes, la boule au ventre et les mains cramponnées au cartable. J'ai envie de ne plus le lâcher et de maraver la gueule au premier morveux qui se moque. Puis, j'essaie de me détendre. De me dire qu'il y arrivera tout seul et qu'il faut juste le laisser grandir. Il est comme il est, peu importe pourquoi.

Double peine pour la maman yogi qui allaitait nue

On l'appelle la "breastfeeding yoga mom" (la maman yogi allaitant au sein) et c'est sans doute l'une des photos les plus virales de l'été. Le cliché a été pris bien plus tôt, en avril 2011, vraisemblablement. On y voit une jeune femme nue de profil en train de faire "la posture sur la tête", une figure de yoga qui sert à se déployer en scorpion (oui, j'ai fait du yoga ado, je kiffe). Jusqu'ici, pas de chat qui fait du piano, pas de célébrité à la mine dépitée, bref rien de fou qui fasse le casse-croûte quotidien d'internet. Ah si, une petite fille d'un an environ tète le sein offert de sa maman. Etrange impression.

L'image a circulé tranquillement en 2011 dans les milieux communautaires adeptes du yoga, au point que la jeune femme, Amy Woodruff, prenne le temps sur son blog d'en préciser les circonstances, touchée de voir que la photo suscitait des questions. Elle raconte qu'elle faisait sa séance quotidienne de yoga, qu'elle vit "dans une petite communauté à Hawaii dans laquelle les habits sont optionnels et le yoga une nécessité" et que la petite s'est approchée quand elle a vu son garde-manger à portée de lèvres.

Début août, une journaliste du Baby Center Blog (qui semble faire un peu autorité mais que je ne connais pas personnellement) fait une interview d'Amy dont elle avait vu la photo circuler, en mode "Raconte-moi ton allaitement jusqu'aux 3 ans de ta fille". Un article dont les commentaires sont vite devenus violents, mais la photo est reprise par plusieurs sites. Le compte Instagram de la jeune femme enfle de 4000 abonnés.

Deux semaines plus tard, Instagram, le réseau social de photos vintage, ferme le compte de la maman yogi sans avertissement. La photo mise en cause n'y figurerait pas. Mais d'autres auraient choqué des internautes, avance le Huffington Post américain"Dans la charte d'utilisation, ce qui est toléré et ce qui ne l'est pas est clair. Nous encourageons tous nos utilisateurs à nous signaler tous les contenus qui les mettraient mal à l'aise", assure le réseau social au site.

Réactions en chaîne, les mères allaitantes se mobilisent, créent un hashtag, et la photo devient deux fois plus virale.

"C'est pour un pauvre compte Instagram suspendu que je viens de perdre cinq minutes de ma vie à lire ces lignes ?" allez-vous me dire. Pas tout à fait. La suspension du compte de photos n'est que la plus douce des deux punitions. Ce qui a retenu mon attention, c'est en fait les insultes auxquelles Amy se sent obligée de répondre sur son blog. Après les néo-cool, ce sont tous les aigris du web qui ont débarqué sur son blog, monté il y a quelques années pour rester en contact avec sa famille en Californie. "Et qu'est-ce que vous faites comme métier ?" "Vous devez être bourrés aux as ou vivre aux crochets de l'Etat !" "Vous êtes une exhibitionniste qui ne s'intéresse qu'à elle-même." "Elle a probablement accouché tous frais payés par l'Etat." "Vous êtes juste une bande de hippies !"

Et voilà qu'une nana un brin illuminée se retrouve à se justifier sur internet en répétant : "Nous payons nos impôts, nous payons nos impôts !" J'essaie d'imaginer, de l'autre côté de la souris, ces détracteurs aigris aux enfants loin d'être parfaits (ont-ils seulement des enfants ?) cracher leur bile en souhaitant que des personnes comme Amy Woodruff n'existent pas. Parfois les gens me désespèrent. Et pourquoi ai-je l'impression que les mères sont une cible facile pour ceux qui devraient se détendre un peu ?

 21

Comment faire manger sa purée à un enfant difficile ?

La bouche qui reste aussi bien fermée qu'un coffre-fort suisse, la tête qui se détourne avec dégoût pendant que moi, j'ai la bouche ouverte comme un benêt dans l'espoir que mon enfant va agir par mimétisme. Ok, ce n'est pas comme ça que j'arriverai à faire manger le pot petits pois-carotte à mon bébé. Peut-être parce que je ne connaissais pas l'astuce "Kit Kat".

Notez, cette reconnaissance immédiate du paquet de Kit Kat est très très suspecte...