La zézette, c'est privé

Moi - Dis-moi où tu as mal ma chérie, et je te fais un bisou.

Ma fille - C'est ma zézette qui pique.

Moi - Ah, on ne peut pas faire de bisou à cet endroit.

Ma fille (convaincue) - Oui, on ne fait pas de bisous à la zézette, parce que la zézette, c'est pas très propre.

Moi - Mais pas du tout, ma chérie. Bien sûr, il ne faut pas la toucher avec des mains sales, mais ce n'est pas sale (et là, gros flashback sur le Nulle Part Ailleurs des années 90). C'est juste que c'est un endroit privé.

Ma fille (convaincue) - Oui, on ne fait pas de bisous à la zézette, c'est PRIVE.

Moi - Oui, enfin, ne le dis pas comme ça non plus (et là, image fugace de moi dans un commissariat en train de m'expliquer avec véhémence). C'est juste que c'est un endroit intime, c'est à toi, les autres n'ont pas le droit de le toucher.

Ma fille - Mais moi, je ne peux pas faire de bisous à ma zézette.

Moi - Bon, laisse tomber.

 

Deux papas pleins de sang-froid

J'ai rencontré Cédric et Pierre cet été. Cédric est un ami de mon mec. Il est cadre, et l'homme qui partage sa vie est médecin. Ils nous ont présenté Jules, leur fils, qu'ils ont eu grâce à une mère porteuse au Canada. Une pratique interdite en France, que l'on nomme aussi "gestation pour autrui". Cédric a donné son sperme, une volontaire son ovule et c'est une seconde femme qui a porté l'enfant à Toronto. Le résultat de beaucoup de discussions, d'énormément de rendez-vous et d'un paquet de dépenses aussi.

Aux enfants qui demandaient où était la maman, j'ai dit que Jules avait bien une maman qui lui avait donné naissance, mais qu'il était l'enfant de Cédric et Pierre, qui s'aimaient et avaient envie d'avoir une famille. Ça ne les a pas plus préoccupés que ça.

Le "baiser de Marseille" est devenu le symbole du soutien des hétéros au mariage homo. GERARD JULIEN / AFP

Une fois la marmaille au lit, on a discuté longuement de l'arrivée de Jules dans leur vie et de tous les problèmes ordinaires de parents : la directrice de la crèche qui est relou, les bronchiolites à répétition, les repas régurgités, les collègues qui nous regardent de travers quand on se barre tôt. J'aurais bien partagé avec eux l'angoisse des premiers mois, ou encore la fatigue des nuits hachées. Mais ils ne connaissent pas. Jules est un bébé de rêve. Et eux ont accueilli cet enfant dans leur vie avec cent fois plus de sérénité que moi mon aîné. Alors qu'à chaque pas, je me suis sentie perdue, je me suis dit qu'il me manquait quelque chose, que je ne savais pas faire, voire je pétais les plombs en me disant que c'était trop dur, eux m'ont raconté comment ils avaient géré sans se poser toutes ces questions. J'étais d'autant plus stupéfaite que j'avais connu des amies - hétéros - face à l'adoption et qu'elles avaient vécu comme moi ces remises en cause.

Après les manifs et les slogans violents de ce week-end, je pense beaucoup à Cédric et Pierre. Je ne suis pas sûre que la gestation pour autrui soit une solution. Mais qui, dans le débat sur l'homoparentalité, a le droit de dire que je suis un meilleur parent qu'eux ?

Quand nous sommes arrivés chez eux, Cédric et Pierre nous ont fait visiter leur maison et nous ont présenté la chambre où on allait dormir. "La chambre du bébé." Ils attendent un deuxième enfant pour la fin de l'hiver. Moi aussi je suis impatiente.

Mise à jour du 20 novembre 2012

Je retire très rarement des commentaires de mon blog, même quand je suis mise en cause. Mais je ne peux laisser des propos homophobes punis par la loi circuler. J'ai essayé d'aller le plus loin dans la permissivité pour que la discussion entre internautes ait lieu, même quand je trouve les arguments très discutables. Mais j'ai été obligée de retirer certaines interventions et de bannir un intervenant qui se présentait sous de multiples identités pour rabâcher un discours limite. Bref, allez troller ailleurs.

 

 

Tu seras un jedi, mon fils

On dit que Star Wars est surtout un truc de mecs, mais pas du tout. J'ai vu la première trilogie au moins une dizaine de fois. Quand la version remasterisée est sortie, j'ai fait la nuit Star Wars (et passé une semaine à me sortir de la tête le thème de Dark Vador). Quand George Lucas a tourné les épisodes 1-2-3, j'ai tout critiqué, mais je les ai vus et revus. Bref, moi aussi, j'irai voir la prochaine trilogie en 2015, qui sera surement ratée, mais quand même j'irai la voir.

Du moins, c'est ce que je pensais avant que le père de mes enfants ne commence à parler de Star Wars à mon fils. Dès la maternelle, ils ne mettent à en discuter entre gamins. Ça arrive à la maison sous forme de questions : "Tu as vu Star Wars toi aussi?" "C'est comment un sabre laser ?" Au début, j'étais contente de partager quelque chose de ma culture avec mon enfant. Mais franchement : qui a envie de raconter Star Wars ? C'est un peu long, non ? Et comme mon lardon a eu peur devant Clochette et le secret des fées (Clochette avait froid, elle a failli se briser les ailes, imaginez le stress), je crois qu'on va attendre pour les aventures des Skywalker.

D'ailleurs, mon fils lui-même est sûr qu'il va flipper. Du coup, il souhaite encore plus qu'on lui dévoile tous les détails de l'intrigue, pour désamorcer, et rester au niveau dans la cours de récré. C'est donc son père qui s'y colle avec un plaisir jouissif. On a convenu de ne pas lui dire qui est le père de Luke, mais il lui raconte les épisodes 4, 5 6, par session de trois quarts d'heure. Et depuis, tous les jours, Ulysse me pose de questions stupides du genre : "Le faucon Millenium, c'est le plus rapide des vaisseaux ?" "L'étoile de la mort, c'est gros comment ?" "Pourquoi Yoda, il disparaît?" Pendant que je fais la bouffe, qu'il prend son bain, au milieu de sa lecture, avant de s'endormir... PUTAIN MAIS FOUS MOI LA PAIX AVEC STAR WARS. J'EN AI RIEN A FAIRE DE STAR WARS.

Finalement, Star Wars doit être un truc de mecs. Enfin, j'en viens à l'espérer, parce que si ma fille me fait le même coup dans deux ans, je méditerai un attentat contre Disney ou George Lucas.