Faire des couettes

Je fascine le père de mes enfants. J'aurais aimé que ce soit en raison de ma chute de rein, de la fulgurance de mon intelligence et de mon sens de l'humour incomparable. Mais, non. Je fascine le père de mes enfants parce que je sais faire des couettes. A chaque fois que je pars tôt pour aller travailler, je suis sure de récupérer ma fille au mieux avec deux barrettes, au pire avec des pâtés qui ressemblent à des dread locks, rapport aux mèches de cheveux qui ont trempé dans la soupe et le yaourt pendant le déjeuner.

Et là, des dizaines de souvenirs de petite fille de parents divorcés me reviennent à l'esprit. Ma mère qui me fait des tresses africaines au départ en vacances chez mon père pour que je sois bien coiffée. Les longues mèches de cheveux qui s'échappent un peu partout de mon crâne au bout de trois jours. Et le reste des vacances avec un queue basse, genre pauvresse du XIXe siècle, parce que mon père n'arrivait même pas à rassembler tous mes cheveux dans une seule de ses mains. Autant dire qu'après deux ans de divorce, je savais parfaitement me coiffer toute seule.

J'ai bien essayé d'apprendre au père de mes enfants, mais il me regarde avec désespoir, ayant la certitude qu'il a atteint la limite de son titre de "nouveau père". Je ne vous parle même pas de faire la raie à ma fille, non, juste de lui mettre des élastiques. Il a même fait une vidéo à l'iPhone pour tenter d'apprendre, mais rien n'y fait. Acheter une robe pour sa fille oui, garder les enfants pendant que je sors, pas de problème, mais pas les couettes, s'il vous plaît, pas les couettes...


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Littérature rose

Une histoire du rose - épisode 3

L'histoire est assez cool. La princesse coquette veut mettre "des collants de danseuse, avec des petits noeuds" et "sa robe à volants, avec des fleurettes" (décrits dans une page rose). Mais sa maman lui impose toujours des fringues plus pratiques et basiques (décrir dans une page verte). Alors quand elle va jouer dehors, la princesse coquette ruine ses fringues.

Ça bien fait rire la première fois. Et j'ai trouvé les dessins vraiment mignons à la deuxième et troisième lecture. Pourtant j'en suis venue à planquer le bouquin dans un coin reculé de notre appartement (en partant du principe qu'il existe un coin reculé dans 60m2). Pourquoi? Parce que les enfants sont des gros monomaniaques psychotiques quand ils aiment un bouquin. Parce que ces trois lectures, c'était le premier quart d'heure. Je vous laisse imaginer à quoi à ressembler ma première journée. Surtout au bout dun mois, ma Pépette a exigé qu'on ne lui lise que les pages roses. La princesse coquette, j'avais envie de la bâillonner avec ses collants de danseuse.

Ma pépette a fini par oublier. Son frère est même parvenu à l'intéresser à un de ses livres. Dans Marre du rose, une gamine se défend d'être un garçon manqué sous prétexte qu'elle kiffe le noir et les dinosaures. Comprenez mon ravissement. Quel retournement de situation.

Jusqu'au moment où j'ai compris qu'elle scotchait sur les détails girly.

 

Le caprice de nuit

Tous les parents, et quelques héros, le savent : le manque de sommeil est une des tortures les plus folles. J'avais connu les nuits hachées, les réveils affamées au petit matin, la dépression des nuits de maladie. Je pensais donc avoir faire le tour et être limite en mesure d'ouvrir un cabinet de conseils, histoire de faire du fric. J'avais oublié ma fille.

Il faut l'avouer, puisqu'on en parle, ça fait un moment qu'elle est pénible. Elle est même incroyablement reloute, à faire des caprices, se rouler par terre et poursuivre sa dictature du rose. Mais c'est toujours au moment où on pense sérieusement à la perdre dans un supermarché qu'elle lève vers nous ses grands yeux bleus pour devenir pendant cinq minutes la merveille la plus délicate que la Terre ait portée.

Depuis quelques semaines, ma gorgone a trouvé un nouveau supplice. Entre 5 et 6 heures, elle se met à hurler en boucle la même phrase, mue par un désespoir impressionnant. Quand je me précipite vers son lit, j'entends distinctement sa litanie. Au choix : "Je veux des pâtes", "J'ai pas déchiré la feuille", "Je veux une glace à la fraise". Voila. Ma fille est tellement colérique qu'elle fait même des caprices dans son sommeil.

Evidemment, je ne me rendors pas. Evidemment, j'ai envie de la perdre dans une forêt sombre et profonde. Et en même temps, non, elle me fait trop marrer.