Policiers à l'école : l'arrestation violente d'une lycéenne relance le débat aux Etats-Unis

Ce n'est pas la première fois que la vidéo d'une arrestation violente d'un citoyen américain noir par un policier blanc déclenche un scandale.

Mais cette fois-ci, la scène est d'autant plus choquante qu'elle se déroule dans une école. Car aux Etats-Unis, il n'est pas rare d'y croiser des policiers.

Les vidéos montrent l'étudiante de 16 ans assise devant son pupitre, dans le lycée Spring Valley à Columbia, en Caroline du Sud. Elle est jetée et trainée au sol par le policier : 


Une enquête a été ouverte par le Département de la justice et le FBI. L'officier qui a arrêté la jeune femme a été suspendu.

Punie pour avoir utilisé son téléphone

Selon une camarade de la jeune fille, qui a filmé la scène et a été interrogée par des journalistes de CNN, l'adolescente utilisait son téléphone en classe, ce qui est prohibé par le règlement de l'école. Le professeur appelle alors un policier en charge de la surveillance dans le lycée, qui demande à la jeune fille de lui remettre son téléphone. Elle refuse. L'officier lui demande de quitter la classe. Nouveau refus. Il procède alors à son arrestation.

La présence de policiers dans les écoles est banale aux Etats-Unis

Pour certains, il ne faut pas blâmer le policier, mais les règles qui autorisent la présence de policiers dans les écoles.

Selon le National Center for Education Statistics, 43% des écoles publiques ont au moins un chargé de sécurité, dont des policiers (chiffres de 2009-2010). On les appelle les "School Ressource Officer".

Leur présence croissante dans les école est une réponse à l'augmentation du nombre de délinquants juvéniles aux Etats-Unis dans les années 1980 et 1990, selon un rapport du Congressional Research Service.

Leur rôle ? Conseiller les élèves, les éduquer sur les questions de sécurité et de citoyenneté, mais aussi faire respecter la loi dans l'école. Ils peuvent réaliser des services à la demande du personnel de l'école, procéder à des arrestations, éconduire des intrus hors de l'école, aider les étudiants victimes de racket ou donner des cours d'éducation civique.

Flics ou éducateurs ?

Mais le rôle des officiers varie selon l'école et selon l'état. Le shériff du county de Richland en Caroline du Sud, Leon Lott, supérieur de l'officier qui apparaît dans les vidéos, affirme que le rôle de ses hommes n'est pas d'assurer la discipline dans les écoles, mais d'être des "professeurs", des "mentors".

"Malheureusement, nos législateurs ont voté une loi qui s'appelle 'déranger la classe'", a déclaré le shériff à CNN. "Si un étudiant dérange la classe (...) il peut être arrêté."

Ces arrestations à l'école permettent-elles de réduire la violence sur les campus américains ? "Malgré la popularité des School Ressource Officers, peu d'études fiables ont évalué leur efficacité", affrime le rapport du CRS. 

Pour autant, les tueries comme celles de l'école primaire de Newtown en 2012 "pourrai[ent] inciter certains législateurs" à trouver des moyens d'augmenter la présence de ces policiers dans les écoles, relevait le rapport en 2013.

La cryogénisation pour l'immortalité, une réalité aux Etats-Unis

Le cancer a emporté Kim Suozzi à l'âge de 23 ans. Mais Kim est partie avec un espoir : celui de revivre un jour, grâce à la cryogénisation de son cerveau.

Kim Suozzi, décédée d'une tumeur du cerveau en janvier 2013, était étudiante en neuroscience. Pas de quoi financer la conservation de son cerveau, pour 80 000 dollars (plus de 70 000 euros). Alors, elle a fait appel aux dons des internautes - avec succès : le cerveau de l'étudiante est désormais conservé par Alcor, un organisme qui se dit à but non lucratif, en Arizona.

La cryogénisation est une pratique marginale en Amérique. Mais au moins 4 organismes proposent ce service. Jacques Cardoze, Laurent Desbois et Fabien Ortiz se sont rendus dans l'un d'entre eux, le Cryonics Institute, dans le Michigan, qui se présente comme une organisation à but non lucratif :

Pour aller plus loin : la cryogénisation en 5 questions

1Combien ça coûte ?

Le Cryonics Institute propose la cryogénisation du corps à partir de 28 000 dollars (environ 25 000 euros). La somme n'inclut pas les coûts de transport de votre corps après la mort.

Chez Alcor, il faudra débourser 80 000 dollars (72 000 euros) pour conserver votre cerveau uniquement, comme Kim Suozzi, et 200 000 dollars (180 000 euros) pour le corps entier. L'organisme propose notamment de financer l'opération en contractant une assurance-vie qui bénéficiera à Alcor.

2Comment ça marche ?

Selon Alcor, le corps doit être placé dans un bain de glace juste après la mort. Le battement du coeur doit être maintenu artificiellement pour que le cerveau soit toujours irrigués de sang, jusqu'à ce qu'une machine prenne le relai. Le sang est ensuite remplacé par un liquide antigel. La solution empêche la formation de cristaux de glace, qui peuvent endommager les cellules.

Le corps du patient est ensuite refroidi, en quelques heures, grâce à un gaz, l'azote, jusqu'à - 125 degrés, un processus appelé la "vitrification".

Progressivement, dans les deux semaines qui suivent, la température du corps est refroidie jusqu'à - 196 degrés. Le patient est alors stocké dans de l'azote liquide.

Il doit ensuite être dûment surveillé pour éviter toute fracturation du corps, courante lorsqu'on refroidit de larges objets.

3Les corps sont-ils congelés ?

Non : malgré le froid, il ne s'agit pas d'une congélation, puisqu'il n'y a pas de glace. La vitrification est un procédé qui remplace au moins 60% de l'eau des cellules par une solution synthétique. Au lieu de geler, les molécules sont ralenties jusqu'à être complètement immobilisées, à - 124 degrés, selon le site d'Alcor.

4Quand pourra-t-on réveiller les cryogénisés ?

En réalité, il n'existe aucune certitude que ces corps ou ces cerveaux pourront être "réveillés" un jour - ou s'ils seront les mêmes personnes.

On sait déjà cryogéniser les ovocytes (cellules sexuelles féminines) - une pratique remboursée pour les employées des géants américains de la tech comme Facebook ou Apple, trop occupées pour avoir des enfants pendant leurs années fertiles. Mais on ne sait pas ce qui ressortira de la cryogénisation d'un corps entier - et notamment d'un cerveau, composé de milliards de cellules, les neurones, qui sont reliés par de précieuses connexions, les synapses. Quels sont les dommages qu'aura subi le cerveau au cours du procédé de vitrification ?

Alcor le reconnaît : "la plupart des experts, quel que soit leur domaine de prédilection, diront qu'ils ne connaissent aucune preuve que la cryogénisation peu fonctionner". L'organisme compare le procédé au voyage dans l'espace, qu'on pensait impossible à une époque.

Ce qu'espère Alcor, c'est qu'un jour ses clients pourront être réveillés et "réparés" par la médecine, qui aura évolué entretemps. Dans le cas de Kim Suozzi, il s'agira de traiter le cancer du cerveau qui a causé sa mort. 

5Si on ne les réveille pas, pourra-t-on utiliser les informations contenues dans notre cerveau pour fabriquer un autre "soi" ?

D'autres scientifiques spécialistes du cerveau espèrent recréer la conscience humaine sur un ordinateur à partir des informations contenues dans le cerveau cryogénisé : la carte de synapses qui relient les neurones, appelée le "connectome".

Une hypothèse qu'a rejetée le scientifique Michael Hendricks, spécialiste du cerveau, après la publication d'un long article sur l'histoire de Kim Suozzi dans le NYT. "La science nous apprend qu'une carte des connexions [du cerveau] ne suffit pas à simuler, ni encore moins dupliquer, un système nerveux", a-t-il écrit dans une tribune pour le MIT Technology Review. "Premièrement, quelles sont les informations qui sont nécessaires pour dupliquer un esprit humain ? Deuxièmement, les méthodes de congélation actuelles et à venir pourront-elles conserver ces informations, et comment ces informations seront-elles récupérées ? Troisièmement, et de la manière la plus contre-intuitive, une simulation serait-elle vraiment 'vous'?"

Près de New York, les habitants d'une ex-communauté nazie doivent prouver leur origine allemande

Dans une ancienne communauté nazie, à une centaine de kilomètres de la ville de New York, un héritage nazi subsiste depuis la fin de la Seconde Mondiale : l'un des quartiers de Yaphank exige toujours de ses habitants qu'ils prouvent leur origine germanique, raconte le New York Times.

Un ancien camp d'été pro-nazi

Tout commence en 1936 avec la fondation du German American Bund, une organisation pro-nazie qui regroupe des Américains d'origine allemande. L'association, d'envergure nationale, crée une branche dans le petit village de Yaphank, sur l'île de Long Island, dans l'état de New York. Non loin de Manhattan, les petites maisons de Yaphank accueillent les centaines de participants du Camp Siegfried, un camp d'été pro-nazi. Les rues sont baptisées du nom de dignitaires national-socialistes, dont Adolph Hitler et Joseph Goebbels.

Le camp Siegfried. Crédit : Miller. Source : Long Island History Journal

Le camp Siegfried. Crédit : Miller. Source : Long Island History Journal

Après la Seconde guerre mondiale et la chute d'Hitler, le nazisme perd de nombreux adeptes aux Etats-Unis. Le fondateur du German American Bund, Fritz Julius Kuhn, est exilé en Allemagne. Finies les parades de chemises noires. Les rues de Yaphank sont re-baptisées et les svastikas et autres symboles nazis disparaissent.

Des propriétaires "d'origine allemande" uniquement

Mais un héritage subsiste : la branche locale du German American Bund s'est transformée en Ligue d'occupation germano-américaine, qui reste propriétaire des terrains sur lesquels étaient organisés les camps d'été nazis. Le règlement de la Ligue exige que les propriétaires de la cinquantaine de maisons situées sur ses terrains soient d'origine allemande. Résultat : les 45 familles de la communauté sont quasiment tous blancs, selon le NYT. Les noms à consonance germanique "tels que Miethe et Korneffel" y sont également nombreux.

Le portail de la Ligue d'occupation germano-américaine. Source : Long Island History Journal

Vendre sa maison : un casse-tête

L'une de ces familles, les Kneer, d'origine allemande, raconte que lors de l'achat de leur maison en 1998, la mère de Patricia Flynn-Kneer a été interrogée en allemand par la Ligue - une manière de vérifier leurs origines allemandes. Au moment d'emménager, le couple accepte les règles dictées par la Ligue.

Mais après 8 ans à Yaphank, ils décident de vendre la maison pour un logement plus spacieux. Pour cela, ils doivent respecter le règlement écrit de la Ligue, qui possède le terrain sur lequel vivent les Kneer. Problème ? Cela suppose de trouver un nouveau propriétaire d'origine allemande, selon eux.

En effet, la Ligue interdit d'afficher un sigle "à vendre" sur la maison, ou de passer par une petite annonce publique. La vente doit être publiée uniquement auprès des membres de la Ligue et de leurs amis. En vente depuis 2006, la maison des Kneer n'a toujours pas trouvé preneur. La faute, selon ces derniers, à cette règle, qui permettrait de contrôler l'origine ethnique des habitants. Le couple dénonce une pratique discriminatoire et a entamé une action en justice ce mois-ci.

Des règles désuettes

Le président de la Ligue dément toute discrimination sur la base de l'origine, tout en admettant que cela a pu avoir lieu par le passé. Les règles garantissant l'origine germanique des habitants sont selon lui "désuettes". Les habitants interrogés par le Times confirment : les plus jeunes d'entre eux, dont les époux et épouses des membres de la Ligue, sont "d'origine italienne, irlandaise et juive". Les résidents interrogés affirment aussi que la petite communauté n'a plus rien de nationaliste, et n'organise aucun événement lié à l'Allemagne - si ce n'est l'Oktoberfest.

Le cliché de l'Oktoberfest

Pour ceux qui ne connaîtraient pas : le cliché de l'Oktoberfest

Selon l'un d'entre eux, les nouveaux habitants sont de plus en plus nombreux par rapport à la nouvelle génération (d'origine allemande). Ils seront bientôt en supériorité numérique.

"On se sent comme des animaux en cage"

Pour autant, les Kneer continuent leur combat pour l'abrogation des règles héritées des Nazis pour pouvoir vendre leur maison. "On se sent comme des animaux en cage ici", a déclaré Philip Kneer au Times. "C'est terrible pour tout le monde - pour les enfants, pour nous, et même pour nos chiens". Comme preuve que rien n'a changé depuis les années noires de Yaphank, le couple brandit une photographie récente, prise au QG de la communauté. Elle montrerait un médaillon nazi sur un drapeau allemand.

Regardez le reportage réalisé par la branche new-yorkaise de CBS :

Barbie se rachète une image féministe

La poupée Barbie est régulièrement critiquée pour son sexisme. On lui reproche de projeter une image stéréotypée de la femme dans l'esprit des petites filles. En cause : sa silhouette irréaliste (qui ne pourrait même pas contenir les organes d'une femme) et ses petits pieds modelés pour porter des talons hauts.

Née pour les talons hauts ! Crédit : Ima museum

Née pour les talons hauts ! Crédit : Ima museum

L'année dernière, un livre édité par Mattel, la société américaine qui produit Barbie, avait créé le scandale. Ironiquement intitulé "Barbie: je peux être une ingénieure informatique", l'ouvrage illustrait une Barbie qui demande continuellement l'aide de ses amis garçons pour créer des programmes informatiques. Accusé de perpétuer les clichés sur les femmes et la technologie, Mattel a rapidement annoncé son retrait de la vente.

Le livre, publié en 2010, montre une Barbie dépendante des garçons pour utiliser un ordinateur.

Le livre, publié en 2010, montre une Barbie dépendante des garçons pour utiliser un ordinateur.

Crédit : Jason Freeny - http://www.moistproduction.com/Menu/index.html

Les organes d'une femme ne tiendraient pas dans une barbie. Crédit : Jason Freeny - http://www.moistproduction.com/Menu/index.html

Pas étonnant, donc que Barbie souhaite redorer son blason. Dans sa nouvelle publicité, des petites filles s'imaginent coach pour une équipe de foot masculine, vétérinaire ou encore archéologue. En clair : les filles sont capables d'accomplir autant que les garçons. La vidéo est intitulée "imagine les possibilités" :

"C'est bien d'encourager les filles à s'imaginer avoir une vie professionnelle excitante", écrit Hanna Kozlowska de Quartz. "Mais doit-ont aussi les encourager à s'imaginer le faire avec un corps anatomiquement irréaliste ? Avec une silhouette qui n'est pas assez large pour contenir les organes d'une femme ? Et des pieds qui sont moulés pour porter des mini-hauts talons ?"

Un peu de féminisme aiderait-il à rebooster les ventes de Barbie, qui ont chuté de 20% au deuxième trimestre 2015 ?

Des petites annonces pour céder un enfant : c'est possible aux Etats-Unis

ENFANT DISPONIBLE. "Jackson est né en Europe de l'est et vient d'avoir 11 ans. Il a grandi dans un orphelinat bien équipé, jusqu'à son adoption à l'âge de 9 ans (...). Ses parents adoptifs ont tous deux des vies professionnelles très chargées et aimeraient pouvoir lui consacrer plus de temps. (...) Il est bon à l'école, surtout en maths. Des professionnels ont certifié qu'il n'était atteint ni d'asthme ni du syndrome d'alcoolisme foetal. (...) Socialement, Jackson s'entend avec ses camarades. Il est invité aux fêtes de ses amis."

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La description de Jackson sur la page Facebook de Second Chance Adoptions.

"Il y a des coûts associés à cette adoption. Pour les familles qui ont droit au crédit d'impôt adoption, ces coûts devraient être couverts entièrement."

Ceci n'a rien d'une blague. Jackson est l'un des enfants proposés à la "ré-adoption" sur la page Facebook de Second Chance Adoptions.

Aux Etats-Unis, des centaines d'enfants sont "disponibles" sur internet, façon Leboncoin, avec description et photos. Ils ont été adoptés une première fois, mais leurs familles d'adoption ne souhaitent plus s'occuper d'eux. On appelle cela le "rehoming", un terme généralement utilisé par les refuges pour animaux. Et c'est parfaitement légal.

Certains orphelins, handicapés ou difficiles, ont particulèrement de mal à trouver une famille pour de bon. Les plus chanceux d'entre eux sont ré-adoptés par des familles d'adoption "de seconde" main. Parmi elles, Brian et Shannon Carroll. Ce couple très religieux a adopté six enfants en trois ans. Ils racontent leur histoire sur un blog.

"Une famille imparfaite répond au voeu parfait de Dieu", selon le blog des Carroll

France 2 a rencontré la famille Carroll pour un reportage sur la ré-adoption aux Etats-Unis :

Un reportage de Valérie Astruc, Régis Massini, Sabrina Buckwalter et Arielle Monange

De la souffrance et du muscle : le crossfit, version hardcore de la salle de muscu

Le crossfit, abréviation de cross fitness, est né aux Etats-Unis dans les années 70, pays où les "gym" (salles de musculation) sont certainement les plus nombreuses au monde - y compris dans les lycées et les universités.

C'est une version hardcore de la musculation traditionnelle, un entraînement physique extrême, dont les adeptes "préfèrent des exercices éreintants, qui se rapprochent du châtiment corporel, à des exercices plus faciles et confortables", écrit Heather Havrilesky, chroniqueuse pour le New York Magazine"Pourquoi ne pas souffrir et suer tous ensemble, en groupe (...) ? Et pourquoi ne pas se faire crier dessus pendant [que nous souffrons] ?", ironise-t-elle.

Crédit : Rose Physical Therapy Group

Crédit : Rose Physical Therapy Group

Elle résume ainsi les différences entre la salle de sport "traditionnelle" et la salle de crossfit : un esprit de groupe et un dépassement des limites physiques.

Voici des extraits d'un manifeste que l'on retrouve sur de plusieurs sites de crossfit, intitulé "Eux [les salles de musculation] contre nous [les crossfitteurs]" :

Ils s'entraînent avec la télé en fond, qui diffuse CNN ou Kelly Clarkson. Nous nous entraînons pendant que d'autres membres nous encouragent.

Ils ont des machines cardio qui vous disent que nous allez trop vite. Nous avons des coachs qui vous disent que vous n'allez pas assez vite.

Ils ont des miroirs. Nous avons des coachs qui vous disent que vous avez besoin de retrouver la forme.

Ils ne s'entraînent vraiment que pendant 20 minutes, sur une session totale de 2 heures. Nous avons un vrai entraînement de 2 heures en l'espace de 20 minutes.

Ils s'entraînent pour leur physique. Nous nous entraînons pour la vie.

Fabien Ortiz, Laurent Desbois et Samah Soula vous font découvrir en images le sport américain qui a relégué les adeptes de la salle de muscu au rang d'amateurs :

 

Pourquoi les Républicains ont-ils tant de difficultés à se trouver un Speaker ?

Une bataille au sommet se joue pour décider qui sera le prochain Speaker du parlement américain. En septembre, John Boehner annonçait sa démission du poste. Quelques jours plus tard, le favori Kevin McCarthy se retirait de la course. Alors que les Républicains lui cherchaient un remplaçant, Paul Ryan, ex-partenaire du candidat Mitt Romney pendant la présidentielle 2012 a affirmé cette semaine qu'il était prêt à se présenter. Mais à une (lourde) condition : le parti tout entier doit s'unir derrière lui. Sous-entendu : il veut obtenir le soutien de la frange conservatrice des Républicains, responsable de la démission de John Boehner.

Pourquoi les Républicains ont-ils tant de difficultés à trouver un Speaker, position pourtant si convoitée ? 5 questions pour comprendre.

1A quoi sert le Speaker ?

Le Speaker (littéralement, "orateur") est le président de la Chambre des Représentants, l'équivalent du parlement américain. Dans les faits, il est le chef des Républicains (le chef des députés issus du parti majoritaire de la chambre - actuellement, les Républicains).

Il est également le troisième personnage dans la ligne de succession du gouvernement américain (si le président venait à se retirer et que le vice-président ne pouvait le remplacer, la présidence incomberait au Speaker).

arbre succession

Elu par les députés, il est tout d'abord sélectionné au sein de son propre parti.

2Pourquoi John Boehner a-t-il démissionné ?

Le républicain John Boehner, député de l'Ohio, occupe le poste de Speaker depuis 2011 (il est notamment connu pour ses tendances à pleurer sur scène, y compris pendant la visite du pape aux Etats-Unis).

Boehner a annoncé sa démission fin septembre. En cause : son opposition au Freedom Caucus, un groupe républicain conservateur. Les élus de ce mouvement lui reprochent d'exercer un contrôle trop fort sur le vote républicain. Boehner est également sous le feu des critiques des ultra-conservateurs pour ses réticences à bloquer le budget fédéral. La droite de la droite a en effet menacé de provoquer un nouveau "shutdown" afin de mettre fin au financement public du Planning familial, une association qui permet notamment aux femmes d'avorter. Le Speaker ne soutenait pas cette initiative.

John Boehner, Speaker démissionnaire

John Boehner, Speaker démissionnaire

L'un des représentants du mouvement conservateur Tea Party et également du Freedom Caucus, Mark Meadows, a même tenté de renverser Boehner par un vote de défiance.

Malgré sa démission, John Boehner restera à son poste jusqu'au 29 octobre, date de l'élection du nouveau Speaker.

3Quel est le problème ?

Le successeur "naturel" de John Boehner aurait dû être le chef de la majorité républicaine à la chambre, Kevin McCarthy. Pourtant, quelques jours après l'annonce de la démission du Speaker, McCarthy s'est retiré de la course. "Nous avons besoin d'un nouveau visage [pour unir les Républicains]", a-t-il déclaré.

Kevin McCarthy. Crédit : Congrès

Kevin McCarthy. Crédit : Congrès

Ce retrait a lancé des tractations au sein du parti républicain pour trouver ce nouveau visage rassembleur. Les Républicains en ont bien besoin : ni Boehner ni McCarthy n'ont réussi à conquérir le soutien du Freedom Caucus.

Or, pour s'assurer qu'il remportera l'élection au poste de Speaker, le candidat à la succession de John Boehner doit remporter les suffrages du Caucus. En effet, tous les députés de la Chambre participeront au choix du Speaker - y compris les Démocrates, qui voteront pour leur propre candidat.

Le candidat devra donc remporter une majorité à la Chambre. Difficile, sans le soutien du Freedom Caucus, qui réunit une quarantaine de membres et représente 1/6 des députés républicains.

Dans certains cas (si les démocrates votent différemment), ces derniers peuvent même empêcher une loi d'être votée, comme l'explique le Wall Street Journal. Il est donc indispensable de récolter leurs suffrages.

4Qui est Paul Ryan et que veut-il ?

Paul Ryan. Crédit : Tony Alter

Paul Ryan. Crédit : Tony Alter

Peu après que McCarthy ait jeté l'éponge, le nom de ce député du Wisconsin a émergé dans les débats républicains. Paul Ryan est le chef d'un comité puissant au sein de la chambre, le House Ways and Means Committee, qui traite notamment des impôts et des prestations sociales. Parmi ses soutiens, il compte des Républicains modérés, mais aussi des conservateurs.

Après la décision de McCarthy, Paul Ryan avait fait savoir qu'il n'était pas intéressé par le job. Sa décision de se présenter cette semaine est donc un revirement. Pour autant, Ryan a posé ses conditions : il ne se présentera que s'il obtient le soutien de tout le parti, y compris le Freedom Caucus, rapporte le New York Times.

Il exige également que soit limitée la possibilité pour les élus de renverser le Speaker.

5Qui sera l'élu ?

On ne sait pas. Pour Paul Ryan, le défi est désormais de convaincre le Freedom Caucus. Le groupe déjà choisi son représentant. Ryan ne sera élu que si le Caucus change de fusil d'épaule et lui apporte son soutien (en tout cas, celui de 80% de ses membres). Dans le cas contraire, il faudra trouver un autre candidat.

MISE A JOUR 22 octobre 2015, 16h50 (heure française) :

Le Freedom Caucus a approuvé la candidature de Paul Ryan à une majorité de... 70%. Cependant, les statuts internes du groupes exigent un vote de 80% des membres pour un accord officiel. Il appartient donc à Paul Ryan de décider si ces 70% sont suffisants.

En Amérique, on prépare un futur sans viande

Après 50 ans d'augmentation, la consommation de viande a quelque peu reculé aux Etats-Unis ces dernières années - même si un Américain moyen en consomme toujours plus de 100 kilos chaque année.

Cette tendance à la baisse pourrait bien se confirmer, avec le succès des substituts aux protéines animales. Dans les supermarchés américains, on trouve déjà des fromages à base de noix de cajou, des steaks hâchés végétariens et des ailes de poulet... sans poulet :

Un reportage de Jacques Cardoze, Régis Massini, Fabien Ortiz et Arielle Monange

La recette du burger végétarien de Gardenin est secrète, mais voici la liste de ses ingrédients :

image gardenineau, riz brun cuisiné, légumes grillés (oignons, maïs, poivrons rouges et verts), légumes (carottes, pois), avoine pilé sans gluten, huile de canola extraite par pression, concentré de protéines de soja, extrait de levure, méthylcellulose, sucre de canne biologique, ail déshydraté, poudre d'ail, poudre d'oignon, sel de mer, épices, arômes naturels (issus de plantes), paprika, acide citrique.

Viande in-vitro

Encore plus futuriste que les protéines végétales : la viande cultivée en laboratoire. Le steak in-vitro n'est pas prêt d'arriver dans nos supermarchés. Mais le lait et les meringues (à base de blancs d'oeufs) seront bientôt sur les étals, selon Gilonne d'Origny, chargée de développement pour l'ONG américaine New Harvest.

New Harvest finance la production de viande sans abattoir, sans champs et sans animaux

L'organisation finance les recherches de scientifiques qui recréent les protéines animales. Certains travaillent sur une viande "vascularisée", qui aura le même goût et la même texture que celle produite par les animaux - "voire mieux", à en croire Gilonne d'Origny.

Bannir la viande pour préserver la planète... et notre santé

De nombreux Américains se mettent aux substituts de viande depuis que le régime végétalien (sans viande ni produits animaux, dont les oeufs ou le lait) est devenu furieusement tendance.

Mais au-delà de l'effet de mode, de nombreux consommateurs entendent aussi manger plus sainement, dans un pays où l'usage des hormones, des OGM et antibiotiques est généralisé dans l'agro-industrie. La consommation d'animaux traités aux antibiotiques provoque chez les humains une résistance lorsqu'ils sont eux-mêmes traités par ces médicaments. 

Dans les coulisses de Hampton Creek, à San Francisco. La start-up fabrique notamment de la mayonnaise sans oeufs

Dans les coulisses de Hampton Creek, à San Francisco. La start-up fabrique notamment de la mayonnaise sans oeufs

Renoncer à la viande, c'est aussi un moyen de préserver l'environnement. L'élevage est en effet responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre. Le bétail utilise également une large part de nos précieuses ressources, comme l'eau et la forêt. Pour nourrir les animaux et cultiver des plantes fourragères comme le maïs, on abat des forêts entières, mettant en danger de nombreuses espèces et augmentant ainsi la production de gaz à effet de serre. Alors que la population mondiale augmente, l'élevage à l'échelle industrielle se généralise et avec lui les risques d'épidémie parmi les animaux et les hommes, affirme Gilonne d'Origny.

Une planète de plus en plus gourmande en viande

Pour autant, la consommation de viande continue d'augmenter, au rythme d'environ 5% par an ces dernières décennies. Cette croissance est portée par des pays émergents comme la Chine. En 40 ans, la consommation par tête y a été multipliée par sept, pour atteindre 56 kilos par personne en 2013. 

Le modèle français d'économie sociale s'exporte dans la Silicon Valley

Comment traduire "économie sociale et solidaire" en américain ? Avec son "restaurant solidaire", en partie financé par les géants américains de la tech Google et eBay, l'entrepreneur français Nicolas Hazard a peut-être trouvé la recette.

Nicolas Hazard. Crédit : Alfredo Brant

Nicolas Hazard. Crédit : Alfredo Brant

Au coeur de la Silicon Valley, il a lancé Calso, un incubateur qui investit dans des sociétés ayant un impact social. Parmi elles, Au Rendez-vous café, un restaurant qui a ouvert en septembre à Redwood City, près de San Francisco.

Sa particularité ? Il emploie des individus dans le besoin. Payés 13 euros de l'heure, les employés bénéficient d'une formation aux métiers de bouche. La formule est peu courante aux Etats-Unis, où les formations comme celles proposées par Pôle emploi en France n'existent pas.

Un reportage de Jacques Cardoze, Régis Massini et Arielle Monange :

Le modèle de l'entreprise de réinsertion est bien connu en France, où l'Economie sociale et solidaire (ESS) emploie 10% de la main d'oeuvre. On le retrouve également aux Etats-Unis, où certaines entreprises font par exemple le choix d'employer des anciens détenus ou des personnes sans domicile fixe.

Mais contrairement à la France, où la loi définit l'ESS (un secteur qui regroupe entreprises, associations, fondations, coopératives et mutuelles poursuivant un but social autre que de faire des bénéfices), il n'existe pas de définition claire de ce secteur aux Etats-Unis. 

Selon Nicolas Hazard, les entreprises dites "solidaires" y sont particulièrement populaires car les Américains font plus confiance à l'individu et aux entreprises qu'au gouvernement pour résoudre les problèmes. Les sociétés "solidaires" sont donc des entreprises comme les autres, qui doivent être rentables. D'ailleurs, sur Yelp, les clients du Rendez-vous café affirment apprécier le restaurant pour son service, sa nourriture et ses prix... et non pas parce qu'il permet aux plus démunis d'accéder à un travail. Business is business.

Plus il y a de fusillades, plus ils défendent le port des armes

Le 1er octobre dernier, une fusillade a fait neuf morts dans une université située dans une zone rurale de l'Oregon, à l'ouest des Etats-Unis. Le tueur, un étudiant qui s'est donné la mort après les faits, était un fanatique des armes, comme le montre son compte Myspace (effacé depuis).

Photo de Chris Harper Mercer postée sur son site Myspace

Photo de Chris Harper Mercer postée sur son site Myspace

La tuerie a donné lieu à un énième débat aux Etats-Unis sur la nécessité de renforcer le contrôle des armes, une cause défendue le président Barack Obama. "[Ces fusillades de masse] sont devenues une routine", a déclaré le président le jour de la tuerie de Roseburg, citant les meurtres de Columbine, Blacksburg, Tucson, Newtown, Aurora et Charleston.

Paradoxalement, la réaction de nombreux Américains face à ces événements est de se procurer une arme, afin de pouvoir se défendre. Deux ans après la tuerie de Newtown en 2012, dans une école élémentaire du Connecticut, un sondage du Pew Research center a montré que pour la première fois depuis 20 ans, les pro-armes étaient plus nombreux que les antis.

Source : Pew Research Center

Source : Pew Research Center

Selon le même sondage, près de 60% des Américains pensent que posséder une arme permet de se protéger. Au contraire, près de 40% pensent que la possession d'une arme représente un danger.

Source : Pew Research Center

Source : Pew Research Center

Après la tuerie de Roseburg, le président Obama a dénoncé ce paradoxe. "Je peux déjà imaginer les communiqués de presse qui vont sortir", a-t-il déclaré, "Ils affirmeront que nous avons besoin de plus d'armes, de déréguler le port des armes à feu".

De fait, le même jour, le candidat républicain Mike Huckabee apportait publiquement son soutien au port d'armes. Selon lui, ce sont les "zones sans armes" qui sont dangereuses :

Pour certains Américains, porter une arme, c'est garantir sa propre sécurité - et supposer que le gouvernement n'est pas capable de protéger ses citoyens. Après la fusillade de Roseburg, tout près, dans l'Oregon, France 2 est allé à la rencontre de quelques-uns de ces habitants qui voient le port d'arme comme une liberté constitutionnelle :

Un reportage de Jacques Cardoze et Laurent Desbois