Dans trois mois, la "COP21", la 21ème conférence des Nations unies sur le changement climatique, ouvrira ses portes à Paris.
Pour aboutir à un nouvel accord international sur le climat, les négociateurs de l'ONU devraient pouvoir compter sur le soutien du président américain. Barack Obama affirme régulièrement son engagement sur le sujet :"Tant que je serai président, l'Amérique sera en première ligne pour répondre à la menace du changement climatique" a-t-il déclaré sur Twitter.
Cette semaine, le président est en visite en Alaska, un Etat américain situé au pôle nord, où M. Obama a prévu d'appeler les autres pays à contrer le changement climatique.
Voici pourquoi l'Alaska est le symbole et le laboratoire du changement climatique :
1Les habitants de l'Alaska subissent le réchauffement avant tout le monde
Les glaciers de l'Alaska ont perdu plus de 3,5 millions de tonnes d'eau depuis 1959, ce qui représente un milliard de piscines olympiques, selon AP. Cette fonte est principalement le fait du réchauffement climatique selon l'experte en glaciers (sic) interrogée par AP, Regine Hock.
Problème : les blocs de glace protègent les villages des tempêtes et facilitent la chasse pour les habitants. Selon le Corps des ingénieurs de l'armée américaine, 26 villages pourraient bientôt disparaître du fait de l'érosion de la glace sur les côtes.
Un reportage de Valérie Astruc, Régis Massini et Sabrina Buckwalter
Dès lors, les habitant de l'Alaska "doivent déjà vivre avec les effets [du réchauffement climatique] : des feux de forêts plus fréquents et plus importants, des augmentations du niveau de l'eau plus importantes du fait des tempêtes, alors que la glace fond plus rapidement en mer, l'érosions des côtes (...) et la fonte des glaciers qui s'accélère, menaçant le tourisme" a déploré le président Obama.
Le tourisme, une manne importante pour l'Alaska, repose en effet sur la beauté de la glace et de la faune sauvage. Or lorsque la glace fond, c'est l'habitat d'espèces comme les morses ou les ours polaires qui disparaît.
Envrion 35 000 morses se regroupent sur une plage à Point Lay, en Alaska (Etats-Unis), le 23 septembre 2014. (COREY ACCARDO / NOAA / AFP)
2L'Alaska est une bombe à retardement sous la glace
Au cours des 50 dernières années, la température moyenne en Alaska a augmenté de presque 3,5 degrés Fahrenheit, selon les chercheurs américains de Global Change cités par l'agence nationale de protection de l'environnement. L'hiver dernier était le plus doux jamais enregistré.
Cet adoucissement des températures provoque le dégel de sols gelés depuis des milliers d'années. En dégelant, ils libèrent des gaz à effet de serre, accélérant encore le réchauffement climatique au niveau mondial.
Selon la chercheuse Susan Natali du Woods Hole Research Center, citée par l'AFP en juin dernier, 1 500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre gelé sont emprisonnées dans ces sols. Ce volume est « environ deux fois plus important que celui présent dans l’atmosphère », a confié l'experte à la presse.
3L'Alaska a besoin du pétrole
L'économie de l'Alaska repose sur la pêche et le tourisme, des secteurs qui sont menacés par le réchauffement climatique. Mais l'Etat dépend également de la production d'hydrocarbures, dont la combustion produit des gaz à effet de serre.
Selon l'Association des producteurs de gaz et de pétrole locale, un tiers des emplois en Alaska dépend de l'industrie pétrolière.
A l'annonce de la visite de M. Obama dans l'Arctique, les défenseurs de l'environnement ont répondu en dénonçant l'hypocrisie du président. "Les signaux contradictoires envoyés par Obama nous laissent perplexes", a déclaré Rebecca Noblin, directrice pour l'Alaska du Center for Biological Diversity, à l'AFP. "C'est frustrant de l'écouter s'exprimer de manière aussi éloquente sur la nécessité de s'attaquer au changement climatique puis de le voir trahir ses discours dans ses actes". En cause : le permis accordé à la compagnie pétrolière Shell pour mener des forages dans la mer des Tchouktches, au nord de l'Alaska.
"Je comprends ces inquiétudes", a affirmé Barack Obama, tout en insistant sur les "hauts standards de sécurité" demandés à Shell, et rappelant que les contrats avaient été signés avant qu'il ne prenne ses quartiers à la Maison Blanche.