Policiers à l'école : l'arrestation violente d'une lycéenne relance le débat aux Etats-Unis

Un policier arrête brutalement une lycéenne qui utilisait son téléphone en classe. La scène aurait eu lieu le 26 octobre.

Ce n'est pas la première fois que la vidéo d'une arrestation violente d'un citoyen américain noir par un policier blanc déclenche un scandale.

Mais cette fois-ci, la scène est d'autant plus choquante qu'elle se déroule dans une école. Car aux Etats-Unis, il n'est pas rare d'y croiser des policiers.

Les vidéos montrent l'étudiante de 16 ans assise devant son pupitre, dans le lycée Spring Valley à Columbia, en Caroline du Sud. Elle est jetée et trainée au sol par le policier : 


Une enquête a été ouverte par le Département de la justice et le FBI. L'officier qui a arrêté la jeune femme a été suspendu.

Punie pour avoir utilisé son téléphone

Selon une camarade de la jeune fille, qui a filmé la scène et a été interrogée par des journalistes de CNN, l'adolescente utilisait son téléphone en classe, ce qui est prohibé par le règlement de l'école. Le professeur appelle alors un policier en charge de la surveillance dans le lycée, qui demande à la jeune fille de lui remettre son téléphone. Elle refuse. L'officier lui demande de quitter la classe. Nouveau refus. Il procède alors à son arrestation.

La présence de policiers dans les écoles est banale aux Etats-Unis

Pour certains, il ne faut pas blâmer le policier, mais les règles qui autorisent la présence de policiers dans les écoles.

Selon le National Center for Education Statistics, 43% des écoles publiques ont au moins un chargé de sécurité, dont des policiers (chiffres de 2009-2010). On les appelle les "School Ressource Officer".

Leur présence croissante dans les école est une réponse à l'augmentation du nombre de délinquants juvéniles aux Etats-Unis dans les années 1980 et 1990, selon un rapport du Congressional Research Service.

Leur rôle ? Conseiller les élèves, les éduquer sur les questions de sécurité et de citoyenneté, mais aussi faire respecter la loi dans l'école. Ils peuvent réaliser des services à la demande du personnel de l'école, procéder à des arrestations, éconduire des intrus hors de l'école, aider les étudiants victimes de racket ou donner des cours d'éducation civique.

Flics ou éducateurs ?

Mais le rôle des officiers varie selon l'école et selon l'état. Le shériff du county de Richland en Caroline du Sud, Leon Lott, supérieur de l'officier qui apparaît dans les vidéos, affirme que le rôle de ses hommes n'est pas d'assurer la discipline dans les écoles, mais d'être des "professeurs", des "mentors".

"Malheureusement, nos législateurs ont voté une loi qui s'appelle 'déranger la classe'", a déclaré le shériff à CNN. "Si un étudiant dérange la classe (...) il peut être arrêté."

Ces arrestations à l'école permettent-elles de réduire la violence sur les campus américains ? "Malgré la popularité des School Ressource Officers, peu d'études fiables ont évalué leur efficacité", affrime le rapport du CRS. 

Pour autant, les tueries comme celles de l'école primaire de Newtown en 2012 "pourrai[ent] inciter certains législateurs" à trouver des moyens d'augmenter la présence de ces policiers dans les écoles, relevait le rapport en 2013.