L'été, c'est replay (1) : une année en mode gestion de crise

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An 4 de l’ère Blanquer, année 2 du Covid-19, l’école a encore été fortement impactée en 2020-2021, politiquement et sanitairement. Les congés d’été sont l’occasion de revenir à tête reposée sur l’année écoulée, de prendre un peu de ce recul dont nous prive la frénésie de l’actualité et de la communication officielle, parfois à la limite de la désinformation…

Covid-19 : comment ma classe a fermé quatre jours après la rentrée

On se doutait bien, malgré la méthode Coué appliquée par le ministère, que la rentrée serait rapidement placée sous le signe du Covid-19. Mais peut-être pas aussi vite ! 5 heures à peine après avoir découvert mes nouveaux élèves, voilà que ma directrice entre dans ma classe, embêtée, et me retire un de mes élèves, cas contact. Testé le lendemain, il est positif. Récit d’une des premières (mais pas dernière !) fermeture de classe.

Fermeture de classe pour cause de Covid-19 (suite) : procédure, tests, masque, continuité pédagogique

Alors que plusieurs centaines de classe ont, comme la mienne, fermé durant la première semaine, les couacs s’accumulent et dessinent une impréparation ministérielle : la chaine de décision est déficiente, les ARS sont débordées, les rectorats submergés, il est très difficile de se tester malgré la situation d’éviction, les outils de continuité pédagogique pour la mise en place de l’école à distance sont les mêmes qu’au printemps, limités et inadaptés. Cerise sur le gâteau, on apprend que les masques fournis par le ministère ne sont pas aux normes et pourraient bien mettre en danger la santé des enseignants…

Baron Orange, saison 5 : cellule indigestion de crise

Il n’en fallait pas plus pour que sorte un nouvel épisode de Baron Orange, notre série de politique fiction éducative entièrement fondée sur de vraies informations et un certain esprit sarcastique, je l’avoue.

Covid, direction d’école, salaires : le ministère se fiche des enseignants

Coup sur coup, trois séquences viennent montrer que le ministère est toujours, avant tout, soucieux de communiquer, sur des sujets qu’il devrait pourtant prendre à bras le corps : côté Covid, devant l’avalanche de fermetures de classes dans le pays, le ministère décide de modifier les critères de fermeture, histoire de de biaiser la lecture des chiffres ; côté direction d’école, un an après le suicide de Christine Renon, la loi Rilhac votée en juin est purement vidée de sa substance… par les élus de la majorité ; enfin la publication du budget 2021, à peine augmenté, montre que la faramineuse revalorisation tant vantée par le ministre n’aura pas lieu.

Le Grenelle des choyés

Alors que le premier ministre Jean Castex vient de sortir cette phrase déjà culte : « L’éducation nationale, notre majorité l’a particulièrement choyée, et nous allons continuer à le faire », s’ouvre le Grenelle de l’éducation qui doit mettre les professeurs « au centre de la société ». L’occasion de revenir sur tout ce que le ministère a fait et surtout ce qu’il n’a pas fait, et d’expliquer pourquoi ce Grenelle est une immense supercherie cousue de fil blanc.

L’école déconfite

Alors que le confinement numéro 2 est mis en place au retour des vacances de la Toussaint, l’école en est exempte. Si le ministère assure que le protocole sanitaire est renforcé, sur le terrain une seule mesure vient en attester : le port du masque pour les élèves de l’élémentaire. Pour le reste, rien n’est mis en place qui ne le soit déjà, les aberrations sont légion, mais l’important est de faire croire au grand public que tout est sous contrôle. L’école est, une fois de plus, une variable d’ajustement.

3 exemples d’arrangements avec les chiffres à des fins de communication à l’Education nationale

En quelques jours, trois séquences viennent montrer comment le ministère sait jouer avec les chiffres afin de « bien présenter » au grand public : les chiffres des cas positifs à l’école annoncés sont très en-deçà de la réalité, une simple comparaison avec ceux de Santé Publique France en fait la preuve édifiante ; la sous-estimation du taux de gréviste, bien ancrée dans l’EN, atteint des sommets avec ce ministère ; les multiples prises de parole vantant l’augmentation des profs sont contredits par la réalité : seul un tiers d’entre eux seront un peu revalorisés en 2021.

Baron Orange, saison 6 : l’affaire « Futur lycéen »

On apprend, mi-novembre, que le ministère aurait monté de toute pièce un syndicat « Potemkine », entièrement acquis à sa cause et destiné à lutter contre les syndicats lycéens sur la réforme du bac. Un merveilleux sujet de politique fiction éducative… Ou quand la réalité est, encore une fois, plus forte que la fiction.

Sondage : cassure entre les profs et leur ministre, les parents peu enthousiastes

Un sondage Ipsos / FSU vient début décembre confirmer ce qu’on sait parfaitement sur le terrain : la rupture entre les profs et JM Blanquer est consommée. Les profs sont très critiques sur la politique menée par le ministre et insatisfaits de la « revalorisation », et sont rejoints par les parents sur le dossier Covid : de l’avis de tous, la gestion de la crise par JM Blanquer est mauvaise, les parents étant a contrario satisfaits de la manière dont les profs gèrent les choses au quotidien.

Une incitation qui en dit long

A quelques jours des vacances de Noël, Jean Castex explique sur Europe 1 que si les parents peuvent ne pas envoyer leurs enfants à l’école les deux derniers jours, « ce n’est pas une obligation » : le but est de permettre un isolement d’une semaine avant de se réunir en famille pour les fêtes. Cette petite phrase est un aveu (le virus circule bien à l’école, contrairement au dogme ministériel), une marque de mépris pour les profs (dont les familles comptent moins que celles des élèves) et pour l’école (le signal envoyé aux parents est terrible) et une nouvelle preuve de méconnaissance de l’école (ces deux derniers jours sont souvent chargés).

Comment le ministre Blanquer peut-il encore mentir sur la situation sanitaire dans les écoles ?

A la rentrée de janvier et alors que plusieurs pays ont choisi de reconfiner, le ministre Blanquer fait sa rentrée médiatique en affirmant à nouveau que tout va bien à l’école, avançant des chiffres datant de novembre que de nombreux médias avaient à l’époque « débunké », rétablissant la vérité, preuves à l’appui. Interdits devant la manip’, on s’interroge, sur les journalistes qui ne savent pas, sur l’opinion publique qui ne veut pas savoir (à moins que ce ne soit l’inverse).

« Le fiasco Blanquer », anatomie d’un ministre

En 90 pages parfaitement documentées, Saïd Benmouffok fait un portrait sans concession du ministre Blanquer et de son action : de son passif, de son idéologie très marquée, de sa mise au pas de l’institution, avant de montrer que son bilan est d’ores et déjà très mitigé. Un livre à charge mais solidement structuré et argumenté.

Pendant ce temps-là, le ministère fait des économies

En février, le Café pédagogique nous apprend que le ministère a fait la coquette économie de 640 millions d’euros, dont 250 millions sur le budget de l’école 2020. Pendant ce temps, 1 800 postes d’enseignants ont été supprimés dans le secondaire et la « revalorisation » historique ne touche qu’un prof sur 3…

Enseignants, voici comment le Grenelle de l’éducation a géré votre « revalorisation » et ce qu’il a prévu (pas grand-chose, désolé)

Le Grenelle a rendu ses synthèses, et il est à la fois intéressant et désespérant de lire celle de l’atelier Revalorisation. Dans cet atelier dirigé par deux fidèles de JM Blanquer et composé notamment du DRH de Schneider et d’une députée LREM, les syndicats tentent de faire entendre leur voix et de porter la vision de la revalorisation voulue par les enseignants. Elle s’oppose à celle à l’ordre du jour, en réalité davantage axée sur l’attractivité, la revalorisation des rémunérations n’est qu’un axe de travail parmi d'autres...

Blanquer, capitaine du Titanic (pourquoi la fermeture des écoles est inéluctable)

Fin mars, l’épidémie de Covid-19 explose dans le pays, et l’école n’est pas en reste. JM Blanquer a beau tenir sa ligne et affirmer que tout est sous contrôle, sa communication est à bout de souffle, le nombre d’élèves et de profs contaminés a plus que doublé en deux semaines, et les scientifiques ne cessent de dire que ce qui aurait dû être fait à l’école ne l’a pas été, même un membre du très officiel Conseil scientifique reconnait que « l’école est le talon d’Achille du dispositif actuel ». Une semaine plus tard, E. Macron annonce la fermeture des écoles pour trois semaines.

Comme si de rien n’était

Les écoles rouvrent le 26 avril, et rien n’a changé. Le protocole est quasiment inchangé, seule mesure importante, la fermeture de classe dès le premier cas positif (mesure imposée à JM Blanquer qui n’en voulait surtout pas…). Pour le reste, ce sont les mêmes effets de com’, l’objectif de 600 000 tests ne sera jamais atteint, l’EN ne fournit toujours pas de détecteurs de CO2 et les enseignants ne sont toujours pas prioritaires pour la vaccination.

Pourquoi les profs sont-ils mécontents qu’on leur promette 700 millions d’euros ?

Une fois encore, le ministre vante dans les médias une augmentation historique des enseignants. Cette fois-ci, ce sont 700 millions qui sont annoncés pour la revalorisation des profs en 2022. Sauf qu’en réalité et comme d’habitude, le chiffre est bien trompeur et une grande majorité des profs verra son pouvoir d’achat baisser en 2022…

 

Second volet le 12 aout, avec les billets de l’année consacrés à d’autres sujets que la politique et le Covid, parce qu'il n'y a pas que la politique dans la vie !

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