Charleston: Le nouveau visage de la violence américaine

La déclaration de Barack Obama après la tuerie de Charleston était brève, digne et malgré les références à Martin Luther King, sombre. Interrogé sur sa déclaration après la tuerie, Barack Obama a commenté, amer: « J'ai dû faire beaucoup trop de déclarations de ce genre. » 14 en tout, depuis qu'il est président.

Pourtant, dans les dix dernières années, le nombre de meurtres par armes à feu aux Etats-Unis n'a cessé de diminuer. Selon les chiffres du Bureau of Justice Statistics, le nombre de morts par armes à feu aux Etats-Unis est passé de 18 253 en 1993 à 11 101 en 2011. Les chiffres sont encore plus impressionnants si l'on considère le nombre total de victimes de crime impliquant une arme à feu (braquages, vols...), passé de 1 548 000 en 1993 à 478 400 en 2011.

Pourtant, selon un sondage mené chaque année par le Pew Research Center, la perception de la violence par armes à feu chez les américains est très différente. Chaque année la violence par armes à feu baisse, et chaque année les américains pensent qu'elle augmente. Dans le même mouvement, le débat sur le contrôle des armes se fait de plus en plus amer. Là ou certains américains voient dans la - fausse - hausse qu'ils perçoivent une raison de limiter la circulation des armes à feu, d'autres y trouvent une raison de plus d'en posséder une pour se défendre.

Alors, comment expliquer cette disproportion entre la réalité du crime aux Etats-Unis et sa perception? Bien sûr, la perception du crime est presque toujours pire que la situation réelle, mais dans ce cas le biais psychologique naturel ne suffit pas à expliquer une telle différence. Elle est surtout due au type de crimes qui sont commis et à la couverture politique et médiatique qui en résulte. La multiplication des crimes de masse (plus de 4 victimes simultanément comme à Charleston), la prédominance des crimes à caractères haineux (raciste ou idéologique, là aussi comme à Charleston). Même les violences policières, trop rares pour être significatives dans les statistiques, contribuent à créer une surexposition des violences par armes à feu.

Les crimes de masse. Aussi curieux que cela puisse paraître, il est assez difficile de trouver des statistiques fiables sur le nombre de crimes de masse commis aux Etats-Unis. En effet, les statistiques du FBI sont basées sur des déclarations volontaires des forces de l'ordre locales. Behind the Bloodshed, une enquête menée par USA Today a établi que les statistiques officielles n'étaient fiables qu'à 61%. Une chose en ressort toutefois, les meurtres à plusieurs victimes sont en hausse ces dernières années et la plupart d'entre eux sont commis avec des armes à feu.
Selon USA Today, un meurtre de masse a lieu toutes les deux semaines environ. Selon gunviolencearchive.org les chiffres sont encore pires, avec 133 cas depuis le début de l'année 2015. A tel point que les triple ou quadruple meurtres ne font presque plus la une des médias nationaux, comme nous l'expliquions dans le meurtre de trois jeunes musulmans à Chapel Hill.

Les crimes de haine. La aussi, les statistiques officielles sont à la limite du ridicule. Dans leur rapport annuel, les statisticiens du Bureau of Justice Statistics estiment à 300 000 le nombre de crimes à caractère haineux, qu'ils soient violents ou non. Les chiffres des bases de données du FBI rapportent entre 5000 et 6000 crimes haineux par an. Là encore, le manque de volonté des forces de police locales sont en cause.
Dans l'ensemble, le taux de crime haineux violent est resté stable autour de 1 pour 1000 personnes depuis 2004, ce qui correspond à une importance relative plus élevée en raison de la baisse des autres types de crimes.

Document du Bureau of Justice Statistics sur le taux de crimes haineux aux Etats-Unis.

La montée des loups solitaires. Le loup solitaire, dont jusqu'à présent le tueur de Charleston est le portrait-robot parfait, c'est la nouvelle peur de l'Amérique. Un homme seul ou un petit groupe qui prennent sur eux de commettre une tuerie au nom d'une idéologie, sans leaders, sans organisation. Une tactique destinée à tromper les forces de l'ordre employée aussi bien par les islamistes que par l'extrême-droite. Dans un rapport effrayant intitulé L'âge du loup solitaire, le Southern Poverty Law Center révèle que toutes les cinq semaines, un attentat est commis ou déjoué aux Etats-Unis. Dans 74% des cas, il est l'oeuvre d'une seule personne. Le chiffre monte à 90% avec trois personnes ou moins. Leur « historique de la terreur » (PDF) est un récapitulatif détaillé de tous les attentats exécutés ou déjoués sur le sol américain par des loups solitaires.

Le loup solitaire est sans doute le symbole le plus marquant du nouveau visage de la violence par armes à feu aux Etats-Unis. Moins lié aux gangs et au crime crapuleux, les tueries de masse et les crimes haineux donnent aux meurtres par armes à feu un aspect aléatoire et imprévisible qui provoque une peur constante. « Il faut que vous compreniez que c'est dans un monde comme ça que nous vivons, soyez attentif, vous aurez peut-être quelques secondes d'avance sur un type comme ça » détaille, laconique, un ancien agent du FBI sur CNN.

Voilà le nouveau paysage de la violence aux Etats-Unis. Dans ces circonstances, on comprend mieux pourquoi les américains se sentent moins en sécurité. La peur des loups solitaires sert aussi le narratif des « pro-guns ».
L'année dernière, pour la première fois depuis presque 20 ans, le nombre d'américains en faveur du droit à porter une arme dépassait celui de ceux en faveur d'un contrôle plus strict sur les armes à feu.

Ils reste un dernier graphique à explorer. Si la perception de la violence par armes à feu ne reflète en rien son évolution réelle, les Etats-Unis restent dans une situation inquiétante par rapport aux armes. Le pays figure toujours (de loin) en tête du classement peu flatteur des pays développés ou les meutres par armes à feu sont les plus fréquents (3,2 pour 100 000 personnes par an, contre 0,1 en France).

Le taux de meurtre par armes à feu dans les pays développés. A droite, les Etats-Unis. (Vox)

« Il faut que l'on reconnaisse que ce genre d’événement n'arrivent pas dans les autres pays riches, et nous devons faire quelque chose » a déclaré le président après la tuerie.

T.L

Comment gérer les chevaux sauvages de l'Ouest?

Ah, le Wild West, ses ranchers, cowboys et ses incroyables mustangs...Sauf que depuis quelques années, l'image n'est plus aussi idylliques. Les mustangs sauvages sont devenus un problème épineux. En l'absence de prédateurs naturels dans les vastes plaines de l'Ouest, les chevaux sauvages se multiplient et s'approprient des parties croissantes du territoire. Et comme il est illégal de les abattre, ils commencent à sérieusement déranger les ranchers et les agriculteurs en monopolisant les points d'eau et dévorant l'herbe des troupeaux.

Les solutions de contrôle de la population coûtent cher, très cher, au point que le gouvernement américain propose désormais une prime d'un million et demi de dollars à celui qui trouvera la solution au problème des chevaux sauvages.

Reportage de Valérie Astruc et Régis Massini.


Le problème des chevaux sauvages dans l'Ouest by ftv-geopolis

Revivez l'arrivée de l'Hermione aux Etats-Unis

C'est l'aboutissement d'une longue aventure pour L'Hermione, la reconstitution de la frégate Hermione, célèbre pour avoir emmené aux Etats-Unis le marquis de Lafayette pendant la Révolution américaine est arrivée à bon port aux Etats-Unis, arrivant à Yorktown avant de commencer une tournée sur la Côté Est des Etats-Unis, reproduisant une partie du parcours des français pendant la Révolution américaine.

Vous pouvez revivre son arrivée grâce au reportage de Valérie Astruc et Régis Massini.


BLOG_Hermione by ftv-geopolis

Candidats #4: Scott Walker, un favori en Harley

La course pour les primaires républicaines est toujours aussi confuse, avec déjà plus d'une dizaine de candidats déclarés et toujours de nouveaux entrant. Pourtant, la première primaire (techniquement, un caucus) du parti, disputée dans l'Iowa, a trouvé son favori. Scott Walker, gouverneur du Wisconsin.

C'est le portrait de cette semaine, par Valérie Astruc.


Candidats #4: Scott Walker by ftv-geopolis

1Qui est Scott Walker?

Scott Walker, c'est un peu votre voisin qui souhaiterait devenir président. Rien au cours de sa vie ne le distingue des autres candidats à part, justement, son côté ordinaire. Fils d'une libraire et d'un prêtre baptiste, il mène une carrière banale dans le privé. Au milieu de docteurs, de PDG, de politiciens de carrière formés dans les universités de la Ivy League, Scott Walker abandonne l'université de Marquette sans diplôme, pour un emploi chez IBM avant d'entrer à plein temps en politique.

Ce côté simple et « blue collar » (les ouvriers par opposition aux employés de bureau « white collars ») plaît énormément aux républicains, tout comme le bilan de Scott Walker à la tête de son état du Wisconsin, un ancien bastion démocrate qu'il tient depuis 2011. Dans cette place forte, Walker a même réussi à triompher des puissantes « unions », les syndicats de travailleur, en établissant un « droit au travail » (les employés peuvent choisir de ne pas être représentés par les syndicats dans les conventions collectives) et en abolissant certains acquis sociaux.

Ce fait d'arme, Walker en à fait son fer de lance. Une de ses citations « Nous avons besoin d'un président qui puisse faire reculer l'islamisme. Si j'ai battu des centaines de manifestants, je peux le faire à travers le monde. » a été souvent détournée, mais elle représente bien le personnage Scott Walker: Un homme déterminé mais inexpérimenté, du sang neuf chez les conservateurs, qui plaît visiblement aux électeurs et aux financiers.

2Quel est son programme?

Fidèle à son image de champion des américains moyens, Scott Walker se bat avant tout sur les questions économiques plutôt que sociales. Il se distingue aussi par une certaine capacité à jouer la girouette sur des sujets sensibles, particulièrement l'immigration.

Economie: C'est le dada de Walker, qui se décrit lui même comme un candidat « fiscal ». Dans la lignée de ses victoires contre les syndicats, il veut procéder à de vastes campagnes de dérégulation du marché de l'emploi et d'allègement des taxes sur les entreprises. Walker est un défenseur fervent du marché libre, dans la ligne économique la plus pure du parti. Il faut toutefois noter que contrairement à un Rand Paul, Walker n'est pas un extrémiste, il ne propose par exemple qu'une réduction progressive du budget.

Société: Sur les questions sociales, Scott Walker ne se distingue pas du reste des candidats républicains. Il respecte à la lettre la plate-forme conservatrice, anti-avortement, anti-mariage gay, pro-armes. Toutefois, contrairement aux candidats évangélistes et aux membres du Tea Party, Walker ne fait pas des questions de société son cheval de bataille. Il entend dans la plupart des cas laisser le choix aux états, et a d'ailleurs déclaré sur la mariage gay qu'il considérait une décision de la Cour Suprême comme définitive et ne chercherait pas à la combattre politiquement.

Immigration: Un sujet sensible pour Walker, qui a montré sa capacité étonnante à jouer la girouette idéologique. Il a d'abord fait partie des républicains les plus modérés, offrant aux immigrés illégaux un « chemin vers la citoyenneté » avant de virer à droite toute et de réclamer une frontière imperméable et aucun droit supplémentaire pour les illégaux, puis de retourner dans le premier camp. Des pirouettes qui démontrent pour certains son inexpérience des questions nationales, avec lesquelles il adapte souvent son discours à son auditoire.

International: Attention, lacunes. Walker s'est bien gardé de donner des détails sur son plan de renforcement des financements de l'armée et le retour des GI en Irak, histoire de ne pas attirer l'attention sur son point faible. Rien de rédhibitoire dans la course à l'investiture, mais il faudra aussi faire le poids face à Hillary Clinton, une ancien secrétaire d'état spécialiste des questions internationales.

3Quelles sont ses chances?

En un mot, élevées. Walker est un candidat capable de rassembler les républicains, avec une personnalité neuve et un programme conservateur classique. Le parti pourrait voir l'attrait d'une personnalité à l'opposé de celle d'Hillary Clinton, un homme jeune, hors de l'establishment, conservateur, qui dispose en plus de l'appui des puissants frères Koch face aux démocrates.

Autre atout: l'Iowa. Walker se présente en favori dans le tout premier caucus de la campagne. Dans une campagne ou il sera très difficile de se faire un nom en raison du nombre de candidats, quelques victoires initiales pourraient bien faire toute la différence.

En revanche, Walker pourrait avoir du mal à rassembler au delà de ses bases. Les républicains conservateurs et les centristes n'apprécient guère son inexpérience et son intransigeance, comme le montre l'édito virulent publié par un stratège républicain sur CNN intitulé: « Et si Scott Walker n'était pas qualifié? ». De plus, Walker n'a pas le profil pour aller braconner sur les terres démocrates, comme Marco Rubio pourrait le faire pour les latinos par exemple.

CHANCES DE DEVENIR PRÉSIDENT DES ETATS-UNIS: De très bonnes chances d'être nommé candidat républicain. Ça reste à voir pour la présidentielle elle-même.

T.L

 

SEAL Team 6 : Les assassins du président

2 mai 2011, aux alentours de une heure du matin. Abbottabad, Pakistan. 24 membres du Devgru, arrivés à bord de deux hélicoptères furtifs, attaquent un complexe d'habitations au cœur de la ville. Comme les Etats-Unis ne sont pas en guerre avec le Pakistan, les commandos ont été placés sous le commandement du groupe des opérations spéciales de la CIA.

5 personnes trouvent la mort dans ce raid, dont le terroriste le plus célèbre de son temps et ennemi public numéro 1 des Etats-Unis : Oussama Ben Laden. Cette opération, Nepture Spear, est aussi la plus célèbre menée par le Devgru, une section des forces spéciales américaines plus connue sous le nom de SEAL Team 6.

Une section auquel le New York Times a consacré lundi une longue enquête intitulée « L'Histoire secrète de SEAL Team 6 » et sous-titrée: « Une machine à tuer globale et sans contrôle. » Une occasion de revenir sur cette branche de la Marine, partie intégrante de la doctrine militaire de Barack Obama.

1D'où vient la SEAL Team 6?

Le United States Special Naval Warfare Development Group (Groupe de développement des forces spéciales navales de Etats-Unis ou plus simplement Devgru) trouve son origine dans la crise des otages de l'ambassade des Etats-Unis à Téhéran en 1979. L'opération de secours tourne à la débâcle, deux hélicoptères américains se crashent dans le désert en route pour l'ambassade, tuant huit militaires.

Les Etats-Unis décident alors de la formation d'une nouvelle unité spéciale de la Navy, spécialisée dans les opérations de commando plutôt que dans le combat traditionnel. Les autres unités SEALs, comme celle de « l'American Sniper » Chris Kyle, combattent aussi sur le terrain. C'est la naissance de SEAL Team 6 - le nom est une opération d'intox contre les soviétiques, il n'existait que deux autres équipes SEAL à sa création - qui changera de nom pour devenir Devgru en 1987.

Le commando est particulier même au sein des forces spéciales américaines. Il ne recrute des hommes qu'en provenance des autres équipes SEAL. Pourtant, 50% de ces recrues d'élites ne passent pas les tests d'admission. La Team 6 constitue donc la proverbiale « crème de la crème. »

2Quel est son rôle?

Le Devgru est composé de sept unités plus petites (quatre d'assaut, une de reconnaissance, une de transport et une d'entraînement) spécialisées dans les opérations « no-fail », ou l'erreur n'est pas permise. Cela comprend évidemment le sauvetage d'otages. En 2012, la SEAL Team 6 s'est distinguée en Somalie en attaquant un groupe de pirates qui tenait deux occidentaux en otages. Dans une opération éclair, les neuf pirates sont décédés tandis que Jessica Buchanan et le danois Poul hagen Thisted étaient récupérés sains et saufs.

Les autres missions du Devgru comprennent des opérations anti-terroristes, des opérations de surveillance et bien entendu, les fameuses missions d'assassinats. Enfin, contrairement à l'ensemble des autres SEALs, les membres du Devgru sont formés au travail d'espionnage sur le terrain et opèrent souvent en civil, en tandem avec la CIA.

3Est-elle très utilisée?

Oui. Et surtout, de plus en plus. Le principal intérêt de l'enquête du New York Times est qu'elle révèle à quel point le Devgru s'intègre dans la doctrine militaire de Barack Obama, Si l'on devait la résumer, il s'agit d'une réduction de la présence au sol de troupes conventionnelles américaines au profit de bombardements, de frappes de drones et si nécessaire l'intervention de commandos - dont le tout premier d'entre eux est le Devgru. Tout pour minimiser l'implication des Etats-Unis sur le terrain.

Pour reprendre les mots de l'enquête du New York Times, « conçue pour n'être utilisée que lors de quelques opérations ponctuelles, la SEAL Team 6 est désormais une machine de chasse à l'homme au niveau global. » Ou, pour reprendre l'analogie du sénateur démocrate Bob Kerrey, ancien SEAL lui-même: « C'est un peu devenu le numéro vert à chaque fois que quelqu'un veut faire quelque chose. »

Le Devgru est particulièrement utilisé dans le cadre du programme d’exécution des « cibles à haute valeur » (high-value targets ou HVT) de la CIA. En 2013, Wikileaks avait publié une évaluation interne du programme HVT par l'agence datée de 2009, qui semble résumer en tous points la stratégie d'Obama. Le document explique qu'il est possible de manipuler le comportement de groupes terroristes grâce à des captures ou des assassinats soigneusement choisis pour l'influencer. Il peut s'agir d'ébranler la confiance des militants, de créer des conflits internes ou même de détourner des groupes politiques vers le banditisme. Une méthode à la base de l'accroissement phénoménal des frappes de drones et d'attaques commandos utilisées par les Etats-Unis.

En raison du secret qui entoure le Devgru, il est impossible de donner un chiffre précis. Mais la plupart des anciens membres du groupe parlent de « dizaines d'opérations » menées chaque année par le Devgru.

4Fait-elle polémique?

Et bien pour le dire ainsi: Pas vraiment. L'article du New York Times apporte peu de nouveautés sur le dossier du Devgru, et les tactiques parfois ultraviolentes du groupe sont bien connues. Un des membres explique notamment que lors des opérations en zone de guerre, les commandos n'hésitaient pas à tuer des personnes endormies s'ils trouvaient une arme à leurs côtés. Le même homme commente: « C'est pas différent d'une bombe qui tomberait sur le bâtiment. » Encore une fois, le parallèle entre le Devgru et le programme de drones se justifie.

Dans au moins un cas, les SEALs ont été soupçonnés d'avoir tués des combattants s'étant déjà rendus. D'autant plus que même les commandos ne peuvent pas forcément éviter les victimes civiles, de l'aveu même d'anciens membres de l'équipe. La Team 6 dispose d'ailleurs au sein de l'armée d'une réputation terrifiante d'unité qui n'hésite pas à dépasser les règles communément admises pour remplir sa mission, et plusieurs cas de comportements violents aux Etats-Unis même sont recensés par le New York Times.

Pourtant, contrairement au programme des frappes de drones, de plus en plus critiqué, le prestige du Devgru ne faiblit pas. D'une part en raison du colossal capital de sympathie engrangé aux Etats-Unis avec l'assassinat de Ben Laden, et ensuite grâce à l'aura des forces spéciales. Aux Etats-Unis comme en France, les commandos disposent d'un prestige considérable.

D'ailleurs, ce prestige ne s'efface même pas des colonnes du New York Times. Quand dans d'autres articles, les reporters s'étendent longuement sur la vie des membres du commando, et surtout les effets de leur travail sur leur santé. En effet, une comparaison revient souvent, celle entre les membres du Devgru et des professionnels du football américain. « Tu te sens comme si ton corps et ton cerveau étaient détruits. Mais tu ne veux pas quitter le terrain. » décrit un ancien membre au Times.

T.L

San Francisco réinvente l'habitat collectif

La propriété collective n'a pas toujours eu très bonne réputation aux Etats-Unis. Mais depuis quelques années, la taille des colocations s'agrandit, jusqu'à devenir de véritables habitats collectifs. C'est le « coliving ». La Californie, avec ses hordes de jeunes actifs hautement qualifiés, est à la pointe du mouvement, notamment aux alentours de San Francisco. Pour un prix (très) relativement modique, certaines maisons peuvent accueillir jusqu'à une vingtaine de personnes, qui partagent bien plus qu'un salon.

Ces habitats collectifs deviennent souvent des espaces de fête ou de travail, véritables pépinières à idées dont les start-up californiennes sont friantes.

Reportage à San Francisco de Jacques Cardoze, Laurent Desbois et Fabien Ortiz.

Le mot du week-end: C'est quoi le « gerrymandering » ?

La triche dans les découpages de circonscriptions électorales est tellement implantée dans la politique américaine qu'elle a sa propre place dans le vocabulaire. Le « gerrymandering » est en effet une vénérable spécialité locale, pratiquée avec expertise par le législateur.

Le gerrymandering expliqué par CGP Grey. Ou le Tl;dr de cet article.

1Pourquoi « gerrymandering » ?

Le nom provient d'une caricature publiée dans la Boston Gazette en mars 1812. Le dessin dénonçait le redécoupage électoral effectué par le gouverneur du Massachusetts Elbridge Gerry pour les élections au Sénat de l'état. La forme étrange donnée au district de South-Essex inspire au caricaturiste la forme d'une salamandre.

La « salamandre ». Une circonscription du Massachusetts redécoupée en 1812, moquée par un caricaturiste.

La « salamandre ». Une circonscription du Massachusetts redécoupée en 1812, moquée par un caricaturiste.

La contraction du nom du gouverneur et de la salamandre (salamander) est depuis entré dans le vocabulaire courant pour désigner le processus de fraude électorale grâce au redécoupage de certains districts.

2Comment ça marche?

Le gerrymandering ne peut se pratiquer que dans des élections ou le vainqueur l'emporte à la majorité, comme aux Etats-Unis ou en France. Dans une élection proportionnelle pure, il n'y a pas de districts à trafiquer et les voix sont mécaniquement reproduites à l'assemblée. (En contrepartie, les citoyens n'ont pas forcément de représentant local.)
De manière typique, le gerrymandering consiste pour un législateur à positionner les frontières électorales de manière à « gâcher » les voix de ses adversaires politiques tout en maximisant l'effet de celles de ses partisans. Mais comment?

Le septième district du Congrès pour la Pennsylvanie.  Une circonscription particulièrement...créative.

Le septième district de Pennsylvanie. Une circonscription assez...créative.

• La dispersion: C'est la manière d'opérer la plus fréquente . En découpant adroitement des districts électoraux, il est possible de biaiser la représentation des citoyens qui s'y trouvent. Par exemple, en divisant un bastion adverse pour l'intégrer à plusieurs circonscriptions gagnées d'avance. Cette méthode est très utilisée pour neutraliser des votes urbains en regroupant plusieurs quartier d'une même grande ville à différentes larges zones rurales. La technique peut avoir l'effet inverse, en fonction de l'équilibre de population.
C'est aussi la méthode récemment utilisée par le gouverneur du Texas et candidat à la primaire républicaine Rick Perry. Dans son état du Texas, il a préféré atomiser les quartiers latinos - à tendance démocrate - en les divisant pour les lier à de grandes zones de la suburbia républicaine. Le « Perrymandering » est toujours en chemin dans les cours américaines.

Un bel exemple de dispersion dans l'Ohio. La ville de Franklin (très démocrate), divisée en trois secteurs reliés à des places fortes républicaines.

Un bel exemple de dispersion dans l'Ohio. La ville de Franklin (très démocrate, au centre), divisée en trois secteurs reliés à des places fortes républicaines.

• Le regroupement: C'est la technique inverse de la dispersion. En regroupant tous les électeurs adverses dans une seule circonscription, un parti peut s'assurer de remporter le reste d'entre elles. La encore, il s'agit de jouer sur les votes gâchés. Si le Parti A remporte une circonscription par 80% des voix mais en perd trois autres par 51% des voix, la majorité des voix peut aboutir à un quart des sièges.
Le regroupement est aussi utilisé dans un but de discrimination positive. En regroupant certaines minorités dans un unique district, il est possible de lui garantir un représentant. Aux Etats-Unis, ces circonscriptions sont connues sous le nom de « minority-majority districts ».

Et voici la version "regroupement". Ces deux étranges districts rassemblent une grande partie de la population hispanique des alentours de Chicago.

Et voici la version "regroupement". Cet étrange district rassemble une grande partie de la population hispanique des alentours de Chicago.

D'autres techniques moins évidentes existent, comme de redécouper deux circonscriptions pour mettre face-à-face des élus sortants du même parti ou de retirer de sa circonscription les zones électorales fortes d'un élu.

3Comment l'éviter?

Si vous n'avez pas une confiance aveugle en votre représentant local, il n'existe que peu de méthodes empêcher le gerrymandering.

La commission indépendante ou bipartisane : L'idée de laisser le soin de découper les zones électorales à une commission indépendante des partis politiques paraît évidente...Et pourtant. Dans la grande majorité des législatures américaines, c'est bel et bien le parti au pouvoir qui peut décider seul des redécoupages électoraux. Seuls quelques états comme la Californie laissent le soin à une commission désigner de découper ses districts.

A mentionner en passant: La France est un des seuls pays ou le redécoupage électoral peut être effectué sans aucun contrôle, au niveau national, par la majorité à l'Assemblée Nationale.

En jaune, les états ou a majorité décide du découpage électoral. En vert, ceux ou une commission s'en charge. En rose, une commission propose et la majorité vote.

En jaune, les états ou la majorité décide du découpage électoral. En vert, ceux ou une commission s'en charge. En rose, une commission propose et la majorité vote.

• Le redécoupage informatique :  Plus efficace encore que de confier à des technocrates le soin d'effectuer les découpages, mettez y des algorythmes. Certains chercheurs préconisent notamment d'utiliser un algorythme très simple, celui de la « ligne de partage la plus courte ». L'algorythme découpe géométriquement une zone en deux parties à population égale par la ligne la plus courte possible, puis fait de même pour chaque partie obtenue, et ainsi de suite.
Mécaniquement, il est ainsi possible d'obtenir des districts dont la population est rigoureusement égale et dont la définition est parfaitement impartiale. En revanche, cette technique ignore la géographie et les communautés et peut créer des difficultés pratiques.

La Californie redécoupée par un algorithme. Chaque district contient le même nombre d'habitants.

La Californie redécoupée par un algorithme. Chaque district contient le même nombre d'habitants.

Changer de système de vote : De nombreux chercheurs se sont attaqués à un problème épineux, comment éviter le gerrymandering sans passer à un vote entièrement proportionnel qui éliminerait l'intérêt d'un représentant local? Ils ont théorisé plusieurs système à l'efficacité et à la précision remarquable, comme le single-transferable vote. Aucun n'a pour l'instant été testé dans des conditions électorales réelles.

Vidéo de présentation du système STV par CGP Grey.

T.L

Candidats #3: Carly Fiorina, la businesswoman

Carly Fiorina, la seule femme de la primaire républicaine, peut honnêtement prétendre ne pas être une professionnelle de la politique. En revanche, elle dispose d'un CV dans le business à faire pâlir d'envie tous ses concurrents. Elle pourrait bien devenir la principale arme « anti-Hillary » d'un ticket républicain.

1Qui est Carly Fiorina?


Candidats #3: Carly Fiorina by ftv-geopolis

Ayant commencée sa carrière comme secrétaire pour une petite entreprise, avant de gravir les échelons de AT&T puis de Lucent, Carly Fiorina est surtout connue pour avoir été la première femme à diriger l'une des 20 plus grandes entreprises américaines. En 1999, elle prend la direction du géant de l'informatique Hewlett-Packard. Elle dirige l'entreprise pendant 6 ans, jusqu'en 2005, et supervise une fusion avec un autre géant, Compaq.

Sur le site internet de sa campagne, la description du mandat de Carly Fiorina à la tête de HP est dithyrambique. « Sous la direction de Carly, HP a grandi pour devenir la 11ème plus grande entreprise américaine. Carly n'a pas toujours pris les décisions les plus populaires, mais à chaque fois, elles se sont trouvées être les meilleures. Son bilan à la tête de HP parle de lui-même. »
En réalité, son bilan fait partie des plus discutés des vingt dernières années à HP. La fusion avec Compaq a attiré beaucoup de critiques et entraîné le licenciement de 30 000 employés aux Etats-Unis - rappelez vous des décisions « pas toujours populaires ». Grâce à la fusion avec Compaq, HP passe de la 28ème à la 11ème place des plus grandes entreprises américaines, mais à la même époque d'autres entreprises de technologie comme Apple vont plus loin, plus vite.

En 2005, le cours de l'action de HP souffre. Le licenciement de Carly Fiorina est annoncé par le conseil d'administration de l'entreprise et entraîne un rebond boursier significatif. Il faut toutefois noter que les mesures prises durant l'ère Fiorina ont depuis été défendues comme nécessaires à la croissance exemplaire de HP sous les auspices de son successeur.

En 2015, Fiorina a été attaquée sur les 30 000 licenciements qu'elle a effectué. Un ancien d'HP a enregistré l'adresse carlyfiorina.org pour la couvrir de 30 000 « 🙁 » symbolisant les employés qui ont perdu leur travail.

Depuis la fin de sa carrière comme PDG. Carly Fiorina mène une existence confortable entre plusieurs conseils d'administrations d'entreprises et d'organisations charitables. Entre 2007 et 2009, elle participe en bénévole aux conseils civils du Pentagone et de la CIA.

En 2010, à peine remise d'un cancer du sein ayant nécessité une double-masectomie, elle se lance pour la première fois en politique. Elle obtient la nomination républicaine pour une course sénatoriale en Californie, un combat perdu d'avance dans un état de plus en plus démocrate, face à la très populaire sortante Barbara Boxer. C'est jusqu'à présent sa seule expérience politique, à part un soutien à John McCain lors de la campagne présidentielle de 2008.

A l'époque, sa campagne s'était achevée avec 500 000 dollars de dettes au compteur. Carly Fiorina en a remboursé l'intégralité sur sa fortune personnelle quelques jours avant de déclarer sa candidature, mais s'est attiré des critiques pour avoir attendu 5 ans.

2Quel est son programme?

Pour l'instant, Carly Fiorina ne s'est prononcée que de manière très générale sur un programme politique. Difficile donc de dresser un portrait de ses opinions en matière d'économie ou de politique étrangère.

Société: On sait d'elle qu'elle est religieuse, élevée dans la foi épiscopale, église américaine membre de la communion anglicane. Malgré tout, Fiorina est plutôt modérée sur les questions sociales par rapport aux autres candidats républicains. Elle s'est déclarée opposée à l'avortement, sauf dans les cas médicaux ou les agressions sexuelles.
Concernant le mariage gay, sa position chez les républicains est encore plus libérale. Dans une interview avec USA Today, elle déclare: « La vraie question, c'est l'accès aux services de l'état. Les couples mariés ont accès à certains avantages, et les couples gays doivent pouvoir profiter des mêmes services. » Sans jamais dire qu'elle supporte le mariage gay, Fiorina continue: « D'un côté, il y a les avantages d'un couple marié, et de l'autre, la vision religieuse du mariage entre un homme et une femme. Dans notre société moderne, nous devons pouvoir concilier ces deux visions. » Fiorina ne donne aucun détail pratique, mais semble en faveur d'une union civile entre homosexuels qui donneraient tous les avantages sociaux du mariage...Sans en porter le nom.
Contrairement à d'autres candidats républicains, elle a également déclaré qu'elle ne chercherait jamais à revenir sur une décision de la Cour Suprême concernant les questions sociales.

Politique: « Nos pères fondateurs n'ont jamais voulu que le pays soit dirigé par une classe politique. Il est temps pour un citoyen de diriger le pays. »
Carly Fiorina regarde la déclaration de candidature d'Hillary Clinton. Elle prend la télécommande et éteint la télévision. Puis, face caméra, elle déclare simultanément sa candidature et son rejet d'un pays dirigé par des professionnels de la politique. Le clip d'entrée en campagne de Carly Fiorina résume à lui seul la base idéologique de sa campagne.
Plus que sur sa carrière dans le business, la tech ou les milieux économiques, c'est sur le ras-le-bol des américains par rapport à l'establishment de DC que veut s'appuyer Fiorina. Depuis le début de la campagne, elle joue d'ailleurs la carte de la transparence, en dévoilant sans pudeur son patrimoine personnel, estimé à 59 millions de dollars.

3Quelles sont ses chances?

Même si les arguments « anti-Washington » de Fiorina séduisent chez les républicains, ses positions sociales plus libérales que la moyenne et son inexpérience politique ne lui laissent que peu de chances de remporter l'investiture républicaine. Elle plafonne pour l'instant à moins de 2% dans les sondages.

Toutefois, une défaite dans la course à la nomination ne serait pas forcément un coup d'arrêt pour elle. Plus qu'aucun autre candidat en lice, Fiorina serait une vice-présidente idéale sur un ticket républicain. Véritable arme anti-Clinton, elle peut librement torpiller - et elle ne s'en prive pas - la démocrate sans être accusée de machisme. Mieux, elle pourrait contester aux démocrates le crucial vote des femmes pendant la campagne présidentielle. Une sorte de nouvelle Sarah Palin, destinée à courtiser les indépendants plutôt que les membres du Tea Party. Affaire à suivre...

CHANCE DE DEVENIR PRÉSIDENTE DES ETATS-UNIS: Presque aucune, mais pourrait quand même devenir vice-présidente.

La sécurité aéroportuaire américaine échoue dans 95% des cas

67 échecs sur 70 tentatives. Ce sont les résultats glaçants d'une étude menée par le département du Homeland Security sur l'efficacité de la sécurité aéroportuaire américaine, la TSA. Dans une série de « tests-runs » à travers la sécurité des aéroports « les plus fréquentés des Etats-Unis » (Homeland Security n'a pas donné de détails sur les aéroports et la nature des tests effectués), les agents de sécurité des aéroports ont échoué à détecter une arme des des explosifs factices dans 95% des cas.

De quoi relancer le débat sur l'utilité des procédures parfois extrêmement intrusives de la TSA, comme l'implantation généralisée des « full-body scanners » qui dénudent virtuellement tous les passagers avant leur accès à l'appareil.

Les chiffres sont choquants, mais ce n'est pas la première fois que la TSA est prise en défaut. Dès 2012, un étudiant nommé Jonathan Corbett publiait une vidéo dans laquelle il expliquait que les scanners utilisés par l'agence étaient vulnérables à une technique toute simple. Sur un scanner, une arme apparaît en noir. Et puisque les images sont prise sur fond noir, il suffit de tenir l'arme à son côté pour la rendre invisible à l'opérateur.

A l'époque, les officiels de la TSA ricanent face aux accusations de l'étudiant. Hélas, en 2014, une équipe de scientifiques de l'Université de Californie parvient exactement aux mêmes résultats, comme le rapporte Wired. Ils trouvent même de nouvelles méthodes créatives pour passer les scanners, ils parviennent à forcer l'ordinateur à remplacer une photo par une autre grâce à un virus, ou à dissimuler des explosifs en les moulant autour du corps d'un individu. « Les machines n'ont simplement pas été testée avec l'esprit d'un adversaire, qui chercherait activement à la contourner. » explique le scientifique responsable de l'étude.

A gauche, un homme désarmé. A droite, un homme portant un pistolet .380 ACP.

A gauche, un homme désarmé. A droite, un homme portant un pistolet .380 ACP.

Les scanners utilisés ont déjà été remplacés pour des versions moins invasives et plus efficaces, mais avec cette nouvelle enquête de Homeland Security relance une nouvelle fois la polémique. Melvin Carraway, le patron de la TSA, a déjà été licencié et Homeland Security annonce une réévaluation complète des procédures de sécurité de l'agence.

 

Premières images spectaculaires au One World Trade Center

Ouvert en novembre 2014, plus de 13 ans après les dramatiques attentats qui ont meurtri l'Amérique, le One World Trade Center est au centre de toutes les attentions à New-York.

L'observatoire situé au dernier étage a ouvert aux touristes et aux locaux la semaine dernière, offrant aux chanceux qui ont pu y avoir accès une vue inédite sur le ciel New-Yorkais. Notre reportage sur place, par Valérie Astruc, Régis Massini et Fabien Ortiz.


L'ouverture du One World Trade Center by ftv-geopolis

La construction du One World Trade Center, visible en time-lapse dans la vidéo ce-dessous, a pris onze ans, pour un coût de 3,9 milliards de dollars. Le bâtiment se trouve sur le site de l'ancienne tour nord du World Trade Center, et n'occupe qu'un coin de l'ancien site. Le reste est divisé entre une autre tour, plus petite, un centre commercial et un espace de plein-air.

Comme il se doit à New-York, le One WTC a été au moins autant aménagé pour les touristes que pour le business. En plus d'un observatoire de grand luxe et d'équipements sur le reste du site du World Trade Center, les ascenseurs du building sont des écrans de haute-résolution qui permettent de découvrir un time-lapse d'une cinquantaine de secondes sur la construction de la ville de New-York. La nuit, évidemment, la vidéo change...

Depuis 2012, le One World Trade Center est le plus haut bâtiment de New-York, des Etats-Unis et de tout l'hémisphère Ouest de la planète. Sans surprise, c'est devenu le paratonnerre de la Grande Pomme, avec son lot de clichés spectaculaires pris par les habitants de Manhattan à chaque orage.