Prix Pulitzer 2016 : dans l’oeil des réfugiés

Les gagnants du prix Pulitzer 2016 ont été annoncés lundi 18 avril à l’Université de Columbia, à New York. Créé en 1917 sur une initiative de Joseph Pulitzer, homme de presse américain, ce prix récompense l’excellence dans 22 catégories journalistiques et artistiques.

Les tragédies qui ont émaillées l’actualité l’année passée ont été au centre de la cérémonie.

 

Yannis Behrakis, Reuters

Yannis Behrakis, Reuters

Le prix du Service Public a été décerné à l’agence de presse Associated Press pour son enquête sur l’industrie des fruits de mer en Asie. AP a révélé les conditions de vie et de ces pêcheurs esclaves dont le travail finit dans les assiettes américaines. Le comité a salué une série d’articles qui ont “permis la libération de 2000 esclaves, envoyé les organisateurs devant la justice et inspiré des réformes”. L’agence de presse remporte cette année son 52 ème prix Pulitzer.

Le prix du reportage national a été remis à la rédaction du Washington Post pour son recensement des bavures policières aux Etats-Unis. 990 personnes ont été tuées par un agent de police en 2015.  Un chiffre qui, comme le note le New York Times, excède de loin les données publiées par le gouvernement fédéral.

La série d’articles sur la tuerie de San Bernardino en décembre dernier du Los Angeles Times remporte la catégorie Breaking News. Une couverture remarquée pour son live-tweets constant des évènements, et ses articles régulièrement mis-à-jour au fil de l’enquête.

La catégorie Breaking News en photographie a ainsi été remise à deux équipes journalistiques différentes, de l’agence de presse Reuters et du New York Times. Elles ont en commun d’avoir couvert le même sujet : la crise migratoire qui secoue le Moyen-Orient et l’Europe. Une série de photos dont une, comme le remarque le Huffington Post, n’est pas sans évoquer le célèbre tableau de Géricault Le radeau de la Méduse.

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Sergey Ponomarev, New York Times

Réfugiés et migrants ont aussi marqué le prix Pulitzer de la fiction, qui a été gagné par un réfugié vietnamien aux Etats-Unis, Viet Than NGuyen. Son texte The Sympathiser raconte l’histoire d’un espion du Vietnam du Nord voyageant aux Etats-Unis avec des soldats du Vietnam du Sud. “L’histoire vient de plusieurs thèmes autobiographiques. Je ne suis pas un immigrant, je suis un réfugié. Je pense qu’il est très important de faire cette distinction, particulièrement aujourd’hui, quand les pays ont si peur des réfugiés," a déclaré l’auteur à la BBC mardi.

Le prix du livre de non-fiction a lui été décerné au journaliste Joby Warrick pour son travail sur la naissance de l’Etat Islamique, Black Flags : Tracing the Birth of ISIS. Côté théâtre, Lin-Manuel Miranda remporte sans surprise la récompense pour la comédie musicale Hamilton, qu'il a lui-même écrite, composée, et dont il interprète le rôle titre.

A.S.

[Vidéo] Louisiane: le gumbo, plat traditionnel à la croisée des cultures

Dans un état où le français cajun est la deuxième langue officielle, on aime se retrouver en famille ou entre amis autour du traditionnel gumbo. Cette soupe est composée de légumes, de viande, et surtout d'écrevisses pêchées dans la région.

A la croisée des cuisines française, créole et espagnole, le gumbo reflète les nombreuses influences culturelles de la Louisiane. Reportage chez Joseph, propriétaire d'une rizière où se pêchent les fameuses écrevisses.

Par Valerie Astruc, Laurent Desbois, Arielle Monange et Fabien Ortiz.

Elections 2016: New York a voté

Aussi bien pour les Républicains que pour les Démocrates, la primaire de New York marque un tournant dans la campagne. Les écarts sont en effet significatifs, et permettent aux vainqueurs une certaine avance.

Trump met ses adversaires au tapis

Enorme victoire pour Donald Trump, qui remporte près de 60% des voix. Un résultat qui lui permet de gagner la quasi-totalité des délégués (92 sur 95, estimation à 5h heure de Paris). Déception confirmée pour Cruz, qui finit avec seulement 14%, derrière Kasich (24%).

Avec ce score, Trump se rapproche grandement de la nomination. Il est maintenant le seul à pouvoir encore mathématiquement réunir le nombre de délégués nécessaires. Par comparaison, il faudrait que Cruz gagne 90% des délégués restant pour inverser la tendance. "Il n'y a plus vraiment de course," a déclaré Trump pendant son discours de victoire. Certains commentateurs ont même émis l'hypothèse de voir Cruz ou Kasich se retirer de la primaire prochainement.

Trump parvient en tous cas à remonter la pente descendante de ces dernières semaines - à l'heure où nous postons ce billet, ces adversaires n'ont pas encore réagi.

L'Empire State Building s'est illuminé aux couleurs des vainqueurs de la primaire: rouge, couleur des Républicains, pour Trump ; et bleu, couleur des Démocrates, pour Clinton.

Large victoire pour Clinton également

Avec 57,5%, Hillary Clinton remporte elle aussi une assez large victoire face à Bernie Sanders - "une victoire personnelle," dans son état, comme elle le rappelle au début de son discours. Selon les estimations, il devrait y avoir une différence de 25 délégués entre ceux que Clinton et Sanders vont remporter.

Dans une allocution déjà tournée vers l'élection présidentielle, Clinton a félicité Sanders et a appelé à "l'unité du Parti" : une manière de sous-entendre que la course est déjà gagnée ? La suite des événements devient en effet plus difficile pour Sanders, qui devra faire ses preuves dans des états qui ne lui sont a priori pas favorables, comme la Pennsylvanie ou le Maryland la semaine prochaine.

A noter que le vote démocrate a été entaché par des cafouillages et des erreurs de procédure: à Brooklyn, les noms de plus de 100 000 Démocrates ne sont pas apparus sur les listes électorales. Le Conseil de la ville a lancé une enquête. Par ailleurs, de nombreux électeurs ont rapporté des difficultés à voter - machines cassées, bureaux fermés, etc.

Résultats

(estimations à 5h heure de Paris)

Républicains
Trump: 60,1%
Kasich: 25 %
Cruz: 14,9%

Démocrates
Clinton: 57,4%
Sanders: 42,3%

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Elections 2016: Primaire de New York, rappel des faits

Ca y est, la tant attendue primaire de New York est enfin arrivée. Une journée spéciale pour les électeurs new-yorkais, qui n'ont pas l'habitude de recevoir autant d'attention médiatique lors des primaires; les autres années, la course à l'investiture était déjà pliée à cette période. Mais aujourd'hui le résultat sera d'importance, autant chez les Démocrates que chez les Républicains. Trois des candidats à l'élection présidentielle sont de plus en territoire familier, puisque les QG de Clinton, Sanders et Trump sont à New York.

C'était donc l'effervescence hier. Au QG de campagne de Bernie Sanders, Lisa, une des responsables des bénévoles, rassemble les troupes. "Jusqu'au bout, on va continuer de sensibiliser les gens, les inciter à aller voter," dit-elle. Et lundi soir, c'est encore plusieurs milliers de personnes qui se sont pressées à Long Island pour le dernier meeting de Sanders. Pendant ce temps, Hillary Clinton faisait un discours dans un grand hôtel du centre de Manhattan, appelant à "l'unité des Américains" et à "la cohésion du parti."

Les résultats de ce soir seront donc particulièrement importants, d'autant plus que la popularité de Sanders continue d'augmenter dans le reste du pays, selon un nouveau sondage publié hier. Lui qui était 25 points derrière Clinton en janvier au niveau national, et 9 points en mars, n'est plus qu'à 2 points de son adversaire. La secrétaire d'Etat ne doit donc pas manquer le rendez-vous new-yorkais, si elle veut vivre sereinement la suite de la campagne.

Le suspens est moins grand chez les Républicains, car Trump est en effet donné gagnant avec une large avance. Cependant l'écart qu'il aura avec les autres candidats sera à surveiller. Va-t-il remonter la pente, après plusieurs semaines chaotiques ? Combien de délégués récupèrera-t-il ? Cruz espère ne pas repartir bredouille, lui qui déclarait hier qu'une "Convention ouverte risquerait de diviser le Parti républicain."

Si les yeux sont surtout tournés vers la ville de New York, il ne faut pas oublier le reste de l'état de New York, qui s'étend beaucoup plus au Nord, jusqu'à la frontière canadienne. Moins cosmopolite, moins progressiste, l'état se compose de campagnes agricoles et d'anciennes villes industrielles comme Buffalo ou Rochester, aujourd'hui en situation économique difficile. Les votes des électeurs du reste de l'état pourraient donc avoir un impact non négligeable sur les résultats.

95 délégués sont en jeu aujourd'hui chez les Républicains, et 291 chez les Démocrates. Rappelons que les règles de vote très strictes dans cet état n'ouvrent le vote qu'aux électeurs qui sont membres du Parti républicain ou démocrate. Les électeurs indépendants sont donc exclus du processus des primaires. Des manifestations sont d'ailleurs prévues demain aux abords des bureaux de vote, pour protester contre cette loi.

Dans le reste de l'actu

Une loi autorisant les victimes d'attentats terroristes à porter plainte contre les pays soupçonnés de financer des groupes terroristes va être discutée cette semaine. Cette loi intervient à quelques jours d'un voyage de Barack Obama en Arabie Saoudite. Les deux candidats démocrates ont déclaré être en faveur de celle-ci.
Nous vous en parlions hier sur le blog; les arrestions liées aux manifestations de Democracy Spring s'étant déroulées à Washington DC ont encore augmenté. 1240 personnes auraient été arrêtées depuis la semaine dernière.
L'arrière petit-fils de Théodore Roosevelt, président des Etats-Unis au début du XXème siècle, a annoncé hier soutenir la candidature de John Kasich. Un soutien qui ne permettra peut-être pas à Kasich de rattraper son retard, mais qui lui donne l'appui d'une historique famille new-yorkaise.

Democracy Spring: devant le Capitole, les citoyens réclament plus de démcoratie

« C’est nous, la démocratie ! » entend-on scander devant le Capitole. Plusieurs milliers de manifestants se sont en effet rassemblés dimanche après-midi au cœur de la capitale américaine, pour demander un « réveil de la démocratie aux Etats-Unis. »

L’événement était organisé dans le cadre de « Democracy Spring », Le Printemps de la Démocratie, un groupe qui met en place depuis le début de la semaine des événements pour promouvoir la démocratie aux Etats-Unis. Leur but : faire en sorte que chaque citoyen américain soit représentés au gouvernement. 900 personnes ont déjà été arrêtées durant la semaine en marge de leurs manifestations.

De nombreux groupes et associations se sont joints à la marche, parmi lesquels des écologistes, des vétérans, ou encore Occupy Wall Street. Mais malgré la diversité des personnes et des revendications, certains points communs se sont quand même détachés : les manifestants demandaient un meilleur accès au vote – ainsi que la suppression de la nécessité d’une pièce d’identité pour pouvoir voter – et une séparation des mondes politique et financier.

Sarah et Mike sont venus tout droit de New York City pour participer à l'événement. "Cette marche a lieu car en ce moment les droits et la démocratie diminuent," explique Mike. "Il faut que ce soit les gens qui choisissent leurs dirigeants, et non les dirigeants qui choisissent qui sera ou non en mesure de voter."

Sarah ajoute : "Le peuple n’a pas vraiment de pouvoir de décision, c’est ça que nous voulons changer."

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En tête de cortège, Becky Green est venue avec Code Pink, une association de femmes qui se battent pour la paix et la démilitarisation. Aux revendications de Democracy Spring, elle ajoute la nécessité de réguler la vente et le port des armes. "C’est important de sensibiliser le maximum de personnes aux enjeux que nous défendons aujourd’hui," dit-elle. "Souvent on a l’impression que la population ne veut plus se battre. Nous voulons montrer qu’il n’est jamais trop tard pour essayer de changer les choses."

En cette année d’élections, une question semble également se poser : que penser des partis américains traditionnels ? Pour Sarah, "le système électoral américain n’est pas propice à la démocratie. Nous, les citoyens, devrions être plus consultés." Mike fais un signe de la tête en direction du Capitole. "Les institutions sont à la fois toutes proches, et inatteignables," dit-il.

De telles initiatives fleurissent en ce moment dans de nombreux pays, symptômes d’une crise sociale et politique qui semble devoir s’éterniser. Democracy Spring serait-il le cousin outre-atlantique de Nuit Debout ? Ici comme en France, le revendication est la même : remettre la parole citoyenne au centre de la vie politique.

A.P.

[Vidéo] Canada: la révolution Trudeau

La diversité, c'est le credo de Justin Trudeau. Le nouveau Premier ministre, élu en novembre dernier, a constitué un gouvernement paritaire, et composé de ministres venant de toutes origines et classes sociales.

"Plus on a de perspectives différentes, qui travaillent ensemble sur un même projet, plus on est capables de répondre à de nouveaux défis," dit-il.

En seulement quelques mois, il a également fait arriver près de 25 000 réfugiés syriens, a annoncé la dépénalisation du canabis, et s'est engagé à réduire les émissions de gaz rapidement.

Notre reportage, par Jacques Cardoze et Laurent Desbois.

 

Débat démocrate: dernières passes d'armes pour Clinton et Sanders

Ambiance de stade au Brooklyn Navy Hall: hymne national, ovations des candidats, et foule en délire qui siffle et applaudit. On se croirait presque à un match de hockey - une finale, même, car c'est a priori le dernier débat démocrate des primaires. Bernie Sanders et Hillary Clinton ont donc débattu jeudi soir, à quelques jours de la primaire de New York.

Après cinq minutes de débats, les dernières polémiques étaient déjà sur le tapis: la position de Clinton sur la guerre en Irak, l'interview de Sanders au Daily News, qui est plus "qualifié" que qui pour être nominé... Mais malgré l'ambiance électrique et les sujets déjà vus et revus ces derniers jours, le débat démocrate a quand même été l'occasion de refaire un point sur les positions des deux candidats.

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Une première mi-temps favorable à Sanders

Le débat commence sur les banques; comme souvent, Sanders reproche à Clinton d'être trop conciliant avec celles-ci, et rappelle ses discours à Goldman Sachs, payés par le groupe. Pourquoi ne veut-elle pas publier les textes de ses discours à Goldman Sachs ? A nouveau, elle refuse. Bernie Sanders dit qu'il n'a jamais fait de discours payés. Il annonce également qu'il va publier ses rapports de taxes 2014 vendredi.



"La Secrétaire d'Etat Clinton a rabroué les banques. Oh mon dieu, elles ont du être terrassées." B. Sanders

Gros dérapage de Clinton sur le salaire minimum. Après une tirade de Sanders qui réitère sa volonté de monter le salaire minimum à 15 dollars, elle s'embrouille. Soutient-elle aussi cette mesure ? Elle semble pour la première fois dire que oui, avant de se rétracter. Dans la salle, personne ne semble avoir compris sa position.

Deuxième et troisième mi-temps: écologie, sécurité et éducation.

Rapport de force plus inégal lors de cette deuxième partie, qui s'ouvre sur les questions d'écologie et de sécurité. Si les candidats soutiennent tous les deux la transition énergétique, ils s'opposent plus sur la question de l'OTAN. Faut-il en sortir ? Le réformer ? Bernie Sanders balaie le rapprochement avec Trump sur cette position, et les deux candidats concèdent que les pays européens devraient payent plus pour leurs défenses. Une chose est sûre, l'OTAN sera probablement un sujet qui reviendra plus tard lors des débats présidentiels.

Autre sujet de discorde: l'éducation et la sécurité sociale. Sanders défend à nouveau l'éducation gratuite pour tous, ainsi qu'un meilleur système de santé - sans s'appesantir très longtemps sur les moyens de financer ses changements. Une faille que Clinton ne manque pas de relever; et qui illustre d'ailleurs une bonne partie du débat:

Résumé du débat: Sanders: "Voilà ce que nous ferons." Clinton: "Sois réaliste."

Bilan

Clinton est donnée gagnante à la primaire de New York mardi prochain; elle démarrait donc a priori le débat avec une petite avance. Pourtant, elle n'est pas sortie de ce débat sous son meilleur jour. Non-réponse aux questions, contradictions...les sondages, qui montrent une remontée de Sanders, l'auraient-elle perturbée?

Clinton semblait cependant plus concentrée sur la course des primaires et sur la prochaine échéance new-yorkaise. Elle a plusieurs fois salué l'électorat de New-York, a rappelé combien elle était "heureuse d'être à Brooklyn," et son passé d'élue de l'état. Elle a de plus évoqué ses similitudes avec Barack Obama se comparant à lui notamment sur son rapport aux banques, sur l'écologie et sur la Cour Suprême - rappelons que Barack Obama ne s'est pas (encore) ouvertement déclaré en faveur de Clinton.

Quant à Sanders, il a probablement remporté la bataille de la forme, continuant de développer son discours anti-establishment. Sur le fond, il est allé moins loin que Clinton dans le traitement des détails. S'adapte-il au format du débat, ou veut-il éviter les écueils ? Reste à voir si ce débat tant attendu aura une influence sur les résultats de mardi.

Maison Blanche: dernière Fête de la Science pour Obama

"La Fête de la Science est une des choses les plus amusantes qu'il m'est arrivé de faire pendant mon mandat en tant que Président des Etats-Unis - mais elle a aussi une grande importance," a déclaré Barack Obama mercredi, à l'ouverture de son discours lors de la Fête de la Science à la Maison Blanche. Un évènement annuel, que le Président a lancé pour la première fois il y a six ans, et qui vise à récompenser les élèves et les étudiants lauréats de compétitions scientifiques.

Transmettre aux plus jeunes l'amour de la science

Des élèves originaires de tous les états américains été venus présenter leurs projets et leurs inventions dans les jardins et les salons de la Maison Blanche. Jacob Leggette, 9 ans, arrive de Baltimore. Il est passionné par le code et l'informatique depuis qu'il a 2 ans, "âge auquel il a effacer l'intégralité des dossiers de l'ordinateur de sa grand-mère - heureusement, il a réussi à tout retrouver ensuite." Son truc, aujourd'hui, c'est les imprimantes 3D. Il a d'ailleurs montré à Barack Obama un Maison Blanche miniature qu'il a imprimée grâce à l'un de ces appareils.

Quant à Anarood, 16 ans, il a, étant enfant, entendu parler de vaccins qui, transportés trop longtemps hors du frigo, devenaient inutilisables lorsqu'ils arrivaient à destination. Il a donc inventé un petit frigo roulant, spécialisé dans le transport des vaccins.  

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Ce groupe d'élèves âgées de six ans travaillent, avec leur professeur, sur des outils permettant aux personnes dyslexiques d'apprendre plus facilement.

Ouvrir la recherche scientifique à tous

Barack Obama a tenu à souligner l'importance de la recherche scientifique: "Grâce à la science, on peut surpasser les plus grands challenges de notre époque," a-t-il déclaré. "Les maladies, les changements climatiques, et bien d'autres choses peuvent ainsi être améliorées - et nous permettre à tous de vivre dans de meilleures conditions."

La science et la médecine ont d'ailleurs une importance non négligeable dans le budget américain pour 2017, présenté en février dernier par le Président. En effet, 755 millions de dollars supplémentaires seront alloués à l'Institut National de la Santé pour la recherche contre le cancer; 400 millions pour la recherche sur les voitures propres et autoguidées; 120 millions pour la formation de plus de professeurs d'informatique; ou encore plusieurs centaines de millions de dollars pour la prévention contre le virus Zika.

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Enfin, le Président a rappelé l'importance d'ouvrir la recherche scientifique à ceux qui y sont les moins représentés: les femmes et les personnes issues de classes sociales défavorisées. "Nous ne gagnerons pas avec la moitié de l'équipe," a-t-il dit. "Il faut que chacun puisse s'intéresser à la science, et que tous les élèves aient les mêmes chances d'y être sensibilisé."

Les élèves présents aujourd'hui semblent d'ailleurs bien représenter cette diversité chère à Barack Obama. Peu sont issus d'une famille de scientifiques; pour beaucoup, l'intérêt pour la science était d'abord un intérêt personnel, qui s'est développé ensuite grâce à l'école.

Avec la Fête de la Science, Obama a réussi le pari de mettre en lumière les plus jeunes chercheurs des Etats-Unis. Le succès de la dernière édition de sa présidence ne peut qu'être encourageant pour la suite.

A.P.

Journée pour l'égalité des salaires: aux Etats-Unis, beaucoup reste à faire

21% : c'est la différence moyenne entre les salaires des hommes et des femmes aux Etats-Unis. En cette Journée pour l'égalité des salaires, Carolyn Maloney, représentante démocrate du 12ème district de New York, et Patricia Arquette, actrice reconnue notamment pour son rôle dans le film Boyhood, ont pris la parole ensemble pour dénoncer la persistance de ces différences.

Des inégalités parmi les inégalités

Les chiffres sont en effet assez édifiants. Aucun des états américains n'atteint l'égalité salariale. Chez les meilleurs élèves, le District of Columbia et l'état de New York, les femmes gagnent respectivement 89,6 et 86,8 centimes lorsqu'un homme gagne $1. En bas du classement: le Wyoming, l'Utah ou la Louisiane, où elles gagnent moins de 70 centimes. Les états ruraux ont dans l'ensemble des plus grands écarts de salaires que les états urbains. 

Mais les inégalités s'expriment aussi en fonction des âges et des origines. Les femmes âgées de plus de 75 ans ont ainsi deux fois plus de chances d'être pauvres que les hommes. Quant à celles issues des minorités hispaniques et afro-américaines, elles sont encore plus défavorisées.

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P. Arquette et C. Maloney ont présenté le dernier rapport des Démocrates du Joint Economic Committee, qui ont analysé les conséquences pour les femmes, les familles et l'économie de l'inégalité salariale. Ce graphique en est extrait. 

Les moyens d'agir

Alors, que faire ? Sûrement, déjà, en parler. "Les inégalités salariales sont une disgrâce," a déclaré Patricia Arquette. "L'égalité est une valeur américaine, mais malheureusement pour l'instant, nous ne sommes pas tous égaux aux Etats-Unis." L'actrice avait déjà fait entendre sa voix lors de la cérémonie des Oscars en 2015: alors qu'elle recevait le prix de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Boyhood, elle s'était élevée contre les inégalités de salaires. L'actrice, qui a été mère célibataire alors qu'elle avait juste 20 ans, se dit consciente des obstacles auxquels font face les femmes, et de l'injustice qui règne encore dans le milieu de l'emploi. 

"Les femmes représentent la plus grande partie des électeurs américains," a renchérit Carolyn Maloney. "Il faut voter, écrire à ses représentants, s'impliquer dans la vie politique, pour que l'égalité de salaires entre les hommes et les femmes soit enfin inscrit dans la Constitution."

Quant au Président Obama, il a inauguré aujourd'hui à Washington DC un monument pour l'égalité entre les hommes et les femmes: le Belmont-Paul Women’s Equality National Monument. L'occasion pour lui de prononcer un discours sur ses souhaits pour les générations futures:

"Je veux que les jeunes viennent ici dans 10, 20, 100 ans, et qu'ils réalisent que les femmes se sont battues pour l'égalité. Je veux qu'ils soient étonnés qu'il y ait eu une époque où les femmes ne pouvaient pas voter, une époque où, à travail égal, les femmes gagnaient moins que les hommes, une époque où les femmes étaient largement minoritaires dans les salles de réunion ou au Congrès. Je ne sais pas combien de temps ça prendra pour en arriver là, mais je sais que nous nous en rapprochons chaque jour."

Et ce sont des actions au quotidien qui pourront faire bouger les choses.

A.P.

N Street Village: un foyer pour les femmes sans domicile au coeur de Washington DC

On parle beaucoup des femmes, dans la campagne électorale 2016. Souvent pas de la bonne manière, ni pour les bonnes raisons. A la veille de la Journée pour l'égalité des salaires, nous nous sommes rendus à N Street Village, un centre entièrement dédié à la réinsertion des femmes sans domicile fixe de la capitale américaine. Pour donner à entendre plus seulement ceux qui parlent des femmes, mais aussi ceux qui agissent pour les aider.

N Street Village, une prise en charge globale

Situé au coeur de Logan Circle, dans un quartier bourgeois de Washington, le foyer N Street Village se fond dans le paysage de grandes maisons en briques rouges. Le centre a été construit au début des années 1970. "A l'époque," raconte Megan McKinley, une des managers du centre, "le quartier n'avait rien à voir avec ce qu'il est maintenant. C'était un quartier très pauvre, avec une grande violence sociale." La gentrification est passée par là, mais le centre, lui, n'a pas bougé.

Il s'est même agrandi. "Nous avons actuellement 176 femmes et 51 familles qui vivent ici. Et nous offrons différents types d'hébergement: un hébergement d'urgence, ponctuel, un autre sur le moyen terme. Et enfin un programme plus long, pour les personnes malades ou souffrant d'addictions."

N Street Village veut avoir une approche "globale." Aider sur tous les plans. Tous les services sont réunis dans le même bâtiment: cuisine, cantine, espaces d'activités... Une aile est réservée à la médecine, avec des médecins, généralistes et spécialisés, et des psychologues, qui passent plusieurs fois par semaine.

Amener les femmes à accéder à leur indépendance

Le but du foyer est d'aider les femmes à atteindre une indépendance financière, mais aussi psychologique. Cela passe par un accompagnement médical, et par une aide dans les démarches administratives, les demandes d'emplois, la rédaction de CV et de lettres de motivation.

Les profils sont variés, les histoires différentes. Pour l'équipe, il faut s'adapter à chaque femme. Et les résultats sont là.

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Cheryl est arrivée il y a un peu plus d'un an. Grâce à l'aide du centre, elle a réussi à se débarrasser de ses addictions. "Ici, chacun va à son rythme," dit-elle. "C'est pour ça qu'on s'en sort."

Deborah, elle, a pu reprendre ses études. "J'avais arrêté l'école à 12 ans. Mais maintenant je m'y suis remis, et je sais qu'un jour je finirai mon parcours scolaire," dit-elle.

Megan se dit satisfaite du résultat. Les femmes restent en moyenne dix-huit mois dans le centre, avant d'avoir leur indépendance.

Une demande toujours plus grande

En 50 ans, la capitale américaine a connu de profonds changements. La criminalité a baissé, les quartiers du centre-ville ont été réhabilités, une nouvelle dynamique s'est créée. Mais les inégalités sont restées. Washington DC est cette année encore la ville américaine où l'écart entre les hauts et les bas salaires est le plus importants.

Et les personnes dont s'occupe N Street Village sont particulièrement touchées par ces inégalités: des femmes, à 86% afro-américaines, et dont 58% ont plus de 50 ans.

La demande de foyers continue donc à augmenter. N Street Village a désormais plusieurs annexes dans différents quartiers de la capitale. D'ici quelques mois, un nouveau centre d'urgence ouvrira à Chinatown.

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Cette carte de l'Urban Institute montre les inégalités selon les quartier de Washington DC. En bleu, les quartiers les plus riches; en noir, les plus pauvres.

 

A.P.