On parle beaucoup des femmes, dans la campagne électorale 2016. Souvent pas de la bonne manière, ni pour les bonnes raisons. A la veille de la Journée pour l'égalité des salaires, nous nous sommes rendus à N Street Village, un centre entièrement dédié à la réinsertion des femmes sans domicile fixe de la capitale américaine. Pour donner à entendre plus seulement ceux qui parlent des femmes, mais aussi ceux qui agissent pour les aider.
N Street Village, une prise en charge globale
Situé au coeur de Logan Circle, dans un quartier bourgeois de Washington, le foyer N Street Village se fond dans le paysage de grandes maisons en briques rouges. Le centre a été construit au début des années 1970. "A l'époque," raconte Megan McKinley, une des managers du centre, "le quartier n'avait rien à voir avec ce qu'il est maintenant. C'était un quartier très pauvre, avec une grande violence sociale." La gentrification est passée par là, mais le centre, lui, n'a pas bougé.
Il s'est même agrandi. "Nous avons actuellement 176 femmes et 51 familles qui vivent ici. Et nous offrons différents types d'hébergement: un hébergement d'urgence, ponctuel, un autre sur le moyen terme. Et enfin un programme plus long, pour les personnes malades ou souffrant d'addictions."
N Street Village veut avoir une approche "globale." Aider sur tous les plans. Tous les services sont réunis dans le même bâtiment: cuisine, cantine, espaces d'activités... Une aile est réservée à la médecine, avec des médecins, généralistes et spécialisés, et des psychologues, qui passent plusieurs fois par semaine.
Amener les femmes à accéder à leur indépendance
Le but du foyer est d'aider les femmes à atteindre une indépendance financière, mais aussi psychologique. Cela passe par un accompagnement médical, et par une aide dans les démarches administratives, les demandes d'emplois, la rédaction de CV et de lettres de motivation.
Les profils sont variés, les histoires différentes. Pour l'équipe, il faut s'adapter à chaque femme. Et les résultats sont là.
Cheryl est arrivée il y a un peu plus d'un an. Grâce à l'aide du centre, elle a réussi à se débarrasser de ses addictions. "Ici, chacun va à son rythme," dit-elle. "C'est pour ça qu'on s'en sort."
Deborah, elle, a pu reprendre ses études. "J'avais arrêté l'école à 12 ans. Mais maintenant je m'y suis remis, et je sais qu'un jour je finirai mon parcours scolaire," dit-elle.
Megan se dit satisfaite du résultat. Les femmes restent en moyenne dix-huit mois dans le centre, avant d'avoir leur indépendance.
Une demande toujours plus grande
En 50 ans, la capitale américaine a connu de profonds changements. La criminalité a baissé, les quartiers du centre-ville ont été réhabilités, une nouvelle dynamique s'est créée. Mais les inégalités sont restées. Washington DC est cette année encore la ville américaine où l'écart entre les hauts et les bas salaires est le plus importants.
Et les personnes dont s'occupe N Street Village sont particulièrement touchées par ces inégalités: des femmes, à 86% afro-américaines, et dont 58% ont plus de 50 ans.
La demande de foyers continue donc à augmenter. N Street Village a désormais plusieurs annexes dans différents quartiers de la capitale. D'ici quelques mois, un nouveau centre d'urgence ouvrira à Chinatown.
Cette carte de l'Urban Institute montre les inégalités selon les quartier de Washington DC. En bleu, les quartiers les plus riches; en noir, les plus pauvres.
A.P.