Ambiance de stade au Brooklyn Navy Hall: hymne national, ovations des candidats, et foule en délire qui siffle et applaudit. On se croirait presque à un match de hockey - une finale, même, car c'est a priori le dernier débat démocrate des primaires. Bernie Sanders et Hillary Clinton ont donc débattu jeudi soir, à quelques jours de la primaire de New York.
Après cinq minutes de débats, les dernières polémiques étaient déjà sur le tapis: la position de Clinton sur la guerre en Irak, l'interview de Sanders au Daily News, qui est plus "qualifié" que qui pour être nominé... Mais malgré l'ambiance électrique et les sujets déjà vus et revus ces derniers jours, le débat démocrate a quand même été l'occasion de refaire un point sur les positions des deux candidats.
Une première mi-temps favorable à Sanders
Le débat commence sur les banques; comme souvent, Sanders reproche à Clinton d'être trop conciliant avec celles-ci, et rappelle ses discours à Goldman Sachs, payés par le groupe. Pourquoi ne veut-elle pas publier les textes de ses discours à Goldman Sachs ? A nouveau, elle refuse. Bernie Sanders dit qu'il n'a jamais fait de discours payés. Il annonce également qu'il va publier ses rapports de taxes 2014 vendredi.
Bernie Sanders questions how Hillary Clinton called out big banks https://t.co/1tS4KlkZK7 pic.twitter.com/tKhFljDCYd
— NYT Politics (@nytpolitics) April 15, 2016
"La Secrétaire d'Etat Clinton a rabroué les banques. Oh mon dieu, elles ont du être terrassées." B. Sanders
Gros dérapage de Clinton sur le salaire minimum. Après une tirade de Sanders qui réitère sa volonté de monter le salaire minimum à 15 dollars, elle s'embrouille. Soutient-elle aussi cette mesure ? Elle semble pour la première fois dire que oui, avant de se rétracter. Dans la salle, personne ne semble avoir compris sa position.
Deuxième et troisième mi-temps: écologie, sécurité et éducation.
Rapport de force plus inégal lors de cette deuxième partie, qui s'ouvre sur les questions d'écologie et de sécurité. Si les candidats soutiennent tous les deux la transition énergétique, ils s'opposent plus sur la question de l'OTAN. Faut-il en sortir ? Le réformer ? Bernie Sanders balaie le rapprochement avec Trump sur cette position, et les deux candidats concèdent que les pays européens devraient payent plus pour leurs défenses. Une chose est sûre, l'OTAN sera probablement un sujet qui reviendra plus tard lors des débats présidentiels.
Autre sujet de discorde: l'éducation et la sécurité sociale. Sanders défend à nouveau l'éducation gratuite pour tous, ainsi qu'un meilleur système de santé - sans s'appesantir très longtemps sur les moyens de financer ses changements. Une faille que Clinton ne manque pas de relever; et qui illustre d'ailleurs une bonne partie du débat:
Bernie: Damn right we’ll do this.
Hillary: Be realistic.
— Matt Viser (@mviser) April 15, 2016
Résumé du débat: Sanders: "Voilà ce que nous ferons." Clinton: "Sois réaliste."
Bilan
Clinton est donnée gagnante à la primaire de New York mardi prochain; elle démarrait donc a priori le débat avec une petite avance. Pourtant, elle n'est pas sortie de ce débat sous son meilleur jour. Non-réponse aux questions, contradictions...les sondages, qui montrent une remontée de Sanders, l'auraient-elle perturbée?
Clinton semblait cependant plus concentrée sur la course des primaires et sur la prochaine échéance new-yorkaise. Elle a plusieurs fois salué l'électorat de New-York, a rappelé combien elle était "heureuse d'être à Brooklyn," et son passé d'élue de l'état. Elle a de plus évoqué ses similitudes avec Barack Obama se comparant à lui notamment sur son rapport aux banques, sur l'écologie et sur la Cour Suprême - rappelons que Barack Obama ne s'est pas (encore) ouvertement déclaré en faveur de Clinton.
Quant à Sanders, il a probablement remporté la bataille de la forme, continuant de développer son discours anti-establishment. Sur le fond, il est allé moins loin que Clinton dans le traitement des détails. S'adapte-il au format du débat, ou veut-il éviter les écueils ? Reste à voir si ce débat tant attendu aura une influence sur les résultats de mardi.