La question de la peine de mort a été mise sur le tapis par une question posée lors d'un meeting d'Hillary Clinton. Crédit : Kai Mörk

Hillary Clinton ne veut pas abolir la peine de mort

Le thème de la peine de mort s'impose dans le débat entre candidat démocrates à la présidentielle 2016. C'est la question d'un électeur à Hillary Clinton, posée en public, qui a mis le sujet sur le tapis ce mercredi. La candidate s'exprimait au sujet de la banque américaine d'Import-Export dans une université du New Hampshire.

"Je ne suis pas en faveur de l'abolition", a affirmé la candidate en tête des sondages pour l'investiture du parti. "Parce que je pense qu'il y a certains cas monstrueux dans lesquelles la peine de mort doit être une option".

Elle plaide néanmoins pour limiter le recours à la peine capitale, qui doit être "très limité et rare, contrairement à ce qu'on a vu dans la plupart des états", rapporte le New York Times.

Sanders et O'Malley au créneau

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Bernie Sanders

Ses principaux concurrents démocrates dans la course à la Maison blanche n'ont pas manqué cette occasion de la critiquer. Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, plus à gauche que Clinton, a demandé l'abolition au Sénat ce jeudi. Une tentative, selon le Times, de séduire les électeurs déçus par la position de la candidate.

"Je préfèrerais voir notre pays aux côtés des démocraties européennes, plutôt que de pays comme la Chine, l'Iran, l'Arabie Saoudite et d'autres qui maintiennent la peine capitale", a déclaré Sanders.

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Martin O'Malley

Son concurrent Martin O'Malley a de son côté qualifié Clinton d'"archaïque" face à une journaliste de CNN. "Je la respecte (...) mais elle n'est pas de ma génération", a-t-il ajouté.

La position de Clinton n'est pas une surprise

Hillary Clinton s'était déclarée en faveur de la peine de mort lors de sa campagne pour l'élection sénatoriale en 2000, rappelle le NYT, et l'ex-président et mari d'Hillary Clinton, Bill Clinton, avait étendu l'application de la peine de mort en 1994.

La majorité des Américains défend la peine de mort... mais pas les Démocrates

Selon le Pew Research Center, de moins en moins d'Américains sont en faveur de la peine capitale, mais ils représentent toujours une majorité. Dans le cas d'un meurtre, 56% des Américains soutiennent le châtiment suprême, quand 38% sont contre. Au contraire, la majorité des Démocrates est contre (56%).

Les minorités sont généralement les plus critiques vis-à-vis de la peine de mort, selon le Pew. Et pour cause : la moitié des Américains pense que les personnes de couleur ont plus de chance d'être condamnées à mort que les blancs, pour le même crime. Hillary Clinton partage elle-même ce point de vue : elle a affirmé que la peine de mort était appliquée de manière discriminatoire. Visiblement, ce n'est pas une raison suffisante pour l'interdire.

Les candidats républicains utilisent les attentats de Paris pour critiquer la politique d'Obama en matière d'accueil des migrants syriens. Crédit : CNBC

Les meilleurs moments du débat entre candidats républicains sur CNBC

Ce mercredi à 20h sur la côte est (1h du matin en France), 10 candidats républicains se sont affrontés pendant 2 heures au cours d'un débat diffusé en direct de l'Université du Colorado à Boulder, sur CNBC.ben_carson

Globalement, le débat a été chaotique et bruyant. On attendait beaucoup des deux hommes qui caracolent en tête des sondages, Donald Trump et Ben Carson, connus pour leurs déclarations-choc (sur les immigrés mexicains pour le premier, et sur l'avortement et la religion pour le second).

WINNERS

Mais Trump et Carson se sont fait voler la vedette par deux juniors de 45 ans, Marco Rubio, le sénateur de la Floride, fils d'immigrés cubain né à Miami, et Ted Cruz, sénateur du Texas ultra-conservateur. Les deux candidats se sont distingués pour leur assurance sur scène et leurs talents d'orateurs.

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Trump s'est avéré moins flamboyant qu'à l’accoutumée. Quant à l'ex-neurochirurgien Carson, il est resté calme et impassible, presque effacé.

LOOSERS

Celui qui a passé la plus mauvaise soirée ? Jeb Bush. Le fils et frère de deux ex-présidents Bush et ancien gouverneur de Floride a échangé une passe d'armes avec son ancien poulain Marco Rubio, qui a largement maîtrisé son ex-mentor.

Marco Rubio et Jeb Bush

Marco Rubio versus Jeb Bush : le clash de la soirée

Certains candidats se sont différenciés par leur opinion sur la sécurité sociale - défendue notamment par Marco Rubio, en contradiction avec Chris Christie qui a affirmé : "Le gouvernement vous a menti et a volé votre argent. Il vous a dit que votre sécurité sociale était un fonds. Mais ce fonds est un tas d'obligations pour des sommes qu'ils ont dépensées à d'autres fins, il y a déjà longtemps de cela".

Pour le reste, Kasich a crié très fort, Christie a fait quelques bonnes blagues, Fiorina était égale à elle-même, Rand Paul invisible et Huckabee a utilisé son temps de parole pour annoncer qu'il portait une cravate de marque "Trump".

Voici 3 moments forts du débat :

1Jeb Bush accuse Marco Rubio de travailler "à la française", "3 jours dans la semaine"... et Rubio le lui rend bien

Jeb Bush était à l'offensive. Il a reproché à Marco Rubio son absentéisme lors des sessions du Sénat. "Enfin, je veux dire, littéralement, le Sénat - c'est quoi, une semaine de travail à la française ? Tu as quoi, 3 jours dans la semaine où tu dois venir travailler ?". Il lui suggère ensuite de démissionner de son poste de sénateur pour se consacrer entièrement à la campagne présidentielle.

Marco Rubio lui répond du tac au tac, sans le laisser placer un mot : "J'ai écouté Jeb ces dernières semaines, alors qu'il voyageait dans tout le pays et disait qu'il avait pour modèle John McCain, qu'il allait faire un come-back retentissant comme lui en se battant dans le New Hampshire et dans d'autres états (...) Vous savez combien de votes [au Sénat] John McCain a ratés alors qu'il travaillait à ce come-back retentissant que vous prenez comme modèle ? (...) Je n'ai pas le souvenir de vous avoir jamais entendu vous plaindre [de l'absentéisme] de John McCain [au Sénat]. La seule raison pour laquelle vous le faites maintenant est parce que nous sommes tous deux candidats au même poste, et que quelqu'un vous a convaincu qu'il est dans votre intérêt de m'attaquer".

2Ted Cruz s'en prend aux médias

Les médias en ont pris pour leur grade mercredi soir. De la part de Rubio tout d'abord, mais surtout de Ted Cruz. "Les questions qui ont été posées au cours de ce débat illustrent la raison pour laquelle les Américains ne font pas confiance aux médias", a-t-il déclaré, suscitant les applaudissements du public. "Ce n'est pas un match de catch. Et quand on regarde les questions - Donald Trump, êtes-vous un méchant tiré d'une BD ? Ben Carson, vous savez faire des maths? John Kasich, allez-vous insulter deux personnes ? Marco Rubio, pourquoi ne démissionnez-vous pas ? Jeb Bush, pourquoi vos chiffres ont-ils baissé ? - Et si on parlait des problèmes réels qui préoccupent les gens ?".

Le sénateur du Texas sous-entend ensuite que les présentateurs de l'émission qui posent les questions sont de couleur démocrate et accuse les médias "mainstream" d'être à la solde du parti adverse.

3Donald Trump annonce qu'il porte une arme

Le troll milliardaire est interrogé sur un tweet qu'il a publié après la tuerie de masse qui a eu lieu dans un campus sur l'Oregon le 1er octobre. Celui-ci disait : "Au fait, c'était une zone où les armes à feu étaient prohibées. S'ils avaient eu quelques professeurs armés de pistolets, les choses se seraient passées beaucoup mieux".

Le journaliste de CNBC demande à Trump s'il serait rassuré de savoir que ses employés viennent au travail équipés d'une arme à feu. "Oui", répond-il, avant d'ajouter qu'il porte lui-même une arme à l'occasion.

"Les zones sans armes", ajoute-t-il, "c'est un stand de tir pour les tarés et les malades mentaux. C'est une cible. Ils sont à la recherche de zones sans armes".

A revoir : Les meilleurs moments du dernier débat entre Républicains sur CNN en septembre

Le républicain Paul Ryan a accepté de présenter sa candidature au poste de Speaker, mais sous conditions. (Crédit : Gage Skidmore)

Pourquoi les Républicains ont-ils tant de difficultés à se trouver un Speaker ?

Une bataille au sommet se joue pour décider qui sera le prochain Speaker du parlement américain. En septembre, John Boehner annonçait sa démission du poste. Quelques jours plus tard, le favori Kevin McCarthy se retirait de la course. Alors que les Républicains lui cherchaient un remplaçant, Paul Ryan, ex-partenaire du candidat Mitt Romney pendant la présidentielle 2012 a affirmé cette semaine qu'il était prêt à se présenter. Mais à une (lourde) condition : le parti tout entier doit s'unir derrière lui. Sous-entendu : il veut obtenir le soutien de la frange conservatrice des Républicains, responsable de la démission de John Boehner.

Pourquoi les Républicains ont-ils tant de difficultés à trouver un Speaker, position pourtant si convoitée ? 5 questions pour comprendre.

1A quoi sert le Speaker ?

Le Speaker (littéralement, "orateur") est le président de la Chambre des Représentants, l'équivalent du parlement américain. Dans les faits, il est le chef des Républicains (le chef des députés issus du parti majoritaire de la chambre - actuellement, les Républicains).

Il est également le troisième personnage dans la ligne de succession du gouvernement américain (si le président venait à se retirer et que le vice-président ne pouvait le remplacer, la présidence incomberait au Speaker).

arbre succession

Elu par les députés, il est tout d'abord sélectionné au sein de son propre parti.

2Pourquoi John Boehner a-t-il démissionné ?

Le républicain John Boehner, député de l'Ohio, occupe le poste de Speaker depuis 2011 (il est notamment connu pour ses tendances à pleurer sur scène, y compris pendant la visite du pape aux Etats-Unis).

Boehner a annoncé sa démission fin septembre. En cause : son opposition au Freedom Caucus, un groupe républicain conservateur. Les élus de ce mouvement lui reprochent d'exercer un contrôle trop fort sur le vote républicain. Boehner est également sous le feu des critiques des ultra-conservateurs pour ses réticences à bloquer le budget fédéral. La droite de la droite a en effet menacé de provoquer un nouveau "shutdown" afin de mettre fin au financement public du Planning familial, une association qui permet notamment aux femmes d'avorter. Le Speaker ne soutenait pas cette initiative.

John Boehner, Speaker démissionnaire

John Boehner, Speaker démissionnaire

L'un des représentants du mouvement conservateur Tea Party et également du Freedom Caucus, Mark Meadows, a même tenté de renverser Boehner par un vote de défiance.

Malgré sa démission, John Boehner restera à son poste jusqu'au 29 octobre, date de l'élection du nouveau Speaker.

3Quel est le problème ?

Le successeur "naturel" de John Boehner aurait dû être le chef de la majorité républicaine à la chambre, Kevin McCarthy. Pourtant, quelques jours après l'annonce de la démission du Speaker, McCarthy s'est retiré de la course. "Nous avons besoin d'un nouveau visage [pour unir les Républicains]", a-t-il déclaré.

Kevin McCarthy. Crédit : Congrès

Kevin McCarthy. Crédit : Congrès

Ce retrait a lancé des tractations au sein du parti républicain pour trouver ce nouveau visage rassembleur. Les Républicains en ont bien besoin : ni Boehner ni McCarthy n'ont réussi à conquérir le soutien du Freedom Caucus.

Or, pour s'assurer qu'il remportera l'élection au poste de Speaker, le candidat à la succession de John Boehner doit remporter les suffrages du Caucus. En effet, tous les députés de la Chambre participeront au choix du Speaker - y compris les Démocrates, qui voteront pour leur propre candidat.

Le candidat devra donc remporter une majorité à la Chambre. Difficile, sans le soutien du Freedom Caucus, qui réunit une quarantaine de membres et représente 1/6 des députés républicains.

Dans certains cas (si les démocrates votent différemment), ces derniers peuvent même empêcher une loi d'être votée, comme l'explique le Wall Street Journal. Il est donc indispensable de récolter leurs suffrages.

4Qui est Paul Ryan et que veut-il ?

Paul Ryan. Crédit : Tony Alter

Paul Ryan. Crédit : Tony Alter

Peu après que McCarthy ait jeté l'éponge, le nom de ce député du Wisconsin a émergé dans les débats républicains. Paul Ryan est le chef d'un comité puissant au sein de la chambre, le House Ways and Means Committee, qui traite notamment des impôts et des prestations sociales. Parmi ses soutiens, il compte des Républicains modérés, mais aussi des conservateurs.

Après la décision de McCarthy, Paul Ryan avait fait savoir qu'il n'était pas intéressé par le job. Sa décision de se présenter cette semaine est donc un revirement. Pour autant, Ryan a posé ses conditions : il ne se présentera que s'il obtient le soutien de tout le parti, y compris le Freedom Caucus, rapporte le New York Times.

Il exige également que soit limitée la possibilité pour les élus de renverser le Speaker.

5Qui sera l'élu ?

On ne sait pas. Pour Paul Ryan, le défi est désormais de convaincre le Freedom Caucus. Le groupe déjà choisi son représentant. Ryan ne sera élu que si le Caucus change de fusil d'épaule et lui apporte son soutien (en tout cas, celui de 80% de ses membres). Dans le cas contraire, il faudra trouver un autre candidat.

MISE A JOUR 22 octobre 2015, 16h50 (heure française) :

Le Freedom Caucus a approuvé la candidature de Paul Ryan à une majorité de... 70%. Cependant, les statuts internes du groupes exigent un vote de 80% des membres pour un accord officiel. Il appartient donc à Paul Ryan de décider si ces 70% sont suffisants.

Côté démocrates, Hillary Clinton et Bernie Sanders sont aux coudes à coudes pour le Caucus de l'Iowa qui aura lieu lundi, selon un sérieux sondage du The Des Moines Register.

Débat démocrate sur CNN : Bernie Sanders vainqueur des sondages en ligne

Le premier débat entre candidats démocrates cette semaine, diffusé sur CNN, était résolument dominé par le duel Hillary Clinton/Bernie Sanders, les deux favoris des sondages.

Leurs concurrents Martin O’Malley, Jim Webb et Lincoln Chafee ont tenté de s'affirmer avec moins de succès. Alors, qui a remporté la joute oratoire, l'ancienne Secrétaire d'Etat ou le sénateur socialiste ?

Selon de nombreux analystes politiques américains (même s'ils ne sont pas tous d'accord), la victoire va à Clinton. Le New York Times souligne la virulence de ses attaques sur le sujet du contrôle des armes, accusant Bernie Sanders d'être du côté des lobbys de l'armement. Elle a également moqué la référence au Danemark du sénateur du Vermont, qui a cité le pays d'Europe du Nord comme un modèle, aux côtés de la Suède et de la Norvège. "Nous ne sommes pas le Danemark", a affirmé l'ex-secrétaire d'Etat, "nous sommes les Etats-Unis d'Amérique".

Si l'on regarde le temps de parole, c'est également Clinton qui remporte la palme, avec 31 minutes, contre 28 minutes pour Sanders selon le NYT (et moins de 20 minutes pour les autres candidats).

Pourtant, selon les quelques sondages sur internet qui ont fleuri depuis hier, c'est Bernie Sanders qui remporte la joute. Les votants lui accordent jusqu'à 80% des suffrages :

Sondage du Time

Sondage du Time

Sondage sur Slate

Sondage sur Slate

Sondage Facebook par CNN

Sondage Facebook par CNN

Sondage le soir du débat par US News

Sondage le soir du débat par US News

Dans les recherches Google, Sanders se démarque également : les internautes ont recherché plus d'informations sur Sanders que sur Clinton pendant le débat.

Source : Google Trends

Source : Google Trends

Bernie Sanders a par ailleurs dominé les "trending topics" (thèmes les plus populaires) de Facebook et Twitter pendant le débat, notamment avec le hashtag #DebateWithBernie, omniprésent sur les réseaux sociaux américains. Selon la société Engagement Labs, Sanders a gagné plus de fans sur Twitter après le débat (mais Clinton a gagné plus de followers sur sa page Facebook), comme le relève le Wall Street Journal.

Pour autant, ces résultats ont une portée limitée. Les divers sondages en ligne réalisés pendant ou après le débat n'ont rien de scientifique : tout le monde peut y voter (contrairement aux sondages qui se interrogent un échantillon représentatif de la population), et plusieurs fois.

Etre le plus populaire sur Facebook, Google ou Twitter ne signifie pas non plus qu'on est le plus apprécié des électeurs, ou que l'on récoltera leurs votes.

Rendez-vous donc au prochain sondage "scientifique" pour avoir une estimation de la popularité des deux candidats... sans oublier qu'avec ses biais et sa marge d'erreur, le sondage n'est jamais une science exacte.

Cinq candidats à l'investiture du parti démocrate débattaient sur CNN ce mardi.

Les 5 meilleurs moments du premier débat entre candidats démocrates

Pour la première fois, les candidats à la primaire démocrate se sont affrontés sur les écrans américains, lors du débat organisé sur la chaîne CNN ce mardi. Bilan ? Les deux favoris des sondages Hillary Clinton et Bernie Sanders ont mené la danse, tandis que les autres candidats, Martin O’Malley, Jim Webb et Lincoln Chafee, ont peiné à s'affirmer. Contrairement aux Républicains, qui lors de leur dernier débat se sont lancés dans des affrontements directs aux mots durs, les cinq démocrates, qui débattaient dans un casino à Las Vegas, n'ont pas fait le show. Pour autant, le débat a donné lieu à quelques moments-clefs :

Le moment le plus bizarre

Lincoln Chaffee présente Hillary Clinton comme la représentante des intérêts de Wall Street. Or, a souligné le présentateur de CNN, Chaffee a voté une loi en faveur de la dérégulation de l'industrie bancaire en 1999. Le candidat, alors sénateur, avait en effet donné son vote à une loi abrogeant le Glass-Steagall Act de 1933, qui séparait notamment les banques de dépôt des banques d'investissement.

Réponse confuse de Chaffee : "Le Glass-Steagall Act était mon premier vote, je venais d'arriver, mon père [sénateur] venait de mourir".

Le présentateur rétorque alors : "Etes-vous en train de dire que vous ne saviez pas de quoi il s'agissait ?"

"Vous êtes un peu dur avec moi, je venais juste d'arriver au Sénat", plaide alors Chaffee.

Le moment le plus fraternel

Les attaques personnelles ont été bien moins nombreuses que lors du débat entre Républicains - y compris sur le sujet brûlant des mails d'Hillary Clinton. Lorsqu'elle était secrétaire d'Etat (l'équivalent du ministre des affaires étrangères), Clinton a en effet utilisé une adresse email personnelle et stocké ses courriers électroniques sur ses propres serveurs - une pratique prohibée. Depuis cet été, le sujet empoisonne sa campagne.

"J'ai dit que c'était une erreur. Ce que j'ai fait était autorisé par le Départment d'Etat, mais ce n'était pas la meilleure décision. J'ai été aussi transparente que possible, en fournissant 55 000 pages de mes mails et en les rendant publics", a-t-elle affirmé pendant le débat. Elle a ajouté que l'enquête parlementaire actuellement en cours était une initiative partisane de la part des Républicains.

Ses emails n'ont pas de quoi nourrir un scandale, selon son concurrent Bernie Sanders.  "Les gens en ont assez d'entendre parler de vos fichus mails", a déclaré le sénateur du Vermont à Hillary Clinton, "parlons des vrais problèmes de l'Amérique".

"Merci, merci", s'est-elle exclamé, tout sourire.

Chaffee n'a pas été aussi tendre avec Hillary Clinton. "Nous devons réparer la crédibilité de l'Amérique (...) notre prochain président doit avoir la meilleure des éthiques", a-t-il affirmé en référence à la polémique des emails.

"Souhaitez-vous répondre ?", demande alors le présentateur à Clinton. "Non", lâche-t-elle, déclenchant l'hilarité du public.

Le moment le plus enflammé : limiter le contrôle des armes à feu

Pour autant, des points de friction ont émergé pendant le débat. Après les récentes tueries par balles, comme sur le campus universitaire de Roseburg, dans l'Oregon, le débat sur les armes à feu a une fois encore été relancé aux Etats-Unis. Hillary Clinton en a profité pour tacler Bernie Sanders, qui selon elle est trop laxiste sur le sujet des armes à feu. "Il est temps que le pays tienne tête à la NRA [le lobby pro-armes à feu]", a-t-elle lancé. En 2005, Bernie Sanders avait voté en faveur d'une loi qui protège les fabricants d'armes de poursuites de la part des victimes.

Les candidats démocrates ont plaidé pour plus de contrôle, mais pas d'interdiction totale des armes à feu. Selon Webb, "nous devons respecter la tradition de ce pays, les gens qui veulent pouvoir se défendre". "L'Américain moyen [qui ne peut pas se payer de gardes du corps] mérite le droit de protéger sa famille".

Le moment le plus socialiste

Bernie Sanders s'affirme ouvertement comme candidat socialiste - une déclaration audacieuse dans un pays où le mot "socialiste" est connoté très négativement et fait souvent référence au communisme soviétique. Pas de quoi effrayer le sénateur, qui a expliqué sa vision du "socialisme démocrate"  sur le plateau de CNN : plus d'égalité de revenus, une sécurité sociale accessible à tous, des congés congé payés, y compris des congés maternité, le tout en s'inspirant du Danemark, de la Suède et de la Norvège.

Bernie Sanders essuie alors les critiques d'Hillary Clinton : "Nous devons sauver le capitalisme de lui-même. Mais nous ne sommes pas le Danemark, nous sommes les Etats-Unis d'Amérique." 

Elle ajoute : "ce serait une grave erreur que de tourner le dos à ce qui nous a permis de construire la plus vaste classe moyenne de l'histoire".

Sanders lui répond alors que "bien sûr, nous devons soutenir les petites et moyennes entreprises. Mais on peut avoir toute la croissance qu'on veut, cela ne signifie rien si tous les revenus générés et la richesse créée sont absorbés par les 1% les plus riches".

Le moment le plus anti-establishment

Epouse de l'ancien président Bill Clinton, Hillary Clinton n'est pas un symbole de renouveau politique pour le pays - contrairement à un candidat comme Bernie Sanders, indépendant associé aux Démocrates ou, côté républicain, au milliardaire Donald Trump.

Selon le candidat démocrate Martin O'Malley, "Clinton" est un "vieux nom". "Notre pays a besoin d'un nouveau leadership pour avancer", a-t-il affirmé.

"Je crois qu'il existe une profonde frustration dans le pays face à l'establishment politique", a également déclaré Bernie Sanders, sans attaquer frontalement Hillary Clinton.

Celle-ci a répondu que ce sont ses idées et son expérience, et non pas son nom, qui comptent pour les électeurs. "Je ne fais pas campagne pour devenir présidente parce que mon nom est Clinton", a-t-elle ajouté.

France 2 revient pour vous sur ce premier débat :


Un sujet de Jacques Cardoze et Arielle Monange

Le candidat républicain Donald Trump, en tête des sondages, est souvent qualifié de populiste.

Non, tous les Républicains ne sont pas climato-sceptiques

A entendre certains candidats républicains, on pourrait penser que le parti conservateur est le porte-voix des climato-sceptiques. "Je ne crois pas au changement climatique", déclarait le milliardaire Donald Trump, qui caracole en tête des sondages, la semaine dernière sur CNN. En 2012, il a même affirmé que "le concept du réchauffement climatique a été créé par et pour les Chinois afin de nuire à la compétitivité des entreprises américaines" :

Son concurrent Ben Carson a lui aussi estimé qu'il n'existait pas de preuve du rôle de l'homme dans le réchauffement climatique. Les Républicains sont d'autant plus enclins à affirmer leur opposition aux mesures qui limitent les émissions de gaz à effet de serre depuis que le président Obama, démocrate, en a fait l'une de ses priorités.

Pourtant, aux Etats-Unis, être de droite ne signifie pas être climato-sceptique. Selon un nouveau sondage, la majorité des Républicains - y compris parmi les plus conservateurs - admet que l'homme joue un rôle dans le réchauffement climatique. 

Moins de 10% des Républicains interrogés pensent que le changement climatique n'existe pas, et moins d'un tiers renie le rôle de l'homme dans le réchauffement.

Le sondage a été financé par Jay Faison, un Républicain qui a lui-même créé une association qui fait la promotion des énergies "vertes", écrit le New York Times

Oui à la lutte contre réchauffement climatique, mais non aux dépenses publiques

Certains candidats républicains ont une opinion nuancée : ils ne renient ni l'existence d'un changement climatique ni le rôle de l'homme. Pour autant, ils refusent de dépenser des deniers publics pour lutter contre le réchauffement. Au cours du dernier débat entre Républicains diffusé sur CNN, le sénateur de Floride Marco Rubio a prévenu : "nous n'allons pas détruire notre économie" pour des politiques "qui n'auront absolument aucun impact sur notre climat, sur les températures". Le gouverneur du New Jersey Chris Christie renchérit alors :"Je suis d'accord avec Marco. Nous ne devrions pas détruire notre économie pour poursuivre une idée de gauche selon laquelle nous pourrions changer le climat à nous seuls. Nous pouvons contribuer [à la lutte contre le changement climatique] sans compromettre notre économie".

"Nous n'avons pas besoin d'une intervention massive du gouvernement pour résoudre le problème", a-t-il affirmé, conformément à la ligne des conservateurs qui plaident pour limiter les interventions gouvernementales.

Le candidat républicain fera-t-il partie du camp des climato-sceptiques ? Rien n'est sûr."Pour le moment, ce débat est dominé par quelques-unes des voix les plus audibles du parti", a déclaré Jay Faison dans une interview accordée au New York Times. "Mais lorsque nous serons sortis de la phase spectacle de la campagne et que nous nous pencherons sur les propositions politiques, les Républicains pourront parler [du changement climatique] d'une manière apolitique". 

Des militants anti-avortement à New York, en mars 2012. Sur la pancarte : "S'il vous plaît, priez pour en finir avec l'avortement." (RICHARD B. LEVINE/NEWSCOM/SIPA / SIPA USA)

Le débat sur l'avortement pourrait provoquer un nouveau "shutdown" du gouvernement

A partir de ce jeudi, le gouvernement américain pourrait être à cours d'argent. L'économie n'a rien à voir dans cette crise, qui est entièrement politique. Le parlement, à majorité républicaine, refuse de voter les crédits au gouvernement démocrate, mené par le président Obama. On risque donc un défaut de paiement des fonctionnaires fédéraux, et donc un "shutdown" (une fermeture) des services publics, comme en 2013. Il y a deux ans, les institutions américaines se sont en effet retrouvées paralysées par l'opposition des Républicains à la réforme du système de santé de Barack Obama, l' "Obamacare".

Cette fois-ci, il s'agit de faire barrage à l'avortement en attaquant le Planning familial, une association qui permet aux femmes d'avorter. Le Planning familial est en partie financé par l'Etat fédéral. Les Républicains, majoritaires à la Chambre des Représentants et au Sénat, entendent mettre un terme à ces subsides. Pour ce faire, il refusent de voter un budget qui attribue des fonds à l'association.

Le Planning familial accusé de trafic d'organes

Principal argument de la droite américaine : une récente polémique au sujet du Planning familial, accusé de trafic d'organe. David Daleiden, fondateur de l’ONG anti-avortement Center for Medical Progress, a tourné des vidéos en caméra caché qui prouveraient que l'association profite de la vente des organes des foetus issus de l'avortement à des organismes de recherche. Le don de tissus foetaux est légal aux Etats-Unis, mais l'organisation est accusée de vendre ces tissus en toute clandestinité. Voici l'une des vidéos en question, publiée par Center for Medical Progress. Elle montre des responsables du Planning familial en train de parler du prélèvement de tissus de foetus avortés : 

Depuis la publication de ces vidéos, l'avortement est devenu un sujet central dans la course à l'élection présidentielle. Le candidat républicain Chris Christie a par exemple affirmé que le Planning familial était responsable du meurtre systématique d'enfants afin de vendre leurs organes.

Les Américains ne veulent pas du shutdown

La stratégie du shutdown n'est pas sans risques pour les Républicains. Selon un sondage de NBC et du Wall Street Journal, la majorité des Américains soutient le financement du Planning familial. Provoquer un shutdown a également un coût : en 2013, la fermeture avait duré deux semaines. On estime que l'arrêt des services publics avait alors coûté 24 milliards de dollars à l'économie américaine. A Washington par exemple, pas de ramassage des ordures sans fonctionnaires fédéraux. Une partie du Pentagone, QG de la défense, serait lui aussi mis au chômage technique, tout comme les musées, parcs nationaux ou encore services de collecte des impôts. Et les Américains s'en souviennent : aujourd'hui, près de 70% d'entre eux sont opposés à la fermeture des services fédéraux pour saper les finances du Planning familial, selon un autre sondage de l'université de Qinnipiac.

Afin d'éviter un nouveau shutdown, le Congrès a jusqu’au 30 septembre minuit, date de la fin de l'année fiscale en cours, pour approuver un budget de financement du gouvernement.

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Crédit : Gage Skidmore

Pas de musulman à la Maison blanche : pourquoi les déclarations choc de Ben Carson ne sont pas surprenantes

L'Amérique ne devrait pas élire un président musulman. C'est, en substance, ce qu'a déclaré le républicain Ben Carson, chrétien, candidat à l'élection présidentielle 2016, à NBC. Les déclarations de cet ancien neuro-chirurgien ont d'autant plus de poids qu'il est classé troisième dans un récent sondage sur l'investiture du parti républicain, après Donald Trump et Carly Fiorina.

"Je ne plaiderais pas pour mettre un musulman à la tête de cette nation. Je ne serais absolument pas d'accord", a-t-il déclaré, alors qu'on lui demandait si la religion du président avait une importance.

"Tout dépend de quelle religion on parle" a-t-il répondu. "Si elle n'est pas compatible avec les valeurs et les principes de l'Amérique, alors bien sûr que cela doit avoir de l'importance".

Il a ajouté que l'Islam était incompatible avec la constitution. En revanche, pas de problème pour élire un musulman au parlement, selon lui.

Indignation générale

Les déclarations choc n'ont pas manqué de provoquer l'indignation, y compris côté républicain. Selon le sénateur Ted Cruz, concurrent de Ben Carson pour représenter le parti lors de l'élection présidentielle de 2016, la constitution n'a pas son mot à dire sur la religion des élus. "Je pense que le Dr Carson doit s'excuser", a quant à lui affirmé le sénateur Lindsey Graham, également dans la course à l'investiture du Grand Old Party.

Le Conseil des relations Américano-islamiques, une organisation non gouvernementale qui entend représenter la voix des 1% de musulmans aux Etats-Unis, s'est élevé contre les déclarations de l'ancien chirurgien. "Il n'est pas qualifié pour être président", a déclaré le porte-parole du groupe. "Vous ne pouvez pas avoir ce genre d'opinions et, en même temps, affirmer que vous représentez tous les Américains, qui sont issus de milieux différents et croient en différentes religions".

Carson persiste et signe

Malgré l'indignation sur les réseaux sociaux, Ben Carson a réitéré ses propos dans une interview avec The Hill : "Les Musulmans ont le sentiment que leur religion doit faire partie de leur vie publique et de leurs actions en tant qu'élus, et cela n'est pas compatible avec [les] principes [de l'Amérique] et notre constitution" a-t-il déclaré. Carson s'est dit prêt à faire une exception pour les candidats musulmans qui s'engageraient "publiquement à renier la totalité de la Sharia" - avant de suggérer que ces derniers pourraient tout aussi bien mentir pour atteindre leur but en vertu de la "Taquiyya". "La Taqiyya est une composante du chiisme qui autorise et encourage le mensonge pour arriver à vos buts", a-t-il affirmé.

Les déclarations de Ben Carson ont beau être choquantes, elles ne sont pas vraiment une surprise :

Ce dimanche, Trump a tenté d'apaiser les tensions en établissant une distinction entre musulmans et extrémistes musulmans. "J'ai des amis qui sont musulmans et ce sont des personnes exceptionnelles", a-t-il déclaré sur CNN. "[Les extrémistes musulmans sont] un problème dans ce pays, c'est un problème dans le monde entier... Il y a effectivement un problème avec les musulmans radicaux", a-t-il ajouté.

L'islamophobie progresse aux Etats-Unis.

Selon certains, Ahmed Mohamed, 14 ans, musulman, fils d'immigrés originaires du Soudan, est le symbole de l'islamophobie de l'Amérique.

La semaine dernière, ce petit génie a été arrêté et exclu de son collège. Son crime ? Avoir fabriqué une horloge artisanale, que l'un de ses professeurs a pris pour une bombe. Son histoire montre la paranoïa qui agite l'Amérique depuis les attaques terroristes du 11 septembre. De nombreux Américains ont manifesté leur indignation et leur soutien à Ahmed, y compris le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg et Barack Obama, qui a invité l'adolescent à la Maison blanche.

Une étude réalisée par le Pew Research Center l'année dernière montrait que l'Islam était la confession la plus mal perçue des Américains - à peu près au même niveau que l'athéisme. Les juifs et les chrétiens catholiques et évangéliques avaient récolté le plus d'opinions positives.

Pour Vox, l'islamophobie n'est pas nouvelle aux Etats-Unis. Mais elle gagne du terrain depuis la création de l'Etat Islamique. Pour preuve, le site d'information évoque notamment les nombreuses sorties de la chaîne conservatrice Fox News. Au début de l'année, son chroniqueur Bill O'Reilly déclarait à l'antenne que l' "Islam était une force destructive".

Pour autant, selon un sondage Gallup publié en juin, 60% des Américains sont prêts à élire un président musulman à la Maison blanche - contre 58% pour un président athée et 73% pour un chrétien évangélique.

Retrouvez notre portrait "Ben Carson, le docteur de l'Amérique ?"

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Bernie Sanders, le socialiste à l'air de savant fou, peut-il vraiment renverser le colosse Hillary?

Candidats #7: Bernie Sanders, un socialiste contre Clinton

Séisme dans la campagne démocrate! Depuis quelques jours, le règne annoncé d'Hillary Clinton se voit remis en question par le candidat le moins plausible qui soit, un ancien hippie, activiste de gauche et sénateur du Vermont depuis des temps immémoriaux: Bernie Sanders.

1Qui est Bernie Sanders?

Bernard « Bernie » Sanders est né en 1941 dans une famille juive de Brooklyn. Depuis ses années étudiantes à l'Université de Brooklyn, puis celle de Chicago, il est impliqué dans le mouvement des droits civiques et entre en politique en 1968, à l'époque des hippies et de la contestation contre la guerre du Vietnam. Politico consacre un long article sur ses jeunes années de hippie, aux sources de ses idées politique aujourd'hui.

Il entre en politique en 1971, au sein du Liberty Union Party, un parti socialiste et pacifiste. Après plusieurs candidatures malheureuses au poste de sénateur et de gouverneur du Vermont, il quitte le parti. En 1981, il entre en indépendant dans la course à la mairie de Burlington, la plus grande ville de l'état. Il restera maire jusqu'en 1989, fidèle à un programme de travaux publics et refusant de larges privatisations. Lors d'une course pour la réélection, Sanders parvient même à battre un candidat soutenu à la fois par les démocrates et les républicains.

En 1991, Sanders est élu à la chambre des représentants.C'est l'indépendant à avoir siégé le plus longtemps au Congrès américain, conservant sa ligne socialiste en faveur des dépenses publiques et des programmes d'aide sociale.

Il a annoncé sa candidature à la primaire démocrate dans un parc de Burlington qu'il avait protégé des plans d'un promoteur lorsqu'il était maire, renforçant encore son statut de candidat « du peuple » de l'élection américaine.

2Quel est son programme?

Sanders n'est pas techniquement démocrate, il se présente à la nomination démocrate en tant qu'indépendant. Pire encore, c'est un socialiste affirmé - le mot « socialiste » est toujours une insulte pour une bonne partie des américains. Sanders est un peu au parti démocrate ce que le Tea Party est aux républicains. Sincère, mais extrême.

Economie: Là ou la plupart des candidats, même du côté démocrate, promettent une certaine prudence budgétaire et un contrôle de la dette, Bernie Sanders voudrait profiter des faibles taux d'intérêt pour emprunter plus et mener des programmes de financement public massifs. Construction d'infrastructures, dépenses publiques accrues pour générer de l'emploi, toute la gamme socialiste y passe.

Du côté du secteur privé, Sanders veut augmenter le salaire minimum au niveau fédéral de 7,25$ à 10,10$ de l'heure. Plus polémique encore, il veut diviser les 6 plus grandes banques du pays pour limiter leur influence sur l'économie américaine. Même aux standards européens, ceci est bien un programme de gauche radicale.

Social: Obamacare c'est bien, mais ce n'est pas assez. Bernie Sanders veut créer aux Etats-Unis un programme de couverture universelle à l'européenne. Grand admirateur du socialisme scandinave, Sanders préfère un système qui permet aux assurés de souscrire facilement une assurance privée plutôt à la Sécurité Sociale universelle à la française.

Du côté des droits civiques, Sanders est un défenseur ardent du mariage gay, du droit à l'avortement, il est anti-peine de mort...etc...

Immigration: Sanders est plutôt discret sur ce sujet, se contentant de soutenir l'ordre exécutif de Barack Obama empêchant l'expulsions de millions d'illégaux sur le territoire américains. Il est en faveur d'un chemin vers la citoyenneté américaine pour les illégaux présents dans le pays.

En revanche, il s'est prononcé pour le démantèlement des programmes d'immigration « contrôlée » qui fournissent une main d'oeuvre à très bas coût aux entreprises du sud du pays.

International: Sanders n'est pas un expert des questions internationales, mais face à Hillary Clinton, il a pour lui la constance.

Il s'est toujours opposé aux guerres en Irak et en Afghanistan - Clinton s'était elle prononcée en faveur des deux avant de faire volte-face. Il est favorable à un effort diplomatique renforcé plutôt qu'aux opérations militaires. Il soutient notamment le programme de sanctions économiques contre la Russie et les négociations sur le nucléaire iranien.

En revanche, c'est un opposant farouche au traité Trans-Pacifique négocié par l'administration Obama.

Environnement: Environnementaliste de la première heure, Sanders soutient tout un ensemble de mesures de réduction des gaz à effet de serre, notamment des limites d'émissions imposées à la fois sur les véhicules et l'industrie.

Il est en faveur de financements publics des énergies renouvelables, mais aussi de pistes plus excentriques, comme l'exploration des techniques de piégeage du CO2 pour limiter et retarder les effets du réchauffement climatique.

3Quelles sont ses chances?

En à peine un mois, l'avance d'Hillary Clinton dans les sondages est passée de 30 points à seulement 10. Enc conséquence, le sentiment chez les électeurs démocrates envers Sanders est passé d'un timide « je l'aime bien, mais il ne peut pas gagner » à un incrédule « et si il pouvait vraiment gagner? »

Avec sa sincérité désarmante et ses prises de position intransigeantes, Sanders est diamétralement opposé à Hillary Clinton, que les américains perçoivent comme compétente mais manipulatrice et peu fiable.

Un discours féroce de Sanders au Congrès, en 2012. « Il y a une guerre dans notre pays entre les plus riches et ceux qui travaillent. [...] 1% des américains possèdent 23% de la richesse du pays, plus que les 50% les plus pauvres. Et apparemment, ce n'est pas assez pour eux! »

Lors d'un discours dans le Wisconsin, Sanders a attiré près de 10 000 spectateurs, plus que n'importe quel autre candidat à ce stade. Chez les démocrates, il bénéficie d'un soutien croissant chez les militants les plus engagés. Face à la machine financière et le contrôle de l'establishment d'Hillary Clinton, Sanders joue sur une campagne proche des militants. De quoi en faire un candidat solide dans les états très engagés comme le New Hampshire ou l'Iowa, les premiers à voter pendant les primaires.

Si Sanders parvient à renverser, ou même seulement à faire trembler Clinton au début de la campagne, c'est toute la physionomie de l'élection qui pourrait changer. A minima, il devrait forcer Hillary à s'engager plus tôt qu'elle ne le souhaite et à prendre des positions fermes sur des questions de gauche.

« Arrêtez de me parler de lui, c'est un conte de fée! » s'énervait Bill Clinton en 2008 à propos de...Barack Obama. Hillary pourrait-elle perdre deux fois contre des outsiders improbables?

Une chose est sûre, on entendra parler de « Bernie ».

CHANCES DE DEVENIR PRESIDENT DES ETATS-UNIS: Il faudra passer sur le corps d'Hillary, puis convaincre les américains qu'un « socialiste » n'est pas une abomination. Difficile, et pourtant...

Chris Christie est l'actuel gouverneur du New Jersey, il était favori en 2012 mais a choisi de ne pas se présenter.

Candidats #6: Chris Christie, un favori déchu

Dernier en date à avoir annoncé sa candidature, le gouverneur du New Jersey a longtemps fait partie des républicains présidentiables. Mais à force d'attendre le moment idéal, Chris Christie a peut-être laissé passer sa chance. Son portrait par Jacques Cardoze:


BLOG - Les candidats republicains- Chris Christie by ftv-geopolis

1Qui est Chris Christie?

Né en 1962 à Newark. Chris Christie est gouverneur du New Jersey, une position qu'il occupe depuis 2010. Républicain de longue date, il est diplômé de droit et sciences politiques de l'Université du Delaware.

Depuis, sa carrière est rectiligne et pour ainsi dire parfaite. D'abord élu local, il attire l'attention des médias nationaux avec sa campagne énergique en faveur de George W. Bush en 2002. Le président saura le remercier en le nommant United States attorney (un procureur général, avec des pouvoirs bien plus étendus) du le New Jersey. Durant les 6 années de son mandat, Chris Christie continue à attirer l'attention des médias en remportant des procès difficiles contre des figures du crime organisé. Racket, trafic d'êtres humains, trafics d'armes...Tout y passe.

En 2010, il se présente aux élections gouvernatoriales, l'antichambre de la présidentielle. Avec une autoroute ouverte devant lui, il écrase le démocrate sortant Jon Corzine. En 2012, il est considéré comme un favori pour la course à la primaire républicaine, mais refuse de se présenter face à un Barack Obama donné gagnant.

Une erreur, sans doute, car les ennuis commencent réellement en 2013. Quelques mois après sa réélection triomphale, l'affaire dite du « Bridgegate » explose. Le bureau du gouverneur est accusé d'avoir intentionnellement fait fermer un pont pour créer des embouteillages dans la municipalité de Fort Lee. Une forme de vengeance mesquine contre le maire démocrate de la ville, qui avait refusé de soutenir Christie lors des élections gouvernatoriales.

L'enquête qui a suivi n'a pas permis de démontrer le rôle de Chris Christie dans cette décision, et le gouverneur s'en est tiré sans ennuis judiciaires. Néanmoins, cette affaire, cumulée à des doutes sur sa gestion financière, a considérablement terni son image. Contrairement à 2012, Chris Christie se présente à cette élection dans la peau d'un outsider, sous-financé et sous-représenté dans l'appareil républicain.

2Quel est son programme?

Chris Christie est un républicain très « Côte Est », qui gouverne un état qui votera quoi qu'il arrive démocrate à la présidentielle. Ses positions s'en ressentent, c'est un des républicains les plus modérés avec Jeb Bush.

Immigration: Chris Christie est sans doute le républicain à l'approche la plus originale sur l'immigration. La plupart des autres candidats proposent un renforcement plus ou moins fort de la sécurité des frontières. Christie considère lui que les immigrants réussiront de toute façon à franchir les frontières et qu'un renforcement est un gâchis.
Pour lui, « les immigrants viennent ici pour travailler. Pour lutter contre l'immigration, nous devons lutter contre le système qui propose aux migrants de travailler au noir. » On retrouve le procureur du New Jersey attaquant le marché noir dans son état.

Société: Christie a longtemps déclaré son opposition au mariage gay, mais il semble avoir abandonné la lutte sur ce front. En 2012, il posait son veto de gouverneur contre un texte l'autorisant dans le New Jersey. Pourtant, dès 2013, il baisse les bras face à une décision judiciaire faisant de même. « C'est un combat inutile » déclare-t-il. Peu de chances, donc, de le voir contester la décision de la Cour Suprême s'il devenait président.

Côté éducation, il a effectué ces derniers mois une magnifique volte-face. Autrefois pionnier du Common Core - un programme fédéral visant à mettre l'accent sur l'anglais et les mathématiques dans les collèges et lycées -, Christie est devenu un opposant féroce. Une stratégie purement électorale, car les électeurs républicains voient le Common Core comme un modèle de l'interventionnisme fédéral dans les décisions locales.

International: Fidèle à son image d'homme au franc-parler, au côté tough guy hérité de son passé de procureur, Christie est un faucon parmi les faucons. Il envisage d'envoyer des hommes au sol combattre l'état islamique et s'est vanté dans un discours: « si j'avais été à la tête du pays à la place de Barack Obama, Vladimir Poutine ne se serait pas comporté de la même manière en Ukraine. »

Environnement: Voici un candidat républicain qui n'est pas climato-sceptique! Christie a de nombreuses fois déclaré qu'il croyait au changement climatique, et croyait qu'il était bien causé par l'homme. En revanche, il reste partisan d'une ligne « l'économie d'abord ». Il a suspendu des restrictions d'émissions dans le New Jersey en 2013, au prétexte que « les chinois font bien pire que nous à l'environnement. »

3Quelles sont ses chances?

Il y a quatre ans, Christie était un favori lors des primaires face à Mitt Romney. Mais le Bridgegate est passé par là. Dans une campagne républicaine ou il est difficile de se faire entendre, les chances du gouverneur paraissent bien mince. En stratège rôdé, Christie a établie une tactique à long terme pour tenter de remporter l'élection. Il tâchera de se distinguer lors de ses exercices favoris, les rencontres avec les électeurs et les débats télévisés, ou son charisme de procureur excelle.

S'il ne parvient pas à acquérir des soutiens et des financements suffisamment tôt dans la campagne, Christie devrait vite disparaître, si possible avant d'avoir à démissionner de son poste de gouverneur. En revanche, de bonnes performances suffisamment tôt pourraient le voir revenir dans la course.

CHANCES DE DEVENIR PRESIDENT DES ETATS-UNIS: Assez faibles, mais...