Les 5 meilleurs moments du premier débat entre candidats démocrates

Cinq candidats à l'investiture du parti démocrate débattaient sur CNN ce mardi.

Pour la première fois, les candidats à la primaire démocrate se sont affrontés sur les écrans américains, lors du débat organisé sur la chaîne CNN ce mardi. Bilan ? Les deux favoris des sondages Hillary Clinton et Bernie Sanders ont mené la danse, tandis que les autres candidats, Martin O’Malley, Jim Webb et Lincoln Chafee, ont peiné à s'affirmer. Contrairement aux Républicains, qui lors de leur dernier débat se sont lancés dans des affrontements directs aux mots durs, les cinq démocrates, qui débattaient dans un casino à Las Vegas, n'ont pas fait le show. Pour autant, le débat a donné lieu à quelques moments-clefs :

Le moment le plus bizarre

Lincoln Chaffee présente Hillary Clinton comme la représentante des intérêts de Wall Street. Or, a souligné le présentateur de CNN, Chaffee a voté une loi en faveur de la dérégulation de l'industrie bancaire en 1999. Le candidat, alors sénateur, avait en effet donné son vote à une loi abrogeant le Glass-Steagall Act de 1933, qui séparait notamment les banques de dépôt des banques d'investissement.

Réponse confuse de Chaffee : "Le Glass-Steagall Act était mon premier vote, je venais d'arriver, mon père [sénateur] venait de mourir".

Le présentateur rétorque alors : "Etes-vous en train de dire que vous ne saviez pas de quoi il s'agissait ?"

"Vous êtes un peu dur avec moi, je venais juste d'arriver au Sénat", plaide alors Chaffee.

Le moment le plus fraternel

Les attaques personnelles ont été bien moins nombreuses que lors du débat entre Républicains - y compris sur le sujet brûlant des mails d'Hillary Clinton. Lorsqu'elle était secrétaire d'Etat (l'équivalent du ministre des affaires étrangères), Clinton a en effet utilisé une adresse email personnelle et stocké ses courriers électroniques sur ses propres serveurs - une pratique prohibée. Depuis cet été, le sujet empoisonne sa campagne.

"J'ai dit que c'était une erreur. Ce que j'ai fait était autorisé par le Départment d'Etat, mais ce n'était pas la meilleure décision. J'ai été aussi transparente que possible, en fournissant 55 000 pages de mes mails et en les rendant publics", a-t-elle affirmé pendant le débat. Elle a ajouté que l'enquête parlementaire actuellement en cours était une initiative partisane de la part des Républicains.

Ses emails n'ont pas de quoi nourrir un scandale, selon son concurrent Bernie Sanders.  "Les gens en ont assez d'entendre parler de vos fichus mails", a déclaré le sénateur du Vermont à Hillary Clinton, "parlons des vrais problèmes de l'Amérique".

"Merci, merci", s'est-elle exclamé, tout sourire.

Chaffee n'a pas été aussi tendre avec Hillary Clinton. "Nous devons réparer la crédibilité de l'Amérique (...) notre prochain président doit avoir la meilleure des éthiques", a-t-il affirmé en référence à la polémique des emails.

"Souhaitez-vous répondre ?", demande alors le présentateur à Clinton. "Non", lâche-t-elle, déclenchant l'hilarité du public.

Le moment le plus enflammé : limiter le contrôle des armes à feu

Pour autant, des points de friction ont émergé pendant le débat. Après les récentes tueries par balles, comme sur le campus universitaire de Roseburg, dans l'Oregon, le débat sur les armes à feu a une fois encore été relancé aux Etats-Unis. Hillary Clinton en a profité pour tacler Bernie Sanders, qui selon elle est trop laxiste sur le sujet des armes à feu. "Il est temps que le pays tienne tête à la NRA [le lobby pro-armes à feu]", a-t-elle lancé. En 2005, Bernie Sanders avait voté en faveur d'une loi qui protège les fabricants d'armes de poursuites de la part des victimes.

Les candidats démocrates ont plaidé pour plus de contrôle, mais pas d'interdiction totale des armes à feu. Selon Webb, "nous devons respecter la tradition de ce pays, les gens qui veulent pouvoir se défendre". "L'Américain moyen [qui ne peut pas se payer de gardes du corps] mérite le droit de protéger sa famille".

Le moment le plus socialiste

Bernie Sanders s'affirme ouvertement comme candidat socialiste - une déclaration audacieuse dans un pays où le mot "socialiste" est connoté très négativement et fait souvent référence au communisme soviétique. Pas de quoi effrayer le sénateur, qui a expliqué sa vision du "socialisme démocrate"  sur le plateau de CNN : plus d'égalité de revenus, une sécurité sociale accessible à tous, des congés congé payés, y compris des congés maternité, le tout en s'inspirant du Danemark, de la Suède et de la Norvège.

Bernie Sanders essuie alors les critiques d'Hillary Clinton : "Nous devons sauver le capitalisme de lui-même. Mais nous ne sommes pas le Danemark, nous sommes les Etats-Unis d'Amérique." 

Elle ajoute : "ce serait une grave erreur que de tourner le dos à ce qui nous a permis de construire la plus vaste classe moyenne de l'histoire".

Sanders lui répond alors que "bien sûr, nous devons soutenir les petites et moyennes entreprises. Mais on peut avoir toute la croissance qu'on veut, cela ne signifie rien si tous les revenus générés et la richesse créée sont absorbés par les 1% les plus riches".

Le moment le plus anti-establishment

Epouse de l'ancien président Bill Clinton, Hillary Clinton n'est pas un symbole de renouveau politique pour le pays - contrairement à un candidat comme Bernie Sanders, indépendant associé aux Démocrates ou, côté républicain, au milliardaire Donald Trump.

Selon le candidat démocrate Martin O'Malley, "Clinton" est un "vieux nom". "Notre pays a besoin d'un nouveau leadership pour avancer", a-t-il affirmé.

"Je crois qu'il existe une profonde frustration dans le pays face à l'establishment politique", a également déclaré Bernie Sanders, sans attaquer frontalement Hillary Clinton.

Celle-ci a répondu que ce sont ses idées et son expérience, et non pas son nom, qui comptent pour les électeurs. "Je ne fais pas campagne pour devenir présidente parce que mon nom est Clinton", a-t-elle ajouté.

France 2 revient pour vous sur ce premier débat :


Un sujet de Jacques Cardoze et Arielle Monange