Candidats #5: Marco Rubio, le favori latino

Cette semaine, nous nous intéressons à un autre des favoris de la primaire républicaine pour la présidentielle de 2016. Marco Rubio, un des deux candidats hispaniques de la primaire (avec l'ultraconservateur Ted Cruz) est dans le trio de tête des sondages, mais a t'il une vraie chance de l'emporter?

Son portrait, par Jacques Cardoze.


Candidats #5: Marco Rubio by ftv-geopolis

1Qui est Marco Rubio?

Rubio, âgé de seulement 44 ans, est une étoile montante du parti républicain. Membre de la chambre des représentants de Floride à partir de 2000, il est devenu sénateur de l'état en 2011. Sa présence au sommet des sondages est une progression météorique pour un politicien connu d'une seule poignée de spécialistes il y a encore quelques mois.

Rubio est un cubain-américain, fils d'un couple ayant émigré à Miami en 1956, avant l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro. Rubio a d'ailleurs été pris à embellir l'Histoire, faisant de ses parents des réfugiés politiques du communisme plutôt que des migrants économiques de l'ère Batista. Comme la plupart des hispaniques, Rubio est un catholique, le seul de la primaire républicaine.

Contrairement à des candidats comme Ben Carson, Carly Fiorina ou Rand Paul, Rubio est un politicien de carrière, membre des structures du parti républicain en Floride depuis ses années étudiantes. Assistant parlementaire, puis représentant d'état puis sénateur, il suit le parcours classique de l'establishment républicain. En revanche, Rubio n'a jamais été gouverneur, la voie royale vers la présidence.

2Quel est son programme?

Immigration: L'immigration est son sujet phare. En 2011, il faisait partie du « Clan des 8 » sénateurs, un groupe bipartisan proposant une réforme massive de la politique américaine d'immigration, centrée notamment autour de la possibilité d'un accès à la citoyenneté pour les immigrés présents sur le territoire américain. Sa position sur le sujet a changé à l'approche des primaires. Silencieux sur le « path to citizenship » par égard pour les électeurs, Rubio supporte à présent un renforcement de la sécurité des frontières.

International: Dans l'ensemble, Rubio est un républicain interventionniste plutôt qu'isolationniste. Il a reproché à Obama de ne pas avoir soutenu plus activement les rebelles modérés face à Bachar al-Assad et de ne pas s'être engagé aux côtés de l'Ukraine face aux rebelles séparatistes. Cela dit, il est favorable à l'aide internationale et aux organismes internationaux comme l'ONU.
Rubio est opposé au rapprochement avec Cuba. « Un rapprochement ne mettra pas fin à l'oppression là-bas » explique t'il.

Economie: Rubio est un conservateur fiscal traditionnel. Son programme comprend de larges réductions d'impôts, aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises. Il entend aussi diminuer la régulation gouvernementale sur les marchés, notamment dans le domaine d'Internet et de l'énergie.
Contrairement à la plupart des républicains en revanche, Rubio veut donner à la présidence plus de pouvoir dans les négociations commerciales internationales. (Au moment ou le Congrès républicain se plaint d'avoir été exclu des négociations sur le pacte commercial trans-pacifique.)

Environnement: En tant que catholique, Marco Rubio est le seul candidat a être concerné par l'encyclique du pape sur le changement climatique. Ses positions restent toutefois inchangées, il ne croit pas que le changement climatique soit du à l'activité humaine ou qu'il représente un danger particulier. Interrogé sur ses questions, c'est un grand habitué de l'évasion habituelle des républicains: « Je ne suis pas un scientifique. »

3Quelles sont ses chances?

Plus qu'aucun autre candidat, les chances de Marco Rubio dépendent du soutien de l'establishment républicain. Il ne dispose ni d'une base militante solide comme le Tea Party, ni d'un fief électoral comme Scott Walker. En revanche, les stratèges républicains s'intéressent de près à son cas et pourraient lui apporter un soutien déterminant lors de la convention républicaine vers la fin de la primaire.

Pourquoi? En raison du système de collège électoral, les présidentielles américaines se jouent dans quelques états clés. Les côtes sont acquises aux démocrates, les états du Sud et le Texas aux républicains. Les campagnes se jouent donc principalement dans quelques « swing states » comme le Maine, le Colorado, l'Ohio, l'Iowa, et...La Floride et ses 29 grands électeurs, remportée en 2012 par Barack Obama avec 0,9% d'avance sur Mitt Romney.

1280px-2004CampaignAttention

Les Etats où concentrent les visites de candidats (à gauche) et les attributions de fonds (à droite) lors des présidentielles. On note l'importance de la Floride en bas à droite.

Marco Rubio, cubain et enfant du pays, aurait de grandes chances de renverser l'état en faveur des républicains. Reste aux stratèges du parti à calculer si Rubio aurait de meilleures chances que Jeb Bush (qui fut gouverneur de Floride) dans le reste du pays. Rubio est un candidat plus à droite que Bush, et donc moins séduisant pour les indépendants. Mais son nom n'est pas « Bush » - c'est un avantage - et il pourrait piller l'électorat hispanique des démocrates.

Une fois les savants calculs effectués, on pourra voir vers qui penche l'establishment. Dans une primaire américaine, la décision ne revient pas seulement aux électeurs.

CHANCES DE DEVENIR PRESIDENT DES ETATS-UNIS: Bonnes.

T.L

 

Le mot du week-end: C'est quoi un PAC et un Super-PAC?

On ne le répétera jamais assez, pour comprendre la politique américaine, il faut comprendre l'argent. Lors des primaires, plus qu'un programme, c'est la capacité d'un candidat à mobiliser des foules et des fonds qui est analysée par les cadres des deux partis. Barack Obama, on se rappelle, était un leveur de fonds exceptionnel, qui avait financé la campagne la plus chère de l'Histoire.

Les « political action commitees » (comités d'action politique ou PAC) sont un rouage crucial du système américain de financement des campagnes politiques. Petite explication.

1Le PAC : Puissant mais limité

Créés en 1944, les PAC traditionnels sont des organismes relativement simples. Ce sont des association qui collectent des fonds, dans le but les redistribuer vers des formations ou des campagnes politiques. Les PACs sont soumis à des règles assez strictes, avec un plafond de contribution à 5000€ par personne. Ils ne peuvent redistribuer que 5000$ par candidat et par an et 15 000$ par parti et par an. Il en existe environ 4600 à travers le pays repartis en deux types.

Les PACs dit « connectés » sont créés au sein d'une organisation, la plupart du temps une entreprise, un syndicat ou une organisation de commerce. Ils ne peuvent recevoir de l'argent qu'au sein d'un groupe limité de personnes - en l’occurrence les employés ou les personnes syndiquées. Le PAC redistribue ensuite cet argent selon ses propres critères.

Il existe également des PACs dit « déconnectés » qui peuvent être formés par des groupes à but politique ou des membres du Congrès - les « leadership PAC ». Ces PACs peuvent recevoir de l'argent de toute personne qui désire en donner. Les PACs connectés, et particulièrement les leadership PACs, sont souvent plus riches que les PACs connectés. Ils sont utilisés par les candidats pour des dépenses qui ne participent pas directement d'une campagne et ne sont donc pas concernées par les limitations légales - consultants, sondages, frais de voyage...

En 2008, avant l'apparition des Super-PACs, les PACs auraient dépensé environ 50 millions de dollars dans la campagne présidentielle, sans compter les donations faites aux candidats.

2Le « Super-PAC » : L'arme du milliardaire

Les « independent expenditure only committees » (Comités de dépenses indépendants, plus tard surnommés Super-PACs par le Wall Street Journal) apparaissent en 2010 grâce à une décision de la Cour Suprême américaine. Dans une décision serrée, les juges décident que l'interdiction pour les entreprises et les syndicats de contribuer directement à des campagnes politique est une violation de la liberté d'expression.

Du point de vue légal, les Super-PACs sont beaucoup moins régulés que les vrais PACs. Il n'y a notamment aucune limite sur la quantité d'argent que peut donner un seul individu ou une corporation à un groupe donnée. En revanche, les Super-PACs ne redistribuent pas l'argent aux candidats et aux partis. Ils doivent mener directement leurs propres actions, en parallèles de la campagne officielle, sous la forme de publicités ou d’événements publics par exemple.

Il est en revanche illégal de coordonner ces actions avec la campagne officielle d'un candidat. C'est pourquoi les Super-PACs ont tendance à préférer les campagnes négatives - en vue de ruiner l'image d'un adversaire - plutôt que de risquer un couac dans la campagne du candidat qu'ils soutiennent.

Les Super-PACs méritent leur nom. En terme de puissance de feu, ils dépassent largement les PACs traditionnels. Pour la session 2014 du Congrès, les Super-PACs ont dépensé plus de 345 millions de dollars. Le plus gros Super-PAC de la campagne - le comité pour la majorité démocrate au Sénat - a dépensé 46 millions de dollars à lui seul, dont 43 millions sont allés à des campagnes négatives contre les républicains.

L'année 2016 devrait être celle de l'explosion des dépenses des Super-PACs. Hillary Clinton dispose déjà d'une puissance de feu colossale tandis que les candidats républicains courtisent les milliardaires qui disposent de leur propre comités comme les frères Koch, dont la valeur dépasse les 40 milliards de dollars et qui se sont déclarés prêts à dépenser 500 millions de dollars (sic) sur le candidat de leur choix.

Ce graphique montre comment 47 personnes ayant donné plus d'un million de dollars à un Super-PAC couvre 43% de l'ensemble des donations en 2012.

Source: Demos.org

Source: Demos.org

Vous pouvez découvrir l'ensemble des (colossales) dépenses déclarées par les Super-PACs à cette adresse grâce à Open Secrets: https://www.opensecrets.org/pacs/superpacs.php

En attendant, une seule PAC a déjà produit une publicité. Elle soutien Rand Paul et sa lutte contre la NSA et est pour le moins...Originale.

Candidats #2: Ben Carson, le docteur de l'Amérique?

Le nombre de candidats déclarés pour la primaire républicaine de l'élection présidentielle de 2016 croit presque chaque jour. Nous continuons donc notre série de portraits avec Ben Carson, le seul noir de la primaire, célèbre neurochirurgien devenu rhéteur du Tea Party.

1Qui est Ben Carson?


Humeur # 13 - Les Candidats a la Maison Blanche... by ftv-geopolis

Pour faire court: Ben Carson est l'incarnation de l'American Dream. Né le 18 septembre 1951 à Détroit, il grandit comme un adolescent noir dans les rues de Motor City. Sa mère est seule, pauvre, illettrée mais le prive de télévision et force constamment le jeune Ben dans les livres. Il se décrit lui-même comme un adolescent « violent » jusqu'à sa découverte de la Bible. Carson se révèle pourtant un élève brillant, qui obtient une bourse à la prestigieuse université de Yale ou il étudie la psychologie avant d'opter pour la médecine à l'université du Michigan.

Il devient un neurochirurgien et pédiatre très réputé, le premier au monde à réussir la séparation de siamois reliés par la tête. A seulement 33 ans, il est nommé à la tête du département de neurochirurgie pédiatrique du prestigieux hôpital John Hopkins, le plus jeune médecin à accéder à ce niveau de responsabilité dans l'institution.
Il prend sa retraite en 2012. Il est alors récipiendaire de la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute distinction accordée à un civil aux Etats-Unis. Un film a été consacré à sa carrière pour la télévision.

Ben Carson se lance en politique en 2014, intégrant le parti républicain spécifiquement dans le but de se lancer dans la campagne présidentielle. « Je ne suis pas un politicien » répète constamment Carson, qui joue au contraire sur son image de docteur, d'homme hors de l'establishment. Pas modeste -mais il ne cherche pas à l'être- Carson explique que l'Amérique a besoin d'un homme « sage » qui « aie l'habitude de prendre des décisions sous pression basées sur des faits ». Dans son clip de lancement de campagne, il se compare à Abraham Lincoln et Martin Luther King.

Pourtant, derrière le ton calme et apaisant qu'il affectionne en public, Carson est un ultraconservateur qui n'hésite pas à envoyer de phénoménales torpilles, dont les adhérents du Tea Party raffolent. « Un mariage est entre un homme et une femme. Personne ne peut le défaire, que ce soit les gays, NAMBLA [une association pro-pédophilie] ou des zoophiles. »

Il déclare aussi que « l'homosexualité est un choix. Regardez le nombre d'hommes qui entrent en prison hétérosexuels et en ressortent gays. »

2Quel est son programme?

Le parallèle du discours selon lequel Ben Carson « n'est pas un politicien » est un programme aux contours flous, surtout basé sur une adhésion totale au programme de base des conservateurs et le rejet des idées libérales. Néanmoins, tâchons de dresser une liste.

• Economie: Comme le reste du Tea Party, Ben Carson est favorable à un texte inscrivant l'équilibre budgétaire obligatoire dans la loi fédérale. Etant donné qu'il compte aussi baisser ou supprimer les impôts sur les entreprises, cela reviendrait à une coupe sombre de plus d'un trillion de dollars dans les dépenses du gouvernement fédéral.

• Santé: En tant qu'ancien docteur, Ben Carson s'exprime plus sur la santé que sur n'importe quel autre sujet. Il n'y va pas non plus avec le dos de la cuillère. « Obamacare est la pire chose qui soit arrivée à ce pays depuis l'esclavage. D'une certaine manière, c'est de l'esclavage. » Une bonne partie des coupes prévues dans son budget proviennent donc de la suppression des système d'assurance sociale public au profit d'un marché de la santé ouvert sans restriction à la concurrence.

Sécurité: Plus nuancé que le reste du Tea Party sur le droit à porter des armes (il déclare vouloir protéger le Deuxième Amendement mais aussi encadrer les ventes d'armes dans les zones à haute criminalité), c'est en revanche un faucon parmi les faucons en terme de politique étrangère. Il se déclare favorable à une pression accrue sur la Russie, qui pourrait aller jusqu'à l'intervention armée, un soutien sans faille et sans limite à Israël et le maintien en activité de la prison de Guantanamo.

Société: Ni plus ni moins que le programme social du Tea Party en copié-collé. Carson est un opposant farouche de l'avortement et du mariage gay. Selon lui, la société américaine serait sur le point de tomber dans l'anarchie, à cause de la propagation d'idées libérales et de l'Etat Islamique. Tout à fait.

3Quelles sont ses chances?

Son point fort: Il est inexpérimenté. Dans une élection ou les noms « Clinton » et « Bush » reviennent beaucoup, les électeurs américains pourraient bien choisir un homme neuf. Un noir, célèbre, avec un parcours personnel remarquable, un charisme rassurant et des prises de positions tranchées pourrait tout à fait séduire l'électorat républicain, voire américain en général. Carson se distingue sans effort du reste des candidats républicains et plane au dessus des prévisions dans les sondages. S'il se distingue dans les premières primaires de l'Iowa et du New Hampshire, Carson pourrait vite faire figure de candidat sérieux.

Son point faible: Il est inexpérimenté. On le sait, les élections américaines, et particulièrement les primaires, se jouent beaucoup avec de l'argent. Mais si Ben Carson dispose d'une fortune personnelle confortable, il n'a ni l'expérience ni les soutiens d'un vétéran du Sénat ou d'un ancien gouverneur. Ben Carson va devoir mener une campagne pauvre, mais parvenir à convaincre les stratèges républicains qu'il sera capable de lutter contre la machine électorale Clinton en cas de face-à-face.

CHANCES DE DEVENIR PRESIDENT DES ETATS-UNIS: 1/19
(Nous donnons à Ben Carson autant de chances de devenir président que chacun des républicains actuellement dans la course ou qui examinent sérieusement une candidature. Et oui, ils sont 19 à ce jour!)

T.L

Le mot du week-end: Filibuster

Le sénateur libertaire du Kentucky et candidat à la primaire républicaine Rand Paul s'est distingué cette semaine par un discours de plus de 10 heures à la tribune du Sénat, lors des discussions sur le renouvellement du Patriot Act.

Rand Paul n'avait pas réellement 10 heures d'idées à exposer sur le programme d'espionnage domestique du gouvernement américain. Il s'agissait d'un « filibuster », un mot qui en anglais recouvre l'ensemble des techniques d'obstruction parlementaire.
Le filibuster à l'américaine se déroule au Sénat et profite d'un vieux règlement. Au nom de la liberté d'expression, il est interdit d'interrompre le discours d'un orateur de la chambre haute. Un sénateur déterminé peut donc à lui seul ralentir considérablement le vote d'un texte. Mieux, un petit groupes de sénateur peut bloquer n'importe quel texte en se rendant indéfiniment la parole.

Le filibuster individuel est essentiellement une mesure symbolique, puisqu'il suffit d'attendre que l'orateur s'épuise pour voter une loi (le record de longévité est détenu par Strom Thurmond depuis 1957, avec un filibuster individuel de 24 heures et 18 minutes pendant lequel il a pu lire la totalité du Code pénal américain).

En revanche, un filibuster collectif peut sérieusement mettre un texte en péril. Il n'existe qu'une seule mesure capable de l'interrompre: le vote de clôture. Le speaker du Sénat peut, à n'importe quel moment, interrompre les débats à la chambre. Problème: Un tel vote nécessite une majorité de 60%, quasiment inatteignable dans l'état actuel du Sénat (46 démocrates pour 54 républicains). Le filibuster est devenu l'option nucléaire (« nuclear option ») d'une opposition qui veut forcer la majorité à des compromis.

Le filibuster existe aussi en France, sous une forme différente : le dépôt de plusieurs milliers d'amendements pour ralentir le processus parlementaire. Une technique assez facile à contrer, grâce aux l'article 49-3 (la loi passe en l'état si l'Assemblée ne vote pas de motion de défiance) ou l'article 44-3 (le gouvernement demande un vote global sur tous les amendements proposés par les députés) de la Constitution.

Le mot filibuster provient indirectement du flamand vrijbuister, qui désignait les pirates et corsaires qui sévissaient sur toutes les mers du globe. Le mot est passé par l'espagnol « filibustero » avant d'entrer dans le vocabulaire militaire américain. Il désignait des expéditions maritimes ou terrestres officieuses - une vieille tradition américaine en Amérique latine -  avant ces opérations de piraterie au Sénat. En français, vrijbuister est devenu « flibuste ».

A New-York, Marine Le Pen sur le tapis rouge

Est-il déjà loin, le temps ou Marine Le Pen pourfendait « les élites » éloignées de la réalité? La dirigeante du Front National célébrait cette semaine son entrée dans le top 100 des « personnalités les plus influentes » de Time lors d'une soirée organisée par le magazine à New-York. En robe bleue sur tapis rouge, la seule personnalité politique française inclue dans le classement s'est trouvée au d'un véritable parterre de stars qui la côtoient dans le classement.

Reportage à New-York de Jacques Cardoze et Régis Massini.

Le classement de Time est une vieille tradition américaine. Il célèbre des personnalités de tout horizons, artistes, politiques, humanitaires...Cela dit, comme le fait remarquer le « Christian Science Monitor », l'influence est un concept si subjectif que le Time 100 reflète souvent plus les personnalités dont on parle le plus que celle qui détiennent un véritable pouvoir de décision. On pense notamment à l'inclusion de Kim Kardashian...Ou de Marine Le Pen d'ailleurs.

 

 

Sondage: Selon les républicains, Obama est plus dangereux que Poutine

Les gentlemen sondeurs de l'agence Reuters, à qui l'on doit notamment la côte de popularité des présidents fictifs, frappent encore!
Cette fois ci, ils ont demandé à 2800 américains de classer une liste de personnes, gouvernements, organisations, religions et même phénomènes en fonction de la menace qu'ils posent pour les Etats-Unis d'Amérique.

Une méthodologie particulière toutefois, qui pousse à poser des questions comme « Est-ce que la chrétienté est plus menaçante que la prolifération nucléaire? ». Pour faire parler les chiffres, nous avons établis deux matches décisifs.

• Barack Obama vs. Poutine, Assad ou Castro:

Si une chose apparaît au travers du sondage de Reuters, c'est bien que la politique intérieure est à la fois beaucoup plus importante et beaucoup plus clivante pour les électeurs américains. Les chiffres parlent, 34% des électeurs républicains considèrent que Barack Obama est une « menace imminente » (le niveau le plus élevé établi par Reuters) pour les Etats-Unis.

Le parti démocrate est lui considéré comme une « menace imminente » par 17% des républicains. Quasiment le même score que le parti républicain chez les démocrates (15%).

Par comparaison (totalement indue, mais amusante), les républicains attribuent le même niveau de menace à Vladimir Poutine à 25%, à Bachar el-Assad à 23% et à Raul Castro à 12% seulement. Pour trouver des leaders aussi menaçants que Barack Obama dans l'esprit républicain, il faut se tourner vers l'ayatollah Khamenei ou Kim-Jong-Un. Charmante compagnie.

• Islam vs. changement climatique

La question peut paraître surprenante, mais elle révèle de nouvelles différences flagrantes entre républicains et démocrates. Un tiers des démocrates notent le changement climatique au plus haut niveau de menace, c'est environ le double par rapport à l'Islam.
Les chiffres sont diamétralement opposés côté républicain. 38% considèrent l'Islam comme la menace majeure, contre 12% pour le réchauffement climatique.

Evidemment, ces chiffres comparent l'incomparable et sont à prendre avec précaution. Mais ils fournissent tout de même un aperçu des dossiers qui touchent au plus près les électeurs américains. On vous invite d'ailleurs à aller fouiner dans les très jolies infographies fournies par Reuters à la recherche de votre propres comparaisons hâtives.

Sondage : Même Frank Underwood est plus populaire qu'Obama!

Un sondage publié hier par Reuters et Ipsos évalue la côté de popularité de présidents fictifs auprès du public américain. Le résultat est sans appel: Les faux présidents battent absolument tous les records, effacent les divisions partisanes, rassemblent derrière eux une foule enthousiaste. Même le plus cynique et machiavélique d'entre eux, le président Underwood d'House of Cards, parvient à une côté de popularité supérieure à celle de Barack Obama (47% d'opinions favorables). Petit classement.


AVERTISSEMENT SPOILERS

Malgré les bonnes intentions de l'auteur, cet article risque de contenir des spoilers sur les séries. House of Cards, 24 heures chronos, A la Maison Blanche, Scandal et Battlestar Galactica.

Nous précisons aussi que cet article n'a aucune valeur politique. Vous voilà prévenus.


1David Palmer, 24 heures chrono: 89,4% d'opinions favorables

Ne l'oublions pas, 24 heures chrono avait eu un président noir avant le président noir. Le démocrate David Palmer, joué par Dennis Haybert, c'est la rectitude incarnée, l'homme qui veut amener honneur et honnêteté jusqu'au bureau Ovale.

Lors de la saison 1, Palmer se distingue par sa capacité à rester droit face à une avalanche de scandales. Confronté à une affaire de viol impliquant son fils et à un divorce avec sa femme, Palmer refuse de dissimuler les affaires et parvient malgré tout à remporter la nomination démocrate puis la présidentielle grâce au pouvoir de la vérité.
On imagine que cet homme qui préfère à la vérité à des manœuvres politiciennes touche une corde sensible chez les américains, mais on ne peut pas s'empêcher de se demander ce qui se passerait vraiment avec un candidat qui disputerait une présidentielle en plein milieu d'un divorce...

2Josiah Bartlet, A la Maison Blanche: 84,3% d'opinions favorables

A la Maison blanche est souvent accusée d'être une série un peu faible en raison de son caractère idéaliste. Dans la série -très bien- écrite par Aaron Sorkin, les staffeurs de la Maison Blanche sont tous dévoués et solidaires, laissent de côté la politique partisane pour résoudre les problèmes des Etats-Unis main dans la main avec leurs opposants républicains, éduquent le public à foison et savent reconnaître leurs erreurs. A la Maison Blanche, c'est un peu Washington au pays de Candie, mais ça fait du bien de temps en temps.

A la tête de tout ça, il y a Josiah Bartlet, joué par Martin Sheen. Le président idéal, démocrate convaincu mais chrétien dévoué, doté d'une culture encyclopédique, d'un esprit brillant et d'un prix Nobel d'économie - excusez du peu. Visiblement de quoi séduire plus de 8 américains sur 10. Les 2 derniers doivent toujours lui en vouloir d'avoir dissimulé de lourds secrets.

Le président Bartlet dénonce le concept des « réponses en dix mots » lors d'un débat présidentiel.

3Laura Roslin, Battlestar Galactica: 79,4% d'opinions favorables

Laura Roslin est la seule présidente de ce classement à ne pas avoir été élue, elle n'est d'ailleurs techniquement pas présidente des Etats-Unis, mais vu que dans Battlestar Galactica toute l'humanité ou presque est américaine, elle est inclue dans ce sondage.

Secrétaire de l'éducation au moment d'une attaque des Cylons -une race robotique hostile-, Laura Roslin est la seule membre du gouvernement fictif des Douze Colonies à survivre et à embarquer à bord d'une flottille d'exode qui contient tout ce qui reste de la race humaine (soit environ 50 000 personnes). En tant que présidente, Roslin devra effectuer des décisions coûteuses pour survivre aux Cylons et maintenir l'équilibre entre les pouvoirs civils et militaires.

4Fitz Grant, Scandal: 59,9% d'opinions favorables

Avec Fitz Grant, on arrive dans le domaine des candidats dont on se demande bien comment ils peuvent attendre de bons scores d'opinion.
Le président républicain - le seul de ce classement - a beau être un homme sympathique et un vétéran de la première guerre du Golfe, c'est aussi un époux adultère et un politique qui n'hésite pas à employer les tactiques les plus viles. Diffamation, mensonges éhontés et même fraude électorale, tout est bon pour faire gagner Fritz.

Le personnage est d'ailleurs supposément basé sur George W. Bush, sans aucun doute le président américain le plus détesté des dernières décennies.

5Frank Underwood, House of Cards: 58.3% d'opinions favorables

House of Cards, c'est un peu l'exact opposé d'A la Maison Blanche. Washington y est un cloaque politique immonde ou les politiciens eux-même iraient jusqu'au meurtre pour satisfaire leur ambition dévorante. Mais House of Cards offre une plongée dans l'esprit le plus ignoble et manipulateur de Washington D.C. Frank Underwood, joué par Kevin Spacey, ne cache jamais qu'il est cynique, immoral, machiavélique et tout à fait dépourvu d'humanité. Il le dit même, face caméra, à son public.

Que quiconque puisse avoir une opinion favorable de Frank Underwoord nous dépasse complètement. Mais s'il y a une chose que l'on peut reconnaître à Underwood, c'est d'ailleurs son efficacité brutale dans le domaine. C'est Obama lui-même que le reconnaît: « Frank Underwood gets stuff done. »

Leçon de politique impitoyable, par Frank Underwood

Humeur #3: La gaffe des emails de Jeb Bush

En politique, c'est ce qu'on appelle une fausse bonne idée. Pour jouer la transparence, Jeb Bush a voulu publier en ligne les 250 000 emails qu'il avait échangé pendant son mandat de gouverneur de Floride, de 1999 à 2007. Il faut dire que le favori à l'investiture républicaine est un véritable accro au courriel, selon son staff, il passait en moyenne 30 heures par semaines sur sa boîte mail, dont il diffusait volontiers l'adresse en public.

Jeb Bush entendait prouver qu'il est proche et préoccupé par ses administrés, mais c'est l'inverse qui s'est produit. The Verge a en effet remarqué que les emails publiés n'étaient jamais censurés, y compris quand ils contenaient des informations sensibles sur ses correspondants (nom, adresse, numéro de téléphone et plus grave, numéro de Sécurité sociale.) Les équipes de Bush sont maintenant en train de "nettoyer" les données sensibles, mais le mal est fait.
D'autant plus qu'un malheur n'arrive jamais seul. Bush a dû virer l'homme qu'il venait juste de mettre en charge son responsable technologie, Ethan Czahor, en raison d'une série de tweets à tendance misogynes, raciste et homophobe.

Derrière l'anecdote, une question se pose. Les républicains disposent-ils suffisamment de talent dans le département technique pour rivaliser avec les démocrates? Hillary Clinton notamment s'est déjà entourée d'une véritable légion de jeunes experts, elle qui avait justement perdu face à Barack Obama en raison de son manque d'utilisation des réseaux sociaux.
Avec une campagne qui se jouera plus que jamais sur Internet, Jeb Bush va devoir tirer les bonnes leçons, et vite.

 

Analyse: Qu'est ce qui attend Hillary Clinton?

Jacques Cardoze analyse les prochains mois de la campagne d'Hillary Clinton, ultrafavorite dans la course à l'investiture démocrate pour la présidentielle de 2016.

Hillary se trouve dans une position enviable. En tant que favorite, elle n'a pas a déclencher les hostilités et peut se contenter de répondre à d'éventuelles candidatures surprises. Mais quoi qu'il en soit, il en faudrait beaucoup pour renverser Hillary. Son capital politique et son expérience sont incomparables, ses réseaux combinés à ceux de Bill lui permettent de lever une quantité colossale de fonds.
Son statut lui permet aussi de maintenir une forte présence médiatique sans effort et sans dépenses. Depuis quelques mois, elle s'attache aussi à soigner les failles perçues en 2008, son image de femme dure et son manque d'utilisation des réseaux sociaux.

On pourrait résumer son attitude par un tweet, sur l'épidémie de rougeole qui sévit aux Etats-Unis ou elle prend soin d'évoquer sa famille : « La science est claire : La terre est ronde, le ciel est bleu et les vaccins marchent. Protégeons nos enfants. #Lesgrandsmèressavent »

Il y a peu de chances que les démocrates cherchent à bousculer une personnalité si bien établie et à compromettre leurs chances lors de l'élection présidentielle. Pour Hillary, la vraie campagne ne commencera qu'en 2016.

En revanche, la course à l'investiture est beaucoup plus ouverte chez les républicains. De nombreux candidats se sont déjà déclarés, et derrière le favori Jeb Bush, les appétits sont déjà aiguisés.
Mais le parti devrait garder à l'esprit qu'en 2012, les batailles fratricides à l'intérieur du GOP avaient considérablement affaiblies Mitt Romney, avant même le début de la course à la présidentielle, et ouvert un boulevard à la réélection de Barack Obama.

T.L

Humeur #2: Obama joue au président idéal

Après l'avoir battue en 2008, Obama est-il devenu le meilleur ami d'Hillary Clinton? En ce moment, le président semble tout faire pour assurer sa succession à la Maison Blanche par un démocrate, quitte à sortir du chapeau des propositions incroyables.

Jugez en dans son projet de budget 2016 : Des taxes sur les revenus des multinationales à l'étranger, l'ouverture de la légalisation de la marijuana à Washington, une augmentation des dépenses sur tous les plans, l'abandon des plafonds de dépenses créés pour réduire le déficit fédéral...

Obama se la joue président de gauche, sans aucune limite.


L'Humeur de Jacques Cardoze

Evidemment, un tel budget ne passera jamais le Congrès républicain, qui doit présenter son contre-projet dans les prochaines semaines. Mais les démocrates espèrent bien utiliser ce Congrès hostile pour forcer les républicains à se placer du mauvais côtés des dossiers qui comptent auprès des électeurs.

Campagne à suivre...