Le souvenir de Marina

Chaque semaine apporte son lot de faits divers impliquant des enfants. Je n'ai jamais envie de les commenter, ce blog ne parle pas de ces mauvaises mères-la. Elles et moi, on ne peut pas être rangées sous la même appellation.

Mais cette semaine, je ne parviens pas a écrire du tout. J'ai bien quelques idées, mais une histoire glauque me hante, me remplit la tête. Et j'oscille entre la volonté d'oublier et la tentation de ressasser encore cette histoire insoutenable, de trouver un sens  à des détails qui dépassent l'entendement.

Cette semaine donc je n'ai rien écrit. Je n'ai cessé d'y penser. Quand Dalva a sauté dans mes bras en hurlant "Youpla, làaaa", je l'ai serrée fort en plongeant ma tête dans ses cheveux. Quand ma louloute a bu son verre d'eau le soir, j'ai pensé au verre de vinaigre qu'on infligeait à Marina. Quand elle s'est levé pour demander un nouveau verre d'eau, je n'ai pas râlé. En ce moment, je ne peux pas râler. Toute tentative éducative est annihilée. Je veux des câlins. Je pense à Marina et j'ai besoin de me souvenir que l'amour existe, que la douceur existe, que l'humanité existe.

Que faire de vos enfants face à un fauve ?

Que faire face à un fauve ? Certes il y a peu de cas de figures où on a à répondre à cette question, mais il est intéressant de voir ce que ce panneau nous conseille. Après tout, c'est le genre de processus qu'il vaut mieux avoir intégrer avant que ça noua arrive.

Mieux vaut aussi savoir parler anglais, car sur la dernière image, on a quand même la furieuse impression qu'on nous propose de livrer l'enfant qu'on aime le moins à la bête, histoire de sauver les deux autres...

En remettre une couche

Clamer que je ne veux pas de troisième enfant, reconnaître que je vis dans un foutoir absolu, raconter que je suis devenue une serial-killeuse de plantes vertes... Fastoche. Tout cela, c'est peanuts. Aujourd'hui, j'ai décidé d'écrire sur une vraie honte. Le truc qui ronge la mauvaise mère de culpabilité. Qui laisse penser à la mère parfaite que je suis négligente, pire, que mon enfant a un problème.

J'ai mis des couches à mon fils la nuit jusqu'à ses 5 ans et demi.

Ce n'est pas faute d'avoir essayé plusieurs techniques, mais au bout de trois nuits maximum, il faisait pipi au lit. Au bout de trois pipis au lit, le papa et moi formions un magnifique couple de zombies. On a ressorti les couches, bu notre honte et on s'est dit qu'on attendrait les prochaines vacances. Aux vacances, on s'est dit qu'il fallait tous qu'on récupère en faisant de bonnes nuits. A la rentrée, on s'est dit qu'on ne pouvait pas s'autoriser des réveils nocturnes en plus des nuits de maladie, des cauchemars de la petite et des insomnies de stress de boulot.

Parfois, Ulysse ne voulait plus. Il râlait en disant qu'il était grand, que les autres dans sa classe ne mettaient plus de couche. J'avais le cœur serré. On se fâchait, on répondait que sa couche était encore trop souvent mouillée le matin. On a fait quelques tentatives qui ont viré à l'échec. Finalement, c'était presque pire d'essayer.

Puis, en début d'année, ses couches sont restées sèches plusieurs semaines d'affilée. On a arrêté. Quelques mois plus tard, la petite est devenue propre le jour à son tour. Puis la nuit sans aucune difficulté.

Wahou, on entrait dans une nouvelle ère. C'est ce que j'ai dit à ma chef, qui a un bébé. "Tu t'imagines, le bonheur d'une vie sans couche ?"

D'où je viens, on appelle ça "avoir la gueule cabri". Par exemple, c'est un peu comme si j'avais dit en mars: "C'est génial d'avoir un printemps si ensoleillé." Après on a eu un temps de merde jusqu'en... jusqu'à maintenant en fait. Ben voila. La semaine d'après, Ulysse a fait deux fois pipi au lit et Dalva s'y est mise aussi.

Les couches sont restées rangées, mais je me suis rendue à l'évidence : un nouveau chapitre plein de pipi s'est ouvert dans ma vie. Ça me changera du vomi.

La même semaine, une jeune collègue nullipare s'enthousiasmait pour un papa qui parlait français et anglais à son petit. Quand elle m'a demandé ce que j'en pensais, j'ai répondu qu'en termes de progrès, pour le moment je me contenterai volontiers du fait qu'ils cessent de faire pipi au lit.