En Floride, on ne parle pas de « changement climatique »

Une information surprenante est apparue dans un reportage du Florida Center for Investigative Reporting (FCIR). Les services de l'agence de protection de l'environnement floridienne (DEP) seraient encouragées à ne pas utiliser les mots « réchauffement climatique » ou « changement climatique ». La raison? Le climatosceptisme affirmé du gouverneur de l'état, Rick Scott.

Evidemment, il est impossible pour une agence de protection de l'environnement de ne pas mentionner le changement climatique. Une brève recherche sur le site internet de la DEP en utilisant les mots climate change ou global warming abouti à plus d'un millier de résultats.

Cela dit, l'article du FCIR parle plutôt de comportements tacites, une autocensure appliquée dans les réunions internes pour ne pas froisser les éléments politiques de l'agence. Une ancienne employée raconte que le changement climatique est réduit au rang de théorie et que l'agence « ne parle que de faits avérés. »
Même si cette règle reste tacite et n'apparaît pas dans les règlements de l'agence, des employés interviewés par le FCIR confirment qu'elle affecte le fonctionnement de l'agence. Dans un nouvel article, le Washington Post explique qu'une scientifique a été contrainte d'éliminer les mots « changements climatiques » d'une étude sur...Le changement climatique.

L'ironie, c'est que la Floride est à la fois l'un des états américains les plus menacés par le changement climatique et le plus gros producteur de climatosceptiques. Parmi les candidats possibles à une primaire présidentielle républicaine, on trouve notamment son sénateur Marco Rubio reconnaît le changement climatique mais « ne croît pas qu'il soit du à l'activité humaine » et l'ancien gouverneur Jeb Bush « sceptique » sur l'existence même du phénomène.

Pourtant, les récifs coralliens qui protègent les côtes floridiennes dépérissent en raison de l'acidité et du réchauffement des eaux, et les plus petites îles de l'état sont menacées par la montée des eaux à très court terme.

 

Deal nucléaire iranien: Des républicains insultent à peu près tout le monde

Vous pensiez que la visite de parlementaires français à Bachar était de l'ingérence parlementaire? Attendez de voir comment on fait ça aux Etats-Unis! Un groupe de 47 sénateurs républicains ont adressé une lettre ouverte à la délégation iranienne en charge des négociations sur un accord nucléaire avec le groupe des 5+1 (le Conseil de Sécurité et l'Allemagne).

Il s'agit d'un document remarquable, qui déborde en tout points de condescendance et d'inélégance. Nous avons donc réalisé une liste des personnes qui pourraient se sentir insultées par ce document d'à peine 4 paragraphes.

1L'Iran

La lettre commence par la phrase: « Nous avons remarqué en observant les négociations sur le nucléaire avec notre gouvernement que vous pourriez ne pas comprendre complètement notre système constitutionnel. » Avant de se lancer dans une leçon scolaire sur les pouvoirs diplomatiques du Congrès américain.

Il serait tout à fait normal pour des élus républicains de faire connaitre leur position politique sur le sujet, d'apporter des alternatives ou des propositions. C'est leur rôle en tant qu'opposition.
Mais le document envoyé ne contient que des insinuations et un cours de fac de première année. Quelle que soit votre opinion d'un pays, il est parfaitement insultant de considérer qu'une délégation de diplomates professionnels puissent ignorer les éléments les plus basiques du droit constitutionnel américain. La formule finale du document: « Nous espérons que cette lettre a enrichi votre connaissance de notre système constitutionnel et favorisera la compréhension mutuelle et la clarté de ces négociations. » ne fait que renforcer une impression de mépris considérable envers la délégation perse.

2La Russie, la Chine, le Royaume-Uni, l'Allemagne et la France (rien que ça)

Au coeur de la lettre, les sénateurs informent les iraniens que sans l'accord du Congrès, tout accord signé sera considéré comme: « Rien de plus qu'un accord exécutif entre le président Obama et l'Ayatollah Khamenei, que le prochain président pourra effacer d'un coup de stylo. »

Les négociations avec l'Iran sont menées en parallèles par l'ensemble des membres du Conseil de Sécurité, plus l'Allemagne -partenaire économique considérable pour l'Iran. Un document signé porterait donc la signature de 5 pays en plus de l'Iran et des Etats-Unis.

En insinuant qu'un président républicain puisse revenir unilatéralement sur un accord signifie aussi que les républicains sont prêts à s'asseoir sur les engagements pris avec et par leurs partenaires, sans les consulter. Vous avez dit américanocentré?

3Barack Obama

Ici, on retrouve une cible plus habituelle pour le parti républicain. Le Maison Blanche et le Congrès républicain s'écharpent sur à peu près tous les sujets depuis plusieurs mois. Et depuis peu, les républicains ont trouvé un nouvel angle d'attaque, l'héritage du président, la fameuse « legacy » si chère aux américains. Le statut de grand président se mérite sur la scène géopolitique, un domaine habituellement réservé au président dans lequel les républicains multiplient les intrusions depuis quelques semaines.

Il y a eu le discours de Benyamin Netanyahu devant les deux chambres, sur invitation du speaker républicain mais contre l'avis de la Maison Blanche, et maintenant cette lettre. Le but semble clairement de torpiller l'accord sur le nucléaire avant même qu'il ne puisse être signé - car malgré leur bravado, il est loin d'être acquis que les républicains puissent revenir dessus s'ils emportaient la Maison Blanche.

Mais le plus grave, sans doute, c'est que ce document montre que les républicains sont prêts à tirer la politique étrangère des Etats-Unis au niveau le plus bas de la politique partisane, avec ses publicités télévisées négatives et ses discours plein de mépris. Vu l'incapacité des républicains et des démocrates à s'entendre sur quoi que ce soit, le message envoyé au reste du monde est pathétique : La politique étrangère de la première puissance mondiale pourrait changer radicalement, tous les quatre ans, au gré des élections intérieures. Le crédit mondial des Etats-Unis n'était-il pas assez entamé comme cela ?

4Les électeurs américains

Est-il nécessaire de préciser que le petit cours de droit constitutionnel présenté dans la lettre ouverte est aussi suffisant pour les citoyens américains. En sous-entendant que le départ de Barack Obama en 2017 serait forcément suivi d'une rupture d'un traité avec l'Iran, 47 sénateurs jouent d'avance les élections de 2016. Le document qu'ils présentent n'est pas une opinion, une proposition, ou quoi que ce soit qui puisse être considéré comme un élément de campagne. Il informe simplement les iraniens et les électeurs américains qu'ils seront au pouvoir après les élections de 2016. Ne faudrait-il pas les laisser voter avant?

 

 

Sans être House of Cards, la politique américaine peut effectivement être assez crue. Mais jusqu'ici, la politique étrangère du pays était plus ou moins préservée des luttes de pouvoir - l'aile gauche de Barack Obama lui a d'ailleurs beaucoup reproché de ne pas avoir assez rompu avec les années Bush. Si le document des sénateurs républicains reflète l'attitude que le parti souhaite observer à partir de maintenant, ce sanctuaire sera très vite profané. C'est oublier que s'il y a un domaine ou le respect et la finesse comptent, c'est bien la diplomatie.

Et puisque les sénateurs ont oublié ce qu'était la classe américaine, on espère que la réponse iranienne contiendra la phrase: « Tu n'es vraiment pas très sympa, mais le train de tes injures roule sur le rail de mon indifférence. Je préfère partir plutôt que d'entendre ça plutôt que d'être sourd. »

T.L

Snowden, bientôt de retour aux Etats-Unis?

Il a suffit d'une petite phrase de l'avocat d'Edward Swnoden pour faire bouillonner la presse américaine: « Edward Snowden serait prêt à rentrer aux Etats-Unis s'il reçoit un procès juste et impartial ». L'information a beaucoup circulé la semaine dernière, jusqu'à faire l'objet de discussions intenses sur CNN.

Pourtant, le fait est loin d'être nouveau. En réalité, Edward Snowden, qui se définit comme un « patriote », a annoncé dès son arrivée à Moscou qu'il souhaitait rejoindre les Etats-Unis (comme le rappelle avec un peu d’agressivité le journaliste qui a travaillé avec lui, Glenn Greenwald). Mais le lanceur d'alerte de la NSA craint des représailles judiciaires disproportionnées, d'autant plus que la grande majorité du personnel politique américain a dénoncé ses actions et que l'administration Obama n'est pas réputée pour sa tolérance avec les whistleblowers.

Pourtant, les choses sont peut-être en train de changer. Si Newt Gingricht n'hésite pas à dire que Snowden mérite « plus de 10 ans de prison », certains démocrates s'offusquent à présent du traitement infligé aux lanceurs d'alertes sous le mandat d'Obama. Pour rappel, durant la campagne de 2008, le même Obama avait promis un dispositif de protection des lanceurs d'alertes qui n'a jamais vu le jour.
En même temps, de nouveaux sondages montrent que de plus en plus d'américains se rangent du côté de Snowden, notamment chez les jeunes et les employés (qui considèrent aussi en majorité que le gouvernement espionne les entreprises).

Le symbole le plus fort est venu de Los Angeles, avec la remise de l'Oscar du meilleur documentaire à Citizenfour, de Laura Poitras. Le film, maintenant disponible en France, raconte au jour le jour le travail de Glenn Greenwald avec Edward Snowden pour faire fuiter des milliers de documents de la NSA.
Un symbole fort donc, comme nous l'explique la productrice française de Citizenfour, que nous avions rencontré à Los Angeles après la cérémonie.

Humeur #6: HillaryClinton@email.com

Après le scandale des emails de Jeb Bush (qui, dans un louable effort de transparence, avait balancé sur le net des informations confidentielles sur ses administrés), voici le scandale des emails d'Hillary Clinton. Curieux, quand on sait que la campagne Clinton s'est déjà dotée d'une colossale équipe en charge d'Internet et des réseaux sociaux.

L'ultrafavorite des primaires démocrates est accusée d'avoir utilisé sa boîte mail personnelle lorsqu'elle était Secrétaire d'Etat, plutôt qu'une boîte officielle. Une erreur sur plusieurs plans: utiliser sa boîte personnelle dans un cadre professionnel va à l'encontre des règles de l'administration Obama et compromet l'archivage obligatoire des correspondances d'Etat.

L'humeur de Jacques Cardoze

En revanche, l'ancienne Secrétaire d'Etat n'a brisé aucune loi dans l'absolu. L'obligation d'utiliser une boîte mail officielle n'a été actée qu'une fois que John Kerry l'a remplacée au poste de Secrétaire d'Etat.

Quoi qu'il en soit, ce petit scandale technologique est le premier coup reçu par Hillary qui plane sur tous les sondages ces dernières semaines. C'est loin d'être suffisant pour abattre l'ex-Première Dame, mais cela montre en tout cas qu'elle n'est pas invulnérable.

Le discours de Netanyahou au Congrès en 5 phrases

Le Premier Ministre Israélien Benyamin Netanyahou se trouvait hier à Washington pour prononcer un discours devant les deux chambres réunies du Congrès contre l'accord négocié en ce moment entre les 5 membres du conseil de Sécurité, l'Allemagne et l'Iran.
Ce discours était hautement controversé, dénoncé par Barack Obama lui-même. Le président n'apprécie guère qu'un des plus grands alliés du pays viennent dénoncer sa politique étrangère sur le sol américain, d'autant plus que Netanyahou utilise le Congrès américain comme tribune en plein milieu d'une campagne électorale.

En réponse, de nombreux représentants démocrates ont boycotté le discours, et Barack Obama lui-même a déclaré ne pas l'avoir suivi, préférant une transcription.

« Je serais toujours reconnaissant au président Obama pour son soutien. »

Le début du discours du Premier Ministre était placé sous le signe de l'apaisement. Il a soigneusement souligné les liens qu'entretiennent les Etats-Unis et rappelé les nombreuses occasions durant lesquelles il a reçu l'aide du président Obama (y compris durant l'offensive de Gaza, pendant laquelle les USA avaient fourni plus d'armements à Tsahal).
Evidemment, Netanyahou s'est fait de plus en plus offensif à mesure que son discours avançait. Mais il n'est pas le seul à maîtriser cette petite valse hésitation, la réponse démocrate est venue de Nancy Pelosi: « En tant que personne qui apprécie notre relation et qui aime Israël, j'étais au bord des larmes pendant le discours du Premier Ministre, qui insulte notre intelligence [...] et est plein de condescendance pour notre connaissance de l'Iran. »

• «Les nervis de l'Iran à Gaza, ses laquais au Liban, ses gardiens de la Révolution sur le plateau du Golan enserrent Israel avec trois tentacules de terreur. »

Les « tentacules de terreur » ont beau avoir leur place dans un film de série B, elles illustrent bien la haine fondamentale qui existe entre Netanyahou et le pays perse. Durant tout son discours, l'israélien n'a cessé de peindre un tableau apocalyptique du Moyen-Orient, avec l'Iran comme force du mal absolu.

C'est la que se trouve la mésentente cruciale entre Obama et Nétanyahou. Le président américain traite l'Iran comme un pays « normal », qu'il est possible de ramener dans le rang international avec un régime du bâton (les sanctions) et de la carotte (un accord international). Pour l'israélien, « l'Iran a prouvé qu'on ne pouvait jamais lui faire confiance. » A plusieurs reprises, il a fait allusion à la Shoah, ce qui met implicitement l'Iran au rang du régime nazi...Et Obama dans le rôle de Neville Chamberlain?

• « L'Iran et l'Etat Islamique ce disputent la couronne de l'Islam militant. Dans ce jeu des trônes mortel, il n'y a pas de place pour Israël ou l'Amérique. »

Dans un discours politique, réussir à citer la série télévisée la plus populaire du moment, faire buzzer Twitter, taper sur l'Iran et l'Etat islamique et tout ça sans paraître ridicule, c'est du grand art. Mais au delà de ces considérations, Benyamin Netanyahou fait savoir que l'engagement de l'Iran contre l'Etat Islamique ne l'émeut guère, alors qu'il est considéré comme un signe encourageant par l'administration Obama.

• « Cet accord ne bloque pas l'accès à la bombe à l'Iran, il pave la voie de l'Iran vers la bombe. »

Le cœur du discours se trouve ici. Benyamin Netanyahou n'est pas venu aux Etats-Unis pour critiquer l'Iran ou suggérer une politique différente. Il est venu pour torpiller l'accord négocié en Suisse.Le premier ministre a dessiné un tableau à deux issues.
Soit les iraniens se moquent de l'accord et obtiennent la bombe grâce à un allègement des sanctions. Soit ils attendent l'expiration des mesures de contrôle du traiter pour construire «190 000 centrifugeuses » (le chiffre est, de l'avis de nombreux experts, parfaitement fantaisistes) et obtenir la bombe.

Les réactions contre Netanyahou se sont concentrées sur deux fronts. Premièrement, le premier ministre israélien tient plus ou moins le même discours depuis longtemps. « Cela fait vingt ans que Bibi dit que l'Iran et à un an d'avoir la bombe » a par exemple commenté un officiel de la Maison Blanche. Barack Obama lui a été particulièrement sec dans un entretien accordé à AP, reprochant notamment à son allié israélien de « ne proposer aucune alternative

« Israel peut lutter tout seul. »

La fin de cette citation est « mais je sais que les Etats-Unis lutteront avec nous », il n'empêche, cette déclaration pour conclure un discours n'est pas une phrase de rassemblement anodine. Dans la rhétorique du Premier Ministre, les choix qui s'offrent aux Etats-Unis et à Israël sont un Iran nucléaire ou une lutte constante contre la République Islamique. De ça à suggérée une intervention armée contre les sites nucléaires iraniens, la distance n'est pas grande, mais Netanyahou a pris bien soin de ne pas la franchir.

Slamdunk billionaire: Michael Jordan est milliardaire!

Forbes a publié hier sa liste annuelle des milliardaires de la planète. Elle contient 1826 personnes, et les enseignements à en tirer sont nombreux. Le nombre de milliardaires augmente (290 entrées contre 138 sorties), la quantité d'argent qu'ils possèdent aussi (De 6,4 à 7 trillions de dollars), de plus en plus d'entre eux sont chinois tandis que la proportion de femmes reste stable autour de 10%.

Mais un nom a attiré l'attention des fanas de basket du bureau: Michael Jordan! L'arrière légendaire des Chicago Bulls, l'un des meilleurs basketteurs de l'Histoire, vient enfin d'atteindre la valeur que son talent exigeait. Depuis cette année, il vaut officiellement plus d'un milliard de dollars.

Curieusement, la plus grosse partie de cette argent ne provient pas de sa carrière de joueur, pendant ses années d'activité de joueur, His Airness n'a empoché « que » 93,8 millions de dollars de salaires cumulés. Les salaires en NBA ont explosé dans l'ère "post-Jordan" et Kobe Bryant devrait par exemple finir sa carrière au dessus des 300 millions de dollars en salaires.

Un nombre impressionnante d'ancien joueurs de basket sont ruinés seulement quelques années après la fin de leur carrière. Scottie Pippen, par exemple, avait pigé en première division finlandaise à 42 ans pour payer quelques factures. Mais Jordan a montré presque autant de talent dans la finance que sur le terrain. Il a su faire fructifier son statut de légende, notamment à travers de sa marque de chaussures. La marque a été rachetée par Nike, mais Jordan continuerait de toucher environ 100 millions de dollars de royalties annuelles.

Selon Forbes, Michael Jordan profite aussi d'investissements avisés. En 2010, il est devenu le propriétaire à de la franchise des Bobcats de Charlotte (depuis devenus les Hornets) pour 275 millions de dollars. La valeur estimée de la franchise a explosé avec le rachat des Clippers de Los Angeles par Steve Ballmers (n°35 au classement Forbes avec 21,5 milliards de dollars de fortune) pour plus de deux milliards de dollars.

Malgré cela, Jordan ne détient pas le record de l'ancien sportif le plus riche du monde. Le titre revient à un ancien hockeyeur et tennisman professionnel, le roumain Ion Tiriac. Ses réussites financières sont encore plus impressionnantes que son parcours sportif, malgré une victoire en double à Roland-Garros en 1970. Ses investissements dans la banque et les assurances portent sa valeur à près de 2 milliards de dollars et en font l'homme le plus riche de Roumanie.

Humeur #5: Keystone XL, le pipeline de la discorde

« Le projet Keystone XL a mérité mon veto ». La petite phrase de Barack Obama est le dernier acte en date du plus gros feuilleton politique de ces derniers mois aux Etats-Unis. Le Congrès avait voté l'autorisation de construire pour ce pipeline de 1800 kilomètres entre Hardisty au Canada et Steele City dans le Nebraska.

Ce veto annonce une nouvelle phase dans l'opposition entre la Maison Blanche et le Congrès républicain, mais surtout témoigne de l'importance politique prise par le dossier. La bataille fait rage au Congrès, les manifs se multiplient, les petites phrases assassines volent de part et d'autre. A en juger par l'intensité des débats, Keystone XL est le projet qui détermine du futur énergétique de l'Amérique.

Mais ce débat politique est-il disproportionné par rapport à la réalité du terrain? Valérie Astruc nous livre l'humeur de la semaine.

Keystone XL dans les chiffres

42 000 emplois, 7 milliards de dollars d'investissements, une capacité de 700 000 barils de pétrole brut par jour. En absolu, les chiffres du projet Keystone XL donnent le vertige. C'est sur eux que s'appuient le clan « productiviste » pour faire du pipeline un projet indispensable.
Toutefois, il faut apporter quelques nuances à ce projet idylliques. Pour commencer, il existe déjà un pipeline Keystone qui relie Hardisty au Canada et Port Arthur dans le golfe du Mexique. Keystone XL est en fait un projet de « raccourci » (en vert sur la carte ci-dessous) qui rejoint le pipeline existant dans le Nebraska.

Il faut aussi nuancer l'impact économique du pipeline. Certes, 30 000 emplois pérennes, c'est bien. Mais l'économie américaine est en pleine récupération. En 2014, elle à créé plus de 2,6 millions d'emplois et la tendance se confirme pour l'année 2015.
De la même manière, Keystone XL n'est pas un projet vital pour l'industrie pétrolière. Le Canada exporte déjà 1,6 millions de barils de brut chaque jour, un chiffre que ne devrait pas évoluer outre mesure après la mise en service de Keystone XL. Il ne s'agit même pas le plus gros projet de la compagnie TransCanada, qui envisage la création d'un pipeline entre l'Alberta et la côté Atlantique canadienne, d'une longueur de 4000 kilomètres avec une capacité de 1,1 millions de barils par jours.

Avec une capacité de transit de 700 000 barils par jours, Keystone XL ne gérerais qu'une goutte des 13 millions de barils extraits chaque jour entre le Canada et les Etats-Unis. Rien en tout cas qui puisse « assurer l'indépendance énergétique américaine » comme le clament les élus républicains au Congrès.

Mais il faut être juste. Leurs adversaires écologistes ne sont pas non plus exempts d'exagérations. Selon eux, le passage du pipeline dans la région de l'aquifère d'Ogalla dans le Nebraska conduira forcément à une catastrophe écologique. Ils agitent l'épouvantail d'une fuite, pourtant extrêmement rare dans les pipelines modernes.
Les études environnementales menées ont déjà retardé le projet de plusieurs années en modifiant son parcours, et les derniers experts indépendants nommés ont constaté que le projet était suffisamment sûr. On attend encore le rapport du State Department sur le sujet, c'est d'ailleurs la raison sur laquelle s'est basé Barack Obama pour appliquer son veto.

L'ampleur du débat politique n'a plus rien à voir avec celle du projet industriel. Keystone XL est avant tout un symbole pour deux camps aux logiques diamétralement opposées. Une chose est sûre, Si l'un ou l'autre l'emporte, Keystone XL aura marqué l'Histoire bien plus que sa (relative) petite taille ne le laissait espérer.

T.L

Madonna, la provocatrice

Madonna est « terrifiée » par l'intolérance montante en Europe, elle assure à Europe 1 que l'ambiance dans le pays lui rappelle l'Allemagne nazie. Peut-être une légère exagération, mais c'est loin d'être la première pour la chanteuse qui personnifie le terme de « diva ».

Nous l'avons rencontrée et abordé avec elle en vrac: sa carrière, ses rébellions, Jeanne d'Arc, l'antisémitisme, l'intolérance et sa prochaine tournée en France...

Portrait par Jacques Cardoze et Régis Massini

Dettes étudiantes: La révolte commence!

Il y a quelques semaines, quinze étudiants américains ont lancé une action jamais vue outre-Atlantique: la grève de la dette. Face à la faillite de leur université et pour attirer l'attention sur le problème des dettes étudiantes, ils refusent de rembourser des milliers de dollars au gouvernement fédéral.

Il y a quelques mois, Corinthians était l'une des plus grande entreprise d'éducation supérieure dans le monde. Cela peut paraître étrange vu de France, mais il existe bien des universités à but lucratif aux Etats-Unis et Corinthians en possédait plus d'une centaine à travers tout le pays. Sous la marque « Everest » ou « WyoTech ». En 2013, elle accueillait presque 80 000 étudiants, contre des coûts d'inscriptions élevés, mais sans restriction d'entrée. Au total, un équivalent licence dans un de ces établissements peut coûter dans les 75000$.
Pour financer leurs études, de nombreux étudiants avaient recours à l'endettement, souvent choisi grâce aux conseils de l'administration de Corinthians qui les dirigeait...Vers des fonds « prédateurs ».

Pourtant, depuis quelques mois, Corinthians est au bord de la faillite. Aux Etats-Unis, 50 universités ont été vendues, 12 ont fermées. Au Canada, les 14 universités de l'entreprise ont fermées. Corinthians a été retirée des listings de la bourse américaine et n'est plus qu'une coquille qui assure la transition des universités qu'elle possédait vers d'autres organismes.

Cette faillite laisse en plan des milliers d'étudiants qui avaient pourtant payé leur frais de scolarité. La plupart d'entre eux se retrouvent sans diplôme, mais avec des dettes colossales. Face au défaut de Corinthians, ils ont demandé au gouvernement fédéral de lever leurs dettes - la procédure est en cours - mais celles contractées auprès d'organismes privées sont impossibles à éviter.

C'est pourquoi quinze d'entre eux, les « Corinthian Fifteen » ont lancé leur grève de la dette. Ils ont décidé d'interrompre leurs paiement, à la fois auprès des organismes publics et privés. Héritiers du mouvement « Occupy Wall Street », avec le site Strike Debt (littéralement Grève de la dette), ils combattent maintenant contre le problème de la dette aux Etats-Unis.

L'issue de leur combat n'est pas évidente. Le gouvernement fédéral a d'ailleurs appelé les étudiants victimes de Corinthian a poursuivre le paiement de leur dette en attendant un règlement. Les Corinthian Fifteen risquent eux des poursuites judiciaires ou pire, de mauvais « credit scores », outils indispensables de l'américain moderne...

 

T.L

 

 

Il fait froid mais les américains se chauffent sur le changement climatique

Aux Etats-Unis, l'hiver est froid. Un vortex venu tout droit des pôles à fait tomber un voile glacé sur l'ensemble de la côte Est. Les chutes du Niagara ont gelé et des records de températures basses vieux de plus d'un siècle ont été battus, comme à Cleveland (-27°C) ou Lynchburg en Viriginie (-23°C). La palme revient à Flint dans le Michigan (-31°C).

Evidemment, les climatosceptiques se sont emparés du dossier. A commencer par Donald Trump le milliardaire-auteur-présentateur-politicien new-yorkais, possible candidat pour l'investiture républicaine de 2016, qui s'est fendu de nombreux tweets sur la logique usagée du: « S'il fait froid, le climat ne se réchauffe pas. »

Donald Trump est un habitué du fait, conspirationniste climatosceptique de la première heure. Dans un autre tweet de Novembre 2012, il explique par exemple que: « Le concept du réchauffement climatique a été créé par et pour les chinois, pour rendre l'industrie américaine moins compétitive. »

Mais attention aux amalgames. Autrefois considérés comme un bastion des climato-sceptiques, les Etats-Unis se sont depuis quelques années réchauffés à l'idée du changement climatique. Cette année, Donald Trump fait plutôt figure de minorité chez les twittos. La plupart d'entre eux prennent au contraire soin de rappeler que la communauté scientifique préfère désormais le terme « changement climatique » (climate change) au « réchauffement climatique » (global warming). D'autres se moquent de la méthode de pensée des climatosceptiques.

« Merci à tout ceux sur la côte est qui font des blagues sur le réchauffement climatique. [Sur l'image: Cette « science » dit que le bateau coule, mais je suis 60 mètres au dessus de l'eau!]

En comparant les sondages effectués en 2011 et les chiffres les plus récents, on observe une augmentation régulière du nombre d'américains prêt à croire à l'existence du phénomène. En 2011, ils étaient 72% à admettre l'existence du changement climatique, deux ans plus tard, le chiffre était déjà monté à 81%.

Evidemment, les chiffres restent partagés entre les démocrates et les républicains, comme le montre ce sondage du Pew Reasearch. Les premiers réclament une intervention du gouvernement à 83%, contre seulement 51% pour les seconds. Mais ce chiffre, plus de la moitié, est extraordinaire. Il témoigne d'une profonde rupture sur la question entre les républicains « libéraux » et les conservateurs forcenés du Tea Party.

Cela place les candidats républicains dans une position délicate. Le vote des « hardliners » est crucial pour remporter l'investiture, celui des libéraux et des centristes est en revanche indispensable pour la présidentielle.
En 2012, tous les candidats sauf un -Jon Huntsman- avaient choisi de mettre en doute le changement climatique ou son origine humaine à un certain degré. Pour cette course à l'investiture, la plupart d'entre eux -Donald Trump excepté- préfèrent débiter à qui veut l'entendre une esquive toute prête: « Je ne suis pas un scientifique, ce n'est pas à moi de me prononcer. »

Interrogé sur son opinion sur la théorie de l'évolution, Scott Walker avait adopté la même réponse. Il s'agit pour les républicains de ménager la chèvre et le choux, d'éviter de se mettre à dos l'un ou l'autre bord du parti. Un exercice d'équilibriste que l'on risque de retrouver régulièrement durant la campagne.

T.L