Il fait froid mais les américains se chauffent sur le changement climatique

Aux Etats-Unis, l'hiver est froid. Un vortex venu tout droit des pôles à fait tomber un voile glacé sur l'ensemble de la côte Est. Les chutes du Niagara ont gelé et des records de températures basses vieux de plus d'un siècle ont été battus, comme à Cleveland (-27°C) ou Lynchburg en Viriginie (-23°C). La palme revient à Flint dans le Michigan (-31°C).

Evidemment, les climatosceptiques se sont emparés du dossier. A commencer par Donald Trump le milliardaire-auteur-présentateur-politicien new-yorkais, possible candidat pour l'investiture républicaine de 2016, qui s'est fendu de nombreux tweets sur la logique usagée du: « S'il fait froid, le climat ne se réchauffe pas. »

Donald Trump est un habitué du fait, conspirationniste climatosceptique de la première heure. Dans un autre tweet de Novembre 2012, il explique par exemple que: « Le concept du réchauffement climatique a été créé par et pour les chinois, pour rendre l'industrie américaine moins compétitive. »

Mais attention aux amalgames. Autrefois considérés comme un bastion des climato-sceptiques, les Etats-Unis se sont depuis quelques années réchauffés à l'idée du changement climatique. Cette année, Donald Trump fait plutôt figure de minorité chez les twittos. La plupart d'entre eux prennent au contraire soin de rappeler que la communauté scientifique préfère désormais le terme « changement climatique » (climate change) au « réchauffement climatique » (global warming). D'autres se moquent de la méthode de pensée des climatosceptiques.

« Merci à tout ceux sur la côte est qui font des blagues sur le réchauffement climatique. [Sur l'image: Cette « science » dit que le bateau coule, mais je suis 60 mètres au dessus de l'eau!]

En comparant les sondages effectués en 2011 et les chiffres les plus récents, on observe une augmentation régulière du nombre d'américains prêt à croire à l'existence du phénomène. En 2011, ils étaient 72% à admettre l'existence du changement climatique, deux ans plus tard, le chiffre était déjà monté à 81%.

Evidemment, les chiffres restent partagés entre les démocrates et les républicains, comme le montre ce sondage du Pew Reasearch. Les premiers réclament une intervention du gouvernement à 83%, contre seulement 51% pour les seconds. Mais ce chiffre, plus de la moitié, est extraordinaire. Il témoigne d'une profonde rupture sur la question entre les républicains « libéraux » et les conservateurs forcenés du Tea Party.

Cela place les candidats républicains dans une position délicate. Le vote des « hardliners » est crucial pour remporter l'investiture, celui des libéraux et des centristes est en revanche indispensable pour la présidentielle.
En 2012, tous les candidats sauf un -Jon Huntsman- avaient choisi de mettre en doute le changement climatique ou son origine humaine à un certain degré. Pour cette course à l'investiture, la plupart d'entre eux -Donald Trump excepté- préfèrent débiter à qui veut l'entendre une esquive toute prête: « Je ne suis pas un scientifique, ce n'est pas à moi de me prononcer. »

Interrogé sur son opinion sur la théorie de l'évolution, Scott Walker avait adopté la même réponse. Il s'agit pour les républicains de ménager la chèvre et le choux, d'éviter de se mettre à dos l'un ou l'autre bord du parti. Un exercice d'équilibriste que l'on risque de retrouver régulièrement durant la campagne.

T.L