Incidents à Chicago, Trump annule son meeting

Des milliers de manifestants se sont rassemblés hier soir en marge d'un meeting de Donald Trump à Chicago, dans l'Illinois. Indépendants ou issus du mouvement "Black lives Matter", les manifestants s'étaient rassemblés pour s'opposer à la candidature du milliardaire et à ses discours. Leur présence a créé des frictions, parfois violentes, avec les partisans du candidat.

En accord avec la police de Chicago, Donald Trump a préféré annuler le meeting pour raisons de sécurité. Des incidents sporadiques se sont poursuivis pendant la soirée entre les partisans de Trump, les manifestants et la police. Après l'annulation du meeting, la situation est peu à peu revenue au calme.

Ce n'est pas la première fois que des meetings de Donald Trump tournent à la violence. L'arrivée de manifestants et leur éviction très publique, car Donald Trump a pris l'habitude de signaler leur présence à renfort de "Get'em out!" ("sortez-les!"), est même devenu l'une des attractions principales des meetings de Trump.

Ces derniers jours, les incidents se sont fait graduellement plus violents. Une journaliste aurait été physiquement agressée, puis des bagarres ont éclaté à plusieurs reprises avec des opposants. L'après-midi avant le meeting annulé à Chicago, la police arrêtait 35 personne en marge d'un meeting à Saint Louis (Missouri).


Et maintenant...Qui est responsable?

Partisans et opposants de Donald Trump s'interpellent maintenant sur la responsabilité de ces débordements. D'un côté les partisans de Trump accusent les manifestants de chercher à provoquer des débordements, et de nier à Trump le droit à la liberté d'expression. Les manifestants répondent que la rhétorique du candidat est la principale responsable des violences.

Les deux camps ont des arguments pour eux. Les manifestations qui ont interrompu le meeting de Trump à Chicago ont été revendiquées par plusieurs organisations issues du mouvement Black Lives Matter, et par des supporters de Bernie Sanders.


De l'autre, ces dernières semaines, en plus de mettre en scène les opposants de ses meetings, Donald Trump a effectivement multiplié les déclarations enflammées. Lors de l'interruption d'un manifestant, il déclare par exemple: "J'aimerais le frapper", ou, "si nécessaires, je paierai les frais légaux [en cas de bagarre]". Tout ceci sans mentionner ses sorties racistes, quand il qualifiait les immigrés mexicains de "violeurs" ou "l'Islam nous hait". Ces déclarations sont la raison principale évoquée par les manifestants pour leur opposition.

Difficile de prédire la suite des événements pour la campagne Trump, mais ces incidents sont une nouvelle preuve des fractures que le candidat créée au sein de la société américaine.

BLOG - Les Anti Trump by ftv-geopolis

Elections 2016: La campagne républicaine change de ton

Mais ou sont passés les candidats républicains? Après 10 débats d'ambiance hostile et de références phalliques, les 4 candidats encore en course pour les primaires républicaines se sont montrés polis, voire policés, hier soir sur CNN. Un revirement inattendu, à moins d'une semaine des primaires cruciales du 15 mars en Floride et dans l'Ohio, ou le sort des élections pourraient se jouer. Analyse: Candidat par candidat.

Donald Trump: "Le parti républicain doit être intelligent et s'unir!"

Le grand rassembleur. Sur le fond, le discours de Donald Trump est resté le même. Face aux modérateurs, le milliardaire a joué ses cartes habituelles. Sur l'immigration par exemple: "Je suis un businessman, j'utilise les visas pour travailleurs étrangers, mais je ne devrais pas être autorisé à le faire!" De quoi servir le narratif de l'insider devenu outsider. Surtout, il n'a pas perdu cette habitude de remplacer les détails par des intentions. Sur le commerce: "Je veux qu'on aie les meilleurs deals." Sur la politique étrangère: "Je veux de nouveaux deals [avec l'Iran, la Russie, Israël...]" Sur la sécurité sociale: "Un deal!"

Mais sur la forme, le discours Trump a beaucoup changé. Il n'est plus question pour lui d'attaquer tout ce qui bouge. Pas de "Little Marco" ou "Lyin' Ted". Pas de mentions à son pénis. Le mot du jour: présidentiel. Après avoir acquis à sa cause les franges du parti républicain et les indépendants, le Donald est clairement dans l'apaisement avec l'establishment en vue de l'élection générale.

On avait prédit que le parti républicain se rallierait derrière lui. En tout cas, Donald prépare le coup. Le débat de ce soir était un match nul, et en tant que favori, Donald Trump en profite le plus.

Ted Cruz: "Trump voit les bons problèmes, mais il donne les mauvaises solutions."

On a aussi connu Ted Cruz plus agressif. Il faut dire qu'il est le seul candidat pour qui les primaires du 15 mars n'ont qu'une importance relative. En Floride, Rubio joue sa vie. Pareil pour Kasich dans l'Ohio. Trump pourrait gagner la nomination s'il remporte les deux états. Par contraste, Ted Cruz n'aura qu'un rôle mineur. Trop attirer les discussions n'aurait pu que mettre en évidence des scores moyens, Cruz s'est donc contenté de défendre son programme (moins de gouvernement, plus d'armée!) sans chercher à imposer sa présence sur le débat.

On notera quand même cette jolie pique pour Donald Trump, cachée dans son discours de fin.

Marco Rubio: "Je ne supporte aucune réforme de la sécurité sociale mauvaise pour ma mère."

Dans les jours menant au débat, Marco Rubio a fait son mea culpa pour les insultes et les attaques ad hominem contre Donald Trump. "Mes enfants avaient honte" a-t-il déclaré, reconnaissant non seulement une erreur tactique, mais une erreur morale. Effectivement, hier soir, on a retrouvé le golden boy de l'establishment républicain.

A l'aise sur les questions de programme, charismatique, charmant. Rubio veut redevenir "l'Obama républicain". En un seul débat, on a eu droit à son père (immigré et barman), sa mère (bénéficiaire d'allocations), son frère (vétéran), ses enfants (qui partiront un jour à la retraite à 70 ans grâce à ses réformes) et son grand-père (qui lui racontait les premiers pas de l'homme sur la lune).


Le problème, c'est qu'on a aussi retrouvé les côtés de Rubio qui ne fonctionnent pas. Le jeune premier trop lisse. Celui qui ne répond pas aux questions et préfèrent ses discours préparés. L'anecdote du grand-père, celle qui lui sert à dire "si nous avons été sur la lune, nous pouvons tout faire!"? C'était après une question sur l'agression d'un manifestant pendant un meeting de Donald Trump.

Il a essayé, mais difficile d'imaginer Marco Rubio renverser Trump en Floride grâce à ce débat.

John Kasich: "Je peux résoudre les problèmes de Washington, car je l'ai déjà fait!"

Comme d'habitude, John Kasich a joué la carte du gouverneur expérimenté. Mais contrairement aux autres débat, il n'a pas brillé par comparaison avec ses adversaires. Lors des débats précédents, Kasich était "l'adulte dans la pièce", mais aujourd'hui il n'a pas su se distinguer au moment ou les autres candidats parlaient eux aussi de leurs programmes.

Son expérience, plus longue que celle de tous les autres combinés, parle toujours pour lui en revanche.

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Les universités américaines veulent gommer leur héritage raciste

L’école de droit d’Harvard va abandonner son blason. Depuis 80 ans, la plus prestigieuse fac de droit des Etats-Unis est symbolisée par les armoiries d’une famille propriétaire d’esclaves qui avait contribué à son financement. Vendredi dernier, le comité de droit d’Harvard a décidé que ce symbole ne représentait pas les valeurs de l’école.

Harvard n’est pas la seule institution à revenir sur les heures sombres de son Histoire. A travers le pays, beaucoup d’universités de l’Ivy League- les plus anciennes et plus prestigieuses du pays - jettent un regard très critique sur leur passé. Il faut dire que la plupart de ces institutions ont été fondées au XVIIIème siècle, en pleine période esclavagiste. 

En 2013, Craig Steven Wilder avait jeté un pavé dans la marre avec son livre « Ebony and Ivy ». Dans cet essai, ce professeur du MIT revendiquait la thèse selon laquelle les plus vieilles universités de la nation, avec l’Etat et l’Eglise, constituaient « le troisième pilier d’une civilisation fondée sur la servitude ».

Un mouvement national

Amherst College, dans le Massachusetts, cherche à effacer toutes les références associées à Lord Jeffery Amherst, un officier de l’armée britannique accusé de brutalités contre les Amérindiens. L’université de Yale envisage d’abandonner le nom du « Calhoun college », baptisé en l’honneur de John C. Calhoun, un partisan de l’esclavage qui avait qualifié la pratique de « bien positif ». 

En novembre dernier, un collectif d’étudiants avait demandé à ce que toutes les statues et photos de Woodrow Wilson soient retirées de l’université. Un traitement par l’oubli pour un président jugé raciste même par les standards de son temps : Wilson est accusé d’avoir participé à la ségrégation en renvoyant 15 des 17 employés noirs du Service Fédéral, mais aussi d’avoir été un vif défenseur du Ku Klux Klan.  

Les protestations sont si nombreuses qu’un site web a vu le jour en fin d'année dernière : « thedemands.org ». Il recense chaque lutte organisée contre le racisme dans les universités du pays. Derrière ce site, le Black Liberation Collective, une organisation de jeunes adultes inspirée du mouvement Black Lives Matter.


Plus de 75 universités sont listées sur la page, chaque groupe d’étudiants avec ses revendications propres : changement de noms des bâtiments à caractères racistes, mais aussi plus de diversité dans le corps administratif ou davantage de financement pour les associations afro-américaines du campus.

Sûre réaction ou surréaction? 

L'abandon des symboles historiques des universités ne se fait pas sans remous. Pour beaucoup, ces mouvements relèvent de la censure, voire d'un déni de l'Histoire.

Ce débat s'inscrit dans un contexte plus vaste sur les campus américain. De plus en plus d'intellectuels dénoncent la protection d'une sensibilité exagérée des étudiants. The Atlantic, dans un célèbre article, appelait ce phénomène: "Le bichonnage de l'esprit américain". Les comédiens Chris Rock et Jerry Seinfeld refusent eux de se produire devant des foules estudiantines devenues "trop politiquement correctes".

Interrogé par BBC News au début du mois de mars, Wilder a répliqué à ces accusations : « Je suis plus choqué qu’il nous ait fallu aussi longtemps pour avoir une réflexion critique sur les noms et les titres circulant sur le campus. […] Je pense en fait que ce qui se passe en ce moment est très productif. Ca force des conversations que nous aurions dû avoir il y a très longtemps. »

A.S

Pourquoi les sondeurs du Michigan se sont-ils plantés?

Jusqu'ici, la course démocrate représentait un îlot de stabilité dans une élection 2016 complètement dingue. Puis Bernie Sanders a gagné le Michigan. Une énorme surprise, dans un état que tous les sondages donnaient pour acquis à Hillary Clinton.

Jugez en vous même. Les 4 et 5 mars, ARG donnait Hillary Clinton gagnante de 24 points. Le 6 mars, Fox News lui donnait jusqu'à 37 points (!) d'avance. Lundi 7 mars, Monmouth University réduisait l'écart à 13 points en faveur de Clinton. Même la légende des sondeurs américains, Nate Silver de FiveThirtyEight - qui avait réussi à prédire les vainqueurs de tous les états en 2012 - donnait Hillary gagnante "à 99%".

Le soir de l'élection, Bernie Sanders l'a emporté 49,8% contre 48,6% pour Hillary.

Comment autant d'excellents sondeurs ont-ils pu se planter? Quelques éléments de réponse:

Une anomalie en 2008

Comment fonctionne un sondage? La question peut paraître bête, mais elle est importante, car contrairement à ce que l'on pourrait penser, les sondeurs n'interrogent pas un échantillon représentatif de la population. Ils cherchent un échantillon représentatif de ceux qui votent.

Pour le déterminer, une seule solution. Regarder l'électorat des élections précédentes. Or, dans le Michigan, les primaires démocrates de 2008 étaient très étranges. En raison d'un conflit avec la législature du Michigan, le parti démocrate avait retiré à l'état ses délégués à la convention. Plusieurs candidats - dont Barack Obama - ne s'y étaient même pas présenté. Le résultat: dans une élection sans enjeu seulement 600 000 électeurs étaient allé aux urnes (1,2 millions cette année).

Cette "anomalie" électorale a rendu les modèles utilisés par les sondeurs en 2016 complètement caducs et amplifié leurs erreurs.

Téléphones fixes contre téléphones portables

Chaque année, de moins en moins de personnes possèdent une ligne fixe. Or les instituts ne peuvent pas toujours appeler des téléphones portables pour des raisons de coût. Conflit des générations oblige, les sondeurs ont tendance à contacter une population plus âgée que la moyenne.

Certains instituts "ajustent" leurs résultats en appelant des téléphones portables. Le sondage de Monmouth par exemple - le moins éloigné des résultats réels - avait appelé 444 téléphones fixes et 260 portables. Mais la plupart d'entre eux n'ont pas pris cette peine. Pourquoi?

En janvier, le sondeur Steve Mitchell expliquait: "Très franchement, c'est plus facile de faire des sondages pour les primaires, parce que les électeurs sont plus âgés et appeler des lignes fixes donne de bons résultats." Les urnes lui ont donné tort.

La supposition selon laquelle l'électorat des primaires est plus âgé que lors de l'élection générale est fausse en 2016. L'électorat jeune, très largement favorable à Bernie Sanders, se mobilise de plus en plus. Pour sonder du Sanders, il faut sonder du smartphone.

Independents day

Autre erreur des instituts: La mobilisation des électeurs indépendants a été sous-estimée. C'est un électorat très favorable à Sanders qui a été ignoré, car les non-alignés attendent d'ordinaire les élections générales pour aller voter. Mais le Bern touche de nombreux indépendants cette année. Beaucoup sont venus voter pour lui dès les primaires.

Sanders bénéficie donc a priori d'un bonus dans les primaires ouvertes comme l'Ohio et l'Illinois - mais pas en Floride ou seuls les inscrits démocrates peuvent voter.


Il n'y a donc pas eu de "Berniemania" qui aurait renversé une avance de 30 points, car il n'y a jamais eu d'avance de 30 points.

La "surprise" n'est due qu'à des erreurs statistiques. Les instituts de sondage avaient collectivement mal compris la nature de l'électorat mobilisé. Les jeunes et indépendants étaient sous-représentés, au profit d'un électorat de démocrates inscrits, plus âgé, favorable à Clinton.

On ne verra probablement plus de sondages aux erreurs aussi importantes. Aucun autre état ne repose sur des modèles statistiques affectés par une anomalie comme celle du Michigan en 2008. Mais en amplifiant les erreurs pour les rendre flagrantes, le Michigan force sondeurs et campagnes à revoir leurs modèles pour le reste des primaires.

Même sans "Berniemania", c'est une excellente nouvelle pour Sanders. Il prouve qu'il est compétitif dans des états jusqu'ici donnés acquis à son adversaire. Clinton reste favorite - elle a même accru son avance en terme de délégués hier - mais elle ne peut plus considérer les primaires comme gagnées d'avance.

T.L

 

Super Tuesday 2: Le Donald contre-attaque

Démocrates et républicains votaient dans une primaire intéressante hier soir, à une semaine du "Super Tuesday 3" crucial du 15 mars prochain. L'occasion de tester la dynamique de l'ensemble des candidats. Avec une seule réponse évidente: Le Donald gagne.

Républicains: Trump reprend l'initiative

Il n'y a pas vraiment eu de compétition hier soir, Donald Trump a prouvé qu'il pouvait remporter des états très divers, avec un état du Sud (le Mississippi) et un état industriel du nord (le Michigan, coeur de l'industrie automobile américaine). Non seulement ces victoires accroissent son avance en terme de délégués, mais surtout, elles cassent la dynamique de ses adversaires.

Certes, il a gagné l'Idaho, mais hors de ses terres de prédilection Ted Cruz n'a jamais paru en mesure de menacer Trump. John Kasich fondait de gros espoirs sur le Michigan, qui ressemble beaucoup à son état de l'Ohio, mais il est arrivé à égalité virtuelle avec Ted Cruz. Quant à Marco Rubio, il a subi la pire soirée de ses primaires, n'obtenant aucun délégué dans le Michigan (9%) ou le Mississippi (4%). Un désastre une semaine avant son quitte-ou-double en Floride. Hier soir, personne n'a gagné à part Donald Trump.

Résultats (à minuit):

  • Michigan: Trump 36,7% / Ted Cruz 24,8 % / John Kasich 24,4% / Marco Rubio 9,3%
  • Mississippi: Trump 47,4% / Cruz 36,5% / John Kasich 8,6% / Marco Rubio 5,0%
  • Idaho: Cruz 40,3% / Trump 30,3% / RUbio 18,0% / Kasich 7,0%

 (Hawaï menait également un caucus, pas encore terminé à l'heure ou nous publions cet article).

Démocrates: Sanders obtient une victoire surprise dans le Michigan

Les deux candidats démocrates se sont partagés les états en jeu ce soir. Bernie Sanders remporte une victoire de justesse dans le Michigan. C'est une vraie victoire de prestige, complètement inattendue, qui prouve qu'il peut être compétitif dans un état économiquement significatif, avec une minorité noire importante. De son côté, Hillary Clinton a balayé son adversaire dans le Mississippi. En raison de l'attribution proportionnelle des délégués, Hillary Clinton devrait accroître son avance en terme de délégués.


Cette extraordinaire surprise ne résout pas le problème de Bernie Sanders. Hillary Clinton conserve une avance confortable en terme de délégués et chaque "égalité" (favorable ou défavorable) est une occasion manquée de renverser la favorite. Il aura une nouvelle chance ce soir lors d'un débat diffusé sur Univision.

Résultats (à minuit):

  • Michigan: Bernie Sanders 50,1% / Clinton 48,6%
  • Mississippi: Hillary Clinton 82,9% / 16,2%

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Trump vs. Cruz: Qui est le moins pire?

Ces jours-ci, la vie n'est pas facile pour un modéré républicain. Après avoir subi la chevauchée fantastique de Donald Trump, il faut tolérer l'alternative: Ted Cruz. Le sénateur ultraconservateur du Texas est tellement haï au Sénat que le sénateur Lindsey Graham, le porte-parole officieux de l'establishment, a déclaré: "Si vous assassiniez Ted Cruz au milieu du Sénat et que le procès avait lieu au Sénat, personne ne vous condamnerait."

Il a aussi dit: "Entre Donald Trump et Ted Cruz, c'est se faire tirer dessus ou se faire empoisonner."

Il a aussi dit: "Il va peut-être falloir qu'on se rallie derrière Ted Cruz." Il faut dire que l'establishment républicain déteste encore plus Trump que Cruz.

Evidemment, depuis quelques semaines, la plupart des médias (dont ce blog) ne sont pas tendres avec Donald Trump. Mais le nouveau remède est-il pire que le mal? Pour vous donner une idée, on va parler de ce qu'aucun candidat n'a osé aborder pendant ces primaires...

On va parler...Des...PROGRAMMES!

Programme économique:

Cruz: Abolir le Fisc. Carrément. Ted Cruz veut remplacer l'ensemble du droit fiscal américaine par un impôt sur le revenu constant de 10% et une taxe sur les entreprises de 16%, un système si simple qu'il permettrait selon lui de se passer d'administration fiscale (IRS). Pour arriver à l'équilibre du budget - qu'il veut inscrire dans la loi - il veut supprimer plusieurs ministère - éducation, environnement - et tous les programmes de sécurité sociale.

L'avis d'un économiste: Ted Cruz est TRES généreux avec ses chiffres. Le plan de Ted Cruz augmenterait la dette américaine d'entre 3 et 21 trillions de dollars. S'il souhaitait arriver à un équilibre du budget avec ce programme, il faudrait croissance américaine de 9% par an. Bonne chance...

Trump: The greatest job president God ever created? Le programme de Donald Trump est encore très éloigné de l'orthodoxie du parti républicain. La politique proposée par le magnat est agressivement protectionniste, avec des tarifs douaniers renforcés ("On va faire payer les chinois!") et des baisses d'impôt drastiques.

L'avis d'un économiste: Vous reprendrez bien une petite récession? Coupler une augmentation des tarifs douaniers à l'expulsion de 11 millions de personne (voir point 4) pourrait plonger l'économie américaine dans une crise durable.

Sécurité sociale:

Cruz: Supprimer Obamacare. Supprimer les programmes de sécurité sociale publique. Supprimer les barrières entre états pour renforcer la concurrence entre assurances privées.

Trump: Supprimer Obamacare. Supprimer les programmes de sécurité sociale publique. Supprimer les barrière entre états pour renforcer la concurrence entre assurances privées. (Et autoriser l'import de médicaments, pour faire diminuer les prix, une proposition empruntée à Hillary Clinton.)

Politique étrangère:

Cruz: Objectif Guerre Froide? (Et rétablir la torture.) Quand on lui demande quel est son modèle en matière de politique étrangère, Ted Cruz n'a qu'un seul nom à la bouche: Ronald Reagan. Sans grande finesse, Cruz veut lancer un renforcement considérable de la puissance militaire américaine, promis d'annuler le traité nucléaire iranien et utiliser des "tapis de bombes" - nombre de victimes civiles non précisé - contre Daech. Il veut aussi un bouclier anti-nucléaire...Dans l'espace. "Contre la Corée du Nord et l'Iran, il nous faut des satellites capables de détruire des missiles".


Le programme militaire de Ted Cruz.

Trump: Se rapprocher de la Russie. Diminuer les opérations extérieures. (Et rétablir la torture.) Dans l'ensemble, le programme de Donald Trump en matière de politique extérieure semble dater du XIXème siècle. Trump veut notamment "prendre" le pétrole irakien et demander un "tribut" aux pays sous la protection de l'armée américaine (la Corée du Sud notamment).

Mais ces positions radicales s'intercalent avec des moments plus modérés, il prône notamment un rapprochement diplomatique avec la Russie et une alliance internationale contre Daech. Il a aussi appelé lors d'un débat à "ne plus dépenser des trillions" en interventions extérieures, logique, car il est le seul candidat républicain à se présenter comme opposant à la guerre en Irak. En même temps, il a aussi appelé à "tuer les familles" des combattants de Daech.

Immigration:

Cruz: Un mur. On en fait beaucoup sur "le mur" de Donald Trump. Mais les politiques d'immigration de ses adversaires sont à peine moins dures. Ted Cruz propose lui aussi de renforcer le mur américain à la frontière du Mexique - et l'entendre sur la même longueur proposée par Donald Trump - et de doubler le budget des patrouilles à la frontière. T
ed Cruz veut aussi supprimer toute possibilité pour les immigrés illégaux présents sur le sol américain d'obtenir la nationalité américaine et renforcer les possibilités d'expulsions.

Trump: Un mur (payé par les mexicains, sans préciser comment). La marque de fabrique de Donald Trump sur l'immigration n'est pas son mur, c'est surtout sa proposition de déporter les 11 millions d'immigrés illégaux présents sur le territoire américain. Une stratégie qui pourrait cela dit affecter profondément l'économie américaine, qui dans un contexte de quasi-plein emploi, n'hésite pas à dépendre lourdement de son marché noir.
Trump a aussi parlé d'une ouverture plus aisée pour les immigrés hautement qualifiés (une position qu'il a retournée, il était à l'origine beaucoup plus sévère).

Il existe bien quelques différences fondamentales entre Trump et Cruz, surtout dans le domaine économique et la politique étrangère. Mais les deux candidats sont bel et bien positionnés tous deux à la droite du parti républicain. Comme nous l'expliquions dans un autre article, la préférence des républicains pour Ted Cruz s'explique surtout sur la forme, plutôt que sur le fond.

Alors...Donald Trump? Ted Cruz? Qui est le moins pire? On en discute avec dans les commentaires, sur Twitter et Facebook.

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Elections 2016: Bloomberg renonce à se présenter en indépendant

Il n'y a aura donc qu'un seul milliardaire New-yorkais impliqué dans l'élection présidentielle de 2016. L'ancien maire de New York Michael Bloomberg a annoncé aujourd'hui qu'il ne souhaitait pas mener de campagne indépendante pour la Maison Blanche.

L'idée d'une candidat de Michael Bloomberg flottait depuis plusieurs semaines dans les cercles politiques américains. Pour la première fois, avec la perspective d'une course entre un Bernie Sanders et un Donald Trump, il aurait même été possible qu'un indépendant centriste obtienne le plus de voix lors d'une élection.

Pourquoi Bloomberg renonce

Dans la déclaration qu'il publie sur son propre site, Bloomberg avoue avoir sérieusement considéré l'idée. Citant Bill Clinton et Ronald Reagan, un démocrate et un républicain, il explique que l'Amérique a besoin de quelqu'un qui "obtienne des résultats plutôt que des réélections" pour "mettre fin à la guerre partisane de Washington et faire travailler le gouvernement pour le peuple américain."

Mais, éventuellement, même un milliardaire doit se soumettre aux impératifs de la loi électorale américaine. "Quand je regarde les données, il me paraît clair que je ne pourrai pas l'emporter" explique Bloomberg, "Je pourrai gagner un certain nombre d'états, mais pas assez pour atteindre 270 votes du collège électoral."

Surtout, Bloomberg semble craindre un effet spoiler sur l'élection. Dans une élection à un seul tour - comme l'élection américaine, même si elle est indirecte - l'effet spoiler correspondant à l'impact d'un troisième parti sur le parti dont il est le plus proche.

Un soutien tacite pour Hillary Clinton?

Dans ce cas précis, Bloomberg craint que sa candidature empêche tous les candidats d'atteindre la barre des 270 voix chez les grands électeurs. Et comme le Congrès - qui décide dans ce cas - est actuellement sous contrôle républicain: "Ma candidature pourrait mener à l'élection de Donald Trump ou Ted Cruz, un risque que je ne peux pas prendre la conscience claire."

C'est la raison pour laquelle la tribune de Bloomberg s'appelle: "Un risque que je ne prendrai pas". Si le milliardaire y explique ne soutenir aucun candidat, il réserve ses critiques aux deux leaders des primaires républicaines. "Je ne resterai pas silencieux face à l'extrémisme partisan" dit-il, en ne citant nommément que Ted Cruz et Donald Trump, notamment leurs politiques d'immigration.

D'un autre côté, Bloomberg reste silencieux sur les démocrates. Même Bernie Sanders - lui aussi très loin du centrisme de Bloomberg - n'est pas cité. Un soutien tacite?

Le suicide du parti républicain

Le moment est historique. Le grand favori des primaires du parti républicain explique lors d'un débat diffusé dans tout le pays que non seulement il n'a pas des petites mains, mais qu'en plus, son sexe est tout à fait conséquent, je vous le garanti.

Son rival le plus plausible pour la nomination est un sénateur du Texas ultraconservateur, l'homme le plus détesté du Sénat, dont le programme d'extrême-droite tient de l'irresponsabilité fiscale, sociale et internationale. Il a néanmoins reçu le soutien de plusieurs hauts cadres du parti. Tout sauf l'autre! #NeverTrump

Devant son écran, l'un des principaux conseillers du gouverneur du Texas se lamente: "Mon parti est en train de se suicider en direct à la télévision." Pas d'accord. Ce suicide a commencé il y a longtemps déjà.

Comment en est-on arrivé là?

La réponse la plus simple et la plus utilisée pour expliquer la ruine du Grand Old Party tient en un mot: Trump. Mais la colère, la peur, le sentiment de déclassement qui sont le terreau indispensable du populisme, le parti les a créés.

Dès 2008, le parti républicain faisait une arme de ses franges les plus extrêmes, en choisissant Sarah Palin comme vice-présidente aux côtés de John McCain. Une stratégie reconduite en 2012 (et déjà critiquée) quand tous les candidats courtisaient avec avidité les membres du Tea Party.

Puis il y a eu l'attitude des républicains comme parti d'opposition. Lois, traités internationaux, juges à la Cour Suprême, les républicains bloquent tout et ils s'en vantent. Le compromis devient une défaite. Toutes les réussites d'Obama (un taux de chômage de 4,9%) sont soit des mensonges, soit des échecs. Ils le crient haut et fort: l'Amérique va à la catastrophe!

En polarisant tout ce qui pouvait l'être, les républicains espéraient un mouvement anti-Obama. A la place, ils ont généré une vague contre Washington, contre l'ensemble du système dont il font partie. Trump n'en est pas la cause mais la conséquence. Comme un parasite, il est arrivé au bon moment pour en profiter. Le parti a perdu le contrôle de sa création.

Une bataille pour la forme

Dans une tribune publiée dans le New York Times, le très démocrate Paul Krugman semble surpris d'écrire une éloge de Trump. "L'establishment républicain s'attaque à Trump, le décrit comme un arnaqueur, ce qu'il est. Mais est-il pire que l'establishment qui essaye de l'arrêter? Pas vraiment."

Ce qu'observe Krugman, c'est qu'il y a peu de différences de fond entre les candidats. Que ce soit sur la torture, l'immigration ou la politique fiscale et sociale, Trump n'est pas le seul à utiliser un programme très à droite pour séduire l'électorat. Sur certains points, il est même loin d'être le plus radical.

Mais pour les caciques du parti, les programmes de Rubio et Cruz présentent au moins l'avantage d'être présentés dans les règles. Les sous-entendus nécessaires sont observés, le ton raisonnable est (plus ou moins) respecté. Même quand ils courtisent les extrêmes, ils préservent l'apparence d'un parti de gouvernement.

A l'inverse, chez Trump, la forme correspond au fond. Le magnat se vautre dans la démagogie. Insultes, promesses absurdes, revirements constants, Trump reste à tout moment imprévisible. Quitte à révulser les modérés, il utilise la colère et la peur des électeurs pour promouvoir sa seule solution et son seul programme: Lui-même. 

Un révélateur indispensable?

Ce show populiste jette la lumière sur les failles béantes entre les différentes composantes du GOP. Il n'y a plus rien à voir entre les désirs des électeurs de Trump et ceux d'un centriste comme Kasich. Trump a abattu une fiction indispensable: Le parti républicain devait pouvoir rassembler des centristes, des libertariens ou des ultraconservateurs religieux sous la même bannière. C'est devenu presque impossible.

Si Trump l'emporte, il ne laisse aux républicains que le choix du poison. Refuser de le soutenir pourrait briser le parti en plusieurs factions irréconciliables. L'accepter, c'est se résigner à un phagocytage complet par ses franges les plus extrêmes. 


L'ascension de Donald Trump au sein du parti républicain.

"Selon moi, nous devrions profiter de l'ascension de Donald Trump." Conclut Paul Krugman. "Oui, c'est un arnaqueur, mais il agit de facto comme un lanceur d'alerte sur les arnaques des autres candidats. Croyez le ou non, c'est un progrès en ces temps troublés."

T.L

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Elections 2016: Le chaos continue chez les républicains

Journée infernale hier pour le parti républicain. Dans la foulée du chaos provoqué par la victoire de Donald Trump lors du Super Tuesday, les 4 candidats encore en lice (Trump, Rubio, Cruz, Kasich) se sont retrouvés pour un débat à Détroit, dans le Michigan. L'attention des médias a également été attirée par la violente attaque de Mitt Romney, candidat du parti lors des élections présidentielles de 2012, contre Donald Trump.

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Cruz marque des points dans un débat chaotique.

A chaque débat républicain, on si dit que ça ne peut pas devenir pire. Et puis si. Pendant toute sa première partie, le débat d'hier soir sur Fox News était simplement bruyant. Pas de politique, pas d'échanges, juste des attaques bille en tête et des phrases chocs avec une seule et unique cible: Donald Trump. On vous spoile la meilleure: Donald Trump vous assure qu'il a un gros zizi.

Les choses se sont calmées par la suite, la fatigue sans doute, et les candidats ont pu s'exprimer un peu plus librement. On dresse le classement des meilleures et pires performances.

Ted Cruz:

Le sénateur du Texas regarde Marco Rubio et Donald Trump s'étriper sur le succès du magnat de l'immobilier. L'air triste, il commente: "C'est ça que vous voulez, comme débat lors de l'élection présidentielle?" D'une phrase, deux coups.
Le reste du temps, Cruz est parvenu à se montrer à la fois agressif et calme face à Donald Trump, tout en défendant ses propres idées. Il aura marqué des points de légitimité et contribué à son image d'alternative à Trump.

John Kasich:

Le gouverneur de l'Ohio voulait apparaître comme "l'adulte parmi les enfants" lors du débat de ce soir. Trump, Rubio (et même Cruz) lui ont déroulé le tapis rouge.
Chaque intervention de Kasich était une pause, jouant à la fois sur ses propositions et sur sa longue expérience. Mais le problème est toujours le même avec John Kasich, dans une élection aussi folle, les électeurs qu'il peut convaincre avec cette rationalité posée sont trop peu nombreux. Ce soir, il a peut-être conforté ses chances de remporter le crucial état de l'Ohio, mais guère plus...


Donald Trump:

Pas facile d'être la cible de tout le monde. Marco Rubio, Ted Cruz et même les modérateurs de Fox News ont consacré leur soirée à un tir de barrage contre le Donald. Trump. Il s'en est sorti à sa manière habituelle: Faire du bruit, tout nier, brouiller les pistes. Pas très présidentiel. Ceci dit, Trump - qui a le plus parlé - est l'auteur de l'ensemble des phrases qu'on retiendra de ce débat. Sur ses revirements de position il se justifie: "un leader doit pouvoir être flexible". Et oui...Il a évoqué son pénis.

Marco Rubio:

Le sénateur de Floride a tenté, en vain, de trouver le bon ton pour attaquer Trump, mais il est là plupart du temps tombé à plat. Par rapport aux remarques de Cruz ou de la journaliste de Fox Megyn Kelly, Rubio n'a pas eu l'air de porter des coups au Donald. Ceci dit, personne n'a attaqué Rubio, mais il avait besoin de ce débat pour gagner la Floride et n'a pas été assez bon.

Le moment le plus significatif s'est déroulé en toute fin de débat. Fox News avait gardé une question un peu vicieuse en réserve pour tous les candidats. "Allez vous forcément soutenir le nominé républicain (même s'il s'agit de Donald Trump?)" Une question à laquelle tous les candidats ont répondu: "Oui".

Visiblement, selon les candidats républicains, Donald Trump a beau être un menteur, un arnaqueur, une catastrophe, incapable de devenir président...Ils le soutiendront. Presque au lendemain de sa création, le slogan #NeverTrump vient de prendre un sale coup. (On l'avait prédit.)

Mitt Romney s'attaque à Trump

Avez vous vu le sketch de John Oliver s'attaquant à Donald Trump? Si non, prenez le temps de le regarder, il est hilarant.

Maintenant, préparez vous pour la version: "ponte républicain" du même discours. Hier après-midi, Mitt Romney a dédié un discours entier à Donald Trump. Le candidat à l'élection de 2012 s'est fait l'avatar du Tout sauf Trump: "Arnaqueur", "incapable de gouverner", "fraude", Trump Univesity. Tout y passé.

Mais avec quel effet? Mitt Romney étendard du "Never Trump"? Il est plus que quiconque l'homme qui représente tout ce que détestent les électeurs du milliardaire détestent. Le politicien de Washington qui s'attaque sans raison au nouveau héros populiste.

Pire, puisque tous les candidats du parti ont juré à Fox News qu'ils soutiendraient Donald Trump s'il était nommé candidat, ceux-ci ont implicitement admis que le parti républicain pouvait s’accommoder de Trump plutôt que d'Hillary Clinton. Tant que Trump reste populaire parmi les électeurs, le parti devra faire avec.

Les frères Koch restent en retrait

Dernière mauvaise de la journée pour le front des anti-Trump. Les célébrissimes frères Koch, qui ont promis 900 millions de dollars au candidat républicain pour l'élection générale, ont décidé qu'ils ne s'impliqueraient pas dans la primaire.

Marco Rubio, en particulier, en difficulté avec ses levées de fonds, espérait leur soutien face à Donald Trump dans le combat crucial pour la Floride. Les milliardaires ne sont pas d'immenses fans de Donald Trump, mais ils observent avec froideur: "De l'argent dépense contre Donald Trump serait de l'argent gâché, puisque les attaques n'ont pas l'air de marcher contre lui."

Cette remarque à elle seule, est de mauvais augure pour tous les autres candidats.

Aller plus loin:

Elections 2016: Le parti républicain en mode panique

Comment l'arrêter?

C'est la question que tous les stratèges et candidats du parti républicain se posent aujourd'hui. Marco Rubio et Ted Cruz ont tous les deux été mis sur le grill par les médias américains aujourd'hui. Interrogés sur leur capacité à revenir derrière le leader, ils défendent des stratégies différentes.

Cruz veut y aller mano a mano. Le candidat ultraconservateur, qui a remporté la victoire dans son état du Texas (le plus peuplé en jeu lors du Super Tuesday) est convaincu qu'il est "le seul homme qui peut battre Donald Trump, et qui l'a déjà fait à plusieurs reprises" Un appel transparent à un retrait du reste des candidats. Dans la soirée, il a reçu un soutien qui illustre le désespoir des républicains. Son collègue du Sénat Lindsey Graham (qui le déteste), a déclaré: "Nous aurons peut-être à nous rallier derrière Ted Cruz" pour battre Hillary Clinton.

Marco Rubio, lui, a décidé d'incarner une autre tactique. En retard dans la course au délégués, il déclare que: "Le Super Tuesday n'a jamais été [sa] priorité". Il mise tout sur la Floride et espère refaire son retard lors des élections de la mi-mars, quand tous les délégués iront au vainqueur des scrutins.

Ce ne sera sans doute pas suffisant pour la majorité. Mais si aucun candidat n'a la majorité absolue, Rubio espère se jouer de tout le monde lors de la convention nationale grâce au soutien de l'establishment. Ca s'appelle une "brokered convention" (convention négociée) et on va beaucoup en entendre parler.

Dans notre dernier article, on explique gentiment pourquoi ces deux tactiques vont échouer.

Ben Carson se retire de la course (peut-être)

Vous savez quoi...Il va sans doute nous manquer. L'ancien neurochirurgien Ben Carson a déclaré dans un communiqué qu'il ne participerait pas au débat républicain de jeudi soir, car il "ne vois pas de chemin vers la victoire". L'euphémisme de cette campagne.

Ceci dit...Rien dans ce communiqué n'indique que Ben Carson ai suspendu sa campagne présidentielle. Il déclare même vouloir poursuivre son mouvement (sans préciser comment). Bientôt la deuxième saison du Ben Carson show? Trump publie son programme sur la santé Dès son discours de victoire après le Super Tuesday, on a senti un changement chez Donald Trump. Ton posé, déclarations mesurées, format de conférence de presse comme à la Maison Blanche*. On peut le dire, le Donald était passé en mode présidentiel.

Et il continue. Maintenant qu'il ne peut plus passer avec (juste des) mots en l'air, il a présenté son programme détaillé dans le domaine de la santé. Ce plan contient l'essentiel de la base républicaine (suppression d'Obamacare, extension des assurances privées, introduction de la concurrence au niveau national) avec une différence notable: Il a emprunté à Hillary Clinton (et John McCain) l'idée de libéraliser l'importation de médicaments pour augmenter la concurrence et faire diminuer les prix.

*: Même si on ne parle que de Chris Christie et son "cri silencieux":

Un ancien employé d'Hillary Clinton passe un deal avec le FBI

Selon le Washington Post, le Département de la Justice américain a passé un accord avec Bryan Pagliano, un ancien employé d'Hillary Clinton. Pagliano aurait aidé Hillary a mettre en place le "serveur privé" au centre de l'affaire des emails. Il aurait passé un accord avec le FBI, son témoignage en échange d'une immunité pénale.

C'est inquiétant pour Hillary Clinton, car lors d'une audition devant le Congrès, le même Bryan Pagliano avait préféré invoquer le cinquième amendement - qui permet de refuser de répondre à une question si la réponse vous incrimine.

Aucun indication à ce jour que des poursuites judiciaires seront engagées contre Hillary Clinton, mais ce nouveau volet de l'affaire des emails est une affaire à suivre.

Aller plus loin:

Il est facile d'imaginer une victoire facile pour Hillary Clinton face à Donald Trump. La candidate présomptive des démocrates domine d'ailleurs le magnat de l'immobilier dans tous les sondages nationaux. Mais les républicains aussi se sont dis que sa chute était inévitable, et regardez ou ça les a mené...

Il y a un chiffre des primaires dont on ne parle pas beaucoup: La participation. Pourtant, celle-ci a été absolument exceptionnelle chez les républicains, mais en énorme baisse chez les démocrates par rapport à l'époque de "l'Obamania". Si Clinton veut l'emporter, elle devra aussi réussir à déplacer les électeurs en plus grand nombre que ça.

 

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