Elections 2016: le point de la fin de semaine

Clinton et Sanders sont en Virginie occidentale, pendant que les Anti-Trump mettent en place leurs tactiques.

La Virginie occidentale n'est plus avec Clinton

La primaire républicaine est bouclée, mais, chez les Démocrates, on continue à se disputer les délégués encore en jeu. Prochaine primaire: la Virginie occidentale, mardi prochain. Un état que Clinton avait facilement arraché à Obama en 2008, mais qui pourrait bien, cette fois, revenir à Sanders. Il y aura 37 délégués à récupérer. 

Un sondage de Public Policy Polling donne pour l'instant Sanders près de 8 points devant Clinton. La Secrétaire d'état, reconnaissant que la bataille dans l'état serait "difficile," y a malgré tout fait campagne ces derniers jours. La primaire est ouverte, électeurs démocrates et indépendants peuvent donc voter - ce qui a largement favorisé Sanders par le passé.

Mais, qu'importe le résultat, la Virginie occidentale est un état traditionnellement défavorable aux Démocrates lors des élections présidentielles: depuis 2000, l'état est toujours revenu au candidat républicain. Pour Robert Rupp, professeur de sciences politiques au Wesleyan College de Virginie occidentale, "en ce qui concerne l'élection présidentielle, c'est tout vu d'avance: l'état sera très rouge." - Le rouge est, aux Etats-Unis, la couleur du parti républicain.

Les Anti-Trump veulent un autre candidat

neverTrump

Le groupe Conservatives Against Trump (Les conservateurs contre Trump) s'est réuni hier soir pour discuter des solutions encore envisageables pour stopper l'investiture de Donald Trump. Alors que sa nomination est désormais actée par de nombreux cadres du parti, une autre partie d'entre eux se refuse toujours à le considérer comme leur candidat.

Au menu de la discussion: la question d'un "third-party candidate." Les Anti-Trump pourraient-ils nommer un autre candidat à l'élection présidentielle? L'élection se déroulerait alors à trois candidats: un Républicain, un Démocrate, et le troisième, indépendant, nommé par les Anti-Trump. 

Cela ferait ainsi concurrence à Trump - mais risquerait aussi de diviser les votes des électeurs républicains, si celui qu'ils nomment ne parvient pas à les rassembler. Une stratégie risquée, mais qui peut être le dernier recours.

Anne Hidalgo à Washington pour lutter contre le changement climatique

A l'appel du Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, les leaders mondiaux sont réunis aujourd'hui dans la capitale américaine pour le sommet Climate Action 2016. Parmi eux, la maire de Paris Anne Hidalgo, ainsi que plusieurs maires de grandes villes comme Denis Coderre (Montréal) ou Eduardo Paes (Rio de Janeiro). Réunis en un collectif nommé C40, le Cities Climate Leadership Group, ils vont réfléchir au(x) rôle(s) que peuvent avoir les grandes villes dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Les villes, grandes pollueuses

C40 regroupe 83 villes, venues de chaque continent, et représente plus de 600 millions de personnes. Créée en 2005 par l'ancien maire de Londres Ken Livingston, l'organisation regroupe près d'un quart de l'économie mondiale. C40 a publié, quelques jours avant la conférence, un rapport sur les enjeux et les difficultés auxquels font face les villes. Face à leur croissance constante et très rapide, il leur est en effet parfois difficile de mettre en place des plans d'actions pour le climat.


Pour Eduardo Paes, maire de Rio de Janeiro et Président du C40: "Les maires sont conscients des nombreux bénéfices qu'apportent les villes durables, c'est pour ça que nous faisons le maximum pour réduire les émissions de gaz à effets de serre. Mais l'urbanisation est de plus en plus rapide, et nous savons que nous ne pouvons pas faire face à ces défis seuls."

Les maires, en plus de leurs actions communes, veulent inciter les gouvernements nationaux à leur apporter une aide financière et législative. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, la pollution en milieu urbain, et notamment la pollution de l'air, est un défi majeur. Elle provient en majeure partie des gaz d'échappement des véhicules, des émissions des usines et des centrales énergétiques.

"Les villes sont les lieux clés qui permettront de suivre les règles fixées par l'accord de Paris mis en place à l'issue de la COP21," selon Kgosientso Ramokgopa, maire de la ville de Tshwane en Afrique du Sud.

Anne Hidalgo en première ligne

La présence de la maire de Paris à Washington aujourd'hui n'est pas un hasard. Depuis le début de son mandat en 2014, Anne Hidalgo s'est souvent impliquée dans des initiatives écologiques. Elle a d'ailleurs annoncé début avril qu'elle serait candidate pour être la prochaine présidente de C40, dont le nom sera annoncé au mois d'août.

Aujourd'hui à Washington, Anne Hidalgo a présenté la Coalition pour la transition urbaine, une initiative internationale qui a pour but de permettre un meilleur développement des villes. Le groupe aidera principalement les pays où la croissance des villes explose, comme la Chine et l'Inde.

L'Inde, avec un taux de 31,2% d'urbanisation en 2011, est considéré comme un pays rural; mais la population urbaine augmente très rapidement. On estime que d'ici 15 ans, 600 millions d'Indiens vivront en ville. Les grandes villes du pays, comme Delhi, Patna ou Gwalior sont parmi les plus polluées du monde - et cette pollution aura des conséquences humaines, mais aussi économiques. Le but de la Coalition pour la transition urbaine est de permettre aux villes de se développer dans un respect de l'environnement.

Les discussions du sommet Climate Action 2016 se poursuivent jusqu'à demain. La ministre de l'Environnement Ségolène Royale est également présente, ainsi que plusieurs personnalités de l'écologie américaine comme Al Gore. Quant à Ban Ki-Moon, il visitera avec la maire de Washington DC Muriel Bowser une école de la capitale qui met en place des projets écologiques.

 

A.P.

"Disguise" au Brooklyn Museum: le masque et l'identité

Au dernier étage du Brooklyn Museum, à New York, se déroule en ce moment l'exposition Disguise. Les oeuvres d'une vingtaine d'artistes sont réunies pour explorer le thème de l'identité à travers un élément clé: le masque africain.

Longtemps utilisés en Afrique pour représenter l'identité d'un individu, les masques ont été, avec la colonisation, sortis de leur contexte d'origine pour devenir des objets d'art. Avec Disguise, le masque devient sculpture, mais pas seulement: il est aussi peinture, photographie, vidéo, danse ou encore performance artistique.

biches

Au coeur de la ville multiple et multiculturelle qu'est New York, l'exposition tente de répondre à une question parfois difficile: comment définir son identité? Et, surtout, peut-on la définir?

L'identité, c'est une question qui a toujours travaillé Brendan Fernandes. Cet artiste Kenyan et Indien, qui a grandi au Canada avant de venir s'installer aux Etats-Unis, utilisait depuis longtemps les masques dans ses oeuvres. C'est donc tout naturellement que les conservateurs du musée lui ont proposé de faire partie du projet.

"Ce qui m'intéresse avec les masques," explique-t-il, "c'est qu'ils peuvent à la fois créer une identité, ou cacher une identité. Leur rôle est multiple, on n'est jamais vraiment sûr de ce que l'on voit."

La multiplicité se ressent aussi dans les matériaux et médias utilisés par Brendan Fernandes. Au sol, des sculptures de biches portant des masques africains semblent fixer, sur l'un des murs, une installation de trois masques qui clignotent. L'artiste présente aussi une série de quatre dessins représentant des animaux masqués, ainsi qu'une vidéo.

"Utiliser différentes techniques me rend plus libre,"  dit-il. "Les concepts, les idées sont au coeur de mon travail. C'est ce que je veux mettre en avant. La technique n'est qu'un moyen pour faire passer l'idée. Je ne me limite donc pas à une sorte d'art. Au contraire, la pluralité m'intéresse."

bich

Le travail de Brendan Fernandes reflète en effet sa propre interprétation de l'identité: une identité en mouvement, jamais fixe, parfois difficile à cerner. Ainsi, le clignotement des masques lumineux n'est pas aléatoire. C'est en fait un code en morse, indéchiffrable pour le visiteur. Quant aux biches, elles semblent perdues: "C'est comme si elles se demandait "on va où?" Mon idée c'est que, justement, on n'est jamais sûr de savoir où aller."

Disguise réunit des voix différentes autour d'une même idée, d'une même réflexion. Cela donne une exposition riche et foisonnante, qui, finalement, n'apporte une seule réponse, mais propose, explore et cherche - et on en sort peut-être avec plus de questions que quand on y est rentré.

Disguise: Masks and Global African Art
Brooklyn Museum - Brooklyn, New York
Jusqu'au 18 septembre.

Texte: A.P.
Photos: Paul Markovic

Elections 2016: Cruz hors de la course

C'est la fin pour Cruz et le retour pour Sanders. La primaire de l'Indiana aura donnée son lot de surprises.

Cruz abandonne: fin de la course chez les Républicains

Cruz a abandonné. Après la nouvelle victoire écrasante de Trump hier soir (+ de 50% des voix), il a annoncé qu'il se retirait de la course à l'investiture républicaine. Carly Fiorina, elle, aura été sa vice-présidente pendant...six jours.

Malgré l'alliance de Cruz et Kasich pour rassembler les voix des électeurs républicains, et malgré les efforts des groupes "Never Trump," pour qui l'Indiana était une des dernières chances de stopper Trump, rien n'y a fait.

La voie est désormais libre pour Trump. Même les cadres du Parti républicain l'ont reconnu: "Donald Trump sera sans doute le nominé," a écrit sur Twitter Reince Priebus, le Président du Comité National des Républicains. "Maintenant, nous devons nous unir et nous concentrer pour battre Hillary Clinton." Dans son discours, Trump a félicité Cruz, "un grand compétiteur," et a utilisé un ton beaucoup plus posé que d'habitude.

La tâche ne sera pourtant pas aisée. Certains, comme le Sénateur du Nebraska Ben Sasse, ont déjà annoncé qu'ils ne soutiendraient pas Trump. Un tapis rouge vient-il de se dérouler pour le candidat démocrate ?

Sanders fait mentir les sondages

On vous parlait hier des sondages en Indiana, traditionnellement peu fiables. Le vote démocrate l'a encore une fois prouvé, puisque Sanders a remporté la primaire avec 53% des voix.

La démographie de l'état, à majorité blanche, et le système de la primaire ouverte ont sans doute contribué à sa victoire - mais pas seulement. L'équipe Clinton, sûre de son coup, avait négligé l'état, en y investissant peu d'argent et de temps. De plus, la remarque de Clinton sur les mineurs a pu avoir, dans cet état minier, un impact sur le choix des électeurs.

téléchargement

Sanders et Clinton vont donc se partager les délégués de l'Indiana. La course reste en faveur de Clinton, mais cette victoire redonne de l'énergie à la campagne Sanders. Depuis plusieurs mois, les commentateurs politiques pariaient sur une Convention négociée chez les Républicains - depuis ce soir, les cartes ont changé. C'est maintenant Sanders qui espère une telle Convention.

Résultats

(Estimations à 4h heure de Paris)

Démocrates
Sanders: 53,2%
Clinton: 46,8%

Républicains
Trump: 52,8%
Cruz (abandon): 36,9%
Kasich: 7,8%


A.P.

Elections 2016: Au tour de l'Indiana

Indiana: l'état aux sondages difficiles

Après la victoire de l'Illinois voisin en mars, les sondages pensaient que l'Indiana serait pour Trump. Après la défaite de Trump dans le Wisconsin, ils se sont dit que Cruz remporterait l'Indiana. Aujourd'hui, à la veille de la primaire, la tendance penche de nouveau pour Trump.

Quel que soit le résultat de demain, une chose est sûre: l'Indiana est un état très difficile à sonder. Et pour cause, en 1988 une loi interdisant les "appels robots" a été mise en application. Pour chaque sondage, les habitants doivent avoir au bout du fil une vraie personne - ce qui coûte très cher, et prend beaucoup de temps.

Peu de sondages ont donc été réalisés jusqu'à ce que l'état prennent une importance décisive dans la course à l'investiture républicaine. Kasich s'est retiré pour laisser le champ libre à Cruz, mais celui-ci peine pour l'instant à combler l'écart entre lui et Trump. Avec la Californie, l'Indiana est l'état qui va distribuer demain la plus grande partie des délégués restants.

Sanders vise les super délégués

Le déséquilibre démocrate s'explique en partie par les super délégués - ces délégués nommés et non élus, qui sont libres de soutenir et de voter pour le candidat de leur choix. Pour l'instant, 520 se sont déclarés en faveur de Clinton, et seulement 39 en faveur de Sanders. Il y en a 719 en tout.

Sanders s'est donc adressé à eux ce week-end. Lors d'une conférence donnée à Washington DC, il leur a demandé de "reconsidérer leur choix," particulièrement ceux qui viennent des états que Sanders a remporté.

Le Sénateur a par exemple gagné 73% des voix dans l'état de Washington - mais tous les super délégués de l'état soutiennent Clinton. "Il faut respecter le choix des électeurs de votre état," a déclaré Sanders - qui sait que, s'il ne parvient pas à convaincre plus de super délégués, ses chances de victoires seront encore diminuées.

Aller plus loin

Etat par état, le Washington Post montre pourquoi la carte électorale est un terrain favorable aux Démocrates: les 19 états ayant toujours voté pour le Parti démocrate aux élections présidentielles ont beaucoup plus de poids que les états qui votent toujours pour le Parti républicain.

Les taux de l'Obamacare vont augmenter pour la première fois début novembre, un mois avant l'élection présidentielle.

Dîner des correspondants: Obama au meilleur de sa forme

"C'est un honneur d'être à mon dernier, et peut-être le dernier dîner des correspondants. Vous avez tous l'air en pleine forme; la République à sa fin n'a jamais eu l'air aussi radieuse." C'est ainsi que le Président Barack Obama a ouvert samedi soir son discours lors de son 8ème Dîner des Correspondants, un événement annuel qui réunit journalistes, politiciens et artistes américains.

D'un ton léger et moqueur, le Président a passé en revue les derniers rebondissements de la primaire, égratignant tour à tour chacun des candidats. "L'année prochaine nous aurons un nouveau président. Nous ne saurons pas encore qui elle sera," a-t-il dit en insistant sur le pronom "elle", Hillary Clinton étant la seule femme en lice.

Mais il a aussi été piquant avec la Secrétaire d'Etat: "Il faut bien l'admettre: Hillary qui essaye de séduire les jeunes, c'est un peu comme une vieille tante qui s'inscrit sur Facebook." Il lui a opposé Bernie Sanders, présent dans la salle, "celui qui arrive à convaincre les jeunes" et "la face la plus jeune du Parti démocrate" - alors que Sanders a 74 ans.

Clinton a ensuite écrit sur Twitter: "Président, bien joué pour hier soir. Tante Hillary approuve."

Les Républicains n'étaient évidemment pas en reste. Barack Obama s'est moqué de Ted Cruz, et surtout de Donald Trump, qui a refusé l'invitation au dîner: "Est-ce que ce dîner serait trop tape-à-l'oeil pour Donald? Que peut-il bien faire en ce moment? Manger un steak Trump? Tweeter des insultes à Angela Merkel?"

Barack Obama a félicité ironiquement les cadres des Républicains, et notamment le président du Comité National Reince Priebus, présent également: "Bravo pour votre réussite! Le Parti républicain, les primaires. Tout va bien. Continuez comme ça!" Il en a profité pour critiquer la place que prend Trump dans les médias.

Cejv8yXW4AAdvdJ


Le Président est aussi apparu dans un clip, imaginant ce qu'il allait pouvoir faire à l'issue de son mandat. Passer son permis? Entraîner une équipe de sport? Les Obama ont annoncé qu'ils resteraient à Washington encore deux ans, le temps que leur plus jeune fille Sasha finisse son lycée. Leur fille aînée, Malia, a elle été acceptée à l'Université Harvard, où elle rentrera en 2017 après une année sabbatique.

Obama a conclu son discours sur une note plus sérieuse, se réjouissant du retour de Jason Rezaian, correspondant du Washington Post à Téhéran, où il a passé 18 mois en prison. Le Président a rappelé le rôle important de la presse dans la démocratie.

Enfin, il a laissé tomber son micro sur ces mots: "Obama out" (Obama, c'est fini). Le discours du Président a été salué pour son humour, et a cartonné dans les journaux et sur les réseaux sociaux. Il donne ainsi le ton pour les six derniers mois de son mandat.

Retrouvez ci-dessous le discours complet de Barack Obama:

https://www.youtube.com/watch?v=wYB-NuW_SRo

A.P.

Opiacés, le fléau américain

La police a annoncé aujourd'hui que le chanteur Prince avait sur lui des médicaments opiacés au moment de sa mort. Si les causes de son décès ne sont pas encore établies, c'est quand même l'occasion pour nous de revenir sur un des grands fléaux de santé publique aux Etats-Unis.

Qu'est-ce qu'un médicament opiacé ?

Les médicaments opiacés sont des anti-douleurs: ils permettent "d'éteindre" les récepteurs de la douleur dans le cerveau. Ils sont notamment prescrits pour les douleurs post-opératoires, les migraines fortes ou encore les maladies chroniques.

On retrouve dans cette catégorie la morphine et tous ses dérivés. L'héroïne fait également partie des opiacés. Moins chers et plus facilement accessibles, les médicaments opiacés peuvent ainsi faire office de drogue de substitution.

C'est aussi un énorme marché: les Américains consomment 24 millions de dollars d'opiacés chaque année. Aux Etats-Unis, beaucoup sont disponibles sur simple ordonnance.

Un vrai problème de santé publique

Les opiacés sont ainsi devenus un problème majeur aux Etats-Unis. Quelques chiffres: en 2014, près de 19 000 overdoses seraient dues à ces médicaments - ce qui représente 60% des overdoses. On estime que plus de 2 millions de personnes en seraient dépendantes.

US_timeline._Prescription_opioid_pain_reliever_deaths

Nombre de morts par overdose de médicaments opiacés aux Etats-Unis.

Selon l'American Society of Interventional Pain Physician, les Américains consomment 80% des opiacés produits dans le monde - alors qu'ils ne représentent que 5% de la population.

Les autorités ont qualifié les addictions aux opiacés "d'épidémie." Pour la contrer, le Centre pour le Contrôle et la Prévention des maladies (CDC) a publié le mois dernier des règles à suivre pour la prescription de ces médicaments. Le but: rendre leur prescription moins systématique. "Depuis 1999, le nombre de morts par overdose d'opiacés a quadruplé," a rappelé le CDC. "Et les prescriptions de ces médicaments ont également quadruplé."

En politique

Le Président Obama a déclaré la guerre à l'addiction aux opiacés. "Le nombre de morts par overdose d'opiacés est plus élevé que celui des morts par accident de la route," a-t-il déclaré. "Ce n'est pas normal." Il a présenté fin mars un projet pour faire face à ce problème, pour un budget de plus de 100 millions de dollars.

Déjà passée par le Sénat, la loi est en ce moment examinée par la Chambre des Représentants. Présentée conjointement par les Démocrates et les Républicains, elle fait pour l'instant l'unanimité. La loi prévoit notamment d'augmenter les fonds alloués à la prévention des addictions, et veut inciter les médecins à réduire les prescriptions de médicaments opiacés. Seuls opposants: certains groupes de malades, qui craignent que l'accès à leurs anti-douleurs soit rendu plus difficile.

opi
Le sujet est également revenu dans la campagne présidentielle. Les candidats s'accordent à dire que des mesures doivent être prises. Ted Cruz a notamment évoqué l'histoire de sa demi-soeur, morte d'une overdose. Bernie Sanders, lui, a déclaré lors d'un meeting en Virginie occidentale que "les addictions aux opiacés et aux autre drogues doivent être considérées comme un problème de santé publique, et non comme un problème de criminalité." Un propos partagé par Barack Obama.

En pleine bataille contre les médicaments opiacés, l'annonce que certains ont été retrouvé sur Prince a donc fait grand bruit aux Etats-Unis.

A.P.

[Vidéo] A San Francisco, les sacs plastiques c'est terminé

Bannir définitivement les sacs plastiques: c'est ce que met en place progressivement la ville de San Francisco depuis 2007. Le sac plastique à usage unique est interdit partout, y compris dans les petits commerces. A la place, les magasins proposent des sacs en papier ou des sacs en plastique réutilisables, pour un prix de 10 centimes.

La ville incite également les habitants à recycler au maximum - et à ne pas se tromper de poubelles, sous peine de recevoir une amende.

Alors que la Californie est l'état qui concentre le plus de villes où la qualité de l'air est mauvaise, San Francisco veut faire figure de modèle, en s'approchant au maximum du "zéro déchet."

Notre reportage à San Francisco, par Valerie Astruc, Regis Massini et Arielle Monange.

 

Elections 2016: Résultats du quatrième "Super Tuesday"

Le Connecticut, le Delaware, le Maryland, la Pennsylvanie et Rhode Island ont voté. Les scores? 5-0 chez les Républicains, 4-1 chez les Démocrates.

Retour de la vague Trump

Les primaires se suivent...et se ressemblent chez les Républicains. Comme la semaine dernière à New York, Donald Trump a hier écrasé ses adversaires dans les cinq états qui étaient appelés aux urnes - le Connecticut, le Delaware, le Maryland, la Pennsylvanie et Rhode Island.

Avec des scores frôlant les 60%, Trump n'a rien laissé à ses adversaires. Kasich récupère quelques miettes - mais rien ne lui permet, dans tous les cas, de rattraper son retard actuel. Quant à Cruz, c'est une défaite totale pour lui: il finit partout en dernière position, excepté en Pennsylvanie.

Trump récupère tous les délégués du Delaware, et une grande partie de ceux des autres états. Il ne lui en manque plus que 287 pour emporter l'investiture. Subtilité: 54 délégués de Pennsylvanie ne sont pas tenus de voter pour le gagnant, et peuvent voter pour qui ils veulent dès le premier tour de la Convention.

Hillary et Bill Clinton, au mariage de Donald et Melania Trump, en 2005.

Hillary et Bill Clinton, au mariage de Donald et Melania Trump, en 2005.

Alors que l'alliance Cruz-Kasich semble déjà avoir volé en éclats, Cruz mise ses derniers espoirs sur l'Indiana, qui vote mardi prochain. Mais pour Trump, le match est bouclé. Son discours de victoire était déjà tourné vers l'élection présidentielle: "Je suis le candidat présumé," a-t-il déclaré.

Clinton continue son chemin

4 à 1 pour les Démocrates. Comme attendu, Clinton remporte largement le Maryland, la Pennsylvanie et le Delaware, et Sanders haut la main Rhode Island. Résultats très serrés dans le Connecticut, qui finit par basculer sur le fil pour Clinton. Le chemin de la nomination devient plus clair pour la Secrétaire d'état.

Comme par le passé, Sanders fait son meilleur score là où les primaires sont ouvertes: à Rhode Island, il n'y a pas besoin d'être enregistré comme Démocrate ou comme Républicain pour pouvoir voter.

Hors des partis, Sanders est parvenu depuis le début des primaires à mobiliser un nouvel électorat. Clinton ne pourra plus l'ignorer pour la suite. Comme après la primaire de New York, elle a de nouveau appelé à "l'unité du parti démocrate," dans son discours de victoire prononcé depuis Philadelphie.

Résultats

(estimations à 5h heure de Paris) - via le Washington Post
Capture d’écran 2016-04-26 à 22.53.20Capture d’écran 2016-04-26 à 22.53.36

 

 

Lemonade : la grande déclaration politique de Beyoncé aux Afro-Américaines

Beyoncé a recommencé. Après la publication inattendue de son opus éponyme en 2013, la superstar a révélé samedi dernier un album visuel surprise, Lemonade.

La pièce de 56 minutes a été diffusée samedi soir, en première partie de soirée : la pop-star a un message politique à faire passer. Son objectif : replacer la femme afro-américaine au centre.

Le nom de Beyoncé couvre l’ensemble de cet opus : de l’écriture à la production, elle a orchestré la création de Lemonade. Chaque ligne, chaque featuring, chaque costume est intentionnel, au service du message politique qu’elle cherche à livrer à travers son histoire personnelle. La chanteuse s’épanche sur sa relation, exprime ses problèmes de couple avec Jay Z, son rappeur de mari, soupçonné d’infidélité, et l’utilise pour illustrer la vie et les injustices subies par la femme noire aux Etats-Unis.

« Passé et présent se rejoignent samedi », avait-elle annoncé en dévoilant une vidéo cryptique la semaine dernière:

Lemonade entremêle les images passées d’un sud des Etats-Unis esclavagiste, avec celles de parkings vides et délabrés des structures contemporaines. A chaque fois, les seules personnes présentes en dehors de la chanteuses sont les protagonistes de l’album : les femmes afro-américaines. Beyoncé leur donne le pouvoir en criant et dansant sa rage avec elles. Dans son titre « Don’t Hurt Yourself », elle invoque Malcom X à travers l’une de ses plus célèbres citations : « La femme la moins respectée aux Etats-Unis est la femme noire. La personne la moins protégée aux Etats-Unis est la femme noire ».

A travers ses douze vignettes, l’album explore la culture afro-américaine, accueillant à bras ouvert les nouvelles stars noires du cinéma, mais aussi de la littérature (l’album reprend plusieurs vers de la poétesse Anglo-Somalienne Warsan Shire) ou encore de l’art visuel (Laolu Senbanjo, artiste d’origine nigériane, a réalisé les peintures sur corps du morceau « Sorry »).

Le titre « Freedom » s’annonce comme la pièce maitresse de l’album; la chanteuse y est accompagnée par le prodige du rap Kendrick Lamar. Résolument politique, Lamar s’est récemment illustré par une performance évoquant les bavures policières subies par les Afro-Américains aux Etats-Unis. Chéri du public comme de la critique, son titre « Alright » est devenu l’hymne du mouvement activiste pour les droits des noirs Black Lives Matter. Ce n’est donc pas un hasard si, dans la vignette de cette chanson, Beyoncé invoque les origines du mouvement : les mères de Trayvon Matin, Eric Garner, et Michael Brown (dont la mort avait déclenché les émeutes de Ferguson en 2014), sont au centre du clip, serrant dans leurs bras les portraits de leurs fils décédés après des bavures policières.

Beyoncé et les mères des victimes de bavures policières.

Beyoncé et les mères des victimes de bavures policières.

Beyoncé livre dans un dernier album visuel et surprise une déclaration d’amour aux femmes afro-américaines. Une ode qui, au-delà des atermoiements personnels que la superstar illustre elle-même, est une prise de position politique. Beyoncé se rêve en « Bill Gates noire », comme elle l’annonce dans sa chanson «Formation». Samedi dernier, elle s’est imposée comme la voix d’une génération.

A.S