Mais ou sont passés les candidats républicains? Après 10 débats d'ambiance hostile et de références phalliques, les 4 candidats encore en course pour les primaires républicaines se sont montrés polis, voire policés, hier soir sur CNN. Un revirement inattendu, à moins d'une semaine des primaires cruciales du 15 mars en Floride et dans l'Ohio, ou le sort des élections pourraient se jouer. Analyse: Candidat par candidat.
Trump: "Je n'arrive pas à croire à quel point on a été polis jusqu'ici!" (Nous non plus.) pic.twitter.com/jLeqaIkiTk
— France 2 Washington (@F2Washington) 11 mars 2016
Donald Trump: "Le parti républicain doit être intelligent et s'unir!"
Le grand rassembleur. Sur le fond, le discours de Donald Trump est resté le même. Face aux modérateurs, le milliardaire a joué ses cartes habituelles. Sur l'immigration par exemple: "Je suis un businessman, j'utilise les visas pour travailleurs étrangers, mais je ne devrais pas être autorisé à le faire!" De quoi servir le narratif de l'insider devenu outsider. Surtout, il n'a pas perdu cette habitude de remplacer les détails par des intentions. Sur le commerce: "Je veux qu'on aie les meilleurs deals." Sur la politique étrangère: "Je veux de nouveaux deals [avec l'Iran, la Russie, Israël...]" Sur la sécurité sociale: "Un deal!"
Donald Trump pendant ce débat: "Make a deal. Good deal. Great deal. Excellent deal! I want a deal!" pic.twitter.com/TYpklo4qku
— France 2 Washington (@F2Washington) 11 mars 2016
Mais sur la forme, le discours Trump a beaucoup changé. Il n'est plus question pour lui d'attaquer tout ce qui bouge. Pas de "Little Marco" ou "Lyin' Ted". Pas de mentions à son pénis. Le mot du jour: présidentiel. Après avoir acquis à sa cause les franges du parti républicain et les indépendants, le Donald est clairement dans l'apaisement avec l'establishment en vue de l'élection générale.
On avait prédit que le parti républicain se rallierait derrière lui. En tout cas, Donald prépare le coup. Le débat de ce soir était un match nul, et en tant que favori, Donald Trump en profite le plus.
Ted Cruz: "Trump voit les bons problèmes, mais il donne les mauvaises solutions."
On a aussi connu Ted Cruz plus agressif. Il faut dire qu'il est le seul candidat pour qui les primaires du 15 mars n'ont qu'une importance relative. En Floride, Rubio joue sa vie. Pareil pour Kasich dans l'Ohio. Trump pourrait gagner la nomination s'il remporte les deux états. Par contraste, Ted Cruz n'aura qu'un rôle mineur. Trop attirer les discussions n'aurait pu que mettre en évidence des scores moyens, Cruz s'est donc contenté de défendre son programme (moins de gouvernement, plus d'armée!) sans chercher à imposer sa présence sur le débat.
On notera quand même cette jolie pique pour Donald Trump, cachée dans son discours de fin.
Cruz: "Incroyable que le fils d'un barman, le fils d'un postier, le fils d'un plongeur et un riche businessman se retrouvent..." (Boom!)
— France 2 Washington (@F2Washington) 11 mars 2016
Marco Rubio: "Je ne supporte aucune réforme de la sécurité sociale mauvaise pour ma mère."
Dans les jours menant au débat, Marco Rubio a fait son mea culpa pour les insultes et les attaques ad hominem contre Donald Trump. "Mes enfants avaient honte" a-t-il déclaré, reconnaissant non seulement une erreur tactique, mais une erreur morale. Effectivement, hier soir, on a retrouvé le golden boy de l'establishment républicain.
A l'aise sur les questions de programme, charismatique, charmant. Rubio veut redevenir "l'Obama républicain". En un seul débat, on a eu droit à son père (immigré et barman), sa mère (bénéficiaire d'allocations), son frère (vétéran), ses enfants (qui partiront un jour à la retraite à 70 ans grâce à ses réformes) et son grand-père (qui lui racontait les premiers pas de l'homme sur la lune).
Q: "Êtes vous inquiets sur la violence dans les meetings?" Réponse de Rubio: "On a marché sur la lune!" pic.twitter.com/5BgH0yKbO1
— France 2 Washington (@F2Washington) 11 mars 2016
Le problème, c'est qu'on a aussi retrouvé les côtés de Rubio qui ne fonctionnent pas. Le jeune premier trop lisse. Celui qui ne répond pas aux questions et préfèrent ses discours préparés. L'anecdote du grand-père, celle qui lui sert à dire "si nous avons été sur la lune, nous pouvons tout faire!"? C'était après une question sur l'agression d'un manifestant pendant un meeting de Donald Trump.
Il a essayé, mais difficile d'imaginer Marco Rubio renverser Trump en Floride grâce à ce débat.
John Kasich: "Je peux résoudre les problèmes de Washington, car je l'ai déjà fait!"
Comme d'habitude, John Kasich a joué la carte du gouverneur expérimenté. Mais contrairement aux autres débat, il n'a pas brillé par comparaison avec ses adversaires. Lors des débats précédents, Kasich était "l'adulte dans la pièce", mais aujourd'hui il n'a pas su se distinguer au moment ou les autres candidats parlaient eux aussi de leurs programmes.
Son expérience, plus longue que celle de tous les autres combinés, parle toujours pour lui en revanche.
Kasich, sur l'immigration: "On ferme nos portes la nuit. Le pays doit aussi pouvoir fermer sa porte." Etrange analogie...
— France 2 Washington (@F2Washington) 11 mars 2016
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