Trump a gagné! Trump a gagné! Trump a gagné!
"Mais...Il ne peut pas VRAIMENT gagner!"
Si.
Depuis les premières victoires de Trump, le parti républicain ne se préoccupe plus de l'élection présidentielle. Avec une marge de manoeuvre de plus en plus réduite, ses stratèges paniqués écrivent des scénarios, dressent des digues contre Donald Trump avant de les regarder être englouties une à une.
Il est temps d'en finir et de reconnaître l'évidence. Le parti républicain a perdu le contrôle face à la vague Trump.
1Le "plafond de verre" s'est effondré
C'était la stratégie "standard" du parti pour le faire perdre. L'establishment républicain a supposé que Donald Trump devrait faire face à un "plafond de verre". Même premier face à plusieurs candidats, il serait condamné à la deuxième place dans un duel face à quiconque rassemblerait un "front" contre lui. En gros, une tactique similaire à celle utilisée par les partis français contre le Front National.
Mais dans leur duel des seconds, Marco Rubio et Ted Cruz insinuent mutuellement que l'autre devrait abandonner, mais aucun ne franchit le pas. Même John Kasich, qui espère gagner l'Ohio, reste en lice. Seul Ben Carson s'est retiré après le Super Tuesday. Et l'horloge tourne.
Deuxième élément: Avec ses victoires consécutives, Donald Trump remet en cause la notion même d'un plafond de verre. Selon un sondage national de CNN chez les républicains, il est crédité de 49% des intentions de vote à lui tout seul.
2Le "front anti-Trump" est mort avant d'être né
Si 1 contre 1 ne suffit pas, pourquoi pas 1 contre 2? Le soir du Super Tuesday, CNN évoquait une alliance improbable entre Ted Cruz et Marco Rubio. Ne permettrait-elle pas de combiner le vote ultraconservateur de Cruz et le soutien de l'establishement de Rubio?
Une stratégie du désespoir, car l'establishment républicain déteste Cruz presque autant que Trump. Pire, ce n'est guère plus qu'un raffinement de la première idée.
3Pour gagner il faut trahir
D'abord, Trump ne devait jamais rester candidat. Puis il ne devait jamais remporter un état. Puis il devait perdre le Super Tuesday. Le nouvel espoir: La convention républicaine?
Préparez vous à beaucoup entendre les mots: "Brokered convention". Cette tactique est un peu l'inverse de la première. Plutôt que d'affronter Trump seuls à seuls, les républicains maintiennent deux ou trois autres candidats pour diluer ses votes.
Trump se retrouverait en tête sans la majorité des délégués nécessaire pour être désigné d'office lors de la convention nationale en juin. Les délégués des autres candidats pourraient négocier et s'arranger pour court-circuiter le vainqueur.
Parvenir à maintenir Trump en dessous du nombre de délégués nécessaires semble être possible. Lors du Super Tuesday, Trump a remporté une majorité d'états (10 sur 14) mais pas une majorité de délégués (319 sur 688).
Le problème, c'est l'énorme déni de démocratie que représenterait une convention arrangée. Ignorer à ce point le choix des électeurs condamnerait les chances du parti lors de l'élection présidentielle.
4Pour gagner il faut perdre
Qui peut-il bien rester pour bloquer Trump s'il remporte lors de la convention nationale? Les démocrates, pardi!
Certains républicains que nous avons rencontrés évoquent déjà ouvertement la possibilité de s'abstenir si leur parti désignait Trump comme candidat, voire même de voter pour Hillary Clinton et faire barrage contre lui.
"Tough question man!" Plusieurs républicains que j'ai croisé ici se disent prêts à voter Clinton plutôt que Trump. #SuperTuesday
— France 2 Washington (@F2Washington) 2 mars 2016
Le parti pourrait concentrer ses efforts et ses fonds sur les élections au Congrès, dès novembre ou aux élections de mi-mandat en 2018. Tenter de retrouver la position de force dont les républicains ont bénéficié pendant une grande partie des mandats de Barack Obama.
Ca paraît bête à dire, mais une défaite est une défaite. Le fait même d'envisager cette idée aussi tôt est un échec colossal pour les républicains. Une défaite volontaire mettrait en danger l'existence même du Grand Old Party, ce serait une trahison de la volonté de l'électorat au profit d'un contrôle exercé depuis Washington. Exactement ce que détestent les électeurs de Trump.
Le parti républicain en train de gérer le cas Trump.
Et donc, on fait quoi?
Les primaires sont sensées être une compétition pour désigner le candidat capable de remporter l'élection générale de Novembre. Mais celles de 2016 ont précipité les républicains dans le chaos.
Le soir du Super Tuesday, un barrage de déni s'est effondré. La colère des électeurs américains s'expose dorénavant à la vue de tous. Bouche bée, la classe politique américaine et ses observateurs regardent la vague déferler.
Entendu chez les republicains: "Je passe une super soirée, je vais enfin savoir quel fasciste je dois soutenir." #SuperTuesday
— France 2 Washington (@F2Washington) 2 mars 2016
Peu à peu, le seul scénario avec des chances de succès raisonnable est en train d'émerger. Trump l'a tacitement proposé, en se présentant comme un "rassembleur" après sa victoire lors du Super Tuesday.
5Accepter son triomphe
Si Donald Trump remporte les primaires du 15 mars la direction du parti républicain devra envisager de prendre ses responsabilités et reconnaître sa victoire, puis le soutenir en tant que candidat officiel. Donald Trump: le nouveau visage du parti républicain.
T.L