Journée infernale hier pour le parti républicain. Dans la foulée du chaos provoqué par la victoire de Donald Trump lors du Super Tuesday, les 4 candidats encore en lice (Trump, Rubio, Cruz, Kasich) se sont retrouvés pour un débat à Détroit, dans le Michigan. L'attention des médias a également été attirée par la violente attaque de Mitt Romney, candidat du parti lors des élections présidentielles de 2012, contre Donald Trump.
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Cruz marque des points dans un débat chaotique.
A chaque débat républicain, on si dit que ça ne peut pas devenir pire. Et puis si. Pendant toute sa première partie, le débat d'hier soir sur Fox News était simplement bruyant. Pas de politique, pas d'échanges, juste des attaques bille en tête et des phrases chocs avec une seule et unique cible: Donald Trump. On vous spoile la meilleure: Donald Trump vous assure qu'il a un gros zizi.
Les choses se sont calmées par la suite, la fatigue sans doute, et les candidats ont pu s'exprimer un peu plus librement. On dresse le classement des meilleures et pires performances.
Ted Cruz:
Le sénateur du Texas regarde Marco Rubio et Donald Trump s'étriper sur le succès du magnat de l'immobilier. L'air triste, il commente: "C'est ça que vous voulez, comme débat lors de l'élection présidentielle?" D'une phrase, deux coups.
Le reste du temps, Cruz est parvenu à se montrer à la fois agressif et calme face à Donald Trump, tout en défendant ses propres idées. Il aura marqué des points de légitimité et contribué à son image d'alternative à Trump.
Cruz: Breathe, breathe, breathe.
Trump: I am, Ted.
Cruz: You can do it. You can breathe. I know it's hard.https://t.co/Cuwz2KKVIC
— Vox (@voxdotcom) 4 mars 2016
John Kasich:
Le gouverneur de l'Ohio voulait apparaître comme "l'adulte parmi les enfants" lors du débat de ce soir. Trump, Rubio (et même Cruz) lui ont déroulé le tapis rouge.
Chaque intervention de Kasich était une pause, jouant à la fois sur ses propositions et sur sa longue expérience. Mais le problème est toujours le même avec John Kasich, dans une élection aussi folle, les électeurs qu'il peut convaincre avec cette rationalité posée sont trop peu nombreux. Ce soir, il a peut-être conforté ses chances de remporter le crucial état de l'Ohio, mais guère plus...
Accusations and insults fly at the #GOPDebate (except for from Kasich) https://t.co/QeoQLhL8Gq pic.twitter.com/GzTdkYmhYw — Post Politics (@postpolitics) 4 mars 2016
Donald Trump:
Pas facile d'être la cible de tout le monde. Marco Rubio, Ted Cruz et même les modérateurs de Fox News ont consacré leur soirée à un tir de barrage contre le Donald. Trump. Il s'en est sorti à sa manière habituelle: Faire du bruit, tout nier, brouiller les pistes. Pas très présidentiel. Ceci dit, Trump - qui a le plus parlé - est l'auteur de l'ensemble des phrases qu'on retiendra de ce débat. Sur ses revirements de position il se justifie: "un leader doit pouvoir être flexible". Et oui...Il a évoqué son pénis.
I still cannot believe this happened.https://t.co/OpV32fMYsF
— Chris Cillizza (@TheFix) 4 mars 2016
Marco Rubio:
Le sénateur de Floride a tenté, en vain, de trouver le bon ton pour attaquer Trump, mais il est là plupart du temps tombé à plat. Par rapport aux remarques de Cruz ou de la journaliste de Fox Megyn Kelly, Rubio n'a pas eu l'air de porter des coups au Donald. Ceci dit, personne n'a attaqué Rubio, mais il avait besoin de ce débat pour gagner la Floride et n'a pas été assez bon.
Le moment le plus significatif s'est déroulé en toute fin de débat. Fox News avait gardé une question un peu vicieuse en réserve pour tous les candidats. "Allez vous forcément soutenir le nominé républicain (même s'il s'agit de Donald Trump?)" Une question à laquelle tous les candidats ont répondu: "Oui".
Visiblement, selon les candidats républicains, Donald Trump a beau être un menteur, un arnaqueur, une catastrophe, incapable de devenir président...Ils le soutiendront. Presque au lendemain de sa création, le slogan #NeverTrump vient de prendre un sale coup. (On l'avait prédit.)
"Donald Trump est un arnaqueur!" > "Je le soutiendrai s'il est nominé". Il faudra plus que ça pour réparer le parti républicain... — France 2 Washington (@F2Washington) 4 mars 2016
Mitt Romney s'attaque à Trump
Avez vous vu le sketch de John Oliver s'attaquant à Donald Trump? Si non, prenez le temps de le regarder, il est hilarant.
Maintenant, préparez vous pour la version: "ponte républicain" du même discours. Hier après-midi, Mitt Romney a dédié un discours entier à Donald Trump. Le candidat à l'élection de 2012 s'est fait l'avatar du Tout sauf Trump: "Arnaqueur", "incapable de gouverner", "fraude", Trump Univesity. Tout y passé.
Mais avec quel effet? Mitt Romney étendard du "Never Trump"? Il est plus que quiconque l'homme qui représente tout ce que détestent les électeurs du milliardaire détestent. Le politicien de Washington qui s'attaque sans raison au nouveau héros populiste.
Pire, puisque tous les candidats du parti ont juré à Fox News qu'ils soutiendraient Donald Trump s'il était nommé candidat, ceux-ci ont implicitement admis que le parti républicain pouvait s’accommoder de Trump plutôt que d'Hillary Clinton. Tant que Trump reste populaire parmi les électeurs, le parti devra faire avec.
Les frères Koch restent en retrait
Dernière mauvaise de la journée pour le front des anti-Trump. Les célébrissimes frères Koch, qui ont promis 900 millions de dollars au candidat républicain pour l'élection générale, ont décidé qu'ils ne s'impliqueraient pas dans la primaire.
Marco Rubio, en particulier, en difficulté avec ses levées de fonds, espérait leur soutien face à Donald Trump dans le combat crucial pour la Floride. Les milliardaires ne sont pas d'immenses fans de Donald Trump, mais ils observent avec froideur: "De l'argent dépense contre Donald Trump serait de l'argent gâché, puisque les attaques n'ont pas l'air de marcher contre lui."
Cette remarque à elle seule, est de mauvais augure pour tous les autres candidats.
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