Elections 2016: Cruz vire son porte-parole, les discours payés hantent Clinton

  • Rick Tyler, you're fired!

Apprendre qu'on est viré, c'est dur. Apprendre qu'on est viré en pleine interview à la télé, c'est pire. C'est pourtant ce qui est arrivé hier soir à Rick Tyler, le porte parole de la campagne du candidat conservateur Ted Cruz. Rick Tyler avait tweeté (puis supprimé) une vidéo semblant montrer Marco Rubio en train de dénigrer la Bible.

La vidéo déforme sciemment les propos de Rubio, transformant: "Toutes les réponses sont [dans ce livre]" en "Pas beaucoup de réponses [dans ce livre]" par la magie du sous-titrage.

Voici la version trafiquée:

Et la version authentique:

Et l'explication (par e-penser, à partir de 7:05):

  • Un journaliste possède les discours de Clinton devant Goldman Sachs. Mais qui?

Depuis deux semaines, Hillary Clinton a évité de publié la transcription de ses discours devant plusieurs grandes banques de Wall Street, en particulier un discours rémunéré 675 000$ devant les employés de Goldman Sachs.

Mais elle pourrait bientôt ne plus avoir le choix. Une journaliste de la chaîne MSNBC a mentionné en passant durant une interview qu'elle "connaissait un journaliste de la presse écrite qui possède une version intégrale des transcriptions" et qu'un titre allait bientôt les publier. Nouveau scandale, ou fin de l'affaire pour Hillary Clinton, à la une de...Quel journal?

  • Vous avez d'énormes lobes frontaux. Et Ben Carson est toujours candidat.

Il a fini quatrième dans l'Iowa. Dixième dans le New Hampshire. Sixième en Caroline du Sud - sur six candidat. Mais Ben Carson est toujours là. Lors de son discours après la primaire de Caroline du Sud, il a fait savoir à ses électeurs que: "Certaines personnes attendent un discours de renoncement. [NDLR: Nous, par exemple] Mais ce n'est que le début!"

C'est donc confirmé, de tous les observateurs, seul Ben Carson pense encore que Ben Carson peut gagner. Mais inutile de nous croire, puisque nous faisons partie des "personnes qui vous disent ce que vous devez penser, alors que vous avez ces cerveaux extraordinaires et ces énormes lobes frontaux."

Les lobes frontaux, un thème politique récurrent chez l'ancien neurochirurgien. Comme ici, sur le conflit en Syrie.

Retrouvez notre article du jour: Comment les superdélégués vont fait gagner Clinton, même si elle perd.

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Superdélégués: Ils vont faire gagner Clinton

Clinton peut-elle être désignée candidate du parti démocrate, même si elle perdait les primaires? Ce scénario est rendu de plus en plus d'actualité dans son duel avec Bernie Sanders.

Pourquoi? La primaire démocrate n'est pas une élection directe. Lors des scrutins, les candidats se disputent des délégués, qui désigneront ensuite le candidat lors de la Convention Nationale prévue du 25 au 28 juillet prochain à Philadelphie. Un candidat doit être choisi par 2383 délégués pour l'emporter.

Après le caucus du Nevada de samedi, voici l'état de la course:

  • Iowa: Clinton 49,9% (23 délégués) / Sanders 49,6% (21 délégués)

  • New Hampshire : Clinton 38,0% (9 délégués) / Sanders 60,4% (15 délégués)

  • Nevada : Clinton 52,6% (19 délégués) / Sanders 47,3% (15 délégués)

Soit, en théorie. Une égalité parfaite jusqu'ici: 51 délégués partout.

Pourtant, la répartition réelle selon le comptage d'Associated Press est de...

  • Clinton: 502 délégués / Sanders: 70 délégués ??

Comment est-ce possible? C'est la magie des "superdélégués"

Au sein du parti démocrate, un système permet à un certain nombre de caciques de décider du candidat qu'ils soutiennent lors de la Convention Nationale, sans avoir à respecter le vote des électeurs de leur état. ces "superdélégués" représentent environ 20% du nombre de délégués disponibles.

Une brève histoire des superdélégués par The Nation:

Et, dans ce domaine, Clinton dispose d'une marge colossale sur l'ancien indépendant Bernie Sanders.

Ce soutien de l'establishment à son adversaire rend la tâche nettement plus difficile pour Sanders. Il ne peut pas seulement compter sur une victoire à l'arraché, il faut qu'il renverse complètement Clinton pour que les superdélégués changent leur vote en sa faveur. Une lueur d'espoir: C'est exactement ce que Barack Obama était parvenu à faire en 2008.

Avec ce vote, les superdélégués remplissent pourtant leur rôle: protéger le parti contre les vagues d'enthousiasme populaire, en donnant une voix à l'establishment. Pour les cadres du parti, Sanders n'est éligible que chez les démocrates les plus acharnés, ceux qui votent pendant les primaires. Face à la majorité des américains, le "socialiste" risquerait selon eux de perdre la Maison Blanche face aux républicains.

Alors, déni de démocratie ou garde-fou utile, les superdélégués?

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Elections 2016: Les favoris ont dominé, Jeb Bush se retire

Républicains: Ce sera Trump vs. Cruz vs. Rubio (comme prévu)

A peine 2% des bulletins décomptés et déjà, l'Associated Press attribuait la victoire à Donald Trump. Sans surprise, la primaire républicaine de Caroline du Sud a tourné au plébiscite pour le magnat de l'immobilier. Tout au long de la campagne, ses adversaires n'ont jamais paru en mesure de resserrer l'écart, malgré les (nombreux) "dérapages" de Trump. Il finit en tête avec 32.5% des voix, devant Marco Rubio (22.5%) et Ted Cruz (22.3%) à égalité virtuelle.

Mais la principale information de la soirée, c'est l'abandon de Jeb Bush après un troisième score décevant (7.8%) en trois courses. Dans une campagne jouée à couteaux tirés, Bush n'est jamais parvenu à répondre aux attaques de Donald Trump, Ted Cruz, ou même celles de son ancien protégé: Marco Rubio. C'est ce dernier qui est dorénavant l'espoir des républicains modérés. S'il bénéficie d'un bon retour de voix (et de la centaine de millions de dollars toujours dans le trésor de guerre de Bush) il pourrait poser de gros problèmes à Trump.

Au final, si l'on ne compte pas John Kasich et Ben Carson (plus personne ne compte John Kasich et Ben Carson) il ne reste plus que trois réels candidats dans la course: Donald Trump, Marco Rubio et Ted Cruz.

Une donnée pour finir: De 1980 à 2008, la Caroline du Sud a systématiquement désigné le candidat choisi par les républicains pour l'élection générale.

Démocrates: Clinton respire (comme prévu aussi)

Passera, passera pas? C'est passé. Sous la pression de Bernie Sanders, donné à égalité avec elle dans le Nevada, Hillary Clinton parvient à remporter une victoire modeste mais claire avec 52.6% des voix contre 47.3% à son opposant. C'est une deuxième victoire pour Clinton, après celle du caucus de l'Iowa, mais cette fois avec un écart plus significatif. De quoi reprendre de l'élan pour Clinton, dont le discours de victoire donnait dans le soulagement:  "Certains ont pu douter de nous, mais nous n'avons jamais douté de nous même."


De son côté, Bernie Sanders a félicité la gagnante, mais ne rend pas les armes. Il confirme son intention de mener la course à l'échelle nationale, particulièrement lors du Super Tuesday qui aura lieu le premier mars prochain dans de nombreux états du sud.

Et maintenant? On prend les mêmes (états), et on recommence!

Dans une semaine, les deux partis inversent les rôles. Les démocrates se dirigent vers la Caroline du Sud pour une primaire sans aucun suspense - Hillary Clinton est donnée grande favorite - tandis que les républicains se dirigent vers un caucus plus incertain.

Caroline du Sud: Comment gagner la primaire la plus laide des Etats-Unis?

La Caroline du Sud est sans doute l'état ou la politique américaine se fait la plus sale. Mensonges, montages, arnaques, diffamation. TOUT est bon pour y remporter une élection. On vous raconte tout, avant la primaire républicaine qui s'y déroule samedi. Les démocrates tiendront en même temps leur caucus dans le Nevada.

Notre florilège des meilleures (pires) manières de gagner en Caroline du Sud.

11978: Soyez antisémite

Lors de l'élection municipale de Greenville, en 1978. Le démocrate Max Heller fait face au républicain Carroll Campbell et à un indépendant, Don Sprouse.

C'est Sprouse qui se distingue le plus dans cette élection, avec une série d'attaques tout azimut sur le Max Heller, qu'il traite: "d'immigré juif qui ne croit pas dans le Seigneur Jésus Christ." Sprouse n'avait aucune chance de remporter l'élection, mais ce torpillage en règle profite à Carroll Campbell.

Coïncidence? On se bornera à signaler que la campagne de Campbell était dirigée par Lee Atwater (que l'on retrouvera très bientôt dans cet article), qui émet un sondage comportant la question: "Préféreriez vous voter pour un immigré juif, ou pour un natif de Caroline du Sud?"

Résultat: Perdu...Ou pas?

21980: Moquez vous des maladies psychiatriques

Lors de la course pour le Congrès de 1980, le républicain sortant Floyd Spence fait face au démocrate Tom Turnipseed.

Le directeur de campagne de Loyd Spence, Lee Atwater (on vous avait dit qu'on le retrouverait très vite) lance une grande campagne d'attaques personnelles contre Turnipseed.
Son fer de lance: Les séances d'électrochocs subies par Turnipseed lorsqu'il avait 16 ans, pour soigner une dépression et des tendances suicidaires. Atwater présente son adversaire comme "un candidat en traitement antipsychotique" et "branché à des pinces crocodiles". Turnipseed est vite coulé.

Turnipseed racontera: "Lee semblait adorer se moquer d'un adolescent de 16 ans suicidaire."

Résultat: Gagné!

32000: Mentez par sondage interposé

Lors de la primaire républicaine en 2000, George W. Bush (qui deviendra président) face face à John McCain. A l'entrée de la Caroline du Sud, la primaire est très serrée.

Pendant plusieurs semaines avant l'élection, des sondages commandés par des personnes privées comportent la question: "Seriez vous plus ou moins à même de voter pour John McCain si vous saviez qu'il avait eu un enfant noir illégitime?"
Les sondages amorcent une campagne de diffamation qui propage l'idée que Bridget, la fille adoptive de John McCain originaire du Bengladesh, est une enfant illégitime conçue dans une relation adultère (horreur!) et interraciale (horreur bis!). George Bush remportera largement l'élection.

C'est l'un des plus beaux exemples de push-polls (sondage créés pour attaquer indirectement un adversaire) de l'Histoire.

Résultat: Gagné!

42008: Faites vous passer pour votre adversaire

Lors du Noël avant la primaire républicaine de 2008, les électeurs de Caroline du Sud reçoivent une bien étrange carte. C'est une carte de voeux, signée par "la famille Romney". Un problème: Elle mentionne certains des passages les plus controversés du livre des Mormons. C'est une attaque directe sur la foi de Romney.

Quelques mois plus tard, Mitt Romney perdra (de peu) l'élection face à John McCain, un tournant dans la course à l'investiture cette année. La victime de 2000 serait-elle devenue le bourreau de 2008?

Résultat: Gagné!

52010: Financez un candidat bidon

En 2010, lors des primaires démocrates pour l'élection sénatoriale, un candidat inconnu sort du nulle part pour battre des adversaires beaucoup plus connus et expérimentés. Il s'appelle Alvin Greene, il a 32 ans, c'est un vétéran, il est noir. La vraie success-story, deux ans après l'Obamania?

Peut-être pas. Une question plane, comment cet homme absolument inconnu, au chômage, qui vit chez ses parents et mis en examen un an plus tôt pour obscénité - il aurait montré des images porno à une étudiante dans une bibliothèque - a-t-il pu payer les 10 400$ nécessaires pour s'inscrire à l'élection? Pour les démocrates, c'est très clair: Alvin Greene est une taupe financée par le parti républicain.

Lors de l'élection, il perdra face au sortant républicain: 28% contre 62%.

Résultat: Gagné! (Peut-être)

62016: Apprenez à utiliser Photoshop

Diffamation, push-polls, publicités négatives. Rien n'a manqué dans la version 2016 de la primaire républicaine en Caroline du Sud. Il faut dire qu'avec Donald Trump dans la course, nous sommes gâtés en matière de scandale.

Mais nous souhaitons ici rendre hommage à la campagne de Ted Cruz, pour son fantastique travail PhotoShop destiné à attaquer le nouveau chouchou de l'establishment: Marco Rubio.

Photomontage d'une "poignée de main" entre Rubio et Obama.

Photomontage d'une "poignée de main" entre Rubio et Obama.

Après avoir été confronté à la possibilité d'un montage. Le porte parole de la campagne de Cruz a répondu: "Je ne crois pas que notre campagne utilise des fausses images." Dommage, car rien n'échappe à Twitter.


Résultat: Bon effort. Mais Donald Trump est toujours le grandissime favori

Vous pouvez suivre la primaire de Caroline du Sud, et le caucus démocrate dans le Nevada, toute la journée de samedi à travers notre compte Twitter et notre compte Facebook.

La bataille entre Apple et le FBI pour les nuls (en informatique)

Mardi, un juge californien a ordonné à la société Apple de collaborer avec les services du FBI pour débloquer l'IPhone de l'un des deux auteurs des attaques de San Bernardino, qui ont fait 14 victimes. En réponse, le PDG d'Apple, Tim Cook, a affirmé que la firme allait tout faire pour combattre légalement cette décision "anticonstitutionnelle".

Que veut le FBI?

Depuis les attaques de San Bernardino, le FBI est en possession de l'Iphone de l'un des deux auteurs. Selon les forces de l'ordre, ce téléphone contiendrait des informations cruciales. Hélas pour les fédéraux, ils ne peuvent pas accéder au contenu à l'intérieur, car il est protégé par mot de passe.

Le FBI a donc demandé à Apple de leur apporter l'assistance technique dont ils ont besoin pour bruteforcer le téléphone et deviner son mot de passe.

"Bruteforcer" ?

La méthode la plus directe pour deviner un mot de passe: Tenter toutes les combinaisons possibles.

Sur un Iphone, les mots de passe d'accès ne sont composés que de chiffres, donc le trouver n'est l'affaire que de quelques dizaines de minutes pour un ordinateur qui peut tenter des millions de combinaisons par seconde. 0000, 0001, 0002, 0003, 0004, 0005...

Fastoche! Mais c'est quoi le problème?

Accrochez vous, ça devient compliqué! Depuis iOS 8, la protection par mot de passe se double d'un cryptage des contenus et d'un système qui efface les données du téléphone en cas de tentative d'accès extérieur. Après 10 mauvais mots de passe, tout est effacé. Et les chances pour le FBI de trouver le bon mot de passe en 10 tentatives sont infinitésimales.

Les fédéraux ont donc besoin d'Apple pour créer une nouvelle version de son logiciel d'exploitation, qui "oublie" cette importante mesure de sécurité, et l'installer sur le téléphone du terroriste. Apple est seul en mesure de le faire, car cette installation requiert des mesures de sécurité supplémentaires, qui appartiennent à la firme.

Une seconde. Pourquoi Apple ne donne pas simplement les informations contenues sur le téléphone ?

Pas si simple. La définition d'un bon cryptage, c'est que seul l'utilisateur peut y accéder.

Même le fabriquant d'un logiciel de cryptage ne peut pas décrypter ses propres outils. Le processus pour arriver à ce résultat est mathématiquement compliqué, mais cette vidéo (en anglais) vous aidera à comprendre rapidement pourquoi Youtube ne connaît pas votre mot de passe Youtube.

D'accord, mais on parle terrorisme là! National Security. Pourquoi Apple refuse de collaborer ?

Parce que ce n'est pas qu'une question de sécurité à l'échelle d'un petit IPhone. C'est aussi une question de vie privée à l'échelle globale. Dans l'ordonnance du juge californien, seul le téléphone du suspect de San Bernardino est mentionné. Officiellement, le FBI n'aurait accès qu'à ce téléphone.

Mais dans la pratique, les experts en sécurité d'Apple (et tous les autres) craignent que la création de ce système ne constitue une "backdoor" qui permette d'accéder à n'importe quel autre IPhone.

"Backdoor" ?

Une faille de sécurité intentionnelle. En théorie, une backdoor bien cachée permet à ceux qui la connaissent - par exemple la police - d'accéder à des informations qui restent chiffrées pour tout ceux qui ne connaissent pas la faille.

C'est sans risque, ça?

Non! Encore une fois, le diable est dans la pratique. Avec des milliards de dollars et la vie privée de millions de personnes en jeu, toute faille de sécurité, même cachée par un expert a des chances d'être trouvée et exploitée.

Donner l'accès à un IPhone au FBI permettrait peut-être de donner l'accès à tous les IPhones à quelqu'un d'autre. Ce qui n'empêche pas la police et les agences de renseignement (américaines et françaises) de demander régulièrement l'installations de backdoors "pour lutter contre le terrorisme".

Dans le cas de San Bernardino, le FBI soutien que cet accès ne constitue pas une "vraie" backdoor. C'est techniquement correct (the best kind of correct), car elle ne rend pas le cryptage d'Apple vulnérable. Mais Tim Cook répond: Toute technologie qui permet d'accéder à des informations privées est une backdoor de facto. Balle au centre.

Et moi, ça me concerne ?

C'est à vous de décider.

Dans une affaire comme celle-ci, il n'y a pas de tort et de raison, seulement des opinions. Êtes vous prêt à risquer la sécurité de vos informations privées, si la même brèche permet à la police de déjouer un attentat ?

D'un côté, le directeur de la NSA affirme que les attentats de Paris auraient été détectés à temps sans cryptage. De l'autre, Edward Snowden a prouvé que même un gouvernement n'était pas fiable une fois qu'il possédait les moyens d'envahir la vie privée de tout le monde.

Dites nous ce que vous en pensez. On en parlera dans les commentaires, sur Twitter et Facebook.

 

 

Beyoncé et Lamar ramènent la race dans le show-business

Après des années de consensus et de political correctness, les stars du showbiz sont-elles en train de récupérer « Black Lives Matter », le mouvement de défense des droits des noirs aux Etats-Unis ?

Ces dernières semaines, plusieurs stars noires du hip-hop et de R'n'B ont pris position en faveur du mouvement, dans le combat contre la discrimination et les violences policières qui s'abattent sur les communautés noire américaine.

Tout commence (comme d'habitude) avec Beyoncé. Dans le clip Formation, publié le 6 février, la légendaire pop-star revendique avec ferveur son héritage black et embrasse la cause noire. Elle chante les victimes de l'ouragan Katrina, juchée sur une voiture submergée. La dernière image du clip est un graffiti : « Stop shooting us. » Avec cette chanson, la chanteuse a même réussi à politiser la mi-temps du 50ème Super-Bowl, accompagnée de danseuses vêtues à la manière des Black Panthers.

Les Blacks Panthers, un mouvement révolutionnaire noir autrefois considéré comme terroriste, on les retrouve dans les poings levés lors du lancement du nouvel album de Kanye West : Life of Pablo.

Et surtout, il y a Kendrick Lamar, le nouvel empereur du hip-hop politisé, encensé par la critique et le président des Etats-Unis en personne. Une de ses chansons, Alright est devenu le clip officieux de Black Lives Matter. Lors des Grammy, le rappeur a frappé un grand coup. Il arrive sur scène, bleu de prisonnier, chaines aux mains et oeil poché, pour dénoncer les taux d’incarcération des noirs aux Etats-Unis.

Inspiration, ou récupération ?

Cette nouvelle génération d'égéries politiques est loin de plaire à tout le monde. Il y a d'abord eu la fureur des milieux conservateurs contre Beyoncé, parodiée dans l’émission Saturday Night Live avec le sketch « Le jour où Beyoncé est devenue noire ».

Mais les critiques proviennent aussi des activistes noirs de longue date, qui taxent la chanteuse d'opportunisme. Quelques jours après la publication de Formation, des voix s’élevaient déjà contre Beyoncé, l’accusant d’exploiter commercialement le traumatisme subi par la communauté noire de la Nouvelle-Orléans après l’ouragan Katrina. Des critiques qui rappellent celles suscitées par sa performance aux VMA en 2014, où Beyoncé avait clamé son adhésion au féminisme et subi les sarcasmes d'activistes de longue date.

Kanye West n'a pas non plus échappé aux polémiques. Le rappeur a déclaré s’être inspiré d’une photo du génocide rwandais de 1995 pour son défile Yeezus Season 3 :


Une « inspiration » qui a suscité la colère des internautes, qui l’ont accusé de monétiser un génocide.

Mais quelle qu'en soit la perception, les prises de position de Beyoncé, West ou Kendrick Lamar démontrent que le mouvement Black Lives Matter fait désormais partie de la scène politique américaine.

Comme l'analyse le site d’actualité Mic.Identities, les artistes noirs peuvent apporter leur soutien à la cause noire sans risquer leur carrière. Une étape cruciale quand, il n'y a pas si longtemps, les Black Panthers étaient considérés par John Edgar Hoover comme « la plus grande menace pour la sécurité intérieure du pays. »

80% des électeurs de Trump ne veulent pas de musulmans aux Etats-Unis. Le reste ne va pas vous surprendre.

Donald Trump va gagner la primaire républicaine en Caroline du Sud. Il n'y a presque aucun suspense d'après les résultats d'un sondage publié par le très fiable institut Public Policy Polling. Dans cet état du sud, Trump devance son plus proche poursuivant, Ted Cruz, par 35% d'intentions de vote contre 18%. L'ensemble des candidats modérés (Rubio 18% + Kasich 10% + Bush 7%) collectent 35%, soit le même score que Donald Trump.

Mais, comme souvent dans les sondages, le diable se cache dans les détails. Notamment, dans les positions défendues par les électeurs qui se déclarent en faveur de Donald Trump.

80% des élécteurs de Donald Trump sont en faveur de l'interdiction d'entrée aux Etats-Unis pour les musulmans


Les musulmans sont, de loin, les principales cibles de l'électorat de Donald Trump. Ils sont 80% à supporter sa proposition controversée d'interdire l'accès au territoire des Etats-Unis pour les personnes de confession musulmane. Parmi les électeurs de Donald Trump, on trouve aussi, pèle-mêle:

  • Création d'une base de donnée de tous les musulmans aux Etats-Unis: 62 % pour - 23% contre.
  • Fermeture de toutes les mosquées aux Etats-Unis: 40 % pour - 36 % contre.
  • Interdiction de pratiquer l'Islam aux Etats-Unis: 33% pour - 44% contre.

L'Islamophobie est donc un thème très porteur dans l'électorat très conservateur de Caroline du Sud. Au niveau national, les deux-tiers des partisans de Donald Trump sont d'ailleurs convaincus que Barack Obama est lui-même musulman.


Ceci dit, ce n'est pas le seul racisme porteur. Les vieilles idées anti-japonaises sont toujours très populaires. 32% des électeurs de Trump déclarent que la politique d'internement de masse des citoyens d'origine japonaise pendant la Seconde Guerre Mondiale était une bonne politique - 33% disent le contraire.

31% en faveur de l'interdiction d'entrée aux Etats-Unis pour les gays

Pas vraiment de surprise ici. Les gays ne sont toujours pas très populaires dans les états du Sud. Exclure les gays d'entrée aux Etats-Unis n'est pas une vraie proposition de Donald Trump, mais elle a été inclue dans le sondage du PPP car réclamée par certains de ses plus farouches supporters.

C'est d'autant plus édifiant que, parmi les supporters des autres candidats - y compris ceux de Ted Cruz et Ben Carson qui s'appuient sur le vote des chrétiens évangélistes -, ce chiffre n'atteint jamais plus de 17%.

38% pensent que le Sud aurait dû gagner la Guerre Civile

La blessure confédérée ne s'est toujours pas refermée en Caroline du Sud. Dans cet ancien état rebelle, 70% des électeurs de Trump considèrent que le drapeau confédéré devrait flotter au dessus du Capitole de l'état à Charleston.

D'ailleurs, pourquoi s'arrêter là? 38% d'entre eux estiment aussi que le Sud aurait dû remporter la Guerre Civile, contre 24% heureux que les Yankees aient prévalu. L'abolition de l'esclavage était, rappelons le, l'un des enjeux du conflit.

Revue de presse: Retour sur les Grammy Awards

Les moments marquants des Grammy Awards

  • La meilleure performance: Kendrick Lamar

Grande nuit pour Kendrick Lamar. Le rappeur de 28 ans a opéré une véritable razzia sur les catégories rap de la compétition (meilleur album, meilleure chanson et meilleure performance). C'est aussi lui qui a signé la performance la plus éblouissante de la soirée avec The Blacker the Berry, se présentant en chaînes, ses musiciens en cellule, pour cette chanson au texte très politique, sur les relations raciales aux Etats-Unis.

  • La pire performance: Adèle (mais c'est pas sa faute)

Non, Adèle ne chante pas faux. Comme en témoigne le public du Staples Center, la performance de la chanteuse était très bonne hier soir. Mais la qualité n'était pas au rendez-vous pour les téléspectateurs. En cause: Le micro du piano de son accompagnateur, tombé dans les cordes. Comme l'explique la chanteuse: "Shit happens".

 

  • Le palmarès:

L'autre grande gagnante de la soirée: Taylor Swift, qui remporte le prix de l'album de l'année pour "1989". Dans le palmarès, on retrouve aussi Bruno Mars (enregistrement de l'année), Muse (album rock de l'année), Ed Sheeran (chanson de l'année), Meghan Trainor (meilleure nouvelle artiste) ou encore Alabama Shakes (meilleur album indé).

Les Inrocks dressent le palmarès complet tandis qu'Entertainment Weekly classe les performances live de la soirée.

Antonin Scalia est mort. Et maintenant?

Le moment de recueillement après la mort d'un des juges les plus respectés de la Cour Suprême - et sans doute celui dont les avis sont les plus drôles à lire - n'aura pas duré longtemps. Place à la bataille politique. En jeu? Rien moins que le futur de la Cour Suprême, un organe crucial aux Etats-Unis qui a pu autoriser le mariage gay sur tout le territoire ou bloquer les restrictions d'émissions de CO2 décrétées par Barack Obama.

Les lignes de bataille sont définies. D'un côté, les démocrates veulent que le président nomme un remplaçant aussi vite que possible, tandis que les républicains qui contrôlent le Congrès promettent déjà de refuser de confirmer toute nomination. L'élection de 2016 pourrait bien décider également du futur de la Cour Suprême.

Editorial de Paul Krugman (New York Times): Comment l'Amérique s'est perdue

Messieurs, besoin de viagra? Demandez un mot de votre épouse et jurez sur la Bible.

Scandalisée par la nouvelle loi "sexiste" obligeant les femmes à passer par un conseil psychologique dans les 24 heures avant une demande d'avortement, Mary Lou Marzian, une élue démocrate de l'assemblée du Kentucky a proposé le pendant masculin des lois proposées par les lobby anti-avortement et anti-contraception.

Selon ce texte, qui sera bientôt examiné (et refusé) par l'assemblée, un homme qui souhaite obtenir du viagra devrait:

  • Faire au moins deux visites préalables chez le médecin
  • Jurer sur la Bible que le viagra ne serait utilisé que dans le cadre de son mariage
  • Obtenir une permission écrite de son épouse.

"Le mieux que je puisse espérer, c'est que cette loi va galvaniser les femmes. Leur faire dire: "Trop, c'est trop" auprès de leurs élus [...] pour en finir avec cet assaut législatif sur le corps et l'esprit des femmes." explique Mary Lou Marzian.

Une élue du Kentucky veut que les hommes jurent sur la Bible pour avoir du viagra (NBC News)

A Brooklyn, les artistes sont "excités" par Bernie Sanders

La soirée ressemble à une fête typique de Brooklyn, un vendredi soir : des barbus, de la bière blonde mexicaine à prix coûtant, des tatoos et des paires lunettes dans tous les coins. On aperçoit même Neil Harbisson, le célèbre homme-cyborg et son antenne.

neil harbisson

Le cyborg Neil Harbisson est un fan de Bernie

vue de haut

L'expo "Weekend with Bernie" vendredi soir, pleine à craquer

Mais la photo géante de Bernie Sanders qui clignote à la vitre nous indique d’emblée qu’on ne met pas seulement les pieds dans un repaire d’artistes cools et de hipsters. Bienvenue à "Weekend with Bernie", l’exposition dédiée au socialiste Bernie Sanders (baptisée en clin d’oeil à la comédie culte des années 80, Weekend at Bernie’s) qui se tient ce week-end à New York.

Des "dollars Bernie" pour acheter du thé kombucha

Ici, pas de billets verts. En entrant, on nous tend (gratuitement) des "dollars Bernie", qui nous permettront d'acheter du thé kombucha ou des barres de céréales végétaliennes dans une "épicerie Bernie".

bodega

bernie dollars

Un gros ballon représentant la tête de Bernie Sanders flotte au-dessus des têtes et dans un coin, un docteur propose de réaliser des bilans de santé gratuitement, en écho au programme du candidat démocrate, qui promet la sécurité sociale gratuite pour tous.

balloon

Telle un soleil, la tête de Bernie Sanders flotte au-dessus des visiteurs

Pour le docteur Liz Horowitz, la réforme du système de santé est le point le plus important du programme de Bernie Sanders

Pour le docteur Liz Horowitz, la réforme du système de santé est le point le plus important du programme de Bernie Sanders

L’expo, qui a lieu ce week-end, est organisée par l’artiste new-yorkais Matt Starr. Originaire de Brooklyn, 27 ans, Matt, qui se dit "obsédé" par Julian Assange et Edward Snowden, est un born again de la politique. Il affirme ne s’y être jamais intéressé… jusqu’à ce qu’il découvre Bernie Sanders, l'été dernier. "Il m’a donné la clef", affirme Matt, "il a rendu les questions politiques accessibles pour moi. En retour, je veux inspirer les jeunes pour qu’ils votent pour Sanders. Et avec les réseaux sociaux, je sais qu'on peut gagner l’élection !" (Matt n'a peut-être pas tort : Bernie Sanders a déjà de très bons résultats auprès des jeunes, comme l’ont révélé les récents scrutins).

Jeune artiste, Matt n’a pas un sou pour financer la campagne de son candidat favori. Alors, avec un budget total de $54, il a donné ce qu’il avait de mieux, dit-il : une expo à la gloire du socialiste de 74 ans, organisée en seulement un mois.

The Weekend, MLK et Bernie

The Weekend, MLK et Bernie

harbisson paiting

L'oeuvre du cyborg Harbisson

bernie ET

Berni-ET

bernie terre bernie carton

Seul mot d’ordre pour les 30 artistes (dont la majorité sont américains) qui exposent : présenter une œuvre inspirée par Bernie. Certaines oeuvre étaient empreintes d'ironie :

"Au moins, tu essaies encore"

"Au moins, tu essaies encore"

D'autres n'avaient pas pour objet Bernie Sanders :

Pour certains, rendre hommage à Bernie, c'est représenter Trump avec des yeux de grenouille

Pour certains, rendre hommage à Bernie, c'est représenter Trump avec des yeux de grenouille

Référence au mouvement "Black Lives Matter"

Référence au mouvement "Black Lives Matter"

Parmi la quarantaine d'artiste contactés par Matt Starr, on compte John Waters, le réalisateur du film culte et subversif Pink Flamingos, qui n’a pas souhaité participer, affirmant qu’il n’était pas inspiré par la politique. "Tout le monde était super enthousiaste, je n'ai reçu que trois refus pour raisons politiques, alors que je ne savais même pas s'ils étaient pour Bernie avant de les contacter", affirme Matt. "J'ai juste appelé les artistes que je connais et que j'aime".

L'art démocrate-socialiste

Le résultat peut-il être qualifié d’art "démocrate-socialiste", un label revendiqué par Bernie Sanders lui-même ? "Chaque artiste tente de provoquer un dialogue sur une question sociale. Il n’y a pas d’œuvre abstraite", estime Matt Starr. On en a quand même trouvé une.

"End fossil fuel subsidies" par Monica Ramos

Les artistes représentent eux aussi une réserve de voix potentielle pour Sanders. "Seul 1% d'entre nous gagne beaucoup d’argent", estime Matt, reprenant ainsi le discours de Santers qui vitupère le rôle des "1%" des Américains les plus riches, qui ont profité de la croissance économique des dernières années. "Personnellement, je ne peux pas me permettre de payer pour avoir une bonne couverture santé. C’est très dur quand on travaille en freelance. Le programme de Sanders ne peut que bénéficier aux artistes. Il nous aidera à ajouter de la stabilité dans notre mode de vie si particulier".

La Fashion Week de New York: Un modèle en perte de vitesse?

Comme chaque année, les collections automne-hiver de l’année suivante seront présentées à New York pour la traditionnelle Fashion Week.

Un rendez-vous autrefois aussi élitiste qu'indispensable pour les créateurs, qui y dévoilent leur collection 6 mois à l’avance. Mais au temps d’internet, la tradition s’émousse.

Plusieurs grands créateurs ont fait faux bond à la manifestation . La marque anglaise Burberry a dévoilé ses collections homme et femme en septembre. Paul Smith et Tom Ford (YSL, Gucci) lui ont emboîté le pas. Un signe des temps qui changent.

Le problème des réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux avaient été assimilées par les grandes maisons de mode à un eldorado : l'outil parfait pour contrôler son image et de toucher directement le public, sans l’intermédiaire des médias. Mais désormais, la culture de l’immédiateté semble les avoir rattrapés : « On a vécu dans un calendrier et un système qui datent d’une autre époque. Ça n’a plus de sens » a déclaré Tom Ford à Vogue pour expliquer son absence à New York.

La collection de la créatrice Rebecca Minkoff, présentée à la Fashion Week, sera disponible non pas dans six, mais un mois après sa révélation au grand public. Une stratégie pour prendre à bras-le-corps les effets des réseaux sociaux : « L’image ne s’usera pas, vous n’en aurez pas marre de cette veste que vous voyez sur tous les comptes Instagram et les sites internet. », rapporte l’AFP.

Car les consommateurs ne veulent plus attendre six mois pour acheter une création aperçue partout sur internet. Surtout, observe le New York Times, s’ils peuvent obtenir une copie moins chère chez une marque de distribution qui a observée la tendance des réseaux : « Les réseaux sociaux sont le laxatif du monde de la mode, explique Scott Galloway, directeur d’un cabinet spécialisé en conseil digital. Les gens digèrent tout beaucoup plus vite : la tendance, le produit, la découverte. »

Pour faire face à ces bouleversements, l’industrie de la mode tente de s’organiser. Le Conseil des créateurs de mode américains, propriétaire du calendrier de la fashion week, est à la recherche d’un nouveau mode de fonctionnement pour un système qu’il juge « inopérant ». Depuis décembre, il a lancé une étude dont les résultats devraient être révélés prochainement : « Les créateurs, les distributeurs et les éditeurs s’interrogent depuis un certain temps sur la pertinence de la Fashion Week dans son format actuel », a expliqué Steven Kolb, son PDG.

Kanye West, notre phare à tous

Cette année, c'est le rappeur/maître du monde Kanye West qui a le mieux illustré la "nouvelle" Fashion Week. Son spectacle Yeezy Season 3 présentait à la fois sa collection de prêt-à-porter et son nouvel album Life of Pablo. Si l'accès aux défilé était autrefois très élitiste, cet évènement s'est tenu au Madison Square Garden. 18 000 places ont été vendues pour des tarifs similaires à ceux d'un concert normal.


De plus, le show a été retransmis en direct et gratuitement sur la plateforme de streaming créée par Jay-Z: Tidal.
Aura-t-il fait suffisamment de bruit pour devenir le modèle à suivre pour les prochaines Fashion Weeks?