Donald Trump, le candidat républicain en tête des sondages depuis plusieurs mois, s'apprête à déverser des montagnes de dollars pour gagner les primaires républicaines.
"Je n'ai pas dépensé beaucoup [pour ma campagne] (et je suis premier). Maintenant, je vais dépenser à flot en Iowa, dans le New Hampshire et en Caroline du Sud" a-t-il prévenu ce mardi, faisant référence aux 3 états où auront lieu les prochaines primaires, en février 2016.
Donald Trump aime à jouer de sa richesse pour se décrire comme un candidat indépendant, qui ne repose pas sur les dons de potentiels lobbys, mais uniquement sur sa propre fortune (même si la majorité des fonds utilisés pour financer sa campagne provient en réalité de donateurs).
D'où vient la richesse de cet homme régulièrement décrit comme un "magnat de l'immobilier" ? Quelques questions pour mieux comprendre.
Combien vaut Trump ?
Il affirme valoir plus de 10 milliards de dollars. Mais selon une analyse de Bloomberg en juillet dernier, basée sur les documents financiers publiés par M. Trump lui même, sa richesse s'élève à 2,9 milliards de dollars (2,65 milliards d'euros).
Le magazine Forbes, qui s'appuie sur "plus de 80 sources", évalue la fortune de M. Trump à 4,5 milliards de dollars (4,12 milliards d'euros) - un chiffre démenti par l'intéressé.
A titre de comparaison, le fondateur de Microsoft Bill Gates, homme le plus riche de la terre, avait un patrimoine net de 83 milliards de dollars en décembre 2015. Trump serait également moins riche que le père de l'opérateur téléphonique Free, le Français Xavier Niel, dont Bloomberg estime la richesse à 8 milliards de dollars.
Malgré la publication de documents financiers cet été, il est difficile d'évaluer la richesse de Trump avec précision.
Elle est sujette à débat depuis plusieurs années. En 2006, le milliardaire poursuivait l'auteur du livreTrump Nation pour avoir sous-évalué son patrimoine. La justice n'avait pas donné suite aux poursuites.
Que possède-t-il ?
Principalement, des biens immobiliers. Le plus connu est la "Trump Tower" (la tour Trump) sur la cinquième avenue à New York, haute de 200 mètres :
Crédit : Urban
Donald Trump possède par ailleurs des parts dans plusieurs sociétés, y compris "des noms familiers comme Apple, Nike, Whole Foods, Google, Philip Morris, Raytheon, Facebook, et Morgan Stanley", précise Business Insider.
Il est présent dans tous les secteurs - y compris celui des manèges, avec une société de gestion de carrousels, relèvait CNN en juillet. Le magnat de l'immobilier a également investi dans des fonds spéculatifs.
Ces diverses possessions génèrent un revenu considérable chaque année. Selon une estimation du NYT, 17% des revenus de Trump provient de la vente d'appartements, 11% des loyers qui lui sont payés. Le Républicain perçoit également des droits d'auteurs pour la vente de ses livres, sans compter l'argent gagné en s'exprimant lors de conférences (1,75 million de dollars en un peu plus d'un an).
Donald Trump est-il un héritier ou un homme d'affaires à succès ?
Dans un livre intitulé "Comment devenir riche", le milliardaire se décrit comme un "self-made man" - un homme parti de rien, qui a amassé des montagnes de dollars grâce à son sens des affaires.
Pourtant, selon une analyse d'Associated Press, la richesse de Trump n'a pas connu d'augmentation spectaculaire depuis 1988.
En se basant sur l'estimation de Forbes, le patrimoine de Trump est passé d'un milliard à 4 milliards de dollars sur la période. "C'est un gain impressionnant", écrit le Washington Post, "mais ça n'a rien à voir avec la richesse produire par des investisseurs comme Warren Buffett ou Bill Gates".
"Malgré cette faible performance, il est aujourd'hui milliardaire parce qu'au début de sa carrière, son père avait déjà construit un empire immobilier colossal", ajoute le journal, qui rappelle que la richesse du père de Donald Trump a été amassée grâce à des "subventions de l'Etat fédéral".
Ses déclarations-choc peuvent-elles nuire à son patrimoine ?
Au début du mois, Donald Trump plaidait pour empêcher les musulmans d'entrer sur le territoire américain. Or le milliardaire tire une partie de sa fortune d'investissements dans des pays à majorité musulmane comme les Emirats Arabes Unis, l'Azerbaïdjan, la Turquie et l'Indonésie. Les déclarations anti-musulmans de Trump n'y sont pas passé inaperçues.
Ce mois-ci dans le Golfe, une enseigne de grands magasins a retiré les produits estampillés "Trump". "A la lumière des récentes déclarations du candidat à la présidentielle dans les médias américains, nous avons suspendu la vente de tous les produits de la gamme de décor d'intérieur Trump", a expliqué le PDG des boutiques de décoration d'intérieur Lifestyle, basées à Dubaï, interrogé par l'AFP.
Les produits en question, "décorations d'intérieur, des accessoires pour le bain, des lampes ou des miroirs décoratifs", sont en vente au Koweït, en Arabie Saoudite, au Qatar et aux EAU, rapporte Reuters.
Ce retrait est d'autant plus important que Trump "génère désormais la majorité de ses revenus via l'octroi de licenses à son nom sur des terrains de golf, des complexes de luxe et des produits vendus au détail", selon Reuters.
Mais tous les partenaires du candidat n'ont pas la même approche. A Dubaï, le groupe Damac, qui construit un terrain de Golfe en partenariat avec Trump, a refusé de s'exprimer "sur le programmes politique ou personnel de M. Trump, ni sur le débat public aux Etats-Unis", a déclaré son vice-président à l'AFP. Les affaires sont les affaires.