Donald Trump réclame un moratoire sur l'immigration des Musulmans

Le candidat républicain Donald Trump, en tête des sondages, a appelé à mettre fin à l'immigration musulmane moins d'une semaine après l'attentat de San Bernardino. Crédit : Ninian Reid

Donald Trump réclame l'instauration d'un moratoire sur l'entrée des immigrés musulmans aux Etats-Unis "jusqu'à ce que les élus de notre pays comprennent ce qui se passe", selon un communiqué publié sur son site de campagne.

Le candidat républicain, en tête des sondages pour l'investiture de son parti depuis plusieurs mois, cite ensuite des chiffres du sérieux Pew Research Center, pour affirmer qu'il existe "une forte haine envers les Américains de la part de larges segments de la population musulmane". Le magnat de l'immobilier ne précise pas sur quelle étude il s'appuie pour avancer cet argument.

Trump invoque un sondage biaisé pour illustrer la "haine" des Musulmans envers l'Amérique

Il mentionne également un sondage du Center for Security Policy, un think tank conservateur connu pour ses accusations à l'encontre des Musulmans, selon lequel 25% des musulmans aux Etats-Unis pensent que la violence envers les Américains est justifiée par le djihad, et 51% défendent le droit à être gouverné par la Charia. Le sondage, qui a été conduit sur 600 Musulmans vivant aux Etats-Unis, a été qualifié de "biaisé" et de "criblé de défauts" par le centre pour la compréhension des Chrétiens et des Musulmans de la prestigieuse université de Georgetown.

Un contexte tendu après les attentats de San Bernardino

Le communiqué de Donald Trump a été publié en pleine investigation du FBI, qui enquête sur un couple de Musulmans radicalisés qui est suspecté d'avoir tué 14 personnes lors d'une attaque dans un centre de services sociaux à San Bernardino, en Californie, la semaine passée. L'une des suspects, Tashfeen Malik, est née à l'étranger.

Le plaidoyer de Trump intervient également moins d'un mois après les attentats qui ont fait 130 morts en région parisienne, et qui avaient radicalisé le débat sur l'accueil des réfugiés syriens sur le territoire américain. Donald Trump s'était vivement opposé à l'arrivée de réfugiés, invoquant même une trop grande différence de températures entre les Etats-Unis et la Syrie. 

Trump, roi des déclarations-choc

Le troll milliardaire ne crée pas la surprise : Trump est connu pour ses déclarations choc. En septembre, il déclarait : "Dans ce pays, nous avons un problème. Son nom : les Musulmans". Par la suite, il avait pourtant tenté d'apaiser les tensions en établissant une distinction entre musulmans et extrémistes musulmans. "J'ai des amis qui sont musulmans et ce sont des personnes exceptionnelles", a-t-il déclaré sur CNN. "[Les extrémistes musulmans sont] un problème dans ce pays, c'est un problème dans le monde entier... Il y a effectivement un problème avec les musulmans radicaux", a-t-il ajouté.

Le milliardaire sous le feu des critiques

En totale opposition avec Trump, le président Obama appelait dimanche soir dans un discours solennel à ne pas confondre guerre contre le terrorisme et guerre contre l'Islam. "Donald Trump utilise les peurs des gens", a affirmé Josh Earnest, porte-parole de la Maison blanche, à l'antenne de MSNBC lundi soir, ajoutant qu'il s'agissait d'une stratégie pour gagner des points dans les sondages.

Les propos de Trump ont déclenché une avalanche de critiques sur Twitter, de la part de Démocrates comme de Républicains. "Donald Trump est déséquilibré. Ses propositions de "politiques" ne sont pas sérieuses", a affirmé Jeb Bush, concurrent de Trump dans la course à la Maison blanche :

Le sénateur républicain de Caroline du Sud Lindsey Graham a demandé à tous les candidats à la présidence de condamner le communiqué de Donald Trump.

Every candidate for president needs to do the right thing & condemn @Realdonaldtrump's statement.

— Lindsey Graham (@LindseyGrahamSC) December 7, 2015