Elections 2016: Tout ce que vous devez savoir avant le Super Tuesday

Le Super Tuesday, le jour le plus important des primaires américaines, commence aujourd'hui aux Etats-Unis. A partir de 7 heures du matin heure locale (13h en France), 12 états voteront pour désigner le représentant de leur parti aux élections générales de novembre prochain. Nous suivrons le scrutin en direct de Virginie sur notre compte Twitter.

Quel est l'enjeu

1004 délégués démocrates et 595 délégués républicains dans 12 états.

Il y a plus de délégués en jeu aujourd'hui qu'à n'importe quel autre moment des primaires. Environ un quart (un peu moins pour les démocrates) des délégués sont à attribuer. Le "Super Tuesday" est la première occasion pour un candidat de creuser de réels écarts dans la course à la nomination.

Une nuance toutefois, lors de ce Super Tuesday, tous les états répartissent leurs délégués à la proportionnelle. C'est à dire qu'une victoire avec un écart réduit n'a pas énormément d'impact sur la course aux délégués. Le Super Tuesday donne souvent une excellente indication du futur nominé, mais cette année il ne suffira pas à lui seul. Il faudra sans doute attendre les primaires de la mi-mars (notamment l'Illinois et la Floride qui attribuent tous leurs délégués au vainqueur) pour voir se créer des écarts insurmontables.

 Quels sont les états qui comptent ?

Deux états se dégagent en particulier. Tout d'abord la Virginie, un "swing state" - état clé - pour l'élection générale de novembre. Malgré la domination probable de Donald Trump et Hillary Clinton, les scores de participation seront très observés en vue des élections générales.

Mais surtout: Le Texas. Le plus grand état de ce Super Tuesday attribue à lui seul 155 délégués républicains et 252 délégués démocrates. Lors de l'élection générale, le Texas est un état acquis aux républicains, mais il est crucial pour une primaire. Ted Cruz, sénateur du Texas, joue à domicile. Mais il joue aussi sans doute son avenir dans cette campagne. S'il Trump parvenait à le battre dans son propre état, difficile d'imaginer un retour en force pour Cruz.

 Qui est favori?

Donald Trump et Hillary Clinton. Largement. Très largement même.

Avec 49% des intentions de votes dans un sondage national, Trump pourrait presque battre les 4 autres candidats réunis.

Qui est en danger?

Ben Carson et John Kasich jouent sans aucun doute leurs dernière cartes, s'ils ne parviennent pas à remporter au moins un état - et il n'y parviendront sans doute pas -, difficile d'imaginer que leurs campagnes puissent survivre. L'aspect financier à lui seul deviendrait problématique, avec des donneurs se rabattant vers des candidats plus éligibles.


Ensuite, il y a Ted Cruz et Bernie Sanders. Comme on l'a vu, Ted est en danger dans le Texas, tandis que Sanders traîne derrière Clinton dans la course aux délégués (merci, les superdélégués!) Extrémistes de leurs partis respectifs, ils doivent prouver leur éligibilité en renversant les favoris dans suffisamment d'états et en maintenant des écarts raisonnables ailleurs.

De son côté, Marco Rubio a plus ou moins été désigné héritier par défaut des espoirs de l'establishment républicain. Même s'il ne remporte aucun état - c'est probable -, le financement de sa campagne est assuré, au moins jusqu'à la primaire de Floride ou il jouera "à domicile". Toutefois, battre Ted Cruz serait un large plus s'il veut mettre en danger Donald Trump pour la suite.

Recevez notre couverture des élections, tous les matins dans votre boîte mail, grâce à notre Newsletter!

Tout le monde se tourne contre Donald Trump, et il n'hésite jamais à répondre. Crédit : Mike Licht

#MakeDonaldDrumpfAgain: Trump contre le reste du monde

Est-il vraiment honorable de se moquer de quelqu'un à cause du nom de famille allemand de ses ancêtres? En temps normal, non. C'est mal. Mais quand il s'agit de Donald Trump et que le nom en question est "Drumpf", les utilisateurs de Twitter (et l'auteur de ce blog) n'ont aucune pitié.

#MakeDonaldDrumpfAgain

C'est l'humoriste britannique John Oliver, présentateur de l'émission d'HBO "Last Week Tonight" qui a ouvert le feu. Silencieux sur le phénomène Trump depuis plusieurs mois car, comme il l'explique lui-même "à chaque fois que l'on mentionne son nom à voix haute, Trump a un puissant orgasme", Oliver s'est attaqué au magnat de l'immobilier dans un long éditorial, sans retenir ses coups.

Mais surtout, Oliver s'attaque à la "marque" Trump. Un nom qui est devenu synonyme de succès et de richesse aux Etats-Unis. Et l'humoriste de proposer que l'on revienne au nom flamand des ancêtres de Donald Trump: "Drumpf" - "un nom qui évoque le son d'un pigeon qui s'écrase contre une vitre".

Twitter s'est rallié derrière le hashtag #MakeDonaldDrumpfAgain (une parodie de #MakeAmericaGreatAgain), le deuxième plus utilisé sur le réseau social aujourd'hui. Last Week Tonight a également créé le site web "Make Donald Drumpf", qui propose de "Drumpfer" toutes les mentions au Donald d'une page web.

Gawker: Le robot fasciste

Le prix du trolling anti-Trump le plus sophistiqué revient à Gawker et à son "bot Mussolini". En décembre dernier, les journalistes du site d'information ont codé un bot Twitter - pas vraiment dissimulé par le nom: "@Ilduce2016" - avec le but spécifique d'envoyer des citations de Benito Mussolini à Donald Trump.

Et ce week-end, Donald en a retweeté une: "Il vaut mieux vivre un jour comme un lion que 100 ans comme un mouton"
- Benito Mussolini.

Le "leeder" qu'il nous faut

On doit cette vidéo à Jimmy Kimmel, du Jimmy Kimmel Live sur ABC. A partir d'une phrase de Trump après sa victoire en Caroline du Sud ("on a gagné chez les gens peu éduqués. J'adore les gens peu éduqués!"), les équipes de Kimmel ont réalisé un faux clip de campagne, bourré de fautes d'orthographe et de références absurdes.

Un signe favorable pour Trump?

Derrière l'humour, ces attaques reflètent bien une tendance qui a émergé ces dernières semaines. Aux Etats-Unis, Donald Trump n'a plus le monopole des attaques ad hominem. Que ce soit dans les médias, chez les démocrates ou les républicains, il en est maintenant l'une des cibles principales.

Ses adversaires politiques s'y sont mis avec vigueur lors du dernier débat, et les discours de Marco Rubio - pour ne citer que lui- ressemblent maintenant à des chapelets d'injures et de sous-entendus dirigés contre Trump: "Vous savez ce qu'on dit d'un homme qui a de petits mains?" (Il veut dire qu'il a un petit pénis. La politique a son meilleur niveau.)


D'une certaine manière, Donald Trump a défini le ton de cette campagne. Plutôt que de s'élever au niveau attendu d'une course présidentielle, il est parvenu à abaisser le reste du débat politique jusqu'à lui. La politique américaine est désormais plus polarisée que jamais entre Trump et le reste du monde.

Elections 2016: Retour sur le débat républicain

Les 5 derniers candidats républicains se retrouvaient ce soir à Houston, pour le dernier débat avant le Super Tuesday du 1er mars. Le débat a été plus hostile encore que les précédents, et pour nous, encore plus amusant.

Le résumé en un gif:

Duel dans le Texas: Marco Rubio et Ted Cruz attaquent Donald Trump

Il aura fallu attendre dix débats (dix débats!) pour que les adversaire de Donald Trump se liguent contre le favori. Et par "les adversaires", on veut parler de Marco Rubio et Ted Cruz. John Kasich a été bon, mais isolé du débat, et Ben Carson aurait pu rester au lit.

Une chose est sûre, Rubio, Trump et Cruz étaient venus pour en découdre. Tous les trois avaient fais leurs devoirs et préparé les petites phrases. Et à ce jeu, avec son bilan de businessman, ses donations aux démocrates et la grosse cible de favori sur le dos, Trump était le plus vulnérable.

Marco Rubio est venu le chercher sur des affaires douteuses de sa carrière dans l'immobilier - par exemple des travailleurs illégaux polonais embauchés en 1983 - tandis que Ted Cruz l'attaquait sur son conservatisme.


Ceci dit...Attaquez le Donald, le Donald va répondre. Trump ne s'est pas laissé faire. Bon sur la défensive, il s'est montré adepte à pointer les failles de ses adversaires et ses propres qualités.

John Kasich: L'homme sérieux

On s'en serait voulu de ne pas accorder sa propre mention à John Kasich. Il ne survivra sans doute pas au Super Tuesday, mais à chaque fois que le modérateur de CNN Wolf Blitzer (oui, il s'appelle Wolf Blitzer) cherchait à ramener la discussion dans le domaine de la politique, c'est à John Kasich que la parole est revenue.

Isolé du mano-a-mano-a-mano, Kasich en a profiter pour dérouler un vrai programme politique.

Personne n'a écouté, mais ça aura donné l'occasion pour les trois autres - et les spectateurs - de reprendre un peu leur souffle avant de recommencer à se taper dessus.

Ben Carson: Il était là

Deux extraits pour résumer la performance de Ben Carson:

  • "On me dit que je me plains beaucoup parce que je n'ai pas de temps de parole. Je vais me plaindre."
  • "Quelqu'un peut m'attaquer?"

Allez Ben. C'est fini maintenant. Mais tu va nous manquer quand même.

Le résultat: Sans doute un match nul

Pour vraiment renverser cette course à seulement 5 jours du Super Tuesday, il aurait fallu que Marco Rubio et Ted Cruz essuient le parquet avec le Donald. Rien, sauf une destruction complète, n'allait suffire.

Trump a pris quelques coups, mais pas de quoi éliminer son énorme avance dans 10 des 12 états du Super Tuesday. Mardi soir, Trump va renouer avec la victoire, et il sera plus que jamais le candidat républicain présomptif.

Vous pouvez retrouver notre couverture des élections, tous les jours dans votre boîte mail, grâce à notre Newsletter.

Sinon, au bureau, on veut organiser une rap battle entre Donald Trump et DJ Khaled. Anyone?

Elections 2016: Les sondages du Super Tuesday

Super Tuesday: Devinez qui est favori? Indice: La touffe.

Les primaires des deux partis se dirigent à grand pas vers le Super Tuesday, qui se déroulera mardi. 12 états votent, avec 595 délégués républicains en jeu (1237 nécessaires pour l'emporter) la nomination et 1004 délégués démocrates (2383 nécessaires). Autant dire qu'après la journée de mardi prochain, on sera nettement plus proches de connaître le candidat nominé par chaque parti pour l'élection générale et les équipes de campagne sont sur le pied de guerre.

Et puisque nous n'avons rien de mieux à faire, faisons un tour par les sondages.

    • Chez les républicains. Donald Trump est donné favori dans 9 états. Ted Cruz dans 2 états et Ben Carson dans 1 état. Dans, Trump est crédité de 33,6% des intentions de vote. Ted Cruz est second avec 20,4% et Marco Rubio troisième avec 16,4%.
    • Chez les démocrates, Hillary Clinton est donné favorite dans 9 états contre 2 pour Bernie Sanders. Dans l'ensemble, Hillary Clinton est créditée de 47.6% des voix contre 42% à Bernie Sanders.

Une attention particulière sera portée à l'état du Texas chez les républicains. C'est le plus grand état en jeu lors de cette course, et celui ou Ted Cruz joue "à domicile". Le sénateur du Texas était annoncé grand vainqueur du scrutin depuis longtemps, mais Donald Trump est en train de combler l'écart. Selon un sondage publié aujourd'hui, les deux hommes seraient à égalité. Danger pour Cruz, qui joue une grande partie de sa crédibilité sur ce résultat.

Trump reçoit son premier soutien du Congrès

Donald Trump a reçu hier son tout premier soutien en provenance du Congrès. Le sénateur de New-York Chris Collins, lui-même chef d'entreprise et l'un des plus riches membres du Congrès, a publiquement annoncé qu'il se rangeait aux côtés de son compère New-yorkais. Selon Collins, Trump a: "Le cran et la force morale" pour devenir président.

En temps normal, le nombre de soutiens d'un candidat en provenance du Congrès est l'un des marqueurs les plus fiables de la course vers la nomination. Mais Donald Trump est passé par là et tous les indicateurs traditionnels sont à refaire. Avant de se résigner, Jeb Bush était largement en tête des soutiens venus du Congrès.

Aller plus loin:

Avec la montée de Donald Trump au rang de favori pour la nomination républicaine, les cartes sont rebattues au Congrès. Les républicains, qui ne pouvaient jusqu'ici croire en une victoire du magnat de l'immobilier, sont obligés de s'adapter à ce séisme politique.

En cinq scénarios, tous envisageables, le New York Times analyse les facteurs qui pourraient faire dérailler la locomotive Trump. Puissances financières, Rubio comme alternative, un débat atroce, des échecs cruciaux et surtout sa propre grande bouche. Tout y est pour le voir échouer.

Barack Obama doit nommer un nouveau juge à la Cour Suprême, et il a laissé flotter le nom du républicain Brian Sandoval, ancien juge fédéral et gouverneur du Nevada. Sandoval est un centriste, susceptible de plaire aux deux partis. Pourtant, les leaders républicains du Congrès ont déjà annoncé qu'ils bloqueraient tout de même sa nomination.

 

La campagne de Ben Carson était-elle une vaste arnaque?

Aujourd'hui, la campagne de Ben Carson est en ruine. Dernier en Caroline du Sud. Avant dernier dans l'Iowa. Ni dynamique, ni soutiens, ni espoir. Pour résumer: Il est temps d'en finir.

Un tel désastre que Ben Carson a choisi de faire le ménage dans son staff au début du mois de février. Il l'explique avec une formule révélatrice: "Nous avions des gens qui ne comprenaient pas la comptabilité. Ou peut-être qu'ils comprenaient et qu'ils faisaient exprès de le faire mal".

Avec une innocence presque touchante, Ben Carson a dit tout haut ce que beaucoup d'observateurs pensaient tout bas: Sa campagne présidentielle n'était peut-être qu'une gigantesque arnaque.

Revenons en arrière un instant. Nous sommes à l'automne 2015. Ben Carson arrive de nulle part dans les sondages pour s'installer à la deuxième place, derrière Donald Trump. Tandis que les candidats de l'establishment se reposent sur leurs Super-Pacs, Carson collecte plus d'argent en donations directes qui quiconque. Aujourd'hui, il a collecté: 57,9 millions de dollars, contre 54,4 pour Cruz, 34,7 pour Rubio et 25,5 pour Trump).

Et si c'était ça, et seulement ça, le but de sa campagne?

Indice n°1: Des techniques bizarres

Les méthodes de la campagne Carson ont vite fait lever quelques sourcils. La plus grande partie de ses revenus retournent directement à des efforts pour lever plus de fonds. Et les techniques utilisées sont très coûteuses, comme le télémarketing et le courrier direct.

Par comparaison avec d'autres candidats, Carson utilise peu internet ou la télévision, pourtant beaucoup plus efficaces pour convaincre les électeurs par dollar dépensé.

Indice n°2: Dépense l'oseille et tire toi!

Malgré ses collectes généreuses, la campagne est (presque) ruinée. A l'approche du Super Tuesday, il ne reste plus que 4 millions de dollars dans les caisses de Ben Carson for President. C'est très peu, d'autant plus qu'avec sa baisse dans les sondages, Carson ne lève plus autant d'argent qu'avant. En janvier, il a plus dépensé que collecté. Surprenant, à ce stade d'une campagne qu'il voulait "nationale".

Indice n°3: A qui profite le crime?

On entre dans le domaine du flagrant. Selon The Atlantic, les entreprises payées pour réaliser les campagnes de communication coûteuses de Carson appartiennent à des cadres de la campagne, ou à certains de leurs proches.

Conclusion:

Tout indique que la campagne Carson se comporte comme une machine à engranger les fonds des donations et à les dépenser rapidement, plutôt que comme une organisation politique nationale. En même temps, vu les scores du candidat, il ne reste pas beaucoup de temps pour encaisser les chèques.

Une dernière question demeure: Ben Carson profite-t-il de cette "arnaque"? Ou est-il jusqu'au bout des ongles le candidat lunaire que l'on adore pendant les débats? Difficile à dire, mais le candidat continue d'espérer "un énorme retournement en faveur de sa campagne." Il est adorable on vous dit.


Ceci dit: Un candidat à la plus haute fonction de son pays qui apparement ne sait rien de l'aspect financier de sa propre campagne? C'est pas en France que l'on entendrait quelque chose comme ça...

3_

Vous l'avez? Lol.

Ben Carson. Candidat en dehors des conventions politiques? Arnaqueur de première? Pauvre naïf?

Venez en discuter avec nous dans les commentaires, sur Twitter et Facebook.

Recevez tous nos articles sur les élections 2016 dans votre boîte mail, grâce à notre Newsletter.

 

Trump remporte le caucus de la "république bananière" du Nevada

What happens in Vegas, stays in Vegas?

Donald Trump est sorti vainqueur incontestable, mais pas incontesté du caucus républicain qui se tenait hier dans le Nevada. Avec plus de 40% des suffrages, il devant très largement Marco Rubio et Ted Cruz. C'est la troisième victoire consécutive, en quatre primaires, pour Trump.

La soirée a surtout été marquée par de nombreux rapports de mauvaise organisation, voire de fraude, lors des scrutins. Les plaintes exprimées en direct sur Twitter pendant le vote vont de l'absence de contrôle de l'identité des votants à une pénurie de bulletins, en passant par des votes multiples et des volontaires de bureau affichant ouvertement leur préférence pour Donald Trump...


De quoi alimenter la discussion (et les recomptages) pendant longtemps, dans une campagne républicaine qui ne manquait déjà pas de polémiques.

Pendant ce temps, les démocrates discutent

La soirée fut nettement plus calme pour les deux candidats démocrates, invités par CNN pour un "town hall" - une réunion publique ou ils répondent à des questions du public. Ni Bernie Sanders, ni Hillary Clinton n'ont particulièrement fait de vagues. Tout deux ont illustré leur programme avec sobriété, avec peu d'attaques échangées.

Hillary n'a réellement été gênée que confrontée à la question de ses discours payés. Une affaire qui ressemble de plus en plus à un sparadrap pour l'ancienne Secrétaire d'Etat (le deuxième, après ses emails.)


Hillary face à l'affaire des emails. (Vue d'artiste)

Sans directement attaquer son adversaire, Bernie Sanders a fait remarquer qu'il pouvait facilement publier les transcriptions de ses discours payés, puisqu'il n'en avait pas. Clinton a répondu en déclarant qu'elle publierait les transcriptions seulement si tous les candidats le faisaient, y compris les républicains...On peut toujours rêver.

Aller plus loin:

Vous pouvez retrouver notre article quotidien sur les élections américaines directement dans votre boîte aux lettres, grâce à notre Newsletter.

 

 

 

Rick Tyler est l'homme qui a emmené Ted Cruz à la victoire dans l'Iowa. Il doit partir maintenant.

Elections 2016: Cruz vire son porte-parole, les discours payés hantent Clinton

  • Rick Tyler, you're fired!

Apprendre qu'on est viré, c'est dur. Apprendre qu'on est viré en pleine interview à la télé, c'est pire. C'est pourtant ce qui est arrivé hier soir à Rick Tyler, le porte parole de la campagne du candidat conservateur Ted Cruz. Rick Tyler avait tweeté (puis supprimé) une vidéo semblant montrer Marco Rubio en train de dénigrer la Bible.

La vidéo déforme sciemment les propos de Rubio, transformant: "Toutes les réponses sont [dans ce livre]" en "Pas beaucoup de réponses [dans ce livre]" par la magie du sous-titrage.

Voici la version trafiquée:

Et la version authentique:

Et l'explication (par e-penser, à partir de 7:05):

  • Un journaliste possède les discours de Clinton devant Goldman Sachs. Mais qui?

Depuis deux semaines, Hillary Clinton a évité de publié la transcription de ses discours devant plusieurs grandes banques de Wall Street, en particulier un discours rémunéré 675 000$ devant les employés de Goldman Sachs.

Mais elle pourrait bientôt ne plus avoir le choix. Une journaliste de la chaîne MSNBC a mentionné en passant durant une interview qu'elle "connaissait un journaliste de la presse écrite qui possède une version intégrale des transcriptions" et qu'un titre allait bientôt les publier. Nouveau scandale, ou fin de l'affaire pour Hillary Clinton, à la une de...Quel journal?

  • Vous avez d'énormes lobes frontaux. Et Ben Carson est toujours candidat.

Il a fini quatrième dans l'Iowa. Dixième dans le New Hampshire. Sixième en Caroline du Sud - sur six candidat. Mais Ben Carson est toujours là. Lors de son discours après la primaire de Caroline du Sud, il a fait savoir à ses électeurs que: "Certaines personnes attendent un discours de renoncement. [NDLR: Nous, par exemple] Mais ce n'est que le début!"

C'est donc confirmé, de tous les observateurs, seul Ben Carson pense encore que Ben Carson peut gagner. Mais inutile de nous croire, puisque nous faisons partie des "personnes qui vous disent ce que vous devez penser, alors que vous avez ces cerveaux extraordinaires et ces énormes lobes frontaux."

Les lobes frontaux, un thème politique récurrent chez l'ancien neurochirurgien. Comme ici, sur le conflit en Syrie.

Retrouvez notre article du jour: Comment les superdélégués vont fait gagner Clinton, même si elle perd.

L'actualité des élections présidentielles, chaque matin dans votre boîte mail? C'est possible grâce à notre Newsletter!

Bernie Sanders est tout près de Clinton, mais les caciques du parti démocrate le laisseraient-ils gagner?

Superdélégués: Ils vont faire gagner Clinton

Clinton peut-elle être désignée candidate du parti démocrate, même si elle perdait les primaires? Ce scénario est rendu de plus en plus d'actualité dans son duel avec Bernie Sanders.

Pourquoi? La primaire démocrate n'est pas une élection directe. Lors des scrutins, les candidats se disputent des délégués, qui désigneront ensuite le candidat lors de la Convention Nationale prévue du 25 au 28 juillet prochain à Philadelphie. Un candidat doit être choisi par 2383 délégués pour l'emporter.

Après le caucus du Nevada de samedi, voici l'état de la course:

  • Iowa: Clinton 49,9% (23 délégués) / Sanders 49,6% (21 délégués)

  • New Hampshire : Clinton 38,0% (9 délégués) / Sanders 60,4% (15 délégués)

  • Nevada : Clinton 52,6% (19 délégués) / Sanders 47,3% (15 délégués)

Soit, en théorie. Une égalité parfaite jusqu'ici: 51 délégués partout.

Pourtant, la répartition réelle selon le comptage d'Associated Press est de...

  • Clinton: 502 délégués / Sanders: 70 délégués ??

Comment est-ce possible? C'est la magie des "superdélégués"

Au sein du parti démocrate, un système permet à un certain nombre de caciques de décider du candidat qu'ils soutiennent lors de la Convention Nationale, sans avoir à respecter le vote des électeurs de leur état. ces "superdélégués" représentent environ 20% du nombre de délégués disponibles.

Une brève histoire des superdélégués par The Nation:

Et, dans ce domaine, Clinton dispose d'une marge colossale sur l'ancien indépendant Bernie Sanders.

Ce soutien de l'establishment à son adversaire rend la tâche nettement plus difficile pour Sanders. Il ne peut pas seulement compter sur une victoire à l'arraché, il faut qu'il renverse complètement Clinton pour que les superdélégués changent leur vote en sa faveur. Une lueur d'espoir: C'est exactement ce que Barack Obama était parvenu à faire en 2008.

Avec ce vote, les superdélégués remplissent pourtant leur rôle: protéger le parti contre les vagues d'enthousiasme populaire, en donnant une voix à l'establishment. Pour les cadres du parti, Sanders n'est éligible que chez les démocrates les plus acharnés, ceux qui votent pendant les primaires. Face à la majorité des américains, le "socialiste" risquerait selon eux de perdre la Maison Blanche face aux républicains.

Alors, déni de démocratie ou garde-fou utile, les superdélégués?

Venez en discuter avec nous sur Twitter et Facebook.

Envie de suivre les élections avec nous? Inscrivez vous à la newsletter du Bureau de Washington.

Elections 2016: Les favoris ont dominé, Jeb Bush se retire

Républicains: Ce sera Trump vs. Cruz vs. Rubio (comme prévu)

A peine 2% des bulletins décomptés et déjà, l'Associated Press attribuait la victoire à Donald Trump. Sans surprise, la primaire républicaine de Caroline du Sud a tourné au plébiscite pour le magnat de l'immobilier. Tout au long de la campagne, ses adversaires n'ont jamais paru en mesure de resserrer l'écart, malgré les (nombreux) "dérapages" de Trump. Il finit en tête avec 32.5% des voix, devant Marco Rubio (22.5%) et Ted Cruz (22.3%) à égalité virtuelle.

Mais la principale information de la soirée, c'est l'abandon de Jeb Bush après un troisième score décevant (7.8%) en trois courses. Dans une campagne jouée à couteaux tirés, Bush n'est jamais parvenu à répondre aux attaques de Donald Trump, Ted Cruz, ou même celles de son ancien protégé: Marco Rubio. C'est ce dernier qui est dorénavant l'espoir des républicains modérés. S'il bénéficie d'un bon retour de voix (et de la centaine de millions de dollars toujours dans le trésor de guerre de Bush) il pourrait poser de gros problèmes à Trump.

Au final, si l'on ne compte pas John Kasich et Ben Carson (plus personne ne compte John Kasich et Ben Carson) il ne reste plus que trois réels candidats dans la course: Donald Trump, Marco Rubio et Ted Cruz.

Une donnée pour finir: De 1980 à 2008, la Caroline du Sud a systématiquement désigné le candidat choisi par les républicains pour l'élection générale.

Démocrates: Clinton respire (comme prévu aussi)

Passera, passera pas? C'est passé. Sous la pression de Bernie Sanders, donné à égalité avec elle dans le Nevada, Hillary Clinton parvient à remporter une victoire modeste mais claire avec 52.6% des voix contre 47.3% à son opposant. C'est une deuxième victoire pour Clinton, après celle du caucus de l'Iowa, mais cette fois avec un écart plus significatif. De quoi reprendre de l'élan pour Clinton, dont le discours de victoire donnait dans le soulagement:  "Certains ont pu douter de nous, mais nous n'avons jamais douté de nous même."


De son côté, Bernie Sanders a félicité la gagnante, mais ne rend pas les armes. Il confirme son intention de mener la course à l'échelle nationale, particulièrement lors du Super Tuesday qui aura lieu le premier mars prochain dans de nombreux états du sud.

Et maintenant? On prend les mêmes (états), et on recommence!

Dans une semaine, les deux partis inversent les rôles. Les démocrates se dirigent vers la Caroline du Sud pour une primaire sans aucun suspense - Hillary Clinton est donnée grande favorite - tandis que les républicains se dirigent vers un caucus plus incertain.

Caroline du Sud: Comment gagner la primaire la plus laide des Etats-Unis?

La Caroline du Sud est sans doute l'état ou la politique américaine se fait la plus sale. Mensonges, montages, arnaques, diffamation. TOUT est bon pour y remporter une élection. On vous raconte tout, avant la primaire républicaine qui s'y déroule samedi. Les démocrates tiendront en même temps leur caucus dans le Nevada.

Notre florilège des meilleures (pires) manières de gagner en Caroline du Sud.

11978: Soyez antisémite

Lors de l'élection municipale de Greenville, en 1978. Le démocrate Max Heller fait face au républicain Carroll Campbell et à un indépendant, Don Sprouse.

C'est Sprouse qui se distingue le plus dans cette élection, avec une série d'attaques tout azimut sur le Max Heller, qu'il traite: "d'immigré juif qui ne croit pas dans le Seigneur Jésus Christ." Sprouse n'avait aucune chance de remporter l'élection, mais ce torpillage en règle profite à Carroll Campbell.

Coïncidence? On se bornera à signaler que la campagne de Campbell était dirigée par Lee Atwater (que l'on retrouvera très bientôt dans cet article), qui émet un sondage comportant la question: "Préféreriez vous voter pour un immigré juif, ou pour un natif de Caroline du Sud?"

Résultat: Perdu...Ou pas?

21980: Moquez vous des maladies psychiatriques

Lors de la course pour le Congrès de 1980, le républicain sortant Floyd Spence fait face au démocrate Tom Turnipseed.

Le directeur de campagne de Loyd Spence, Lee Atwater (on vous avait dit qu'on le retrouverait très vite) lance une grande campagne d'attaques personnelles contre Turnipseed.
Son fer de lance: Les séances d'électrochocs subies par Turnipseed lorsqu'il avait 16 ans, pour soigner une dépression et des tendances suicidaires. Atwater présente son adversaire comme "un candidat en traitement antipsychotique" et "branché à des pinces crocodiles". Turnipseed est vite coulé.

Turnipseed racontera: "Lee semblait adorer se moquer d'un adolescent de 16 ans suicidaire."

Résultat: Gagné!

32000: Mentez par sondage interposé

Lors de la primaire républicaine en 2000, George W. Bush (qui deviendra président) face face à John McCain. A l'entrée de la Caroline du Sud, la primaire est très serrée.

Pendant plusieurs semaines avant l'élection, des sondages commandés par des personnes privées comportent la question: "Seriez vous plus ou moins à même de voter pour John McCain si vous saviez qu'il avait eu un enfant noir illégitime?"
Les sondages amorcent une campagne de diffamation qui propage l'idée que Bridget, la fille adoptive de John McCain originaire du Bengladesh, est une enfant illégitime conçue dans une relation adultère (horreur!) et interraciale (horreur bis!). George Bush remportera largement l'élection.

C'est l'un des plus beaux exemples de push-polls (sondage créés pour attaquer indirectement un adversaire) de l'Histoire.

Résultat: Gagné!

42008: Faites vous passer pour votre adversaire

Lors du Noël avant la primaire républicaine de 2008, les électeurs de Caroline du Sud reçoivent une bien étrange carte. C'est une carte de voeux, signée par "la famille Romney". Un problème: Elle mentionne certains des passages les plus controversés du livre des Mormons. C'est une attaque directe sur la foi de Romney.

Quelques mois plus tard, Mitt Romney perdra (de peu) l'élection face à John McCain, un tournant dans la course à l'investiture cette année. La victime de 2000 serait-elle devenue le bourreau de 2008?

Résultat: Gagné!

52010: Financez un candidat bidon

En 2010, lors des primaires démocrates pour l'élection sénatoriale, un candidat inconnu sort du nulle part pour battre des adversaires beaucoup plus connus et expérimentés. Il s'appelle Alvin Greene, il a 32 ans, c'est un vétéran, il est noir. La vraie success-story, deux ans après l'Obamania?

Peut-être pas. Une question plane, comment cet homme absolument inconnu, au chômage, qui vit chez ses parents et mis en examen un an plus tôt pour obscénité - il aurait montré des images porno à une étudiante dans une bibliothèque - a-t-il pu payer les 10 400$ nécessaires pour s'inscrire à l'élection? Pour les démocrates, c'est très clair: Alvin Greene est une taupe financée par le parti républicain.

Lors de l'élection, il perdra face au sortant républicain: 28% contre 62%.

Résultat: Gagné! (Peut-être)

62016: Apprenez à utiliser Photoshop

Diffamation, push-polls, publicités négatives. Rien n'a manqué dans la version 2016 de la primaire républicaine en Caroline du Sud. Il faut dire qu'avec Donald Trump dans la course, nous sommes gâtés en matière de scandale.

Mais nous souhaitons ici rendre hommage à la campagne de Ted Cruz, pour son fantastique travail PhotoShop destiné à attaquer le nouveau chouchou de l'establishment: Marco Rubio.

Photomontage d'une "poignée de main" entre Rubio et Obama.

Photomontage d'une "poignée de main" entre Rubio et Obama.

Après avoir été confronté à la possibilité d'un montage. Le porte parole de la campagne de Cruz a répondu: "Je ne crois pas que notre campagne utilise des fausses images." Dommage, car rien n'échappe à Twitter.


Résultat: Bon effort. Mais Donald Trump est toujours le grandissime favori

Vous pouvez suivre la primaire de Caroline du Sud, et le caucus démocrate dans le Nevada, toute la journée de samedi à travers notre compte Twitter et notre compte Facebook.