Cette semaine, nous entamons une série de portraits des candidats aux primaires des présidentielles américaines. La plupart des candidats pour la course à l'investiture se sont déjà déclarés, les lignes de séparation s'établissent de plus en plus clairement. Côté démocrate, la course est réglée sur le rythme de l'ultrafavorite, tandis que la bataille républicaine s'annonce beaucoup plus incertaine.
Ces petits guides devraient, on l'espère, vous guider dans le qui-est-qui des prochains mois. Nous commençons cette semaine par Rand Paul, libertaire du Tea Party et agitateur professionnel.
1Qui est Rand Paul?
Né le 7 janvier 1963 à Pittsburgh en Pennsylvanie, Rand Paul est le fils d'un autre homme politique : Ron Paul, libertarien représentant du Texas au Congrès - à la Chambre des représentants puis au Sénat- de 1979 à 2013 et deux fois candidat à la présidentielle.
Rand Paul est ophtalmologiste avant d'être politicien. Très actif politiquement, notamment auprès des mouvances de la droite libertaire, il n'intègre le monde politique qu'en 2009. Débutant, il remporte pourtant la primaire républicaine pour l'élection sénatoriale du Kentucky contre l’expérimenté Secrétaire d'Etat Trey Grayson, puis l'élection contre l'attorney general du Kentucky Jack Conway.
Depuis, sous l'étiquette du Tea Party dont il est devenu l'un des leaders, Rand Paul met le bazar au Sénat avec un certain succès. Porté par la puissance de ses partisans et de certains lobbys -il est très proche de la NRA - il espère faire de même dans la campagne républicaine.
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2Quel est son programme?
Selon Rand Paul, l'individu et les communautés doivent disposer des droits les plus larges garantis par la Constitution. Cela signifie une diminution, voire une disparition, des pouvoirs du gouvernement fédéral, l'abandon de l'aide sociale, l'abandon de toutes les régulations fédérales au profit du marché libre et une politique étrangère basée sur l'intervention minimale.
Voici quelques extraits des points qu'il a déjà présenté pendant sa campagne.
• Economie: Rand Paul veut viser, à court terme, l'arrêt de tout nouvel endettement américain. Il veut également couper massivement les impôts des américains en adoptant une imposition à taux plancher pour tous, avec la suppression de la totalité de l'impôt sur les sociétés, de l'impôt sur le capital et de l'impôt à la succession.
Difficile d'imaginer le ravage du gouvernement fédéral qu'il faudrait opérer pour accommoder toutes ces suppressions d'impôts et revenir à l'équilibre budgétaire - ce qu'il veut consacrer dans la loi.
• Sécurité sociale: « La sécurité sociale est une arnaque de Ponzi ». Rand Paul est un adorateur du marché libre qui refuse toute idée de redistribution sociale à travers l'état. Obamacare, tout comme l'ensemble des systèmes précédents -Medicare, Medicaid - seraient supprimés sans remplacement. Selon son programme, le système médical tout entier serait privatisé pour entraîner une baisse des prix et une amélioration de la qualité des soins.
• Education: Même traitement de choc dans l'éducation. Le ministère fédéral de l'éducation serait purement et simplement supprimé, laissant aux autorités locales l'entière responsabilité d'assurer ses responsabilités, des programmes scolaires jusqu'à l'entretien des locaux.
• Sécurité: Contrairement à la plupart des républicains, Rand Paul a fermement dénoncé le Patriot Act et la surveillance de masse de la NSA.
S'il a critiqué la militarisation de la police, ses votes au Sénat sont à 100% en faveur du lobby des armes. C'est un véritable fanatique du deuxième amendement. Il considère jusqu'à l'interdiction du droit à porter une arme dans un avion comme une violation de la Constitution.
• Société: Centré sur le droit des individus, Rand Paul est loin d'être le républicain le plus conservateur sur les questions sociales. Il se dit en faveur d'un droit à un mariage séparé pour les gays, s'est prononcé contre la « guerre contre la drogue » et en faveur d'une réforme de l'immigration accentuée sur la sécurité des frontières mais garantissant un visa aux immigrés illégaux déjà aux Etats-Unis.
En revanche, selon lui « la vie commence à la fertilisation » ce qui remet en cause le droit à l'avortement.
3Quelles sont ses chances?
• Son point fort: La technologie. Chez les républicains, Rand Paul mène la campagne la plus orientée « tech-savvy ». Dans son QG de Austin - d'ailleurs un bastion démocrate au cœur du Texas - il a assemblé une équipe jeune et très active sur les réseaux sociaux. Avec cette stratégie cumulée à son profil atypique, Paul dispose d'une communication à la force de frappe intéressante. Il se fait régulièrement remarquer avec des coups de com' viraux, comme la pétition qu'il a lancée contre les programmes d'écoutes de la NSA sur son site internet.
On my first day in the Oval Office, I will SHUT DOWN the NSA's illegal spying program. Show your support now: https://t.co/kZMA3tKMf7 — Dr. Rand Paul (@RandPaul) 15 Mai 2015
Avec son assise chez les militants très actifs du Tea Party et une stratégie conçue pour faire parler de lui au delà de ses capacités financières, Rand Paul pourrait donc aller très loin dans la campagne à la primaire.
• Son point faible: Il est complètement fou. Soyons sérieux. Une coupe de 4 trillions de dollars (sic) dans les budgets du gouvernement fédéral américain serait un cataclysme d'ampleur au niveau mondial. Un tel programme, basé entièrement sur des idées idéalistes mais irréalisables ne séduira jamais assez d'américains pour faire de Rand Paul un candidat sérieux à la présidence. Malgré tout, fort du soutien de la NRA et du Tea Party, il pourrait longtemps jouer les troubles-fêtes dans la primaire et obliger les autres candidats à des prises de position inconfortables.
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