Face au sexisme de Trump et malgré les scandales de son mari, Hillary Clinton veut être la candidate des femmes

Hilllary Clinton a notamment fait de l'égalité des salaires hommes-femmes un des thèmes centraux de sa campagne. Crédit : Roger H. Goun (licence Creative Commons)

Hillary Clinton, qui pourrait devenir la première femme président des Etats-Unis d'Amérique l'année prochaine, fait de son genre un atout dans sa campagne.

Mais depuis qu'elle a annoncé que Bill Clinton entrerait en campagne à ses côtés, elle a été critiquée pour les actions de son mari, jugé méprisant à l'égard des femmes. Lors d'un récent meeting, la candidate a été interpellée par une élue républicaine qui lui reprochait d'avoir remis en question la parole des femmes qui ont accusé Bill Clinton de harcèlement sexuel - alors qu'Hillary répète par ailleurs qu'il faut croire les dires des victimes de viol. 

Le retour de l'affaire Monica Lewinsky

Donald Trump, candidat républicain en tête des sondages,  a quant à lui accusé l'ex-président Clinton d'être "l'un des plus grands agresseurs [de femmes] au monde", faisant référence à ses infidélités. "M. Clinton était un réel harceleur sexuel, au sens classique du terme, utilisant son pouvoir de supérieur hiérarchique", écrivait récemment un chroniqueur du Wall Street Journal. 

Bill Clinton a notamment été accusé de harcèlement sexuel en 1994 par une femme dénommée Paula Jones, une accusation qui a débouché sur l' "affaire Monica Lewinsky" - du nom d'une stagiaire à la Maison blanche qui a eu des relations sexuelles avec Bill Clinton alors qu'il était président.

A en croire Donald Trump, "les femmes n'aiment pas Hillary". Pourtant, malgré les scandales qui ont marqué la présidence Bill Clinton dans les années 1990, Hillary est populaire dans l'électorat féminin.

Clinton plaît plus aux femmes qu'aux hommes

82% des femmes démocrates ont une opinion favorable de Clinton, 15% en ont une opinion défavorable, selon un sondage conduit par CNN en décembre. Les chiffres sont de 71% pour et 28% contre chez les hommes.

Globalement, selon un sondage réalisé par l'université de Quinnipiac en décembre 2015, plus de la moitié des femmes ont une opinion favorable d'Hillary Clinton, contre 36% des hommes.

En mars dernier, un sondage de Gallup constatait déjà la différence de popularité dont jouissait Hillary Clinton chez les femmes, par rapport aux hommes. "Cette différence dans l'évaluation de l'image [d'Hillary Clinton] en fonction du genre n'est pas nouvelle", écrivait Gallup dans la note qui accompagnait le sondage, "Gallup a établi par le passé qu'il existait de larges écarts d'opinion à propos de Clinton selon le genre [des interrogés] lorsqu'elle était première dame, sénatrice, candidate à la présidentielle en 2008 et, plus récemment, secrétaire d'Etat".

Oui, Hillary Clinton joue "la carte des femmes"

Pour l'élection présidentielle de 2008 "elle a largement évité de mentionner son genre, jusqu'au moment où la victoire a commencé à lui échapper", écrivait le Time en novembre. "Cette fois, elle en fait une carte à jouer pour sa candidature - un moyen de mobiliser les électeurs, de se différencier d'Obama et de se présenter comme n'étant pas une initiée du monde politique, à un moment où le mécontentement populiste récompense les outsiders".

Par exemple, dans une vidéo intitulée "44 garçons, c'est trop" (en référence aux 44 présidents qu'ont connu les Etats-Unis, qui étaient tous des hommes), des petites filles participent à la campagne de Clinton en parlant de la nécessité de voir une femme devenir présidente en 2017. "Si Hillary Clinton était présidente, alors pleins de filles pourraient présidentes. Et alors je pourrai être présidente, et toutes les filles aussi", dit l'une d'entre elles :

Hilllary Clinton a également fait de l'égalité des salaires hommes-femmes un des thèmes centraux de sa campagne.

Par ailleurs, le genre d'Hillary Clinton revient régulièrement au devant de la scène malgré elle, à la faveur des attaques sexistes de Donald Trump. Le milliardaire a par exemple jugé "dégoûtant" le fait que la candidate se soit rendue aux toilettes pendant un débat télévisé.

Récemment, le Républicain avait également affirmé que Barack Obama avait "schlongué" Hillary Clinton en remportant les primaires du parti démocrates en 2008 - un terme péjoratif qui, selon certains, a des connotations sexuelles. (Trump a démenti et affirmé qu'"être schlongué" signifiait "être vaincu".)

Toutes les femmes n'apprécient pas Clinton parce qu'elle est une femme

Pour autant, rien ne prouve que c'est son genre qui rend Clinton est plus populaire parmi les femmes que parmi les hommes.

Une analyse du NYT suggère que pour les femmes de plus de 50 ans, le genre de Clinton joue effectivement un rôle important. Mais c'est moins le cas pour les plus jeunes, pour qui voir une femme accéder à la présidence est peut-être moins exceptionnel que pour leurs aînées. D'où les récents efforts de Clinton pour convaincre les femmes de 18 à 34 ans.

Qui plus est, Hillary Clinton n'est pas le dernier espoir des femmes qui souhaitent voir une femme accéder à la présidence : la démocrate Elizabeth Warren est par exemple citée comme une potentielle présidentiable pour le futur

Clinton elle-même a demandé aux électeurs de ne pas voter pour une candidate simplement parce qu'elle est une femme. Elle parlait alors de Carly Fiorina, seule candidate républicaine dans la course à la Maison blanche.